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Cours d'approche différentielle
corps et personnalité
Chapitre A: La catégorisation sociale et l'apparence physique
1. Forme du corps et attitudes induites
1.1 Définition du type et du trait
Un trait est une dimension unitaire des conduites. On a une approche dimensionnelle de la
personnalité. Raymond CATTELL a travaillé sur les traits de personnalité ( recherche Wikipédia: il
a théorisé l'existence de 2 formes d'intelligence à la base des capacités cognitives humaines:
l'intelligence fluide et l'intelligence cristallisée. Ses travaux l'ont conduit à dénombrer 16 traits de
personnalité, personality factors, mesurables)
Le trait peut être élémentaire ou générale. Dans ce cas, il inclut des traits plus petits, inter-corrélés
entre eux. Il est homogène.
On peut le représenter par un axe bipolaire (continuum), permettant de classer toute la
population (de celui qui possède le moins le trait à celui qui possède le plus le trait => système
ordinal ou intervalles), de façon continu.
Le trait est une construction scientifique (cf CATTELL et d'autres...), qui est très
généralement vérifiée (corrélation et analyses factorielles R). Il correspond à une démarche
analytique (élément puis totalité) et permet une description avancée. Il correspond à une approche
scientifique de la personnalité (hypothèse, vérification).
Il est assez abstrait, et son utilisation exige une certaine culture psychologique.
Exemple de traits: extraversion (extraversion VS introversion), anxiété...
Outils de mesure: Neo PI (recherche perso: il fournit une évaluation systématique des styles
émotionnel, interpersonnel et motivationnel de la personne. Il permet de disposer d’un profil très
précis de la personnalité. Il participe à la réussite, aussi bien des process de recrutement que de
l’accompagnement des personnes), l'EPI (Eysenck Personality Inventory), le Big Five avec ses 5
traits:
Ouverture
Conscience (esprit consciencieux)
Extraversion
Agréabilité
Névrosisme (anxiété)
Un trait de personnalité est stable au niveau du temps, il a donc une valeur prédictive. On a
associé à la personnalité un certain déterminisme. Le trait de personnalité varie peu avec le temps.
Le trait à une valeur cognitive mais cette valeur reste faible.
Le type de personnalité est relatif à une catégorie d'individu qui se ressemble à l'égard
d'une ou plusieurs caractéristiques, hétérogènes entre elles, mais qu'ils possèdent en commun.
Le type concerne un sous ensemble de la population générale (ou catégorie). Cette catégorie
correspond à un système de classification discontinu, nominal (les catégories sont exclusives: on
appartient à UN seul type).
Généralement cette catégorie est d'origine intuitive (psychologie implicite), c'est
l'expérience concrète d'autrui, son impression globale. Elle est souvent systématique (simpliste).
La démarche typologique va de la totalité (gestalt) aux éléments
Exemple de typologie: la typologie ABC
C'est une approche pré-scientifique de la personnalité. Pourtant on pourrait vérifier
l'existence des types par diverses techniques (corrélation Q, analyse typologique...).
1.2 Rappel sur les typologies
PLATON avait cru déceler 3 types d'individus:
les intellectuels: intelligence, réflexion. Le siège de ce type est la tête (le cerveau);
les guerriers/sportifs caractérisés par le courage, les sentiments nobles. Le siège est la cage
thoracique et la respiration. Il associe à ce type l'appétit irascible;
les inférieurs sont tous ceux qui ne sont ni intellectuels ni guerriers. Ce sont des individus
décadents dont la fonction dominante est l'appétit (approche très élitiste). Il parle de concupisciple
qui relève de l'envie, de la jalousie. Le siège est le ventre et les organes génitaux.
On a une catégorie d'individu avec plusieurs caractéristiques. On met en lien des caractéristiques
sans rapport à priori.
