La Schizophrénie et ses Traitements

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La Schizophrénie
et ses
Traitements
Sommaire
1. Introduction
2. La Maladie
3. L’inconscient
4. Le Signe
5. Les Traitements
6. Conclusion
7. Bibliographie
1. Introduction
Schizophrénie...
... mot de treize lettres désignant littéralement « fendre l’esprit » est qui
correspond à une rupture du contact avec le monde extérieur: la folie...
Il y a toujours, d'une culture à l'autre, d'une époque à l'autre, un mal qui est
synonyme de tous les maux, un mal qui devient la projection de tous les
aspects négatifs et sombres de l'âme humaine. C'est ce mal qui devient une
malédiction, une punition des dieux, une honte familiale, une plaie pour la
société qui lui offre, bien contre son gré, le gîte.
D'après l'historien et psychiatre , Jean Garrabé (1992), " le XXème siècle est,
du point de vue de l'histoire culturelle de la folie, le siècle de la schizophrénie."
Décrite et nommée au début du siècle, cette maladie demeure, malgré les
progrès remarquables de la science médicale dans la dernière décennie, une
énigme, un mystère, le talon d'Achille de la psychiatrie moderne.
Pour plusieurs chercheurs et cliniciens, la fin du marathon est annoncée et on
a l'espoir de pouvoir isoler les causes de la schizophrénie avant la fin du
siècle. Pour d'autres, les données semblent contradictoires et il y a peu de
chance que cette maladie que les historiens consacrent comme le noeud
gordien de la psychiatrie, soit tranchée avant l'arrivée de l'an 2000. Au-delà de
la polémique scientifique, dans notre société contemporaine, la schizophrénie
est synonyme de folie et elle représente même, très souvent, la mort
psychologique de la personne qui en est affligée.
2. La Maladie
La schizophrénie est une maladie qui découle d’une modification du
fonctionnement du cerveau. Elle n’altère pas l’intelligence. Ce trouble, qui
touche 1 % de la population, atteint surtout de jeunes adultes au début d’une
vie prometteuse et se prolonge pendant plusieurs années. La schizophrénie
se manifeste par des épisodes aigus de psychose, suivis de divers
symptômes chroniques constituant un handicap.
Même si les chercheurs en médecine ne s'entendent pas encore sur la
définition exacte à donner à la schizophrénie, les données disponibles tendent
de plus en plus à démontrer qu'il s'agit d'une perturbation grave du
fonctionnement du cerveau. Dans un ouvrage intitulé The Broken Brain : The
Biological Revolution in Psychiatry, le Dr Nancy Andreasen affirme que les
données actuelles concernant l'étiologie de la maladie montrent assez
clairement que plusieurs facteurs sont en cause, dont des changements dans
la chimie et la structure du cerveau et des facteurs génétiques. Les infections
virales et les traumatismes crâniens pourraient également jouer un rôle. En
définitive, la schizophrénie recouvre probablement un groupe de troubles
apparentés ayant des causes différentes.
Le cerveau contient des milliards de cellules nerveuses. Chacune d'entre elles
émet des prolongements qui transmettent des messages aux autres cellules
nerveuses ou en reçoivent de ces dernières. Ces prolongements libèrent des
substances chimiques appelées neurotransmetteurs qui acheminent les
messages d'une cellule à l'autre. Chez les personnes atteintes de
schizophrénie, ce système de communication fonctionne mal.
De nombreuses familles de personnes atteintes de schizophrénie ont trouvé
que la comparaison établie entre le cerveau et un réseau de communication
téléphonique leur avait permis de bien comprendre la maladie. Dans
Schizophrenia : Straight Talk for Family and Friends, Maryellen Walsh
l'explique en ces termes : « Chez la plupart des gens, le réseau de
communication du cerveau fonctionne bien. Les informations de l'extérieur
sont acheminées vers le cerveau par les canaux appropriés, et les réactions
du cerveau, qui se manifestent concrètement par des sentiments, des
pensées et des actions, sont en accord avec ces perceptions... Chez les
personnes atteintes de schizophrénie les perceptions externes sont
transmises, mais les messages n'empruntent pas les canaux appropriés,
bloquent en cours de route ou n'aboutissent pas à la bonne destination».
L'évolution de la schizophrénie est parfois si lente que la famille et même le
sujet atteint peuvent mettre longtemps à se rendre compte que quelque chose
ne va pas. On appelle cette forme de dégradation lente « schizophrénie de
survenue graduelle » ou « schizophrénie insidieuse ». Une augmentation
graduelle des symptômes peut conduire ou non à un épisode aigu ou à une
crise, manifestation intense de courte durée qui associe hallucinations, idées
délirantes, troubles de la pensée et obscurcissement de la conscience de soi.
La schizophrénie survient parfois de façon rapide ou soudaine. De brusques
changements de comportement se produisent en l'espace de quelques
semaines, voire même de quelques jours. La schizophrénie de survenue
soudaine conduit habituellement à un épisode aigu assez rapidement.
Certaines personnes ne vivront que quelques crises au cours de leur vie,
d'autres, un nombre plus grand. Certaines parviennent à mener une vie à peu
près normale entre chaque épisode, tandis que d'autres se sentent très
apathiques et déprimées et sont incapables de fonctionner normalement.
Chez certaines personnes, la maladie peut dégénérer en une forme de
schizophrénie chronique, incapacité marquée et prolongée caractérisée par un
retrait social, un manque de motivation, un état dépressif et une diminution de
l'affectivité. Des symptômes aigus de moindre amplitude, tels que les idées
délirantes et les troubles de la pensée, peuvent également se manifester.
Les psychiatres distinguent deux catégories de symptômes de la
schizophrénie : les symptômes positifs et les symptômes négatifs. Cela peut
porter à confusion. Le Dr E. Fuller Torrey explique qu'on qualifie de « positifs »
les symptômes qui sont présents mais qui ne devraient pas se manifester et,
inversement, de « négatifs » ceux qui devraient être présents mais qui ne le
sont pas (Torrey, Surviving Schizophrenia : A Family Manual, édition révisée,
p. 79). On considère ce système de classification utile pour les besoins de la
recherche. Il permet d'espérer des formes de traitement plus efficaces et
facilite le pronostic dans certains cas.
