versités européennes) et Hegel (ce qui explique pourquoi certains lui ont re-
proché un rationalisme trop sévère). Ces rapides remarques montrent que la
science n’est pas un savoir cantonné dans une île, puisque son progrès est lié à
des personnalités qui font le passage entre divers savoirs. Ainsi en étudiant
l’œuvre de Bolzano, il paraîtra que la racine de son œuvre et l’unité de toutes
ses parties sont le fruit d’un grand amour pour la vérité. De ce point de vue,
nous exprimons un regret. Les études françaises sur Bolzano ne s’attachent
qu’à son apport à la naissance des mathématiques modernes. Cette lecture a
les qualités de la spécialisation, mais ce faisant, elle ne respecte pas les moti-
vations de la recherche et occulte les éléments qui font partie de la philoso-
phie. L’étude actuelle de Bolzano est elle aussi limitée à la dimension
épistémologique et de ce fait il y a une séparation entre la philosophie et la
théologie. Le but de cette conférence est de montrer que ces éléments doivent
être unis. Nous le ferons en nous attachant à la question de l’inni selon les
vœux de Bolzano lui-même qui écrit au début des Paradoxes de l’inni: «Les
paradoxes mathématiques [sur l’inni] méritent toute notre attention, puisque
la solution de questions très importantes de plusieurs autres sciences, comme
la métaphysique ou la physique, dépend d’une réfutation satisfaisante de leur
apparente contradiction» (§ ).
1. Une vie engagée
Le jeune et brillant professeur de l’Université de Prague s’impose par ses
travaux mathématiques. La chaire qu’il reçoit n’est pas celle d’un mathéma-
. Ne sont accessibles au lecteur français que deux ouvrages; Bernard B, Les Para-
doxes de l’inni, introduction et traduction par Hourya Sinaceur, «Les sources du sa-
voir», Paris, Seuil, , et De la méthode mathématique & Correspondance Bolzano-
Exter, traduction française Carole Magné et Jean Sebestik, Paris, Vrin, . Il ne s’agit
ici que des fondements des mathématiques. Un numéro de la revue Philosophies est
consacré à Bolzano, vol. , n° , .
. Nous rejoignons la critique faite par Jacques Courcier dans son «Bulletin de philoso-
phie des sciences», RSPT, , n° , , p. - constatant les carences de notations
de H. Sinaceur dans sa traduction, signe d’une ignorance de la portée véritable des Pa-
radoxes de l’inni. Le même jugement est réitéré: «Cet ouvrage est d’une parfaite éru-
dition en ce qui concerne le secteur mathématique et logique, et d’une désespérante
faiblesse en ce qui concerne l’autre moitié, plus théologique et plus philosophique »
(RSPT, , n° , p. ).
. Ces travaux mathématiques portent d’abord sur des questions de géométrie: Considéra-
tions sur certains objets de la géométrie élémentaire, . Dans l’introduction aux œuvres
mathématiques de Bolzano, l’historien des mathématiques, Jan VOJŤEK, note: «Bol-
zano s’occupait dans ses études géométriques de questions fondamentales spécialement