s’épanouir, et que les ressources
de notre planète doivent être
utilisées de manière judicieuse,
par respect pour les fragiles
équilibres de la nature.
L’investiture de Donald Trump
à la présidence des Etats-Unis
mettra vraisemblablement
chacun de ces principes à rude
épreuve. Des temps troubles
s’annoncent, et adopter le
Dharma comme source de
résilience, pour préserver notre
équilibre intérieur face aux
ondes de chocs qui se feront
sentir dans le paysage social, ne
suffira pas. Il nous faudra être
plus ambitieux, et poursuivre
un programme de résistance
collective inspiré par une vision
radicalement différente des
relations humaines, un
programme qui réaffirme le
devoir que nous avons de nous
respecter mutuellement, de
prendre soin les uns des autres,
et de faire en sorte que la
planète reste habitable pour les
générations à venir.
Si nous entendons marquer la
politique publique de notre
empreinte propre, en tant que
bouddhistes, il se peut qu’il
nous faille mettre sur pied un
groupe de pression, une
alliance pan-bouddhiste, ancrée
dans le constat que les débats
politiques enflammés sont aussi
des questions éthiques
brûlantes sur lesquelles nous
devons nous positionner. Une
telle alliance nous permettra de
porter la voix de la conscience
bouddhiste sur la place
publique.
Étant relativement peu
nombreux, nous ne pourrons
pas, seuls, avoir un grand
impact. Mais nous pouvons
rejoindre les dirigeants
progressistes d’autres religions
qui partagent nos convictions,
et défendre ensemble la dignité
humaine et notre démocratie
mise à mal. Nous pouvons en
appeler, à l’unisson, à une
politique de générosité
généralisée, en lieu et place
d’un militarisme effréné, à des
programmes qui protègent les
démunis et les personnes
vulnérables, à la défense de la
justice sociale et raciale et à une
transition rapide vers une
économie basée sur une énergie
propre.
Défendre des enjeux comme
ceux-là ne signifie pas
nécessairement faire de la
politique partisane.
Il s’agit plutôt de faire peser le
poids moral du Dharma sur les
questions qui touchent la vie de
personnes partout dans le
monde – aujourd’hui et dans un
avenir plus lointain.
Bikkhu Bodhi,
« Let’s Stand Up Together »,
Buddhadharma Spring 2017
Traduction : Françoise.
Avancer et
prendre des décisions
Si toutes vos actions sont
accomplies dans le respect des
êtres humains, si elles naissent
de l’honnêteté et d’un engage-
ment pour la non-violence, alors
la cause que vous suivez, ou le
parti que vous soutenez ne sont
que des problèmes secondaires.
Je passe beaucoup de temps à
expliquer aux gens qu’être dans
la paix n’est pas être passif.
Souvent les gens pensent à tort
que pratiquer la gentillesse, la
parole juste signifie ne rien dire,
ou garder la tête baissée.
Ce n’est pas vrai - vous pouvez
crier la parole juste ! Vous
pouvez faire du bruit, vous
pouvez agir en vous appuyant
sur le Dharma.
Ajahn Amaro
Quelle éthique ?
Quand j’ai commencé à me
tourner vers le bouddhisme, je
voulais voir le monde à travers
des lentilles spéciales, claires et
panoramiques, et pour être
honnête avec du détachement.
Je voulais aussi, en tant que
teenager, être le genre de
personne Zen dont parlait les
livres, spontanée, entière -je
saurais comment me comporter
dans le monde, et bien sûr avec
moralité.
Mais ce serait une morale
naturelle, presque un résultat
inconscient de mes autres
qualités.
Je saurais quoi faire, et je le ferai
sans efforts.
Mais ça n’a pas marché.
Aujourd’hui, dans tous mes
rôles, prêtre, père, mari, citoyen,
je me retrouve en train de
chercher des conseils.
Je ne sais pas toujours quoi
faire, et je pense que personne
ne le sait.
Je croyais qu’il y avait une bonne
et une mauvaise réponse. mais
en fait le bouddhisme n’offre
pas, en matière d’éthique, de
réponses absolues mais pose
des questions.
Même ce précepte que j’ai
essayé toute ma vie de
respecter, «!Ne pas prendre ce
qui n’est pas donné!», plus j’y
pense, moins je crois l’avoir
suivi. Ou même pas suivi du
tout.
Et pourtant il faut avancer, et
prendre des décisions.
Pourtant, ne pas faire le mal,
faire le bien, aider tous les êtres
-apparemment rien de plus
simple, même si la mise en
oeuvre n’est jamais simple.
Nous sommes aujourd’hui des
citoyens globaux : quand je
mets de l’essence dans ma
voiture, quand je prends une
tasse de café, je dois me
demander comment tout cela est
venu à moi, avec quel prix
caché ?
A chaque moment de mes