HIPPOCRATE (et GALIEN )
HIPPOCRATE est un médecin grec (-459/-371). Il est considéré comme le père fondateur de la
médecine contemporaine. Il sera le premier à développer une médecine fondée sur la théorie des 4
éléments: l'eau, l'air, la terre, le feu. Il défend l'idée que pour vraiment soigner un sujet, il faut
tenir compte de l'environnement de l'individu. Il associe les 4 éléments à 4 tempéraments:
lymphatique
sanguin
bilieux
nerveux
Chacun des éléments possède une double nature:
froide ou chaude
sèche ou humide
Ainsi HIPPOCRATE énonce l'idée que, pour l'Homme:
l'eau est froide et humide
l'air est chaud et humide
le feu est chaud et sec
la terre est froide et sèche
Il met en évidence l'existence de 4 humeurs :
le flegme
le sang
la bile jaune
la bile noire
Chacune de ces humeurs va déterminer une possibilité de développer un type de maladie:
le flegme: comportement lymphatique/flegmatique. Ces personnes sont peu émotives et
nonchalantes
le sang: tempérament sanguin, cordiale, communicatif
la bile jaune: tempérament bilieux et colérique. Ces personnes sont caractérisées par un
esprit d'entreprise et de l'autorité
la bile noire: tempérament nerveux, mélancolique caractérisé par l'esprit critique et le
réflexion
Ces tempéraments existent en chacun de nous. Ils ne sont pas exclusifs, ils correspondent à certains
âges de la vie:
le tempérament lymphatique: petite enfance
le tempérament sanguin: enfance et adolescence
le tempérament bilieux: adulte
le tempérament nerveux: vieillesse
Cette typologie est encore utilisée.
1.3 Quelques typologies de la première moitié du XX ème siècle
KRETSCHMER est un psychiatre allemand qui s'est intéressé aux vroses de guerre et a
édifié une théorie biotypologique qui cherchait à établir des corrélations entre type somatique et
type psychique. . Entre 1915 et 1921, il développe le diagnostic différentiel entre schizophrénie et
psychose maniaco-dépressive (PMD). Il définit en 1919 le syndrome psychiatrique qui porte son
nom : délire de relations des sensitifs de KRETSCHMER.
Il va soigner des sujets psychotiques atteint de folie circulaire appelé aujourd'hui psychose maniaco-
dépressive. Il va écrire Structure du corps et caractère, qui est un ouvrage révolutionnaire.
Il s'est aperçu qu'il existe des structures morphologiques très particulière selon la pathologie
présentée:
les sujets maniaco-dépressifs sont ronds et gros: il appelle ce type le type PYCNIQUE (rond
en grec)
les schizophrènes sont étroits: c'est le type LEPTOSOME (démence précoce)
les épileptiques: c'est le type ATHLETIQ
Il va essayer de voir s'il y a une typologie pour l'homme de la rue et il va dégager 3 tempéraments:
le tempérament cyclothyme: c'est une forme atténuée (non pathologique) de la psychose
maniaco-dépressive. Le trait dominant est l'humeur labile (travail de Jean BERGERET)
le tempérament schizothyme: la personne est distante, repliée sur elle même, avec peu de
contact sociaux
le tempérament ixothyme: c'est une forme atténuée de l'épilepsie qui se traduit par des
décharges affectives, des difficultés à contrôler son agressivité (tel que les psychopates).
KRETSCHMER utilise une méthode à l'œil nu. Avec cette méthode on observe un biais: l'effet de
halo qui est une contamination réciproque des 2 sources d'information faite par un même
évaluateur.
SHELDON est un médecin américain. Il annonce une ère nouvelle. Il est le point de
charnière entre l'approche catégorielle de la personnalité en terme de type et l'approche
dimensionnelle en terme de trait. SHELDON va s'intéresser aux relations entre traits et du corps et
personnalité. Il va faire des recherches avec des photos de face, de profil. Il va classer ses photos en
fonction de la forme du corps, pour son expérience il prend des étudiants entre 18 et 25 ans.
On est pas dans un seul type, il y a une association de 3 types:
l'endomorphisme: forme du corps arrondi, molle
le mésomorphisme: structure développée avec une belle ossature
l'exomorphisme: fragilité, délicatesse, étroitesse de la cage thoracique, longueur des
membres
Pour chaque photo, il va prendre 17 diamètres (avant-bras, bras, torse, épaule...) mais il n'arrive pas
à condenser ses mesures et à synthétiser sa recherche. Ses recherches sont fondées sur une méthode
intuitive qu'on appelle la somatoscopie (photocopie du corps). Les 3 morphotypes s'appellent des
somatotypes. Il attribue des notes de 1 à 7 sur chacun des somatotypes. Le sujet est un mélange des
différents types, souvent avec une dominance.