Symptômes positifs
On croit que les hallucinations sont dues à une hypersensibilité et au fait que
le cerveau soit incapable d'interpréter correctement les messages de
l'extérieur et de réagir en conséquence. Une personne atteinte de
schizophrénie peut entendre des voix ou voir des choses qui n'existent pas en
réalité, ou encore ressentir des sensations inhabituelles à la surface ou à
l'intérieur même de son corps. Lorsque le sujet souffre d'hallucinations
auditives, la forme la plus fréquente, il perçoit des voix comme provenant de
l'extérieur ou de l'intérieur de son corps. Ces voix peuvent être flatteuses,
apaisantes ou neutres. Parfois, ces voix sont menaçantes, le harcèlent ou lui
font peur, ou encore lui ordonnent de faire des choses dangereuses.
Les idées délirantes sont des croyances étranges et inébranlables qui sont
entretenues uniquement par le malade et qui persistent en dépit de leur
caractère manifestement invraisemblable. Ainsi, le malade peut s'imaginer que
les feux de circulation lui communiquent des instructions en provenance
d'extra-terrestres. Un grand nombre de personnes atteintes de la maladie et
souffrant d'idées délirantes de persécution sont qualifiées de « paranoïdes ».
Elles ont l'impression d'être constamment surveillées ou espionnées ou
s'imaginent faire l'objet d'un complot. Fréquemment, par exemple, le malade
est persuadé que ses propres pensées sont divulguées à la radio ou à la
télévision ou qu'elles lui sont imposées par quelqu'un de l'extérieur. Les idées
délirantes résistent à toute logique. Il ne sert donc à rien d'essayer de
convaincre le malade de l'« invraisemblance » de ses idées délirantes.
Les troubles de la pensée se traduisent par une difficulté de traiter et
d'organiser ses pensées. Par exemple, le malade peut être incapable
d'associer ses pensées selon une séquence logique. Ses idées peuvent se
succéder si rapidement qu'il ne parvient pas à les saisir. On observe un
relâchement des associations et une fragmentation de la pensée, et le malade
peut souvent devenir incohérent et tenir un discours illogique. En outre, ses
réponses affectives sont souvent non appropriées, et l'humeur est en
désaccord évident avec le discours. Ainsi, le malade peut rire pendant qu'il
parle d'événements tragiques ou effrayants.
L'obscurcissement de la conscience de soi se manifeste par une perplexité
concernant l'identité propre. Le malade peut avoir l'impression de ne pas avoir
de corps, voire même de ne pas exister. Il peut être incapable de discerner
son corps du monde extérieur, un peu comme si celui-ci était dissocié de sa
personne.
Symptômes négatifs
Le manque de motivation, ou l'apathie, est un manque d'énergie ou d'intérêt
dans la vie qui est souvent confondu avec la paresse. À cause de son manque
d'énergie, le malade peut être incapable de faire autre chose que dormir et
grignoter, et sa vie lui semblera dénuée de tout intérêt.
La diminution de l'affectivité (ou athymie) est un affaissement des émotions qui
se traduit par la réduction, voire l'élimination complète des expressions
faciales et des mouvements des mains, et par une incapacité apparente de
ressentir ou de témoigner quelque émotion que ce soit. Toutefois, il faut se
garder de conclure que le malade n'est plus capable de ressentir des émotions
et d'apprécier la gentillesse et les gestes prévenants à son égard. Il peut être
capable d'une grande intensité émotionnelle sans pouvoir exprimer ses
émotions. L'athymie peut s'amplifier à mesure que la maladie progresse.
La dépression se traduit par une sensation de détresse et de désespoir qui
tient en partie au fait que le malade se rend compte que la schizophrénie a
changé sa vie, que les « sensations spéciales » qu'il a ressenties durant la
phase psychotique sont irréelles et que son avenir semble plutôt sombre. Le
malade a souvent l'impression de s'être mal comporté et d'avoir brisé des
relations et il se sent indigne d'être aimé. Les idées dépressives sont très
pénibles et peuvent conduire le malade à parler de suicide ou même à tenter
de mettre fin à ses jours. Des changements d'ordre biologique se produisant
dans le cerveau peuvent également favoriser la dépression.
Le retrait social peut se manifester à la suite d'une dépression ou parce que le
sujet se sent relativement en sécurité lorsqu'il est seul ou qu'il est tellement
absorbé par ses rêveries et ses peurs égocentriques qu'il ne peut plus
supporter la présence d'autrui. Les personnes atteintes de schizophrénie sont
souvent incapables d'entretenir des relations interpersonnelles.
La schizophrénie débute habituellement chez les jeunes de 15 à 30 ans, mais
elle peut apparaître plus tardivement, touchant parfois des personnes âgées
de 40 ans. Elle frappe sans égard à la race, à la culture, à la classe sociale ou
au sexe. Le risque de la maladie est évalué à environ 1 %
S'il est vrai que la schizophrénie est actuellement une maladie incurable, les
neuroleptiques et la psychothérapie permettent habituellement d'atténuer les
symptômes positifs de la maladie. Une rémission complète est possible,
quoique imprévisible. Certaines personnes parviennent à améliorer leur état
de santé par eux-mêmes. Les cas de rémission sont habituellement observés
moins de deux ans après le début de la maladie, beaucoup plus rarement
chez les personnes qui en souffrent depuis cinq ans. En vieillissant, et
particulièrement après 40 ans, la vie des personnes atteintes de la
schizophrénie devient souvent moins pénible, les symptômes positifs
s'atténuent, si bien que ces personnes peuvent réduire leurs doses de
médicaments ou en prendre moins souvent.
3. L’inconscient
Notion centrale de la psychologie et de la psychanalyse, l'inconscient recouvre
l'ensemble des représentations psychiques liées à des pulsions refoulées hors
du champ de la conscience et qui tendent perpétuellement à l'investir à
nouveau.
Le terme inconscient désigne de façon assez générale la partie inaccessible
du fonctionnement psychique de tout individu humain, que cette inaccessibilité
soit passagère ou constante. Le mot fait son apparition vers 1820; il prend une
extension considérable et un sens singulier à partir du milieu du XXème siècle,
notamment sous l'influence de Freud et du développement de la psychanalyse. Il est désormais utilisé dans la plupart des sciences de l'homme, avec
toutefois des acceptions relativement différentes.
