Organisation et evolution des peuplements lagunaires

OC
EANOLOGICA
AC
TA, 1982, N° SP
~
---~'--'-----=----~f----
Organisation et évolution Structure
~uilabilité
St
ratégie
Communautés lagunaires
des peuplements lagunair
es
Structure
Sp
edes
evenncss
Stralcgy
Lagoon oommunitics
RÉSUMÉ
ABSTRAcr
M.
Amanieu, G. Lasserre
Ë,quipe
de recherche associée CNRS nO
467
. Laboratoire d'Hydrobiologie, Université des
Sciences ct Techniques
du
Languedoc, Place E. Bataillon, 34060 Montpelli
er
Cedex, France.
L'analyse
de
s structures
des
communautés de la macrofaune d'un fjord danois ct de diverses
lagunes méditerranéennes, conduit au même type d'interprétation quant à l'organisation de
ces communautés à partir
du
méroplanclon qui permet leur constitution.
Le
s
att
errissements
méroplanct
on
iques conduisent à
la
constitUlion
de
peuplements inorganisés, conformes à un
modèle de Preston et de faible équitabilité. L'environnement lagunaire biotique et abiotique
exerce sur ces peuplements des contraintes qui les conduisent progressivement à s'organiser en
communautés st
ruc
tu
rées conforme à
un
mod
è
le
de Motomura et d
quitabilité élevée. Une
telle interprétation admet implicitement que
le
degré d'organisation est
me
s
uré
par
la
diversité
ou plus particulièrement comme
no
us
le
proposons
ici
par l
quitabilité ; en revanche elle
ne
nous ren
se
igne
pas
sur la nature des contraintes qui conditionnent ces résultat
s.
Dans
la
seconde partie de
ce
travail, nous envisageons de rechercher du côté des stratégies
adaptatives l'origine de ces contraintes. Divers exemples a
ll
ant des lagunes de
la
région
d'Arcachon (France), aux lagunes malgaches des Pangalanes, suggèrent qu'
il
y a
en effet
une explication probable.
Vi
s-à-vis d'un environnement physiquement contrôl
é,
tel que
ce
lui
qui domine dans
les
lagunes littorales, chaque populat
ion
est conduite à déve lopper une
stratégie adaptative qui privilégie
le
comportement
mig
rato
ir
e ou, lorsque celui
ci
n'est pas
possibl
e,
une économ
ie
de gaspillage
la
rapidité des
cy
cles de
nérations corrige
le
s pertes
ca
tastrophiques
sultant des suess d'origine climatique.
Le
s arguments
so
nt
re
lativement
convaincants lorsqu'on
se
limite à examiner
le
comportemenl des populations (monospéei
fi-
ques).
Il
est plus difficile de les admettre sans
se
rve
lorsque l'on veut étend
re
le
raisonnement
aux
communautés (pluris
péc
ifiques).
Oceanol.
Ac
ra
, 1982. Actes Symposium I
nt
ernational sur les lagunes côtières,
SCORlIABO/UNESCO, Bordeaux,
8-
14
septembre
19
81,
201-213.
Organisation and evolution of lagoon communities
The analysis of the community structures of a Danish fjord macrofauna and of the var
iou
s
mediterranean lagoons res
ult
s
in
the
sa
mc
type of interpretation for the organisation of
communities which s
tan
[rom meroplankton
whic
h
al10ws
their
fo
rmation. The meroplankto-
nic
landings lead to the formation of
in
organiscd conforming to the Preston model with a
low
spccics evenne
ss.
The biotie and abiotie lagoon environment
pl
aces thesc populations under
stress
ma
king them gradually organi
se
themselves
in
st
ru
ctured
weil
balaneed
co
mmunities
which conform to the Motomura model and
with
a
hi
gh species evenne
ss.
Such an
Int
erpretation s
ugge
st that
th
e deg
re
e of organisation is mcasured
by
the spec
ie
s diversity or
more prcci
sc
ly
as
wc
su
ggest
here
by
the spccies evcnness ; on the other hand
it
does
not
givc
us
any
information on the nature of the
st
re
ss
whi
eh brings about these results.
ln the seco
nd
pan,
we
hope to rcsearch, along the
lin
es of t
he
adaptative strategies, the
or
igin
of this stress. Various exa
mpl
es taken
from
the lagoons
in
Arcachon area (France), to the
lagoons of Pan
ga
lanes (Madagascar), SUggcSI that a likely explanation is
tO
bc found. Vis-à
-v
is
a
phy
sica
ll
y controlled environment, sueh as which dominates
in
the eoastal lagoons, avery
population
ha
s to develop an adaptive stra
tegy
wic
h favorises t
he
~ig
r
alory
bchaviour or when
this is not
po
ssible, a
wa
ste economy where the speed of the generation
cy
cl
es corrects
th
e
catastrophie losses
wich
arc a result of e
li
matic stress. The arguments arc reasonably
con
vi
n
ci
ng
when only the eco-ethologic bchaviour of the monospecifie populations arc
st
udi
ed.
