La Lettre Dorsale Vol. 8
Les rares d’échantillons dragués lors de campagnes
anciennes dans cette zone ont révélé une très grande
hétérogénéité dans la composition des basaltes, la présence
de basaltes alcalins et de péridotites "fertiles" riches en
clinopyroxènes (Le Roex et al., 1992, Dick et al., 1984). La
présence de basaltes alcalins et l’abondance de péridotites
fertiles associées à une croûte basaltique anormalement
fine trahissent l’extrême faiblesse du taux de fusion (<5%),
en accord avec les considérations structurales. Cette faible
productivité magmatique permettrait d’isoler les différentes
fractions de liquide produites dans le manteau et
d’exacerber l’effet des hétérogénéités de source, ce qui
pourrait expliquer l’hétérogénéité exceptionnelle de la
composition des basaltes de ce secteur. Cependant,
l’échantillonnage de ce segment de la SWIR restait très
faible (une dizaine d’échantillons en tout pour 1000 km de
dorsale !) tandis que parallèlement, suite à de nombreuses
campagnes océanographiques, il s’accroissait très
nettement sur d’autres dorsales. jusqu’à présent, toute
discussion concernant l’origine de l’hétérogénéité
pétrologique et géochimique de cette dorsale ultra-lente
n’était donc basée que sur des bases observationnelles
fragmentaires, sans fondement statistique en tout cas.
C’est dans cette perspective que les campagnes KN162
legs 7 et 9 ont été organisées. Elles se sont déroulées en
deux temps : du 9 au 26 décembre 2000, le leg 7 a été
consacré à l’acquisition des données géophysiques
(bathymétrie, magnétisme et gravimétrie) sur le
supersegment de dorsale oblique, et du 26 décembre 2000
au 31 janvier 2001, la fin du leg 7 et le leg 9 ont été dédiés
au dragage d’échantillons. Le plan de position des dragues
avait été tracé dans le but de couvrir le plus de surface
possible dans des contextes tectoniques aussi divers que
possible, il avait donc été prévu une drague sur chaque
flanc de la vallée axiale et un au centre tous les 2 km
environ. Ce plan a été en grande partie respecté sur la
partie ouest de la dorsale, mais, pour des raisons
techniques, seul le centre de la vallée axiale a été dragué
dans la partie est. En plus de l’obtention d’un jeu très
complet de données géophysiques sur la partie de dorsale
comprise entre 9°E et 16°E, il a abouti à la récolte de
plusieurs milliers d’échantillons répartis sur une
soixantaine de sites.
Seule une description brève et macroscopique des
roches draguées a pu être faite à bord et de nombreux
travaux seront encore nécessaires pour comprendre la
pétrologie des roches de cette dorsale. Néanmoins quelques
conclusions préliminaires peuvent être tirées des études
réalisées à bord.
1. Les données bathymétriques confirment que les
morphologies des deux supersegments de dorsales
sont très différentes (voir figures 2 et 3). Le
supersegment ouest, long d’environ 500 km, est
divisé en une dizaine de segments d’une
cinquantaine de km de long présentant les
caractéristiques citées plus haut. A l’opposé, le
supersegment est ne semble pas nettement
segmenté, entre la faille transformante Shaka et
16°E, il ne présente que deux discontinuités
majeures qui apparaissent sous forme de volcans
sous marins.
2. La nature lithologique des roches draguées au
niveau des deux supersegment est très contrastée :
A une exception près, la totalité des dragues
effectuées au niveau du supersegment normal ont
ramené des basaltes, tandis que de nombreuses
péridotites, parfois très "fertiles" ont été récoltées
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