L'inconscient s'analyse donc comme une notion interdisciplinaire: à la
différence du langage courant, où le mot prend souvent le sens de
«irresponsable», la philosophie considère l'inconscient comme la partie la plus
profonde de l'être humain, et en fait le moteur d'un certain nombre de
comportements et de représentations. La psychologie insiste surtout sur le
clivage qui en résulte: définissant des niveaux de conscience, elle parle
d'inconscient au-dessous d'un certain seuil, qui est à définir selon les
circonstances. Enfin, en psychanalyse, le terme s'applique à tous les
comportements et à toutes les productions humaines dès l'instant que celles-ci
sont envisagées dans leur surgissement originaire et dans leur vérité cachée:
l'inconscient est un des concepts fondamentaux de la psychanalyse et il est
avant tout un mode d'expression spécifique.
L'approche philosophique
Bien que l'idée même ait été présente dans la réflexion depuis un certain
temps déjà, le terme ne fait son apparition dans la philosophie occidentale
qu'au cours de la seconde moitié du XIXème siècle. Descartes place la
conscience de soi au centre de la méditation philosophique, et dès lors, il
devient inévitable qu'on s'interroge aussi sur la non conscience, ou
l'inconscience, qui caractérise certains états psychiques.
Selon Schopenhauer suivi par Nicolai Hartmann, l'inconscient est une volonté
intérieure qui échappe à l'individu et se confond avec son vouloir-vivre le plus
profond. De nombreux philosophes qui se réfèrent aujourd'hui à ce courant
estiment que le terme est trop péjoratif et préfèrent revenir aux notions
élaborées par Schopenhauer ou Nietzsche: ils parlent alors de volonté de vie.
Dans une autre conception, liée à la philosophie de la représentation (Kant,
Hegel), le terme inconscient est utilisé avant tout pour caractériser les idées,
les images, les sensations qui ne sont pas directement accessibles à notre
conscience, que ce soit de façon durable ou passagère. C'est ainsi que
certains philosophes parlent aujourd'hui d'«inconscient machinique» (Gilles
Deleuze et Félix Guattari) pour rendre compte du fait que l'inconscient est
peuplé non seulement d'images et de mots, mais aussi de mécanismes qui le
conduisent à reproduire ces images et ces mots.
L'interprétation psychologique
Dans la psychologie classique, le terme (entendu surtout comme substantif)
renvoie au clivage qui existe en chaque homme entre sa partie consciente,
rationnelle et raisonnable, et sa partie cachée, dirigée par des désirs
inaccessibles. La prise en compte de ce clivage s'opère tout au long du XIXe
siècle, notamment sous l'influence des recherches du médecin allemand
Franz Anton Mesmer, et à la suite de l'étude du somnambulisme et de la
pratique de l'hypnose. Les psychologues qui s'intéressent à ces phénomènes
constatent qu'il existe deux états de conscience: dans le premier, l'individu agit
selon son vouloir rationnel et conscient; dans le second, où il se conduit d'une
manière inattendue, s'affirment des tendances qu'il avait occultées.
L'école de la Salpêtrière, avec le neurologue Jean Martin Charcot, le
physiologiste Alfred Binet et surtout le psychiatre Pierre Janet, va théoriser ce
clivage en parlant d'inconscient ou de subconscient pour désigner l'état de
conscience qui nous échappe et qui est à l'origine de bon nombre de
comportements. Pour Janet, l'état mental des hystériques (auquel il consacra
un ouvrage en 1911) doit être considéré comme le fruit de perturbations
engendrées par cet inconscient.
La conception psychologique de l'inconscient succède à la conception
héréditariste des troubles psychiques, et plus précisément à la théorie de la
dégénérescence, qui était prédominante à la fin du XIXème siècle. Si la
nouvelle approche marque un progrès, elle conserve cependant certains
inconvénients de la théorie précédente, notamment en faisant de l'inconscient
la cause de tous les maux. Comme toute explication globale et unilatérale, elle
oriente l'attention vers les troubles, sans s'interroger sur les processus fort
complexes de leur élaboration. Sa principale faiblesse est de chosifier
l'inconscient et d'en faire une réalité en soi, à la manière de Nicolai Hartmann.
Dans la psychologie actuelle, fréquemment associée aux sciences sociales ou
économiques, le terme est utilisé d'une façon plus ponctuelle: dans les
différents domaines où la psychologie est concernée, en particulier dans
l'analyse des comportements humains, il est appliqué pour caractériser
certains aspects du traitement de l'information et de la prise de décisions. Les
psychologues contemporains s'attachent surtout à souligner qu'une grande
partie des processus mentaux par lesquels l'individu perçoit des données,
traite des informations et prend des décisions, si élaborés soient-ils,
échappent à la conscience, même s'ils aboutissent à l'exécution de plans
moteurs ou à la compréhension et à la production d'actes ou de paroles. Les
recherches visent à éclaircir les processus en jeu par divers moyens d'analyse
de façon à permettre des réaménagements pour surmonter les conflits qui
peuvent en résulter.
La «découverte» freudienne de l'inconscient
Il faut attendre 1878 pour que le terme «inconscient» apparaisse dans le
dictionnaire de l'Académie sous la forme d'un substantif. Jusqu'à la
«découverte» de Freud, il reste, en effet, marqué par le sens privatif qu'il
semble toujours avoir eu en philosophie et dans la psychologie naissante de la
seconde moitié du XIXe siècle, à savoir tout ce qui échappe à la conscience
spontanée et réfléchie. En avançant l'hypothèse d'un lieu psychique référé de
façon spécifique à une sorte de «conscience inconsciente», Freud n'invente
pas à proprement parler un concept, mais il donne à un terme déjà existant un
sens nouveau qu'il cherchera à légitimer sur la base de ses recherches
personnelles: « soit l'observation de ce qui achoppe, de ce qui échappe, bute,
défaille chez tout un chacun en brisant d'une façon incompréhensible la
continuité logique de la pensée et des comportements de la vie quotidienne:
lapsus, actes manqués, rêves, oublis, et plus généralement les symptômes
compulsionnels du névrosé, dont il découvre la signification paradoxale dans
la clinique de l'hystérie» (J. Dor). L'hypothèse freudienne de l'inconscient
instaure, de fait, la dimension d'une «psychologie des profondeurs» (Freud),
d'une «métapsychologie», autrement dit de la psychanalyse comme telle. Une
telle hypothèse permet de comprendre certains processus pathologiques
irrationnels fréquents concernant l'existence du sujet. Par là même se justifie
l'invention par Freud d'une stratégie psychothérapeutique, celle de la cure
psychanalytique. Ainsi, comme le souligne encore J. Dor, s'amorce une
nouvelle réforme copernicienne qui apporte la «peste» en désavouant
fondamentalement l'assise du cogito cartésien: «Le Moi n'est plus maître dans
sa propre maison» (Freud).