It
ls more diffîcult to accept them unreservedly
when
wc
try to apply the same
rea
so
nins to plurispecifie communities.
Oceanol.
A
cta,
1982.
Proc
eedings International Symposium on coastal lagoons,
SC
OR
C
ORl
IABO/UNESCO, Bordeaux, France,
8-
14
Septembcr, 1981.
201
-2
13.
201
M. AMANIEU. G. LASSERRE
INTR
ODUC
TI
ON
Les lagunes saumâtres littorales sont peuplées par une
maerofaune, tant
ve
rté
br
ée qu'invertébrée, dont le recrute-
ment s'effectue
en
panic
en provenance du roplancton
pénétrant dans la lagu
ne
avec le flux marin, en
panic
en
provenaoce
des
populations séde
nt
aires. Compte tenu
de
cette double origine, com
me
des
aléas climatiques qui
sévissent avec une grande rigueur dans cc type de biotope,
on
peut s'interroge r sur
la
réalité ou
la
ficti
on
de
l'existenee
de
communautés lagunaires, c·est-à·dire d'ensembles p
lu
ri-
spécifiques qui soient autre chose que
de
s rassemblements
f
onuits,
dont l'orga
ni
sation résulte à la fois du co
nt
exte
environnemental ct
des
in
teractions biotiques
ent
re les
espèces présentes.
L'analyse démographique des différents peuplements des
lagunes saumâtres Iinorales révèle
un
double
aspect;
d'une
pan
le recrutement marin est
cr
fectivement al
éa
toire au
niveau planctoniqu
e,
mais très rapidement, sans doute dès
le
s premièr
es
ph
ases benthiques, les communautés s'orga
ni
-
sent s
ui
vant
des
modèles
bi
en définis en même temps
qu
e
progresse l
'éq
uitabilité j d'a
utr
e part les populations ve-
loppe
nt
d~s
l
stratégies
li
ées
li l'occupation de l'es
pa
ce dans
lesquelles les migrations jouent
un
le
pan
ic
ulièrement
important,'
et
qui expliquent
eena
ins regroupem
ents
de type
communautaire.
Ces
deux aspects so
nt
successivement envisagés dans la
prése
nt
e synthèse qui s'appuie sur
des
exe
mpl
es provena
nt
de
s
it
es géographiques
va
riés, alla
nt
des fjords danois a
ux
lagunes atlantiques. méditerranéennes ou malgaches.
Sa
ns
p
t
end
re
être
exhaustifs, car les situa
ti
ons ponctuelles so
nt
infinime
nt
variées, ces exemples, les méthodes d'analyse
que
nous appliquons ct
le
s interprétations que nous propo-
sons d
on
nent une i
ma
ge cohérente
du
fonctionnement
écologique
de
s laguncs littorales saumâtres.
STRUcrURE
DES
CO
MMUNAUTË.S LAG
UNA
IR
ES
Notion
de
structure des communautés.
AppUeaU
o
ns
aux
êcosys-
tè
mrs
lagunaires
Il est clair que l'objectif actuel de l'écologie n'est plus
seulement
de
dresser l'inventaire qualitatif, voire qua
nt
ita-
tif, des écosystèmes mais, au-delà
de
cette étape, d'
en
compr
end
re
le
fonc
tionnement, c'est-à-dire d'identifier au
sein de ces écosystèmes.
d'un
e part les unités écologique-
ment homogènes, d'autre
pan
les liens
ou
voies de transfert
établis entre ces unités. Un premier obSla
de
tient à la
nature de nos observations
qu
i,
en
particulier
en
hydrobio-
logie, so
nt
fortement d
épe
ndantes
de
l'échantillonnage ;
nous conviendrons
ic
i
de
raisonn
er
s
ur
les communautés
biologiques te
lle
s qu'elles nous apparaissent à l'examen de
l'échantillonnag
e;
celui·ci nous
donne
une vue
cenes
imparfa
it
e de
la
..
biocénose
,.
th
éo
rique,
ne
serait-ce que
parce qu'il sélectionne certains ensembles biologiques, par
exemple dimensionnels,
ma
is
dont
il
e"
excessif de préten.
