Aînés souffrant de troubles de santé mentale au Québec. Répondre

l’accès au savoir en santé mentale populationnelle
vivre en bonne santé mentale
Volume 5, Numéro 4, mars 2013
Aînés souffrant de troubles de santé mentale au Québec.
Répondre aux différentes catégories de besoins
Alan Regenstreif, DIA, MSW, TSP, Coordonnateur de la pratique de pointe en santé mentale et
vieillissement, CSSS Cavendish
Contexte
Cet article d’introduction au sujet des aînés souffrant de troubles de santé mentale décrit brièvement la façon
dont les services offerts à cette population sont actuellement organisés dans le système de soins de santé
et de services sociaux au Québec. Il présente également des recommandations permettant de mieux
pondre aux besoins spécifiques de cette population cible.
Nour et coll. (2010) ont estimé qu’au Québec 20 à 25 % des nés souffrent de ce que certains qualifient
de troubles de santé mentale communs tels que la dépression et l’anxiété. De plus, 2 à 3 % de tous les
adultes (y compris les aînés) de la province, soit 150 000 à 200 000 personnes, souffrent d’un trouble
de santé mentale grave comme la schizophrénie ou de troubles de la personnalité (Moscovitz et
Regenstreif, 2007). On estime que ce taux doublera d’ici 2030 en raison du vieillissement de la
population. De quelle façon les besoins des aînés souffrant de troubles de santé mentale sont-ils
encadrés dans le
Plan d’action en santé mentale 2005–2010
du gouvernement québécois nonçant les
plus récentes politiques en matière de santé mentale) et comment les services publics sont-ils organisés
pour répondre à ces besoins ?
Avant de répondre à ces questions, il est important de noter que plusieurs facteurs risquent d’entraîner
une sous-représentation statistique de cette clientèle cible. Les troubles de sanmentale sont des
maladies importantes d’un point de vue clinique, caractérisées par un changement de la pensée, de
l’humeur ou du comportement associé à la détresse personnelle ou à une altération des fonctions
mentales (Nour et coll., 2010). Toutefois, les signes et les symptômes liés aux troubles de santé mentale
peuvent être confondus avec ceux liés à des maladies physiques ou à d’autres maladies qui affectent
notamment les facultés cognitives. En outre, les stigmates associés aux troubles de santé mentale et au
vieillissement peuvent être ressentis par les nés eux-mêmes, par leur réseau social et par certains professionnels de la san
et des services sociaux qui peuvent interpréter à tort les signes et les symptômes d’un trouble de santé mentale comme un
« effet normal du processus de vieillissement ». Dans certains cas, aucune évaluation ne sera demandée et aucun traitement
ne sera offert aux personnes malades, diminuant ainsi le taux de troubles de santé mentale rapportés.
Le
Plan d’action en san mentale
crit cinq populations cibles : la population en général, les enfants et les jeunes souffrant
d’un trouble de santé mentale, les adultes souffrant d’un trouble de santé mentale, les personnes à haut risque suicidaire et
les personnes souffrant de plusieurs troubles. Les besoins des aînés, qui entrent dans la catégorie des adultes souffrant d’un
trouble de sanmentale, font l’objet d’une brève mention. On y indique que les besoins spécifiques de ce groupe requièrent
davantage d’attention.
En juin 2011, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a publié la phase III de la stratégie d’implantation du
Plan d’action en sanmentale
à Montréal,
Santé mentale et vieillissement : constats et recommandations concernant l’offre de
service.
Ce document décrit trois catégories d’aînés de plus de 65 ans souffrant de troubles de santé mentale de même que
leurs différents besoins.
2 à 3 % de
tous les adultes
(y compris les
nés) de la
province, soit
150 000 à 200
000 personnes,
souffrent d’un
trouble de santé
mentale grave.
Les cagories cibes
1. La première catégorie englobe les personnes ayant des troubles de santé mentale persistants depuis l’âge adulte. Parmi
les diagnostics fréquents, on retrouve la schizophrénie et le trouble bipolaire. Des personnes ont vécu la
désinstitutionalisation, et certaines ont une faible estime d’elles-mêmes et des difficultés à se débrouiller seules. Ces
personnes éprouvent souvent des problèmes de sanphysique liés à leur état, comme une maladie du cœur ou le
diabète (en raison de certains psychotropes ou du mode de vie adopté au cours d’une période donnée).