Si l'inconscient reste par définition l'inaccessible de tout individu, s'il est
effectivement l'insu que chacun véhicule dans tout ce qu'il fait, il n'en possède
pas moins quelques caractéristiques spécifiques. Et la prise en compte de ces
caractéristiques constitue en elle-même une révolution.
L'inconscient est individuel. Ce n'est pas une composante intrinsèque qui
serait la même pour tous et qu'on pourrait disséquer dans les mêmes
conditions chez toute personne ou dans toutes les situations: il appartient en
propre à chacun, et il faut l'aborder dans une perspective subjective. Par
conséquent, l'écoute de l'inconscient suppose en priorité la prise en compte de
l'histoire individuelle, des réactions intimes du sujet, de ses relations premières
et constitutives.
L'inconscient est «altruiste». En effet, s'il renvoie au plus intime de chacun, il
ne s'élabore ni ne se révèle que par rapport à l'autre. Pour Freud, ce rapport
est surtout heuristique: il joue dans la manière dont on peut découvrir,
connaître et faire valoir ce qui se passe dans l'inconscient.
L'inconscient est sexuel. Cette affirmation de Freud, qui a fait scandale et qui
demande aujourd'hui encore plus de précisions, signifie que tous les désirs
inconscients sont appelés à s'intégrer dans la sexualité génitale, grâce en
particulier au complexe d'Œdipe. Il s'ensuit aussi que la question de la
différence des sexes et son acceptation par chaque être humain joue dans la
structuration inconsciente un rôle central et décisif. Plus radicalement, Freud
affirme que l'énergie qui anime l'inconscient – la libido – est sexuelle, ce qui
signifie que l'enjeu est toujours d'une manière ou d'une autre la satisfaction.
L'inconscient est structuré. Pour expliciter en quoi consiste cette structure,
Freud a mis successivement au point deux systèmes. Le premier distingue un
système conscient et un système inconscient, et ménage également un
espace intermédiaire: le préconscient, où s'opèrent les échanges et les
interactions. C'est la première topique de Freud. La seconde qui à partir de
1920 aura pour effet de remanier profondément la théorie freudienne de
l'appareil psychique, considère qu'il y a dans l'inconscient trois instances: le
ça, entièrement inconscient; le surmoi, en grande partie inconscient; le moi,
qui possède une partie consciente et une partie inconsciente.
Lacan: une conception structurale et topologique de l'inconscient
Lacan, lecteur de Freud, considère que l'inconscient reste la meilleure
«trouvaille» de l'inventeur de la psychanalyse. Il pose ce concept comme l'un
des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Mais là où Freud
mettait l'accent sur la prééminence des mots et des associations, Lacan fait
l'hypothèse de «l'inconscient structuré comme un langage», en s'appuyant sur
la linguistique structurale (F. de Saussure, E. Benveniste, R. Jakobson). Les
références de Lacan rappellent toujours à cette conjonction du symbolique et
de l'inconscient: «L'inconscient est langage» (La science et la vérité, in Écrits),
ou encore «L'inconscient, c'est qu'en somme on parle... tout seul» (Séminaire
du 11 janvier 1977). De façon plus explicite encore: «L'inconscient est la
somme des effets de la parole sur un sujet, à ce niveau où le sujet se
constitue des effets du signifiant» (Les quatre concepts fondamentaux de la
psychanalyse).
Ainsi Lacan donne une importance première au rôle que jouent les signifiants
dans les représentations mentales, qu'ils soient purement linguistiques ou bien
analogiques. La prise en compte des différents aspects de la structure ainsi
définie est indispensable pour expliquer les conflits perpétuels qui
caractérisent l'inconscient. L'inconscient est régi par des processus
particuliers: un phénomène ou une représentation sont dits «inconscients
quand ils sont articulés et organisés par des processus primaires tels que la
condensation ou le déplacement, la métaphore et la métonymie ou encore les
actes manqués, les lapsus, les mots d'esprit. En outre, l'inconscient est action:
pour Lacan, il existe une sorte d'équivalence entre l'acte inconscient et le
désir, et le développement de la notion d'inconscient se confond avec l'histoire
de la psychanalyse.
4. Le Signe
Le terme de «signe» désigne tout objet, dessin, figure, etc., qui possède une
signification autre que sa signification littérale. La langue est un système de
signes. Le signe linguistique est un mot ou un morphème analysable en
signifiant et signifié, selon la terminologie établie par le linguiste suisse
Ferdinand de Saussure (1857-1913). Le signe linguistique est arbitraire,
puisque conventionnel, et, de ce fait, instable, ce qui permet de rendre compte
de l'évolution des langues.
Au cœur du projet saussurien, exposé dans son Cours de linguistique
générale (édité après sa mort en 1916) se trouve la conception du signe
comme une entité à deux faces: un signifiant, c'est-à-dire la forme concrète,
acoustique ou phonique, et un signifié qui désigne le concept, le contenu
sémantique, l'ensemble des réalités à quoi renvoie le signifiant. Le rapport
entre ces deux faces est arbitraire et l'arbitraire du signe constitue précisément
le centre de la théorie saussurienne, le fondement même de la notion de
sytème ou de structure. Ainsi, pour reprendre un exemple utilisé par F. de
Saussure, il y a un rapport arbitraire entre les deux faces du signe français
«mouton» (le mouton pourrait s'appeler autrement, et on l'appelle d'ailleurs
autrement dans d'autres langues), mais c'est surtout l'organisation sémantique
dont témoigne ce signe qui est arbitraire: le français «mouton» désigne aussi
bien le mouton vivant que la viande de boucherie, deux notions qui sont
nettement séparées en anglais – mutton et sheep.
Ces définitions, issues d'une réflexion sur les signes linguistiques, et qui sont à
l'origine de la linguistique structurale, ont souvent été utilisées dans le
domaine plus vaste de la sémiologie: on a ainsi recours aux notions de
signifiant et de signifié dans l'analyse de phénomènes aussi différents que la
communication animale, l'expression artistique, la littérature, la mode, etc.