dre
qu'elle est systématiquement fausse. Un seco
nd
obstacle
tient li
la
nature des
li
ens
fonctionnels que l'on prétend
étudier
j encore que toute classÎflcation soit arbitraire, nous
pensons que deux types
de
problèmes peuvent être
abor·
dés
j
d'une
pan
les mécanismes écophysiologiques des
régulations, notamment au nÎveau
des
transferts et
des
rendements énergétiques.
d'autre
pan
les équilibres démo-
graphiques s.l.
des
abondances
re
latives des diverses popu-
lations constituant une communauté. Il y a complémentarité
ct non oppos
it
ion entre ces deux approches, en ce sens que
le
partage
de
l'espace écologique communautaire, tel qu'
il
est analysé
par
l'analyse
..
démographique
JO
des abondances
des différentes espèces, n'a
ritablement de sens que dans
la mesure
ces abondances devraient
être
estimées
par
un
crÎtf!re écophysiologique (activité anabolique, productivité,
rendement énergétique) ct non démographique s.l. (dénom-
brement, voire biomasse).
Co
mpte tenu des données
do
nt
nous disposons, nous nous bornerons
ici
à estimer les
202
abondances
par
de
s biomasses ou des dénombrements sans
méconnaît
re
le caractère encore sommaire
d'un
e telle
approche, qui se justifie cependa
nt
lorsquc l'on raisonne,
comme nous le ferons ici, sur des communautés relative·
ment comparables (macrofaune benthique, communautés
ichtyologiques). Un troisième obstacle tient enfin à
la
complexité même des écosystèmes naturels j
il
est probable
que les schémas explicatifs. les modèles
au
sens ac
tu
el du
terme,
so
nt
plus
fa
ciles à dégager dans des écosystèmes
si
mples que dans des écosystèmes complexes ct
trl!s
homéostatiques. A cet égard, les écosystèmes lagunaires
sont sans doute privilégiés j
la
rigueur de leur enviro
nn
e-
ment abiotique, qui en fait le type même des écosystèmes
physiquement contrôlés, leur dépendance vis-à-vis des éco-
sysm
es
qui les entourent, soit en amont, bassin versant,
soit en aval, liuor
al
marin. s'accompagncnt d'évolutions
b
ru
tales. non tamponnées,
qu'
il
est relativem
ent
facile de
percevoir.
Nous nous proposons
ici
dtudier
la
structure des commu-
na
ut
és biologiques
des
lagunes litto
ra
les
, c'est·à-dire. à
travers l'examen
des
abondances relatives
des
différentes
po
pu
lations qui constituent ces communautés
de
compren-
dre
les mécanismes qui président à leur constitution ct
règlent leur évolution ultéricure. Nous ferons appel à cet
effet à deux approches largement répandues à l'heure
actuelle.
Le
recours à
des
indices globaux consti
tu
e
la
première
app
roche, ct
quaue
i
nd
ices sont coura
mm
ent
utilisés à cet
égard:
la
ri
chesse spécifi
qu
e,
nOl
ée S. qui
mesure
le
nomb
re
d'espèees j
la
biomasse, notée B, par
unité de
vo
lu
me
ou
de
surface j
la
diversité, que nous
mesurerons par l'indice de Shannon noté H avec
H
::
- 1
~
Iog
2
~'
expression dans laquelle qi mesure
l'abondance
(en
général
la
biomasse)
de
l'espèce i, ct
o
'"
1qi
l'abondance tOlale des espèces de
la
comm
u-
naut
é:
enfin l'équitabi
li
té E mes
ur
ée
par
E
'"
H
/
log~.
e·est·à·dire
le
rapport entre
la
diversité observée H ct
la
diver
si
maximale d'
un
e communauté à S espèces.
Sa
ns
entr
er
dans
le
détail
de
t'interprétation des indices H ct E,
nous conviendrons
ici
que Il mesure
le
degré d'organisation
dc la communauté ct E
la
qualité de cette organisat
io
n. On
sait que E varie ent
re
0 Ct 1
Ct
que plus E est proche de 1
plus
on
eSI
en droit d'estimer que
la
struclu
re
de
la
communauté observée témoigne des ajustements progres-
si
fs des différentes espèces aux co
nt
raintes résultant de l
eur
environnement biotique ct abiotique.
Les indice) globaux (
lu
C nous venons d'é"oqucr donnent
donc une certaine mesure de l'état d'équilibre
de
la commu-
nauté dans son environneme
nt
mais non des mécanismes
par lesquels cet étal a été aneint.
