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FORMATION CONTINUE
service de garde suggérera de consulter un médecin, qui
précisera les conditions de réadmission à la garderie selon le
risque de contagiosité. Pour la conjonctivite virale, le retour
se fait lorsque les symptômes sont résolus. Pour la conjonc-
tivite bactérienne, la Société canadienne de pédiatrie
conseille d’attendre 24 heures après le début du traitement
antibiotique avant de retourner l’enfant en milieu de garde8.
CONJONCTIVITE NÉONATALE
La conjonctivite néonatale, qui survient dans les cinq pre-
mières semaines de vie, est causée par les mêmes bacté ries
que les conjonctivites qui apparaissent en période postnatale,
mais aussi par des germes comme Chlamydia trachomatis et
Neisseria gonorrhoeæ8. La conjonctivite à N. gonorrhoeæ est
particulièrement redoutable. L’enfant doit, par conséquent, être
dirigé en ophtalmologie sans tarder. Elle peut se compliquer
d’un ulcère ou d’une perforation de la cornée et causer une
atteinte visuelle permanente8. Il faut effectuer des cultures des
sécrétions oculaires si une de ses deux bactéries est soupçon-
née6. En mars 2015, la Société canadienne de pédiatrie a publié
un énoncé de principes sur la conjonctivite néonatale. Elle
remet en question la pertinence de la prophylaxie néonatale
actuelle par l’érythromycine en onguent8 (tableau III8), obliga-
toire selon la loi : « Tout médecin ou sage-femme effectuant un
accouchement doit appliquer dans les yeux du nouveau-né,
immédiatement après la naissance, un médicament efficace
pour prévenir l’ophtalmie purulente »9. Le débat est toujours en
cours sur la nécessité de poursuivre cette pratique.
RETOUR SUR LE CAS D’ANTOINE
Vous expliquez au père d’Antoine qu’il s’agit fort probable-
ment d’une conjonctivite virale et que l’antibiothérapie n’est
donc pas recommandée. Par ailleurs, il faudra qu’Antoine
revienne vous voir en cas de fièvre, si ses symptômes per-
sistent plus d’une semaine ou si son état se détériore.
CAS NO 2 : CHARLIE, 4 SEMAINES
Vous voyez Charlie en raison d’un larmoiement
persistant à l’œil droit, qui a commencé une semaine
après la naissance. Des sécrétions jaunâtres surviennent
à l’occasion (photo 3).
DIAGNOSTIC : DACRYOSTÉNOSE
Vous aurez reconnu le tableau clinique d’une dacryosténose
congénitale (tableau I). Fréquente, cette affection est une
anomalie de canalisation incomplète du canal lacrymal1.
Elle touche 20 % des nourrissons de 0 à 6 mois1,10. L’atteinte
est généralement unilatérale et est caractérisée par un lar-
moiement et par la présence de débris séchés au niveau
des cils, de manière chronique ou intermittente. À l’examen,
on note parfois une légère augmentation de la taille du sac
lacrymal dont la palpation produit un reflux de larmes ou de
substance mucoïde11,12. Aucun autre examen n’est nécessaire
au diagnostic1,11.
Chez 90 % des nouveau-nés, la résolution de la dacryosté-
nose survient spontanément dans les six à douze premiers
mois1,2. Le traitement de première intention est le massage
du sac lacrymal. On applique une pression modérée vers le
bas sur le sac pendant deux ou trois secondes (photo 4), puis
on répète la manœuvre plusieurs fois par jour, comme aux
changements de cou che10,11. Pour les cas qui persistent à 9 à
12 mois, une évaluation en ophtalmologie est recommandée.
Un traitement chirurgical pourra être proposé1,11.
TABLEAU III
QUELQUES POINTS IMPORTANTS
SUR LA CONTROVERSE DE
L’ANTIBIOPROPHYLAXIE OPHTALMIQUE
NÉONATALE8
h L’érythromycine est peu ecace pour prévenir la
conjonctivite à Chlamydia.
h En 2012, 23 % des souches de gonorrhée étaient
résistantes à l’érythromycine.
h Aucune étude récente n’existe sur l’ecacité de la
prophylaxie.
h L’incidence des conjonctivites à C. trachomatis et à
N. gonorrhoeæ est faible en raison du dépistage prénatal,
du traitement des ITSS pendant la grossesse et de la
diminution de la prévalence dans la population générale.
h L’érythromycine peut causer une irritation oculaire bénigne.
3DACRYOSTÉNOSE
CHU Sainte-Justine. Reproduction autorisée.
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