Il va rassembler toutes les échelles de tempéraments construites en psychologie, il va
rassembler 650 items pour définir le caractère, le tempérament. Les items vont être regroupés ce qui
va aboutir à une liste de 60 items. Les 60 items sont destinés à être évalué par un observateur qui a
devant lui la photo ou l'individu lui même.
En parallèle, il va suivre, pendant 1 an, 33 étudiants à qui, il proposera plusieurs questionnaires
(habitudes...). Ces corrélations (cf schéma) vont lui permettre d'obtenir 3 groupes de 20 items qui
constitue 3 composantes:
viscérotoniques: satisfaction, amour du confort et de la bonne chair, bien dormir, détente,
sociabilité, stabilité de l'humeur
somatotoniques: amour de l'aventure, maintien du corps, ton péremptoire, besoin et plaisir
de l'exercice physique, hyperactivité, agressivité, goût du pouvoir, insensibilité
cérébrotoniques: goût de l'intimité, réflexion, introspection au détriment de l'action,
anxiété, inhibition, introversion, instabilité psychologique
SHELDON est persuadé que ce sont des tempéraments distincts (corrélation nulle entre 2
caractéristiques). Mais il se trompe chacun de ses 3 groupes sont inter-corrélés à au moins -0,30.
En suivant pendant 5 ans, 200 autres sujets, il évalue son somatotype, son tempérament et il va
établir des corrélations. Il a établie des relations entre la forme d'un corps et une structure
comportementale.
Critique:
SHELDON utilise une méthode qui présente l'effet de halo: c'est un biais cognitif dû à son
observateur et sa cohérence perceptive lorsqu'il doit évaluer simultanément 2 caractéristiques chez
un même individu. Il a établie des corrélations perçues.
SCHWEITZER a recommencer la même expérience que SHELDON. Elle a alisé une
étude sur 300 étudiants en psychologie, elle suspectait un biais, elle va utiliser l'hétéro-observation
et elle ne trouveras pas les mêmes corrélations.
1.3 Relation morphologique ou illusion
Les résultats de typologies de KRETSCHMER et SHELDON sont loin d'être convaincants soit
parce qu'il n'y a pas de corrélation, soit parce que les relations sont très fortes.
SCHWEITZER a supposé que des relations entre forme du corps et personnalité et tempérament
seraient d'origine personnelle et seraient donc acquise en fonction de normes sociales. Cet effet de
halo pourrait refléter une forme de cohérence des jugements émis par un même observateur lorsque
celui-ci doit juger simultanément l'apparence physique et la personnalité.
Les théories implicites de la personnalité (TIP, cf BEAUVOIS)
Les travaux de BEAUVOIS montrent que la description de soi et d'autrui est principalement
évaluative, elle s'appuie sur un regard normatif (bon ou mauvais) mais elle est aussi cohérente (tout
bon ou tout mauvais).
La description d'autrui et de soi reposerait-elle plus sur des conceptions aprioristes que sur
des informations réelles, diverses, nuancées parfois contradictoires qui peuvent nous offrir les
conduites réelles du sujet?
En d'autre terme, les réactions morphopsychologiques mis en évidence par des typologies
anciennes et modernes sont-elles réelles ou seulement perçues selon un processus de
catégorisation sociale qui feraient qu'à une morphologie particulière serait associée certaines
conduites particulière en fonction des normes véhiculés?
b. Les modèles de l'inculcation sociale des stéréotypes
Le paradigme morpholopsychologique de SHELDON a été remis en cause par BRODSKY (dès
1954) qui souligne que ces co-variations entre morphologie et personnalité vont être dues à la
transmission sociale d'attente cohérente vis à vis d'un type physique donné.
Le processus d'inculcation sociale est le fait que des individus pourvus d'une morphologie
particulière susciterait des réactions concordantes (type masculin mésomorphe recueil le plus d'avis
favorable, le type féminin ectomorphe modéré recueil le plus d'avis favorable).
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