La psychanalyse est une expérience qui se situe dans le champ de la parole
et qui, à ce titre, commande un examen du langage lui-même en ses éléments
constitutifs: les signifiants. Freud et Breuer, dans les cures qu'ils
entreprenaient avec les patientes hystériques (Études sur l'hystérie, 1895)
avaient déjà mis en évidence un tel caractère: c'est de pouvoir dire ce qu'elle
n'a jamais pu énoncer que l'hystérique guérit. Ainsi Anna O., la première
patiente de Freud, nommait-elle la cure psychanalytique talking cure (cure par
la parole). L'évolution ultérieure de la psychanalyse ne fera qu'accentuer la
nécessité d'une attention constante au langage, aux mots, aux paroles dites
dans la cure par les patients. C'est la raison pour laquelle la méthode
psychanalytique qui prend en compte la remémoration par le patient de
souvenirs pathogènes ainsi que l'émergence dans la réalité, sous forme de
symptômes, de conflits inconscients latents, s'est particulièrement intéressée
aux «formations de l'inconscient». L'oubli, le lapsus, l'acte manqué, le mot
d'esprit ou le rêve sont, en effet, tous réglés par des enchaînements de
langage particulier, qui ne font autre chose que d'exprimer un désir.
Jacques Lacan s'est attaché dans son œuvre à systématiser cette
problématique en la recentrant sur le concept de «signifiant».
Le signifiant en linguistique
Le terme de «signifiant» a été emprunté par Lacan à la linguistique, en
particulier à F. de Saussure (Cours de linguistique générale, 1915) et à R.
Jakobson (Deux Aspects du langage et deux types d'aphasies et Essais de
linguistique générale). Pour Saussure, le «signe linguistique» est une entité
psychique à deux faces: le «signifié», ou concept (par exemple, si l'on pense
au mot «table», il s'agira de l'idée de la table, et non d'une table réelle), et le
«signifiant» qui s'analyse également en une entité psychique, puisqu'il va
s'agir non pas du son matériel que l'on produit en prononçant le mot «table»,
mais de l'image acoustique que provoque un tel son.
Le «signe linguistique» de Saussure est alors représenté par l'algorithme s/S
qui matérialise l'union d'un concept, le signifié s, à une image acoustique, le
signifiant S.
Selon Saussure, le signe linguistique est «arbitraire» dans une langue donnée,
c'est-à-dire qu'il n'existe aucun rapport de nécessité entre s et S, si ce n'est ce
qui fait consensus dans un groupe parlant la même langue. Par ailleurs, ce
signe dans son arbitraire est «immuable», quoique pouvant subir des
altérations. Enfin, il a surtout le caractère d'être «linéaire», ce qui implique que
les signifiants s'agencent dans la langue en une suite que l'on appelle la
«chaîne parlée», à laquelle Lacan donnera le nom de «chaîne signifiante».
R. Jakobson, de son côté, poursuivant ces recherches, déterminera deux
pôles de langage: la «métaphore» et la «métonymie». Évoquant
L'interprétation des rêves de Freud, il s'attachera à démontrer que les
mécanismes de formation des rêves, la «condensation» et le «déplacement»,
sont des mécanismes parallèles à ceux de la métaphore et de la métonymie,
ce que Lacan reprendra par la suite.
La conception lacanienne du signifiant
Lacan va s'approprier les concepts de la linguistique structurale en les
appliquant à l'expérience analytique. Ce changement de champ va entraîner
un certain nombre de distorsions que Lacan s'est autorisé à faire, tout en
convenant qu'il ne faisait pas de la linguistique, mais de la «linguisterie». Ces
distorsions se révéleront fécondes pour la théorie psychanalytique.
En premier lieu, l'algorithme saussurien va être inversé, et devenir S/s. Lacan
veut mettre par là en évidence ce qu'il appelle la «suprématie du signifiant sur
le signifié». Ce nouvel algorithme ne sera, dès lors, plus celui du signe
linguistique, mais il sera inversé.
Il en résulte que, selon Lacan, c'est le signifiant qui gouverne le discours et
non pas l'inverse. Quant à la barre de l'algorithme située entre S et s, elle
représente la «résistance à la signification», où l'on retrouve l'idée freudienne
de «censure».
C'est ainsi que Lacan a pu poser l'hypothèse de «l'inconscient […] structuré
comme un langage», hypothèse qui sera également fondée sur les concepts
de «métaphore» et de «métonymie».
Métaphore et métonymie
Ces deux concepts, comme celui de «signifiant» vont être détournés par
Lacan de leur acception linguistique pure.
La «métonymie» s'analyse en une figure de style qui consiste à désigner un
objet par un autre terme que celui qui est habituellement employé, et qui lui
est associé par contiguïté: c'est, par exemple, prendre une partie pour le tout
et dire «une voile à l'horizon» pour évoquer un bateau; c'est aussi prendre la
matière pour l'objet et dire «croiser le fer» pour décrire un combat. C'est enfin
prendre le contenant pour le contenu et dire «boire un verre» pour exprimer le
fait de prendre une consommation dans un café. Le mouvement de la
métonymie est donc toujours le même: il consiste à réduire un ensemble à un
détail, l'important à l'anodin, le primordial à l'accessoire.
La «métaphore» est aussi une figure de style et consiste à transporter un mot
de l'objet qu'il désigne d'ordinaire à un autre objet auquel il ne convient que
par comparaison et par similarité: ainsi évoquera-t-on le courage d'un homme
en l'appelant un «lion»; ou bien encore parlera-t-on de la «fleur de l'âge» pour
désigner la jeunesse, ou de l'«hiver de la vie» pour illustrer la vieillesse. La
métaphore consiste donc à utiliser un mot pour un autre et constitue un
procédé souvent utilisé en poésie. «Sa gerbe n'était pas avare ni haineuse»,
dit le poète pour désigner Booz.
La métaphore et la métonymie ont été reprises par Lacan dans une acception
différente de celle de la linguistique. Dans son séminaire sur les Psychoses, il
expose, en effet, que «d'une manière générale, ce que Freud appelle la
condensation, c'est ce qu'on appelle en rhétorique la métaphore, et ce qu'il
appelle le déplacement, c'est la métonymie».
Le signifiant s'analyse donc, selon Lacan, comme l'instrument avec lequel
s'exprime le signifié disparu. En psychanalyse, ce signifié disparu est constitué
par les représentations refoulées dans l'inconscient. Il met l'accent sur la
censure, donc sur l'objectif de travestissement et de déformation opéré à l'aide
des mécanismes de la métaphore et de la métonymie, et préside à
l'émergence des formations de l'inconscient et au travail du rêve.
