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C'est quand le bonheur ? Alain Timar tente une réponse
Il joue à domicile. C'est chez l'un des rares metteurs en scène avignonnais, au Théâtre des
Halles que nous avons eu droit, et en avant première s'il vous plait, à notre premier coup de
coeur. Le bonheur, titre provisoire est un spectacle qui rend heureux, est-ce ça le bonheur ?
Alain Timar en personne est sur scène et s'improvise peintre en bâtiment. Le voilà écrivant en
grosses lettres et en serif : "Le Bonheur". Ouf, ça va mieux en le lisant. A gauche, hors scène,
nous trouvons Paul et Pauline, Paul Camus et Pauline Méreuze, deux comédiens aux
vrais prénoms dont l'alliance des deux sonne comme une blague. Paul et Pauline, cela ne
s'invente pas !
Le joli couple s'interroge, avec pour appui un texte du philosophe Robert
Misrahi, spécialiste de la question du bonheur. Zut, nous voilà pris au piège, "du" bonheur n'est
pas "le bonheur", Paul et Pauline se trouvent façe à un mur qui même s' il change de couleur,
passant du noir au blanc sous les rouleaux du peintre, n'apporte pas tellement de réponse.
Elle est fraîche, robe fifties à fleurs, serre-tête bien rose, lui est austère, beau gosse, chemise et
pantalon sombre. Et pourtant, ne pas se fier aux apparences, ce n'est pas parce qu'on à l'air
heureux qu'on est heureux. On découvre la jolie rousse dépressive, au bord du suicide, lui
tentant de la consoler quelque fois de façon radicale. Il faut dire, les maladies, les guerres, la
famille, tout cela pousse plutôt à avoir envie d'en finir vite. Elle le hurle " Tout meurt tout le
temps !" Dans un raisonnement quasi syllogique, ils poursuivent leur quête de la définition du
bonheur qui semble absente : même le dictionnaire n'y arrive pas et se cache derrière des
synonymes. Un problème majeur se pose : dès qu'une joie est atteinte, elle succède à une
peine. Insoluble.
Alain Timar défend que la vie survie à la perte, tout le temps. La preuve, elle se rate, tente des
suicides sur fond de "Résiste" de France Gall qui chante "Tant de libertés pour si peu de
bonheur- Est-ce que ça vaut la peine ?" et on se met à rire face à ses élucubrations et à
ses anecdotes improbables, on gare "j'ai sauté d'un pont et je me suis mise à nager" .
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Face à un mot simple, employé de façon galvaudée dans l'affreuse expression télévisée "c'est
que du bonheur", la pièce vient questionner en profondeur. En mêlant le texte, le jeu et des
effets chromatiques le spectateur change de posture passant du positif au négatif, montrant que
le bonheur s' il est fragile et aussi possible à atteindre rapidement, oui rapidement et
simplement. Accepter les petits bonheurs quotidiens comme manger du lapin avec du riz ...par
exemple ! Le plateau est maintenant plein de couleurs, mais il sera repeint en blanc avant la
prochaine représentation. Nous avons appris que cela se nommait un palimpseste, un
parchemin manuscrit dont on a effacé la première écriture afin d'écrire un nouveau texte.
Ici, les mots, les couleurs s'effacent dans une belle allégorie. Il n'y a pas de réponse universelle
à la question posée, alors, le théâtre fait table rase !
Un spectacle faussement léger, sur un sujet faussement léger, cela donne un bon coup coeur !
Visuel © Nathalie Vucher
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