Laurens-Berge V. – Fiche de lecture : Le capitalisme est-il moral ? – Avril 2008
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1. André Comte-Sponville et son œuvre
1.1. Le bonheur avant tout
André COMTE-SPONVILLE est né à Paris en 1952. Ancien élève de l'Ecole Normale
Supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de philosophie, il a été maître de conférences à la
Sorbonne jusqu’en 1998 et Docteur Honoris Causa de l'Université de Mons-Hainaut, en
Belgique. En 1998, il démissionne de l’Université de Paris I pour se consacrer exclusivement
à l'écriture et aux conférences qu’il dispense dans des cadres et devant des publics très divers.
Depuis 1995, André Comte-Sponville a publié une trentaine d’ouvrages
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dont les qualités
pédagogiques ont rapidement conquis le grand public. En outre, il a dirigé notamment trois
numéros de la Revue internationale de philosophie, consacrés à Montaigne (n° 181, 1992), à
Pascal (n° 199, 1997), et à Alain (n° 215, 2001). Il publie également de nombreux articles
dans la presse grand public (L'Express, Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Monde, Le
Figaro, Psychologies ...). André Comte-Sponville a été nommé membre du Comité consultatif
national d'éthique le 4 mars 2008 par Nicolas Sarkozy.
L’œuvre d’André Comte-Sponville est fortement imprégnée de l’influence de ses maîtres à
penser, au premier rang desquels Epicure, les Stoïciens, Montaigne et Spinoza. Ayant « perdu
la foi » à l’âge de dix-huit ans, André Comte-Sponville se dit également proche de la tradition
matérialiste et sceptique, tout en se définissant lui-même comme un « athée fidèle » dans la
mesure où il s’inscrit dans l’histoire des valeurs judéo-chrétiennes. Philosophe humaniste, sa
réflexion porte surtout sur l’idée de bonheur et la recherche de la sagesse : selon lui, «Qu'est-
ce qu'être heureux ?» doit être la première question philosophique. Cherchant ainsi à renouer
avec l'idéal ancien de sagesse tout en assumant les défis de la modernité (tels qu'on les voit
apparaître chez Nietzsche, Marx et Freud)
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, il propose une métaphysique matérialiste, une
éthique humaniste et une spiritualité sans Dieu. Fidèle à la tradition matérialiste, l’auteur
dénonce les illusions ou espérances spontanées de l'homme, qui, selon lui, éloignent de la
sagesse. L’idée de bonheur chez Comte-Sponville se rapproche en fait du concept d’ataraxie
développé par les philosophes antiques. Il s'agit de connaître et de vouloir, de « comprendre la
réalité de nos désirs, plutôt que prendre nos désirs pour la réalité», pour atteindre le bonheur
dans un élan constant de lucidité.
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Cf. Bibliographie. Le petit traité des grandes vertus, publié en janvier 1995 a été vendu en France en 300 000
exemplaires et traduit en 24 langues
2
Octobre 2002 - Traité du désespoir et de la béatitude, Paris, PUF, 707 p.