5. Les Traitements
Le traitement de la schizophrénie associe médication et thérapie de soutien.
Selon l'importance des symptômes, le patient pourra être suivi à titre de
malade externe ou, quelquefois, il devra être hospitalisé.
Médication
Un nouveau type de médicaments a été mis au point au cours des années
1950. Ces médicaments, appelés neuroleptiques ou antipsychotiques, sont
très efficaces dans le traitement des symptômes positifs de la schizophrénie et
permettent habituellement de supprimer certains de ces symptômes en
quelques jours ou en quelques semaines seulement. Il faut généralement
plusieurs mois avant que l'état du malade ne se stabilise complètement. Chez
les personnes souffrant de schizophrénie récurrente, les neuroleptiques
préviennent la réapparition des symptômes aigus. Malheureusement,
l'efficacité des neuroleptiques contre les symptômes négatifs de la
schizophrénie de nature plus chronique, tels la dépression et l'apathie, est fort
limitée.
Les neuroleptiques agissent par blocage des récepteurs de dopamine
(substance chimique produite par le cerveau) présents sur les cellules
nerveuses responsables de la transmission dopaminergique. La dopamine est
l'un des neurotransmetteurs du cerveau; elle achemine des messages de
certaines cellules nerveuses particulières à d'autres cellules particulières du
cerveau. On croit de plus en plus que la schizophrénie, chez certaines
personnes, pourrait être due à une surabondance de récepteurs
dopaminergiques ou à une hypersensibilité des récepteurs à la dopamine. À
cause de cela, le cerveau d'une personne atteinte de schizophrénie peut
recevoir un trop grand nombre de messages le long de ces voies. Ces
messages excédentaires interfèrent d'une certaine façon avec les signaux
transmis par d'autres voies chimiques, ce qui peut provoquer des symptômes
psychotiques.
Cf. Schéma dopamine ci-dessous.
Ci dessus est représentée la molécule de la Dopamine (DihydrOxyPhénylAlanine) qui peut
être synthétisée à partir de la L-Dopa (molécule artificielle) par l'organisme. La molécule LDopa est injecté dans le cas où le malade est atteint d'une insuffisance.
En Amérique du Nord, on compte une trentaine de neuroleptiques différents
d'usage courant. Chaque médicament porte plusieurs noms : une
dénomination commune ou officielle et le nom commercial donné par la
société pharmaceutique qui l'a produit (voir Annexe I).
Bien que tous les neuroleptiques d'usage courant interfèrent avec la
dopamine, chacun d'entre eux se distingue par l'action particulière qu'il exerce
sur les autres substances chimiques du cerveau. Pour cette raison, chaque
patient réagit d'une façon différente aux divers neuroleptiques qui peuvent lui
être administrés. Les réactions à une dose donnée diffèrent également selon
la sensibilité de chaque patient au médicament. Au nombre des facteurs
physiques qui influent sur la réaction des patients, mentionnons le sexe, le
poids, le métabolisme, la santé physique et l'importance des symptômes. C'est
seulement à l'essai qu'on parvient habituellement à trouver le neuroleptique et
la dose appropriés; pour certains patients, on met parfois des mois, voire des
années, à trouver la combinaison idéale. Il convient également de rappeler
l'importance de surveiller régulièrement les doses administrées.
Avec le temps, il est possible de diminuer les doses de presque tous les
patients. La dose d'entretien correspond à la dose la plus faible permettant de
garder stable l'état du patient. Le médecin pourra augmenter la dose si les
symptômes réapparaissent, si certains signes laissent entrevoir une récidive
prochaine ou si le patient est stressé.
Les neuroleptiques se présentent sous la forme de comprimés, de soluté à
boire ou d'injection intramusculaire. Au début du traitement, on administre
habituellement le médicament par voie orale afin d'obtenir une libération lente
et graduelle de la solution médicamenteuse. Dans le cas de patients vivant un
épisode aigu de schizophrénie, on préfère souvent l'injection à action brève
pour atténuer les symptômes les plus terrifiants, car le médicament, sous cette
forme, agit plus rapidement que par voie orale. Les personnes suivis à titre de
patients externes peuvent prendre le médicament sous forme de comprimés
ou d'injections à action prolongée.
Outre l'incompréhension de la maladie, la crainte des effets secondaires est la
raison la plus fréquemment invoquée par les patients pour justifier leur refus
de prendre leurs médicaments. Les effets secondaires sont incommodants à
divers degrés et varient d'un patient à un autre. Les réactions
médicamenteuses les plus fréquemment observées sont les suivantes :
dystonie aiguë (problème caractérisé par le raidissement des muscles du cou
et de la mâchoire, qui se manifeste peu après le début du traitement mais qui
est facile à corriger), somnolence, étourdissement, léthargie, sécheresse de la
bouche, vision trouble, hypersensibilité au soleil, augmentation du poids et
constipation. On peut habituellement éliminer ces problèmes en changeant de
neuroleptiques, en réduisant la dose ou en prescrivant un autre médicament
pour corriger les effets secondaires. La dyskinésie tardive, effet secondaire qui
peut se manifester après une longue période de médication, se caractérise par
des mouvements involontaires du visage – spasmes de la langue et de la
bouche. Ces mouvements spasmodiques peuvent dans certains cas s'étendre
aux membres et à d'autres parties du corps. Une diminution de la posologie
provoque une aggravation temporaire des symptômes avant d'entraîner
l'amélioration souhaitée. Chez certains patients, la dyskinésie tardive peut
devenir chronique. Le risque augmente avec l'âge, quoique cette complication
soit parfois observée chez des patients plus jeunes.
D'après les témoignages des familles consultées, certains patients sont plus
incommodés que d'autres par les effets secondaires. Les mouvements
involontaires peuvent être pour eux une source d'embarras, et leur manque
d'énergie, une source de frustration. Ces personnes sont plus susceptibles de
décider de cesser de prendre leurs médicaments. Les membres de la famille
et les professionnels de la santé estiment qu'il peut alors être préférable de
réduire la dose des médicaments, même si cela doit entraîner la persistance
de certains symptômes mineurs. Il conviendra alors d'exposer clairement la
situation au malade et d'en discuter avec lui.
