Leurs résultats montrent que la lumière émise par les bactéries attire les prédateurs, généralement
des espèces de zooplancton, qui avalent les bactéries, mais sont incapables de les digérer. Les
bactéries, qui continuent à briller à l'intérieur de l'appareil digestif du zooplancton, révèlent la présence
de ce même zooplancton qui émet maintenant une lueur ; ceux-ci sont alors attaqués par leurs
propres prédateurs - des poissons - qui les repèrent facilement dans l'obscurité. Dans des
expériences menées par les chercheurs dans l'obscurité totale, ils ont constaté que les poissons
nocturnes étaient facilement en mesure de détecter le zooplancton lumineux et de les manger ; en
revanche, ils n'étaient pas attirés par le zooplancton qui avait avalé des bactéries rendues "non
brillantes" par modification génétique.
Des recherches plus approfondies ont montré que les bactéries lumineuses ingérées par le poisson
avaient survécu. "Pour une bactérie, accéder au système digestif d'un poisson représente une sorte
de paradis: un endroit sûr et riche en nutriments, qui constitue aussi un moyen de se déplacer dans
l'océan", explique le professeur Genin. Le phénomène de bioluminescence est donc enfin compris: les
bactéries, grâce à leur lumière, attirent les organismes du zooplancton et leur "tendent un piège" en se
faisant avaler, accédant ainsi in fine au riche système digestif des poissons.