La
deuxième approche,
complémentaire de
la
précédente.
fai
t appel à l'étude
des
modèles
de
distribution d'abondances qui répond précisé'
ment li celte question. Ouatre modèles
de
distribution
d'abondances sont couramment uti
li
sés à l'heure actuelle.
Tous postulent que l'on éludie ces distributions en rangeant
les abondances dans l'ordre de leur valeur décroissante.
l'espèce de rang 1 étant
la
plus abondante. l'espèce
de
rang
S étant
la
moins abondante. l'espèce
de
rang i étant plus
abondante que l'espèce de rang i + 1 ct moins abondante
qu
e l'espèce
de
rang i -
1.
Dans ces conditions.
le
modèle
de Motomura
ou
modèle log linéaire. établit une relation
(linéaire) entre
le
logarithme de l'abondance ct
le
rang.
Le
modèle de Preston ou modèle log normal. établit une
relation
(li
néaire) entre
le
logarithme de l'abondance ct
Je
probit du rang.
Le
modè
le
de
Ma
c Arthur ou modèle du
bâton brisé. élablil une relation (non linéaire) entre
l'abondance ct
le
rang. Le modèle de Mandclbrot ou
modè
le
10g.log établit une relation (non linéaire) entre
le
logarith
me
de l'abondance
et
celui
du
rang. Dans une note
antérieu
re
(Amanieu el af
.•
1981
a). nous avons discuté
de
la
signification écologique de ces modèles
et.
notamment,
de
leur application aux communautés biologiques des lagu-
ncs littorales. Nous utiliserons principalement
ici
les
modè-
les de Motomura ct de Preston.
Le
modèle
de
Motomura
ORGANISATION
ET
EVOLUTION DES PEUPLEMENTS LAGUNAIRES
convie
nt
n
ér
alemem à
l'
analyse des commun
aut
és dans
lesquelles les relations intcrspéci
fi
ques sont relativement
simples
CI
dont l'environnement, fortement stressam , est
caracté
ri
stique des écosystèm
es
physiquement
contrôlés;
il
s'agit donc de communautés
pe
u ou pas homéostaliqu
es
,
nota
mm
en
t d
es
communautés que l'
on
observe
dan
s la
plupart des lagunes littorales.
Le
modèle de Preston a une
sig
nifi
ca
tion écologique moins claire que le précé
de
nt,
puisqu'II
pe
ut caraclé
ri
ser autant des communautés très
évo
lu
ées el homéostatiques, au sein desque
ll
es est établi un
réseau co
mpl
exc de rclations interspécifiques,
qu
e des
pseudo-communautés constituées par l'assemblage accide
n-
tel d'esces qui n
'o
nt
en commun que de cohabiter
fortuitement
da
ns
le
me espace ; nous verrons dans les
exemples que nous examin
ero
ns tout à l'heure que ces
pseudo-communautés s'
ob
serve
nt
fréquemment dans
la
zone d
change
entre
le
s lagunes littorales ct
la
mer au
niveau des chenaux ou des
..
grau
slO
sont piégées les
larves planctoni
qu
es;
el
le
s sont caractérisées par leur faible
équitabil
il
é associée à leur dis
tr
ibution de ty
pe
log normal.
En accord avec les conclusions d'un travail antéri
eur
(Amanieu el al. , 1981
a);
nous conviendrons
ici
de
re
tenir
comme modèle de distribution d'abondances le plus perti-
nent, ce
lui
qui conduit à
la
plus faible distance
entre
données observées ct calcul
ées;
les distances retenues étant
la
distance du Xl ct
la
distance de Matusita.
Structu
re
des communautês d'u
ne
lagune Uttora
le
danoise,
le
Dypso-fjord
La lagune du Dypso-fjord a
été
étudiée
pa
r M
uu
s
(1
967),
dans un remarquable trava
il
portant
sur
l'ensemble des
lagunes ct estuaires danois ; elle illustre de manière partic
lièrement claire l'organisation d
es
pe
uplements de la m
ac
ro-
faune bent
hi
qu
e selon leur partition
da
ns les di
ff
ére
nt
es
zo
nes
de
la lagune
en
foncti
on,
notamment, de leur
éloignement à l'ouverture vers la mer.
