de la bourse, les crises pourraient être évitées… Les explications
abondent souvent a postériori, mais sont incapables de prédire
l’avenir. C’est une fois de plus la temporalité qui leur fait défaut, leur
marge de scientificité ne s’inscrit donc que dans leur prémisse bien
connue « toute chose égale par ailleurs ». Les phénomènes ne sont
donc analysables qu’une fois sortis des conjonctures. Or, les choses
changent à une vitesse incroyable tous les jours, et chaque
changement en entraîne un autre. Si bien qu’on pourrait presque
affirmer que les choses ne sont jamais égales par ailleurs.
Mais il ne faut pas déduire de tout cela que tous les économistes
sont forcément des manipulateurs et des opportunistes, loin de la :
« Hicks, Nobel et ayatollah de l’économie « technique » dans sa
jeunesse, l’a d’ailleurs regretté sur la fin de sa vie et a lâché le
morceau : non, il n’y a pas d’économie « positive », tout comme les
lois de l’économie n’existent pas. De ce fait, l’économiste doit se
contenter modestement d’observer l’histoire des faits »4
1.2) La science économique, une science neutre ?
Remontons à nouveau l’histoire de l’économie politique pour trouver
quelle fut son utilité première…
Cette démarche nous fait remonter au XVIème-XVIIème siècle en France
et en Angleterre. A cette époque, les dirigeants avaient besoin
d’experts et de techniciens qui connaissaient assez bien les
mécanismes économiques que pour obtenir la meilleure adéquation
entre les besoins de la population et les projets étatiques. En effet, il
est impossible d’asservir indéfiniment ces sujets sans risquer
d’entraîner une révolte ou une révolution. Si on veut dominer la
population, il faut lui garantir un minimum de bien-être matériel et
lui laisser espérer en un avenir meilleur pour ses enfants. C’est
pourquoi il a fallu apprivoiser les mécanismes économiques pour la
rendre sans cesse plus efficace et plus productive. C’est le début de
la course à la croissance économique. En effet, la croissance
économique et la répartition qu’elle pouvait entraîner permettraient
à la population d’augurer un avenir meilleur. En d’autres mots, la
croissance économique est un outil du prince pour « acheter la paix
4 MARIS Bernard, Antimanuel d’économie. Tome 1 : Les fourmis, op. cit, p. 47