Les familles affirment également qu'il est important de bien comprendre les
effets secondaires. Vous éviterez ainsi de nombreux malentendus dus à
l'incompréhension – par exemple, vous ne confondrez pas léthargie et paresse
ou vous ne serez pas terrorisé par les tremblements du malade – et vous
serez capable de fournir des informations utiles au médecin. Ces familles vous
conseillent de vous considérer comme une « infirmière » et de noter toutes les
réactions du patient aux médicaments qui lui ont été prescrits. Vous pouvez
également vous adresser à votre pharmacien pour obtenir des
renseignements additionnels sur les effets secondaires.
à comparer avec l'état normal sur le schéma ci-dessous :
Thérapie de soutien
Torrey décrit le rôle de la psychothérapie dans un ouvrage intitulé Surviving
Schizophrenia. La thérapie de soutien « peut procurer au patient l'amitié et les
encouragements dont il a besoin et des conseils pratiques qui lui permettront,
par exemple, d'avoir accès aux ressources communautaires ou de mener une
vie sociale plus active, ainsi que des services d'orientation professionnelle,
des suggestions qui lui permettront de réduire au minimum les frictions avec
les autres membres de la famille et, avant tout, l'espoir qu'il peut améliorer sa
qualité de vie. Les discussions portent essentiellement sur l'instant présent,
non sur le passé, et sur les problèmes de la vie qui font entrave aux efforts du
malade de se conformer aux exigences du quotidien malgré le trouble mental
dont il est atteint (p. 259). »
Cet auteur établit également une distinction entre la psychothérapie de soutien
et la « psychothérapie axée sur la compréhension de soi » – découverte et
exploration des conflits inconscients. Il fait observer que la psychothérapie
axée sur la compréhension de soi n'est d'aucune utilité en cas de
schizophrénie (p. 220), ce qui ne veut cependant pas dire qu'une personne
atteinte de schizophrénie n'a rien à gagner à mieux se comprendre elle-même.
Si les symptômes ne sont pas trop sévères, un professionnel pourra, en début
de thérapie de soutien, aider le malade à se remémorer les événements qui se
sont produits et les émotions qu'il a ressenties durant un épisode aigu, de
façon à ce qu'il puisse surveiller et reconnaître les signes avant-coureurs des
troubles.
Dans tous les cas, la thérapie de soutien est axée sur l'acquisition de certaines
compétences telles que l'auto-administration des médicaments, l'acquisition
des compétences nécessaires pour mener une vie sociale, la tenue d'un
budget et la recherche d'emploi. Idéalement, on devrait s'efforcer d'établir des
liens les plus étroits possibles entre les programmes pour patients hospitalisés
et les programmes communautaires pertinents afin d'assurer une continuité
dans les soins fournis au malade.
Électrochocs
Au fil des années, le recours à l'électrochoc a soulevé passablement de
controverse. Utilisée pour la première fois en 1938, cette méthode
thérapeutique a depuis subi de nombreuses améliorations. Aujourd'hui, on
endort le patient et on lui administre un relaxant musculaire. On provoque
ensuite une crise chez le malade en faisant passer un faible courant électrique
au moyen de deux électrodes fixées aux tempes du patient.
L'électrochoc s'est révélé une méthode thérapeutique très efficace en cas de
dépression. On l'utilise également à l'occasion dans le cas de patients
souffrant d'épisodes dépressifs associés à un trouble bipolaire (psychose
maniaco-dépressive). Bien que son utilité semble plutôt limitée dans le cas de
la schizophrénie, cette méthode est parfois appliquée à des patients
potentiellement dangereux qui ne réagissent pas à la médication. En 1985, le
Electro-Convulsive Therapy Committee, comité interdisciplinaire mis sur pied
par le ministère de la Santé de l'Ontario, a recommandé dans son rapport
qu'on continue de permettre aux personnes consentantes d'avoir accès à cette
méthode thérapeutique, à condition de prendre des dispositions spéciales afin
d'en rendre l'utilisation la plus sûre possible.
Mais cette technique est maintenant beaucoup controversée sous prétexte
d'être
torturante
pour
le
malade
est
trop
douloureuse.
De plus, les électrochocs ne sont jamais appelés « traitements de choc » par
ceux à qui cela rapporte. Le mot « choc » contient trop de connotations
menaçantes bien qu’exactes. Les psychiatres sont plus enclins à leur donner
un nom rassurant, tel que « sismothérapie » ou « électroconvulsivothérapie »
afin d’éviter toute réaction négative. Ils vous diront ouvertement qu’ils ne
savent pas comment cela « marche », et ils sont incapables d’expliquer
scientifiquement ce qui les a amenés à conclure que c’est une bonne idée de
détruire les cellules de votre cerveau.
La procédure est simple et rapide. Le patient ne doit ni boire ni manger quatre
heures ou plus avant la procédure, pour éviter les vomissements pendant la
séance. Une demi-heure avant, on administre de l’atropine, ce qui réduit les
sécrétions dans la cavité buccale et dans les voies respiratoires. Ceci diminue
les risques d’étouffement ou autres complications qui se présenteraient si le
patient avalait sa salive. Les dentiers, bijoux et accessoires dans les cheveux
sont enlevés pour éviter les blessures pendant les convulsions. Puis la
personne est placée sur un lit. Sur un chariot près du lit sont placés des
instruments d’urgence comme un défibrillateur pour redémarrer le cœur en
cas d’arrêt cardiaque.
Une gelée est alors appliquée aux tempes du patient pour améliorer la
conductivité et éviter les brûlures. On injecte un anesthésiant dans la veine
pour endormir le patient. Puis on lui administre un relaxant musculaire, ce qui
provoque un arrêt de virtuellement toute activité musculaire. Le patient sera
branché à un respirateur artificiel jusqu’à ce qu’il recommence à respirer par
lui-même après la procédure. On lui met un ouvre-bouche de caoutchouc dans
la bouche pour l’empêcher de se casser les dents ou de se mordre la langue.
Enfin,
les
électrodes
sont
placées
sur
ses
tempes.
On appuie sur un bouton qui envoie un courant de 180 à 460 volts dans le
cerveau, d’une tempe à l’autre (électrochoc bilatéral) ou du front à l’arrière de
la tête sur un seul côté (électrochoc unilatéral). Ceci provoque une violente
convulsion de longue durée identique à une crise d’épilepsie. Les relaxants
musculaires masquant les réactions normales du corps, le psychiatre qui
administre les électrochocs attend de voir les doigts de pieds s’agiter ou se
recroqueviller pour s’assurer que le choc a « marché ». Lorsque ce signe
n’apparaît pas, il arrive que l’on administre plusieurs chocs électriques d’affilée
jusqu’à obtention de l’effet désiré.