Le
Dypso-fjord (fig. 1) est une lagune ouvr
ant
s
ur
la
Baltique, dans le sud
du
Sjaelland danois ; d'une superficie
d'envi
ro
n 1700
ha
ct
d'une
profondeur moyenne
de
l,50 m,
le Dypso-fjord communique avec la mer par un chenal
étroit, de 3 à 4 m
de
profondeur, s'ouvra
nt
à l'ouest de la
lagune e
ll
e-même. Au voisinage
de
ce chenal, donc dans la
panie
ouest
de
la lagune,
le
s fonds sont sableux
av
ec
quelques touffes de Ruppia, de Zestera,
vo
i
re
de
Fuc
us
au
plus proche
de
la
me
r.
A la p
an
ic centrale
de
la
lagune
correspond une vaste superficie de vase recouverte par un
herbier de
Char
a. La partie nord-est e
nfi
n est envahie
par
des vases noires, réduites et nues. Malgré quelques
pe
t
it
s
affluents,
il
n'y a
pa
s de gradie
nt
de sal
in
ité, celle-ci restant
relativement stable a
ut
our
de la valeur moyenne de
10
%CO.
Le
tableau 1
donne
le résultat des prélèvements et compta-
ges effectués
par
Muus
en
1
95
5, et dont on trou
ve
ra les
Figure 1
La
lagune
Dypso
-
fj
o
rd.
suivant Muus (1967).
The Dyp
so-[p
rd /(lgoon according
10
MuU$
(1967).
203
Table
au
1
Dypso-fjo
rd
. m
ai
195
5.
Li
ste des espèces dominantes et
po
ids
humide en grammes/m
l.
(in Muus.
196
7, p.
292).
Dypso
[lOrd,
Moy 19
55.
Lisl
of
dominom
species
and
Wt l wt ig/II in
gromsf
m1.
ZD~
Nemerres
Oligochbl!S
Copire/hl
Pygospio
Nud
s
Co
rophitlm
Cyolhura
Gomrrwrus
laua
ldQ/he(l
Car
dium
Ma
corrw
My"
HydrobiiJ
Ut/oriml
SQX(llilis
Theodoxux
ChirotWmides
Total
P
anic
Ou
es
t
sableuse
0,2
0,7
0,2
4,0
1
,4
0
.1
0,03
0,1
0,
01
0,1
37~
6,4
11
,0
10,2
0
,'
0
,1
2,8
75,34
Partie
centrale
av
ee C
1w.ro
l A
0)
0,1
3,0
2.1
0,02
0,4
0,'
0,8
3,0
6
2,7
2,'
7,7
24,0
2)
I.!
11
2,32
Pa
rt
ie
Nord-Est
vases n
ue
s
1,0
0,04
',7
6,4
0,'
0,03
0,'
24,4
1,6
23)
11
,9
2,6
78,37
d
on
n
ées
or
iginales dans son travail de 1967.
Le
tableau 2
résume les paramètres structuraux des différe
nt
es commu-
nautés échantillo
nn
ées dans les trois pr
in
cipaux secteurs de
la
lagune.
Ces
résu
lt
at
s autorisent une intcrptation particu
li
èreme
nt
clair
e.
La partie W du Dypso-
fj
ord
, proche
des
apjX)
rts
ma
ri
ns planctoniques, est
la
pl
us
ri
che en espèces avec en
e
ff
et 17
espèces;
la partie ce
nt
rale comprend encore
16 espèces, mais la partie est, la plus
",
lagunaire
..
, ne
comprend p
lu
s que 12 espèc
es;
il
y a
do
nc bi
en
un
appauvrissement quantitatif
du
cortège
fa
unistique
lorsqu'on se dirige
du
chenal vers le fond dc la lagune.
En
revanche on observe un gradie
nt
inverse lorsqu
'o
n
exam
ine
l
es
valeurs
de
l'équitabili; au voisinage du chenal, la
faible valeur de l'équitabilité (0,57) t
ém
oigne que le peuple-
me
nt observé est
tr
ès
fa
iblem
ent
structuet qu'
il
s'agit plus
probablement
de
l'accumulation fonuite des
att
errissements
roplanctoniques à leur e
mr
ée dans
la
lagune ; l'ajuste-
ment des distributions d
'a
bondance à un modèle de Preston
confirme cette interprétat
io
n ; inversement à l'extmité
es
t
de
la
lagune s'il y a cu diminuti
on
du nombre d'espèces
co
lt
ées,
il
y a une fone progression
de
l'équitabi
lit
é,
qui
...
,
..
,
, "
1
. .
'M
.
'''
'./'~'';
-~
tI> :
'"
~.
\.
~
0;0.' "
"l
" _
',
: ;
-'.
,---'
,_
...
~
<
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6
......
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••
.,
"H
...
"
-,
.
M. AMANIEU. G. LASSERRE
Tableau 2
Structurcs des
communau
t
és
benthiques
du
Dypso--fjord
(caleulées d
·aprb
les
données
oc
Muus
, 19(7).
