Troubles ophtalmologiques et orthoptie chez les patients

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TROUBLES OPHTALMOLOGIQUES ET
ORTHOPTIE CHEZ LES PATIENTS
LOCKED IN SYNDROME
Marie-Françoise Alexandre
Orthoptiste
Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière
CRFTC 13 mars 2012
DÉFINITION DU LIS
Tétraplégie
 Anarthrie
 Conscience préservée
 Introduite par Plum et Posner dès 1966

EPIDÉMIOLOGIE
Selon ALIS : environ 500 personnes en France
 30 à 40 cas nouveaux chaque année

ETIOLOGIE
AVC du tronc cérébral
 Dans notre série

POURQUOI S’INTÉRESSER À LEUR VISION?
La vision est un des moyens importants avec
l’audition de compensation de leur handicap
majeur
 Elle n’est pas toujours prise en charge devant les
autres problématiques
 La littérature est peu prolixe

ENTRETIEN
Détermination du code de communication
 Avec patient, famille, soignant, aidant,
rééducateurs
 Anamnèse : ATCD oph, réfraction ancienne
 SF : oscillopsies, diplopie, vision trouble,
photophobie, douleur
 Besoins visuels : aides visuelles, ordinateurs,
lecture, télévision….

PRÉREQUIS
Que faut-il avoir pour avoir une bonne vue?
 Une « bonne » acuité visuelle
 Une fixation stable et endurante
 Des poursuites lisses
 Des saccades ajustées
 Un champ visuel intact
 Pas de troubles de la reconnaissance visuelle
(agnosie, simultagnosie…)

COMMUNICATION
Nécessité de connaître le code « oui ou non » pour
le patient
 Questions fermées
 La consultation est longue

MATÉRIELS ET MÉTHODES
Série de 13 patients LIS : 3 femmes 10 hommes
 De 16 à 70 ans
 De 6 mois à plus de 15 ans de l’AVC
 Critères d’inclusion : diagnostic de LIS posé
 Pas de critères d’exclusion

MOYENS
Un ophtalmologiste et une orthoptiste
 Importance de la présence des aidants des
soignants
 Box adapté

MÉTHODES
Champ visuel et champ du regard
 Sens coloré
 Photophobie
 Oculomotricité
 Acuité visuelle et éventuelle réfraction
 Fond d’œil
 Etat cornéen

LE CHAMP VISUEL ET LE CHAMP
DU REGARD
Champ visuel : portion de l’espace vue avec la
tête dans l’axe du corps et les yeux en position
primaire
 Champ du regard : tête fixe mais avec les yeux
qui bougent

SENS COLORÉ
Par leur tétraplégie, il n’est pas possible de faire
un examen standardisé de la vision des couleurs :
15 Hue
 Donc questions et test sur des objets colorés

PHOTOPHOBIE
Extrême sensibilité à la lumière
 Elle s’évalue par des questions
 Et par un luxmètre
 Problème des personnes alitées sous des néons!

OCULOMOTRICITÉ
Evaluée œil par œil et en binoculaire
 En horizontal, vertical et oblique
 Sur des cibles
 Fixation : RPM, paupières, mouvements
anormaux, déviation des yeux ?
 Convergence
 Etude de

Latéralité
 Verticalité


Saccades
QUE CHERCHER?
Des paralysies oculomotrices (AVC du pont)
 Des limitations
 Des déviations des axes oculaires
 Une diplopie binoculaire
 Une éventuelle oscillopsie (« le monde bouge »)

RESULTATS
Patient
CHAMP VISUEL
1
Normal
2
Réduit à 20° de par sa rétinopathie pigmentaire
3
Normal
4
Normal
5
Normal
6
Normal
7
Rétrécissement temporal droit supérieur et inférieur
8
Cécité cérébrale
9
Impossible à tester (vigilance)
10
Normal
11
12
Normal en vertical peut-être discret rétrécissement sur la gauche en
horizontal
Normal
13
HLH G
SENS COLORÉ
Excepté pour le patient ayant une rétinopathie
pigmentaire prééxistante
 Aucun trouble du sens coloré

