L’expérience a été réalisée avec un
troupeau de 140 vaches (tableau 1), et
l’objectif était d’augmenter la moyenne
de classification de deux points sur la
totalité du troupeau. Au départ, le trou-
peau rapportait un profit annuel moyen
de 66 430 $, ce qui représente une
estimation de 1,30 $ par vache par
jour. Grâce à de meilleures décisions
d’accouplements, à l’amélioration de
la régie, au recours à de meilleurs
taureaux pour l’obtention de gains
génétiques, les gestionnaires ont pu
augmenter le profit par jour par vache
de 0,20 $, ce qui s’est traduit par une
augmentation de 16 % de profit, soit
10 830 $ de plus annuellement pour
ce troupeau.
Il est important de noter qu’au
Québec, en 2013, les trois raisons
les plus fréquentes pour la réforme
involontaire ont été les problèmes
de reproduction, la mammite (haut
comptage cellulaire) et les problèmes
de pieds et membres. Les producteurs
qui s’engagent à faire une évaluation
continue de la conformation peuvent
réduire ces risques de réforme et
augmenter la productivité. En effet,
selon Sewalem
et al
. (2004), le risque
de réforme involontaire est deux fois
plus élevé pour une vache classifiée
à 70 points comparativement à une
vache classifiée à 80 points, et quatre
fois plus élevé comparativement à une
vache classifiée à 85 points.
Développer la longévité est en
étroite corrélation avec la production
de lait, la santé et la fertilité. Certains
suivante en parallèle avec une régie
étroite des pieds et membres et de
la santé des systèmes mammaires et
reproducteurs des vaches. Ensuite
viennent la conformation et la durée de
vie pour maximiser l’efficacité et la ren-
tabilité. Enfin, quand la production et
la conformation sont au rendez-vous,
on peut alors renforcer davantage la
santé du troupeau en améliorant le
potentiel génétique des critères de
santé-fertilité.
De nos jours, il est important de
produire le plus de lait possible par
stalle, mais on oublie souvent qu’il
faut également calculer les coûts de
remplacement par stalle. Si une vache
a une conformation non fonctionnelle
et qu’on doit la réformer avant même
qu’elle ne se rende à sa deuxième ou
troisième lactation, cela représente
d’énormes coûts pour la remplacer, et
ce, avant même qu’elle ait rapporté
assez pour payer ses frais d’élevage.
De là l’importance d’élever des vaches
solides sur leurs membres et qui ont un
bon système mammaire pour soutenir
l’épreuve du temps. Cela dit, la renta-
bilité est maximisée lorsqu’on parvient
à combiner production et longévité :
l’un ne va pas sans l’autre, sinon c’est
un divorce qui coûte cher!
Plusieurs éleveurs commerciaux
croient que ce sont les éleveurs élites
qui se concentrent sur la conforma-
tion. Toutefois, on réalise finalement
que ces derniers élèvent des animaux
qui seront les plus profitables pour le
producteur commercial.
À la fin de la journée, on aime tou-
jours mieux travailler avec des vaches
fonctionnelles sans problème. La clas-
sification demeure un outil de gestion
et de commercialisation incontour-
nable, car il s’agit de l’opinion impar-
tiale d’un expert qui analyse comment
se compare votre animal au modèle
type idéal propre au Canada. Grâce
à cette évaluation, il est possible de
prendre des décisions réfléchies pour
son entreprise. Ce même outil aide
également à fixer le prix des animaux
et à prendre de meilleures décisions
d’achat. Le but pour tous n’est pas
nécessairement de posséder que des
vaches classifiées « Très bonnes »,
mais de vouloir améliorer la confor-
mation de son troupeau et traire des
vaches présentant une bonne longé-
vité et une bonne production laitière. ■
MAI 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS
40
GÉNÉTIQUE
Pour chaque
augmentation de
cinq points du score
final, on note une
augmentation moyenne
de 0,58 $ de profit
par jour.
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
Largeur de
l'attache
arrière
Texture
du pis
987654321
Score
Augmentation du profit
Cote idéale
GRAPHIQUE 3. AUGMENTATION DU PROFIT RELATIVEMENT À LA COTE
DE LA LARGEUR DE L’ATTACHE ARRIÈRE ET LA TEXTURE DU PIS
caractères sont à la fois très corrélés
à la longévité, mais également à la
rentabilité, comme le démontre le
graphique 3. C’est le cas entre autres
de la largeur de l’attache arrière du
pis, la texture du pis, la suspension
médiane et la vue arrière des membres
arrière. Une vache classifiée à 85 points
vs
une vache classifiée à 79 points peut
produire en moyenne jusqu’à 737 kg
de lait de plus, 33 kg de gras de plus
et 27 kg de protéine de plus, un gain
supplémentaire d’environ 570 $/an
avec un prix moyen du lait à 0,75 $/l.
C’est pour cette raison que l’améliora-
tion des performances exige d’abord
de travailler le potentiel génétique en
production. Il s’agit de critères à forte
héritabilité qui donnent des résultats
concrets à partir de la génération
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