Iknlhic commullify JlrurnlftS
of
lM
Dypw
{JO
fU
(colc
uwttu from
UOIO
proviutu
br
Muus,
1967).
Partie W sableuse
prodlC
du
chenal
Richc~
spéeirtque
17
Diversité
oc
Shannon H
2,32
Equilabilité E 0,57
Biomasse
en
g.m
l 75,34
Mcill
cL
U
modê
lc : Preston
au
sens de
Xl
Preslon
au
sens de
MalU
sil
a
atteint 0,70 el indique donc
un
e ritable communauté,
don
t les abondances ne sont plus aléalOires mais résultent
des
ajustcments progressifs à
un
ccna
in
type de structure
qui, cn l'occurrence, CSI décrile par
Ic
modèle
dc
Moto-
mura;
l'accès à
la
panic
la
plus lagunaire
du
Dypso-fjord
s'accompagne done d·un tri des espèces, dont
le
n
omb
re
diminue, mais
d'une
fone progression dc
la
structurc
communaulaire dom lquitabilité allcint 0,70.
La
biomasse élevée de
la
panic
centrale de
la
lagune
(112,32
g
m
-
~)
pourrait suggérer a priQri
que
ce secleur
conSlitue un sile priyilégié s'épanouissent les espèces
véritablement lagunair
es;
cependanl l
'éq
uilabilité faible
(0,54), l'ajuslemenl au modèle
de
Pr
eston,
nous font plutôl
conclure
que
encore il s·agit d'une zonc d'atterrissements
planctoniques
l
'on
observe des pcuplemenls pseudo-
communautaires résultant de l'effet de filtre exercé
par
l'herbier
de
Chara.
Ain
si le Dypso-fjord nous donne une image parfaitement
cohérente
des
mécanismes
de
recrutement de
la
macrofaune
benthique dans une lagune littorale ct des différems types
de
st
ructurcs communautaires ou pseudo-communautaires
qui cn découlent. Au voisinage de
la
mer ct s'étendant plus
ou moins profondément
dans
la la
gune suivant les condi-
tions local
es,
une zone de piégeage, l'on observe
un
conège
faunisti<lue riche, peu structuré (faible équitabilité),
provenant
des
npports nléatoires du planclon marin (ajuste-
ment à
un
modèle log. normal) ;
dans
les reculées
le
s plus
lagunaires au contrairc, moins d'espèccs, mais probable-
ment déjà plus
lcctionnées
par
le
biotope ct mieux
adaptécs
aux conditions écologiques lagunaires, constituant
cn
outrc
lcs véritables communautés
dont
l
'éq
uitabilité
Tableau 3
Structure
ocs
communautés benthiques
de
ta
lagune
de
la
Sarrazine.
lkmhu:
t'umm/mily SlmClu
ft
S from
Sofra:iM
/agoon.
Richesse
spfcilique S
Di
versité
de
Shannon H
Equitabilité E
Biomasse
en
g.m
1 (poids sec)
Meilleur
modèle
:
au
sens
du
XI
au
sens
de
MBlu
sita
A
l"issue
du
remplissage
par pompage
D&embre
1970
29
2
0.41
.9
Preston
Panic centrale Partie Nord-Est.
vase.
herbiers
de
ClwfO éloignée
du
chenal
16
.2
2,16
2,52
0.54
0.70
112,
32
78.37
Pr
eston
MOlomura
l
'r
eston Motomur
..
traduit
la
bonne structuration ct qui s'ajustcnt
en
général à
un modèle de MOlOmura.
La lagune médllerranéc!nne
de
la Sarrtlzine à Maguelone
(
mrault
. Frtlnce)
Nous avons nous-mêmes
étud
ié (Amanieu el al., 1
98
1 b) un
exemple bien différent mais qui conduit cependant a
ux
mêmes interprélations
que
celles
que
nous venons
de
proposer pour le Dypso-rjord,
Il
s'agit en effet
d'une
petile
lagune méditerran
éenne,
la lagune
de
la Sarrazinc, située en
bordurc de
mer
à quelques kilomètres au Sud de Montpel-
li
er.