La procédure entière prend entre cinq et quinze minutes. On estime que cela
rapporte environ trois milliards de dollars par an à l’industrie psychiatrique.
La plupart des patients reçoivent un total de six à douze électrochocs en un
traitement : un par jour, trois fois par semaine. Mais beaucoup reçoivent plus
d’une série de traitements parce qu’ils ne ressentent jamais de soulagement
permanent. Aux États-Unis, cela peut augmenter le revenu annuel d’un
psychiatre d’environ 27 000 dollars.
L’American Psychiatric Association (APA) [Association américaine de
psychiatrie] a estimé que plus de 88 600 personnes reçoivent des
électrochocs tous les ans aux États-Unis, et que le nombre total de traitements
s’élève à 260 000. Cependant, ce chiffre n’est qu’une estimation, fondée sur
des statistiques de l’APA vieilles de plus de quinze ans.
Il semble que les psychiatres n’aient aucun désir de contrôler cette pratique
qui, chaque année, estropie socialement des centaines de milliers de
personnes. Des articles de quotidiens datant de 1993 indiquent que les
Américains pourraient être jusqu’à 110 000 par an à subir des électrochocs.
Le but des traitements de choc est de créer des lésions cérébrales. Comme
l’explique le Dr Michael Chavin, « une onde de choc traverse le cerveau, qui
décharge alors de l’énergie de façon extrêmement désordonnée. Ceci
augmente le métabolisme à un niveau très élevé et prive le cerveau
d’oxygène, ce qui peut en fait détruire des cellules du cerveau ».16 Ces
lésions cérébrales sont la cause des pertes de mémoire, de l’incapacité
d’apprendre et de la désorientation spatiale et temporelle qui suivent toujours
ces traitements de choc.
D'un point de vu physique, voici quelques données essentielles pour
comprendre le fonctionnement des électrochocs et la douleur que cela peut
provoquer.
La loi d'Ohm
Le passage du courant dans le corps humain est régi par : U = R x I. ou mieux
dans notre cas, pour savoir quelle est environ l’intensité reçu des
électrochocs, la relation précédente s’écrit I = U / R avec R ~ 103 Ω
La résistance électrique
C'est la résistance électrique de l'organisme qui détermine le degré de
sévérité des lésions organiques. Plus elle est élevée, moins les dégâts sont
grands. C'est principalement la résistance du revêtement épithélial qui entre
en ligne de compte. Celle-ci varie notablement en fonction de paramètres tels
que son degré d'humidité, sa nature muqueuse (plus conductrice que la peau),
l'âge de la personne (plus l'âge est grand, plus la résistance augmente)
La surface de contact et la pression de contact avec le conducteur influent
notablement sur la résistance cutanée. Plus elles augmentent, plus la
résistance diminue. La durée de contact avec le conducteur détermine la
quantité de courant traversant l'organisme.
L'intensité
L'intensité joue un rôle important dans la gravité des électrisations :
- 0,02 mA induisent une fibrillation ventriculaire (FV) s'ils sont appliqués
directement sur le myocarde;
- 0,36 mA représentent le seuil de perception cutané du courant.
- 16 mA induisent une tétanisation musculaire.
- 20 mA sont responsables d'une paralysie diaphragmatique et asphyxie
mécanique.
- 80 mA induisent une fibrillation ventriculaire.
- 200 mA sont responsables d'une asystolie.
- 800 mA appliqués sur le thorax pendant une seconde peuvent entraîner le
décès.
La fréquence
La fréquence doit être prise en considération. Le courant domestique est
sinusoïdal de fréquence 50 Hz. La fréquence maximale de survenue de
troubles du rythme cardiaque se situe entre 40 et 150 Hz. Le courant alternatif
est plus dangereux que le continu. Il induit une dépolarisation de la membrane
cellulaire responsable d'une libération d'acétyl-choline synaptique. Il en résulte
une tétanie musculaire prédominant sur les fléchisseurs et responsable du
"Cannot let go" des Anglo-saxons (maintien de la préhension du conducteur
par la victime).
6. Conclusion
Alors que la schizophrénie touche beaucoup plus de personnes qu’on
imagine, il est venu le temps de rechercher des remèdes pouvant améliorer
les conditions de vie d’un schizophrène. La schizophrénie ne se guérit pas,
mais peut, par l’intermédiaire de neuroleptiques, être moins prononcée chez
l’individu malade. A elles seules, les pilules ne font pas de miracle, car, en
effet, le risque de rechute après des années de traitements est important. Pour
les médecins, il n’est possible de faire que des constatations a posteriori dans
le cas du schizophrène, la schizophrénie étant encore aujourd’hui une énigme.
Cette forme de psychose, se divise en divers catégories ; ce qui complique le
travail des scientifiques quant aux moyens thérapeutiques. Si les différentes
façons d’atténuer cette maladie progressent ces dernières années, la cause
de la schizophrénie n’est pas encore entièrement élucidée. On a pu constater
que plusieurs facteurs jouent un rôle dans son apparition et son évolution.
Par ailleurs ,les symptômes diffèrent d’un individu à un autre. La schizophrénie
est donc une maladie mentale, qui est la source de nombreuses interrogations
aussi bien dans le passé que dans le futur.
Enfin, cette maladie qui se caractérise souvent chez les malades par des
idées délirantes ou bien des hallucinations peut dans certains cas devenir très
préoccupante et même amener au suicide.
7. Bibliographie
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Atlas de poche de pharmacologie par Heinz Lüllmann, Klaus Mohr, Albrecht Ziegler.
145 planches de Jürgen Wirth Editer chez Médecine Sciences / Flammarion en 1991
Emprunté à la bibliothèque de l’université de pharmacie de Strasbourg
Encyclopédie Universalis version papier de 1979
Dictionnaire de Philosophie de Gérard Durozoi (agrégé de philosophie) et André Russel
(Docteur en sociologie). Editer chez NATHAN. Octobre 1999.
La pratique de philosophie de A à Z. Edition Hatier. Mars 2001
Les schizophrénies. Edition PUF de la collection « Que sais-je ? »
Psychiatrie de l’adulte. Collection Abregés. Editer chez MASSON en 1984. Nous a été
prêté par Marc Levy.
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