Norme 10 : Environnement Notre engagement : Nous nous engageons à protéger l’environnement grâce à une gestion durable des ressources. Au Libéria, nettoyage du terrain avant la plantation, en utilisant la méthode traditionnelle du « brûlis » Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Les questions qui se posent Les catastrophes peuvent avoir des retombées importantes sur l’environnement pour les raisons suivantes : • Au cours d’une catastrophe, l’imposition sur l’environnement peut être élevée en raison des populations déplacées ou concentrées, et de la rupture de la gestion traditionnelle de l’environnement. La création de camps de réfugiés entraîne souvent la déforestation, une pression sur les sources d’eau et des dommages sur une grande étendue de terrain. Par exemple, au Darfour, la déforestation massive autour des camps a réduit la fertilité du sol et nuit à d’autres plantes et aux animaux. Elle signifie également que les femmes doivent aller plus loin pour ramasser le bois de chauffage, ce qui leur fait courir de plus grands risques d’être attaquées. • Les ressources environnementales sont en général cruciales pour les stratégies de survie traditionnelles et pour le développement de stratégies futures de relèvement. Dans de nombreux cas, les ressources environnementales sont cruciales pour la subsistance, par exemple : la collecte de bois pour le feu, le pâturage du bétail et les terrains agricoles. Permettre la dégradation de l’environnement pendant une crise minera le relèvement et rendra plus probable la récurrence de la catastrophe. • Il y a également des liens importants entre l’environnement et la santé, surtout quand la zone est surpeuplée, la pollution élevée et les ressources rares. Par exemple : dans un camp de PDI surpeuplé, le manque d’installation d’assainissement peut conduire à la contamination des rivières voisines ou de la nappe phréatique, ou à des épidémies. Ce sont presque toujours les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffrent le plus tant des catastrophes que de la dégradation environnementale. Fondements bibliques Les hommes et les femmes ont été créés dans une création parfaite et ont reçu la responsabilité précise d’en prendre soin. Nous sommes les gérants de la terre de Dieu, nous n’en sommes pas propriétaires. Comme gérants, nous devrions favoriser le développement durable, en répondant aux besoins actuels de telle manière que les besoins des générations futures seront eux aussi comblés. Les scientifiques s’accordent à dire que les humains sont la cause du préjudiciable changement climatique, principalement à cause de l’utilisation des énergies fossiles et de la déforestation étendue. Les conséquences du changement climatique se font déjà sentir : inondations, sécheresse, hausse du niveau des mers et importance accrue des cyclones. Le changement climatique frappe déjà le plus durement les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Dans ce contexte, aimer son prochain signifie user des ressources terrestres d’une manière responsable et juste en faisant des choix de style de vie qui réduisent notre impact sur l’environnement. Engagements déontologiques Nous nous engageons au moins à éviter les impacts négatifs sur l’environnement, à réduire l’épuisement des ressources environnementales et, chaque fois que c’est possible, à avoir un impact positif sur l’environnement. La gageure que doivent relever les travailleurs sur le terrain consiste à gérer la tension entre répondre aux besoins d’urgence à court terme et prendre en compte les questions environnementales à long terme. Par exemple : gérer le besoin de poutres en bois pour Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement construire des abris temporaires face à la déforestation à long terme. Nous devons, dans nos projets, étudier attentivement comment protéger l’environnement grâce à une gestion durable des ressources et à des technologies alternatives. Liens étroits avec d’autres Normes de qualité Il y a des liens étroits avec : Risques de catastrophe, dans la prise en compte des connexions étroites entre le risque de catastrophe, le changement climatique et la dégradation de l’environnement Qualité technique, parce qu’il faut étudier l’impact sur l’environnement de nos conceptions techniques ; et Pérennité, à cause du besoin de veiller à une gestion durable des ressources environnementales. Où trouver d’autres renseignements : • Tearfund Good Practice Guide on Environmental Sustainability: http://tilz.tearfund.org/webdocs/Tilz/Topics/DMT/GPG%20Environmental%20sens itivity.pdf • Outil CEDRA de Tearfund (Évaluation des risques et