La
Sarrazine a une faible superficie, environ
13
ha;
sa
profondeur est
en
moyenne
de
2
m,
C'es
t
en
o
Ulr
e une
lagune artificielle,
si
tu
ée
au-dessus
du
niveau
de
la
mer, et
cnlièrement alimentée par une pompe débitant 1
800
ml/h,
l'cau
tlam
prise en bordure de plage. De décembre
1978
à
juî11et
19
80
nous avons étudié l'évolution
dl.:s
com/llulH:lut6.
benthiques
de
la
lagune;
il
se trouve que, durant cctte
riode, par suite d'un fonctionnement irrégulier de
la
pompe, l'alimentation en
eau
de
la
Sarraz
in
e
fUI
so
it
normal
e,
soit suspendue pendant quelques mois.
On
note alors une éyolution cohérente
de
la
macrofaune
suivant qu'on l'observe à l'issue
d'une
période
de
bonne ou
de mauvaise alimentation
en
eau;
les paramètres struc
lU
'
raux des communautés benthiques sont résumés dans
le
tableau
3,
En période d'alimemation régulière
en
eau
de
mer
par
le
système
de
pomp..1ge,
on
observe une rithesse spécifique
élevée
(29
à
31
espèces), une équitabilité faible
(0.41
à
0,57), les peuplements pseudo-communautaires s'ajustant
Aprês plusieurs
mois
d'interruption
de
pompage
Avril
1980
••
2,93
0,70
,
Motomura
Après rêtablisscmcnl
du
pompage
Ju
in
1
980
3.
2.78
0.57
.2
PreSlon
alors à
un
modèle de Preston. Lorsque l'alimentation
en
eau
de mer a
été
suspendue durant une péri
ode
de quelqu
es
mois, l'évoluti
on
autonome de la
la
gu
n
e,
privée de ses
apports marins, s'accompagne d'une diminuti
on
du nombre
des espèces (qui se réduisent à 18) en même temps
qu
e
d'une très f
orte
augmentation de l'équitabiliqui atteint les
valeurs
de
0
,7
0,
tandis que les communautés s'ajuste
nt
alors
à un modèle
de
Motomura.
Ces deux exemples apportem deux réponses convaincantes,
l'
un
e s'appuyant
su
r des distributions spatiales
des
commu-
nautés (le Dypso-fjord), l'autre s
ur
l
eu
r évolution tempo-
relle (la Sarrazine), à
un
e question fondamemale, à savoir
si, écotone entre la
me
r et le
ba
ss
in
versam, les
la
gunes
littorales 001 une autonomie,
..
une personnali
..
écologi-
qu
e,
si elles eonstituent
de
véritables écosystèmes,
ou
simplement des zones d'affrontemem aux comours ct au
comenu plus ou moins flous. Aussi bien dans
la
Sarrazine
que dans
le
Dypso-fjord on constate que la
ma
crofaune des
lagunes
se
recrute principalement à partir
des
appons
marins,
et
que ces apports sont riches mais rogènes,
en
cc sens
qu
'
il
s
ne
constitue
nt
pas en eux-mêmes des commu-
nautés st
ru
ctur
ées;
c'est s
ur
cet apport
.,
en vrac
,.
que
l'écosystème lagunaire proprement dit
va
exercer tout un
ensemble de contraimes ct de remaniements à l'iss
ue
de~uel
s
seront édifiées
le
s
ritables communautés lagu-
naIres.
On
peut alors rechercher les mécanis
me
s qui sont
mi
s en
œuvre à cet effet, tels qu'ils apparaisse
nt
dans les étangs
palavasiens.
t"oluUon
saillonniè~
de la macroraunc benthique des étan
gs
palavaslcns
Les exemples précédems ont montré que c'est à partir des
apports planctoniques marins que se constituent les commu-
nautés lagunaires mais que ce n'est probablement pas sur
la
phase planctonique clic-même que s'exerce
nt
les mécanis-
me
s de sélection. Ltude de
la
macrofaune benthique d
es
étangs palavasiens précise différents aspects dcs mécani
s-
mes
mi
s en œuvre lors des phases st
ri
cteme
nt
benthiques.
Le complexe lagunaire palavasien compr
end
un
ensemble
de sept étangs (dont l'un, l'étang du Grec, en
panic
combl
é)
qui s'étendent
le
long des quelque quarante kilomètres
de
tcs,
au
sud de Montpellier, parant
S~te
du
Grau du Roi.
