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Résumé
Problématique : Depuis bientôt deux décennies, la République Démocratique du
Congo (RDC) est le territoire d’un conflit armé qui, selon l’International Rescue Commite,
aurait occasionné plus de 3 millions de décès et autant de déplacés internes. Plusieurs rapports
font également cas des nombreux actes de violence sexuelle (les viols, les mutilations,
l’esclavage, l’exploitation sexuelle, etc.) commis envers les filles, les femmes et dans une
moindre ampleur les hommes. S’il existe un consensus sur le côté barbare des actes de
violence sexuelle liés aux conflits armés, rares sont les études qui ont évalué leurs
conséquences sur la santé reproductive des survivantes surtout en termes d’issues telles que les
fistules, les douleurs pelviennes chroniques (DPC), le désir de rapports sexuels, le désir
d’enfant et le désir d’interruption de la grossesse issue de tels actes. Par ailleurs, même si la
santé mentale des populations en zones de conflit représente un sujet d’intérêt, l’impact
spécifique de la violence sexuelle liée au conflit sur la santé mentale des survivantes a été peu
étudié. De plus, ces travaux s’intéressent aux effets de la violence sexuelle liée au conflit sur la
santé mentale et sur la santé reproductive séparément et ce, sans évaluer les relations qui
peuvent exister entre ces deux dimensions qui, pourtant, s’influencent mutuellement. Aussi,
l’impact social de la violence sexuelle liée au conflit, ainsi que la contribution des normes
socioculturelles aux difficultés que rencontrent les survivantes, a été peu étudié. Pourtant,
l’impact social de la violence sexuelle liée au conflit peut permettre de mieux comprendre
comment l’expérience d’un tel acte peut affecter la santé mentale. Enfin, aucune étude n’a
évalué les effets de la violence sexuelle liée au conflit en la comparant à la violence sexuelle
non liée au conflit (VSNLC). Pourtant, il est reconnu qu’à de nombreux égards, la violence
sexuelle liée au conflit est bien différente de la VSNLC puisqu’elle est perpétrée avec
l’intention de créer le maximum d’effets adverses pour la victime et sa communauté.
Objectifs : Les objectifs poursuivis dans cette thèse visent à : 1) évaluer les effets de la
violence sexuelle liée au conflit sur la santé reproductive; 2) évaluer les effets de la violence
sexuelle liée au conflit sur la santé mentale en termes de sévérité des symptômes de stress
posttraumatique (PTSD), de sévérité des symptômes de détresse psychologique et de
probabilité de souffrir de troubles mentaux communs (TMC); 3) évaluer la contribution des