de l’adaptation au changement climatique et à la dégradation de l’environnement) http://tilz.tearfund.org/Topics/Environmental+Sustainability/ • Outil de Tearfund Évaluation environnementale pour projets à impact moyen http://tilz.tearfund.org/Topics/Environmental+Sustainability/ • Tearfund- ROOTS 13 : Durabilité environnementale http://tilz.tearfund.org/Francais/ROOTS/Durabilité+environnementale.htm • Tearfund Research Report: Darfur: Relief in a Vulnerable Environment • Liens de adaptationlearning.net vers le site de la CCNUCC : risques de changement climatique et adaptation nécessaire pour les différents pays. • Base de données en ligne du PNUE identifiant d’autres risques / sensibilités environnementaux : http://www.unep.org/ Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Étapes pratiques pour appliquer notre engagement concernant l’environnement Identification Étape 1 : Comprendre le contexte en parlant avec la population et les experts locaux Conception Étape 2 : Avant de commencer, évaluer les impacts probables de votre programme sur l’environnement Étape 3 : Concevoir le projet pour diminuer les dommages environnementaux et augmenter les conséquences positives sur l’environnement Application Étape 4 : Surveiller et gérer l’impact environnemental dans la mise en œuvre du projet Étape 5 : Réduire notre propre impact sur l’environnement en tant que personnel Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Étape 1 : Comprendre le contexte en parlant avec la population et les experts locaux • • • • • Faciliter une discussion communautaire avec : les responsables, les groupes de femmes, les agriculteurs, les gardiens de troupeaux, les enfants, les personnes handicapées et celles dont les moyens de subsistance dépendent des ressources environnementales. Découvrir les coutumes traditionnelles de gestion de l’environnement, les mécanismes de survie en temps d’épreuve et les ressources vulnérables. Discuter des conséquences sociales de la dégradation de l’environnement. Quelles sont les pratiques existantes qui épuisent ou polluent les ressources naturelles ? Quels sont les groupes de la population qui en seront affectés ? Par exemple : les femmes qui ramassent le bois de chauffage, les habitants des bidonvilles qui dépendent du courant d’eau en aval ou les groupes rivalisant pour l’accès à de nouvelles alimentations en eau. Parler de la dynamique environnementale sous-jacente. Y a-t-il un processus de changement à long terme dans l’emploi des sols, la qualité de la terre, le climat, la déforestation, l’érosion des sols, la disparition de plantes et d’animaux, la réduction des récoltes céréalières ou la capacité de charge des prairies, la pollution, etc. ? Consulter les experts locaux : agents techniques du gouvernement ou du conseil local, responsables agricoles, universités, société civile et ONG. Ces groupes chargés de l’environnement local sont les mieux placés pour donner des conseils en matière de questions d’environnement local. Lire la documentation sur le sujet, parcourir la Toile à la recherche de conseils. Y at-il des lois, des réglementations locales portant sur l’environnement ? Prendre le temps de comprendre le contexte du pays – comment est-il menacé par le changement climatique et la dégradation locale de l’environnement ; quels sont les types de projets nécessaires, p.ex. la sécurité alimentaire est-elle le gros problème ? ou est-ce que ce sont les inondations, la dégradation des sols, etc. ? Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Étape 2 : Avant de commencer, évaluer les impacts probables de votre programme sur l’environnement • • • • Entreprendre une évaluation environnementale (EE) à partir des modèles proposés par Tearfund (à moins que le bailleur de fonds n’ait son modèle particulier – c’est une exigence pour un nombre croissant de bailleurs de fonds). Une EE demande le recensement des différents aspects de vos projets et l’analyse des retombées de ceux-ci sur l’environnement. Entreprendre une EE générale est particulièrement important pour les projets ayant des retombées directes sur l’environnement, p.ex. l’eau, l’assainissement, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la construction. Tirer profit des connaissances et des pratiques de gestion des ressources traditionnelles dans la population. Impliquer la population dans l’estimation de ce que peuvent être les retombées. Mesurer les priorités de réponse aux besoins urgents à l’aune des retombées à long terme que cette réponse pourrait avoir sur l’augmentation de la vulnérabilité de la population. Se coordonner avec les autres ONG. Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Étape 3 : Concevoir le projet pour diminuer les dommages environnementaux et augmenter les conséquences positives sur l’environnement. Après avoir identifié les retombées possibles des projets sur l’environnement, il faut regarder maintenant la façon dont ils peuvent être modifiés pour réduire ces retombées. D’autres options devraient être identifiées et étudiées. Les modifications à apporter au projet pourraient être : • Introduire de nouvelles technologies p.ex. d’autres technologies de construction comme des briques de terre stabilisée. Observer des populations voisines pour découvrir, si possible, de nouvelles technologies, parce que cela permettra de s’assurer que la technologie est transférable et favorisera son acceptation. Des visites d’échange de connaissances en emmenant des membres de la population voir une nouvelle technologie à l’œuvre en favoriseront beaucoup l’acceptation et l’adoption. • Changer la conception, p.ex. des plaques bombées qui n’ont pas besoin de poutres de soutien, afin de réduire la quantité de poutres en bois utilisées. • Modifier les sources utilisées pour les matériaux et l’énergie, p.ex. passer à l’énergie solaire ou hydrique. • Introduire des messages sur la construction de poêles économes en carburant et de gestion durable des ressources lors des campagnes de promotion de santé et dans tous les programmes éducatifs que vous aidez p.ex. écoles de réfugiés. Pour accroître les résultats positifs sur l’environnement, il est possible de : • Planter des arbres, même si le projet n’en utilise pas, p.ex. en proposant des incitations pour que les membres de la collectivité plantent davantage d’arbres • Traiter le sujet « prendre soin de son environnement » dans les clubs de promotion de la santé • Se coordonner avec les autres ONG pour ne pas saper les efforts les uns des autres. Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Étape 4 : Surveiller et gérer l’impact environnemental dans la mise en œuvre du projet • • • Il faudrait entreprendre périodiquement de saisir les apprentissages et de faire le bilan de l’efficacité des mesures d’atténuation des retombées environnementales. Si nécessaire, de nouvelles mesures d’atténuation devront éventuellement être introduites. Le problème de la dégradation de l’environnement nécessite une gestion permanente. Par exemple, chercher s’il faut plus de temps à une femme pour chercher le bois de chauffage qu’il y a six mois. Organiser la plantation d’arbres pour compenser le bois utilisé pour les activités du projet, p.ex. abris, latrines, briques. Pour les projets touchant à l’eau, là où on se préoccupe d’une extraction excessive de la nappe phréatique, entreprendre un suivi de l’eau souterraine. Étape 5 : Réduire nos propres retombées sur l’environnement en tant que personnel Nous devons réduire au maximum nos propres retombées sur l’environnement. • Utilisation des véhicules : ne se servir des véhicules 4x4 que lorsque c’est nécessaire. Ne laisser tourner le moteur que pendant l’utilisation. • Utilisation de l’électricité : l’utiliser avec parcimonie dans les bureaux et les logements ; éteindre les lumières et les ventilateurs quand les pièces ne servent pas. Passer à l’énergie solaire. • Avions : éviter tout déplacement inutile en avion. • Équipement du projet : éviter l’utilisation à grande échelle de plastique, veiller à une élimination inoffensive des déchets. • Réduire l’utilisation des ressources et la production de déchets, p.ex. eau, papier, nourriture, gaz, emballages, etc. Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009 Norme 10 : Environnement Exemples de projets : Au Libéria, où la forme agricole traditionnelle de « culture sur brûlis » contribue au recul de la forêt tropicale humide, un projet de sécurité alimentaire a encouragé les agriculteurs à entreprendre la culture de riz des marais comme forme plus durable et productive de culture du riz. Au sud du Soudan, l’utilisation de briques de terre stabilisée a été introduite pour la construction des centres médicaux comme une alternative aux « briques brûlées » traditionnelles (briques d’argile cuites). De grandes quantités de bois de chauffage étaient utilisées pour faire les briques brûlées. Au Sri Lanka, un projet a utilisé des fours solaires pour réduire l’utilisation de bois de chauffage. Au Darfour, Soudan, un projet hydrique a inclus le suivi des niveaux de la nappe phréatique pour mesurer si l’extraction de l’eau avait une conséquence négative à long terme sur la disponibilité de l’eau souterraine. Guide de terrain des Normes de qualité – Première édition, décembre 2009