d’action qui détient aujourd’hui mille pouvoirs de vie et de mort sur les malades qui lui sont
confiés. Puissance merveilleuse et salvatrice, mais aussi puissance qui va doubler chaque
problème technique d’un problème moral et contraindre le médecin à repenser toute
l’éthique de son métier à chacun des nouveaux gestes d’audace. ” “ Toute décision grave
doit être celle de deux hommes, chacun se mettant à la place de l’autre. Le médecin n’a pas à
imposer autoritairement ses propres vues ; les désirs profonds du malade comptent autant
que les impératifs techniques pour la stratégie du traitement. ”
Cette modernité de la relation médecin-patient désormais acquise par tout professionnel de
santé est une évolution notable de ces vingt dernières années et tranche notablement avec
certaines attitudes du passé. Ainsi on est loin des propos du Dr Louis Portes, Président du
Conseil de l’Ordre des Médecins, qui, dans sa communication à l’Académie des Sciences
Morales et Politiques dans les années 1950, exposait que: "Le consentement éclairé du
malade n’est, en fait, qu’une notion mythique. Le patient, à aucun moment, ne connaissant au
sens exact du terme, vraiment sa misère, ne peut vraiment consentir ni à ce qui lui est affirmé,
ni à ce qui lui est proposé, si du moins, nous donnons à ce mot de consentement sa
signification habituelle, d’acquiescement averti, raisonné, lucide et libre".
Ces propos qui, aujourd’hui, pourraient être qualifiés de paternalistes et excessifs,
préfiguraient néanmoins le débat d’aujourd’hui et avaient le mérite de poser clairement la
question: quelle est la nature réelle du consentement que formule un patient en état de
maladie, donc de vulnérabilité?
Au niveau des concepts soulignons que le processus d’information et de consentement puise
sa légitimité dans les fondements philosophiques de notre société issus du siècle des lumières,
de principes démocratiques et du respect de la liberté de choix de chacun. Le concept
d'autonomie découle en effet de notre tradition politique puisant son origine chez Descartes
puis, entre autres, chez Rousseau (Du contrat social – 1762) et chez Kant (Fondements de la
métaphysique des mœurs – 1785). Pour le premier, le sujet pensant s'assure de son existence
personnelle; il en découvre la certitude au terme du doute méthodique; et dans l'action, le
sujet cartésien exerce son libre arbitre, cette liberté de la volonté. Pour le second, l'homme se
libère des lois divines ou des lois de la nature, en se soumettant à la contrainte de sa raison
législatrice universalisante, dans le cadre d’un contrat social. Chez Kant, l'autonomie forge la
personnalité du sujet moral, assure sa dignité, le rendant capable de se constituer législateur
de sa propre loi. Ces fondements vont amener peu à peu la médecine à considérer le patient
(qu’il soit psychiquement apte, ou non) comme un partenaire et un acteur du soin. Avant le