AMAFI / 15-48
26 octobre 2015
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Prendre en compte le rôle accru du marché à l’instar de l’UMC. Cette attention est naturellement
accentuée par le rôle croissant du marché dans le financement de l’économie, la gestion des risques et
l’allocation de l’épargne. En Europe particulièrement, le modèle de financement des entreprises est
appelé à poursuivre son évolution pour dépendre moins du crédit bancaire et davantage du marché.
Cette évolution paraît d’autant plus irréversible qu’elle est sous-tendue, d’une part, par la volonté des
entreprises de diversifier leurs sources de financement et, d’autre part, par l’impact des nouvelles
réglementations prises depuis 2008 qui contraignent la capacité du système bancaire européen à
dispenser des crédits.
Dans cet environnement en évolution profonde, la capacité à assurer une liquidité du marché assez
stable est critique pour le succès du projet d’Union des Marchés de Capitaux porté par la Commission
européenne et, au-delà, pour le bon financement de l’économie européenne sans lequel le retour de la
croissance et son maintien restent peu probables.
Le risque aggravé de crises en spirale. Mais les ruptures de liquidité que connaît aujourd’hui le marché
révèlent aussi une situation dont les conséquences ne doivent pas être mésestimées : il semble en effet
probable que, si rien n’est entrepris pour endiguer, sinon contrecarrer les forces à l’œuvre, des crises de
liquidité qui jusqu’ici, avaient des effets seulement passagers, puissent désormais plus facilement et plus
rapidement se transformer en crises majeures, faute d’apporteurs de liquidité pouvant répondre
suffisamment à la demande d’investisseurs dont les comportements sont toujours plus alignés.
La liquidité de marché apparaît ainsi comme la source potentielle d’un risque systémique accru par
rapport à la situation antérieure à la crise financière, situation d’autant plus paradoxale qu’elle résulterait
pour partie des nombreuses et importantes mesures de régulation prises en réponse à cette crise.
Apporter la contribution des professionnels de marché. Pour les acteurs de marché que l’AMAFI
représente, la question de la liquidité de marché et de sa gestion en situation de crise est centrale :
évidemment parce que c’est le cœur même de leur activité qui est en jeu, mais aussi, et beaucoup plus
fondamentalement, parce que l’importance prise par les marchés oblige à rechercher tous les moyens
d’optimaliser leur fonctionnement. Aussi, et dans le prolongement direct de la note qu’elle a consacrée en
début d’année aux problématiques de tenue de marché (v. Tenue de marché – Un enjeu pour des
marchés efficaces au service du financement de l’économie, AMAFI / 15-03, 6 janvier 2015), et dont ce
document reprend d’ailleurs certains éléments, l’Association souhaite aujourd’hui apporter sa contribution
aux débats en cours sur la question de la liquidité de marché.
Elle considère que cette contribution peut être d’autant plus utile, qu’au-delà des données objectives
qu’elle réunit, l’AMAFI exprime le sentiment de professionnels de marché qui, par leur proximité avec ce
dernier, sont naturellement en mesure de percevoir avec acuité les modifications profondes en cours et
les tendances qui s’en dégagent.
Un constat de plus en plus partagé mais des solutions qui restent incertaines. Le travail mené en la
matière par l’AMAFI depuis plusieurs mois lui a permis de constater une certaine unité de ton quant au
constat. Ainsi, ce document s’appuie largement sur diverses réflexions menées en la matière pour, tout
en rappelant l’enjeu de la liquidité de marché et en observant la multiplication récente des situations de
stress de liquidité (A), fournir un éclairage assez synthétique sur l’effet de ciseau qui résulte de la hausse
continuelle de la demande de liquidité, conjuguée à une diminution notable de l’offre de liquidité (B.).
Dans un troisième temps, l’objectif est d’identifier un certain nombre d’éléments qui, du point de vue de
l’Association, lui paraissent devoir être examinés de manière approfondie (C.). Par nature, ces pistes de
solution sont très diverses et interagissent avec une multitude de parties prenantes avec lesquelles la
réflexion doit être poursuivie. En tout état de cause, la conviction de l’AMAFI est qu’il n’existe pas un
levier unique de solution, mais une multiplicité de leviers sur lesquels il faut agir de façon coordonnée.