2. La deuxième catégorie comprend les aînés atteints de démence. Le rapport estime qu’un tel diagnostic sera établi chez
20 % des adultes âgés de plus de 80 ans. La démence entraîne un clin progressif de l’autonomie et s’accompagne
souvent de symptômes comportementaux et psychologiques (autres que cognitifs) comme les hallucinations, les délires,
la pression et l’anxiété. Dans le cas des soins de santé et des services sociaux offerts au Québec, ces clients relèvent
habituellement du programme de perte d’autonomie liée au vieillissement (PALV).
3. La troisième catégorie inclut les aînés qui vivent des problèmes de santé mentale pour la première fois et qui présentent
la plupart du temps de nouveaux symptômes de dépression ou d’anxiété ou qui souffrent du retour de symptômes qui
avaient depuis longtemps disparu. Ces troubles de santé mentale sont souvent de nature transitoire et sont en néral
traités efficacement. Toutefois, des problèmes de santé physique peuvent survenir parallèlement, compliquant davantage
la situation.
La stratégie d’implantation du
Plan d’action en santé mentale
à Montréal (
Santé mentale et vieillissement
) émet plusieurs
recommandations pour répondre aux besoins spécifiques des adultes âgés de plus de 65 ans. Par exemple, le plan propose
de mettre l’accent sur le dépistage des troubles de santé mentale et physique dans ce groupe d’âge. Des décisions doivent
être prises quant à la façon d’organiser des services adaptés aux besoins multiples et aux capacités de cette clientèle, y
compris les services de soins à domicile et l’accès à des activités sociales. Davantage d’information et de soutien doivent être
offerts aux familles et au réseau social des clients. Certaines ressources en santé mentale devraient être adaptées de façon
à compenser la perte d’autonomie physique des clients. Finalement, on recommande d’accroître la disponibilité des options
de répit en réponse aux besoins de soins de santé mentale et physique de ces clients.
Conclusion
Compte tenu du vieillissement de la population québécoise, il faut s’attendre à une augmentation du nombre d’aînés qui
vivront des troubles de santé mentale au cours des prochaines années. La stratégie d’implantation du
Plan d’action en santé
mentale
offre une description beaucoup plus complète des besoins de cette clientèle que le document original qui décrivait
les politiques du
Plan d’action en santé mentale
. Néanmoins, comme le suggèrent ces recommandations, la reconnaissance
accrue des besoins ne s’est pas encore traduite par des niveaux de soins entièrement adéquats dans le cadre du système de
soins de santé et de services sociaux.
Bibliographie
1. Nour, K., Dallaire, B., Regenstreif, A.,bert, M. & Moscovitz, N. (2010). Santé et vieillissement. Problèmes,percussions et services. Dans M.
Charpentier, N. Guberman, V. Billette, J.-P. Lavoie, A. Grenier & I. Olazabal (dir.),
Vieillir au pluriel. Perspectives sociales
(p. 135-160). Québec :
Presses de l’Université du Québec.
2. Moscovitz, N. & Regenstreif, A. (2007). Editorial,
Vital Aging
(Mental Health and Aging),
13
(3).te-Saint-Luc : Centre de recherche et
d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), CSSS Cavendish–CAU.
3. Ministère de la San et des Services sociaux. (2005).
Plan d'action en santé mentale 2005-2010 : la force des liens.
Québec : ministère de la San
et des Services sociaux.
4. Trépanier, J. (2011).
San mentale et vieillissement. Constats et recommandations concernant l’offre de service. Document synthèse – Plan daction
minisriel en san mentale 2005-2010 : La force des liens. Plan de mise en œuvre à Montréal – Phase III.
Montal : Agence de la santé et des
services sociaux de Montréal.
Certaines
ressources en
san mentale
devraient être
adaptées de fon
à compenser la
perte d’autonomie
physique des
clients.
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