II s'ag
it
dtangs peu profonds, un à deux mNres, dont les
superficies varient de quelques ce
nt
aines à quelques milliers
d'hectares, communiquant plus
ou
moins bien les uns avec
les autres, notamme
nt
par
le canal du Rh
ônc
à Sètc qui tout
en
les réunissa
nt
, pare les étangs de pre
mi
ère ligne ,
bordant directeme
nt
la
mer, des étangs de seconde ligne,
parés d'elle
par
les précédents et le canal. Dans cet
cn
se
mble, nous avons étudié (Amanieu el al., 1
97811979)
l
volution saisonnière de
la
macrofaune benthique entre
ma
i, qui marque
la
fin
de
la
période
de
recrut
emem
planctonique, ct octobre qui permet
d'
estimer
la
situation
des communautés reerutées à l'issue
de
la période estivale
durant
laquelle leu
rs
échanges avec la mer
001
été faibles ou
nu
ls. Sur les
six
étan
gs
étudiés dix sept stations
on
t été ainsi
échantillonnées ct eomparées aux deux périodes.
La densité (fig. 2) est,
au
moins pour les
éta
n
gs
de première
ligne, plus élevée en mai
qu
'en oct
ob
re, ee qui traduit
le
s
conséquences de
la
morta
lit
é juvénile
en
période estivale
après le recrutement. Il
en
est généralement de même pour
la biomasse, qui diminue égaleme
nt
,
la
eroissance eSlivale
des survivants
ne
compensam
pa
s
la
perte
de
s disparus.
La
situation inverse
s'o
bserve cependant dans les étangs dits
de
seconde
li
gne, c'est
-à-
dire ceux qui, n'ouvrant pas directe-
ment sur la mer, sont a
li
mentés par les étan
gs
de première
ligne
ct
ne
néficiem donc que des apports des espèces
dé triées par
un
premier transit
da
ns l'écosystème lagu-
naire.
Mais paradoxalement la richesse spécifique (fig. 2)
augmente dans presque toutes
le
s stalions entre mai
et
octobre. Une augmemation du nombre
d'e
spèces
par
sta-
tion s'accompagnant
d'une
diminution du nombre d'indivi-
ORGANISATION
ET
ÉVOLUTION DES PEUPLEMENTS LAGUNAIRES
205
Fi
g
ure
2
,
,
,.
, .
,
,
·
,
,
·
·
,
'
..
·
-.
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J
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\
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"-
·r
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~
,
" /
·
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·
, ! ·
! , , , i .
,
; ; . , ,
. , . ; ; ; :
. .
Les
lag
un
es
de Pa
la
vas
.
Co
mparaison par stalion.
mesures
effee·
lU
~Cs
entre
mai
et
oc
tobre
1974
(de
n
si
t
t,
bio
ma
sse,
richesse
spécifique
CI
constante de MO
lomura
r
appo
rt
~es
à
la
biomasse).
'I1re P/lun'
/l
S
/agoO/IS.
ComparisO/IS
by
SUl
/
ion.
nk!aS
llf
t memS
/Nrwun
M(Jy
and Ocro/N,
1974
(dtnslty,
bwrlUlSJ,
spe
âfic
r/(:h
~st
/l/rd
MO/orlll/ru
C()l15Ul
nf
Il!porftd
10
bio_ss).
dus traduit que, duram
la
ri
ode esti
va
l
e,
il
y a redistribu-
ti
on du matériel recruté
au
printemps, entre stations ct
même entre étangs,
par
le jeu des déplaccmenls
des
juvéniles benthiques.
Bi
en
que l
'o
n
ob
serve en effet quel-
ques recrutements planctoniques tardifs,
par
exemple celui
de
l'amphipode Meil
la
pofmato,
il
s
SOnt
trop exceptionnels
pour expliquer l'augmentation de
la
richesse en octobre.
Durant la période estivale
l
cosyst~me
lagunaire fonc-
tion
ne
donc en circuit fermé,
le
s mouvements faunîstiques
observés restant
in
te
rn
es au complexe lagunaire alors que
le
s échanges avec
l'
extérieur sont faibles ou nuls.
Or
, comme nous l'avons noté dans le Dypso-fjord ou dans la
Sarrazine,
on
constate encore
da
ns le complexe lagunaire
palavasien que lorsque
le
s lagunes fonctionne
nt
de
mani
~
r
e
autonome
il
y a progresston
de
l'organisation structurale.
Dans le travail c
it
é,
nous avons choisi comme indice de
diversité non plus l'indice
dc
Shann
on
mais
[a
constante
(habitue
ll
ement not
ée
m)
du
mod~
l
e
de Motomura dont
nous avons comparé
le
s valeurs numériques, pour
le
s
17
stations étudiécs, entre mai ct octobre. Dans
15
stations,
il
y
a augmentation de la constante m entre les deux périodes,
ce qui traduit une progression cohérente de
la
diversité de
l'ensemble de l'écosystèmc. Les migrations et échanges de
post-larves benthiques e
nt
re les diverses stations,
durant
la
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