PHOTOPHOBIE
Dans 7 cas sur 13 : soit près de 50%
 Souffrent de la lumière environnante
 Les patients sont gênés à partir d’environ 150170 lux
 Intérêt des filtres teintés
 Problème des éclairages sur les lieux de vie

OCULOMOTRICITÉ
Latéralité toujours limitée
 Paralysie du VI unilatérale dans 7 cas sur 13
 Supranucléaire dans 6 cas, nucléaire dans un cas
 Un cas d’ophtalmoplégie internucléaire
unilatérale
 Limitation de l’abduction et de l’adduction dans
tous les cas
 Etude des saccades verticales
 Un cas de paralysie de la verticalité
 dans les autres cas conservée

DIPLOPIE BINOCULAIRE
Très difficile à différencier pour le patient des
oscillopsies
 Impossible dans notre série à réduire par
prismation
 Dans plusieurs cas prismation ou occlusion
majore les oscillopsies
 Toujours incommitantes
 Seul un patient a accepté l’occlusion

OSCILLOPSIES
Définition par un patient : « c’est le monde qui
bouge »
 Perception erronée d’instabilité de la scène
visuelle
 Responsables de la basse vision
 Très invalidantes
 Distance, position de l’espace les majorant ou les
minorant

MOUVEMENTS ANORMAUX
 D’analyse
sémiologique difficile
 Pas toujours des nystagmus classiques
 parasité par les paralysies
 L’intérêt de leur étude réside dans les
conséquences fonctionnelles : majoration
dans certaines positions du regard
(positionnement dans l’espace des objets
visuels)
 Très fluctuants au cours d’un même examen
 Responsable des oscillopsies – fréquence très
rapide
 Traitements médicamenteux souvent
décevants
ACUITÉ VISUELLE
Patient Acuité visuelle binoculaire
Acuité visuelle monoculaire
Acuité visuelle de près
1
2/10
Parinaud 10 à 40 cm avec correction
2
3
Chiffrée à 1/20
3/10
4
3/10
5
2.5/10
2.5/10
<1/10
Non testée
2/10
3/10
2.5/10
2.5/10
Non testée
6
6/10
Rossano 4 à 40 cm
7
8/10
8
Cécité centrale pas de
clignement à la menace
3-4/10
6/10
7/10
7/10
Cécité centrale
9
Impossible à chiffrer vigilance Impossible à chiffrer vigilance Impossible à chiffrer vigilance
10
5/10
11
Non chiffré ce jour
12
Difficile à chiffrer mais 1/10ème
émétropisé par une
phakoexérèse ODG en 2005
8/10ème avec correction
6/10
myopie plus astigmatisme
6/10
13
4/10
5/10
1/10
4/10
?
< à Parinaud 14
Parinaud 4 avec correction
Rossano 10 à 40 cm
Rossano 6 à 25 cm avec correction
Rossano 2 avec correction
Cécité centrale
R6
R8
Rossano 8
?
Rossano 2 à 20 cm
DISCUSSION
Les personnes LIS sont malvoyantes selon la
classification OMS : 80% des cas étudiés
 Une personne sur deux est photophobe
 Importance de la correction de la presbytie :
verres unifocaux, centrage à domicile par un
opticien spécialisé
 Importance de la collaboration avec les autres
rééducateurs : connaissance du champ du regard,
du champ visuel (ordinateur, ergonomie,
télévision…)
 Importance du suivi : réfraction, motilité qui
récupère parfois, surveillance cornéenne,
accompagnement et soutien des aidants.

CONCLUSION
Le suivi ophtalmologique est important.
 Récupération même des années après
 Nécessité de rééducation/ réhabilitation
 Rôle thérapeutique, rééducatif,
d’accompagnement
 Rôle d’information

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