REVUE ALGERIENNE DE PHYSIQUE VOLUME 2, NUMERO 1 2015 ANALYSE DES SPECTRES DE TRANSMITTANCE DES COUCHES MINCES PAR UNE MODELISATION MATHEMATIQUE APPROPRIEE A. Mahdjoub*, H. Moualkia, L. Remache et A. Hafid Laboratoire des Matériaux et Structure des Systèmes Electromécaniques et leur Fiabilité (LMSSEF) Université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi, Algérie. (Reçu le 06 Février 2015 ; accepté le 15 Avril 2015 ; publié en ligne le 18 Avril 2015) RESUME : La recherche dans le domaine des couches minces attire de plus en plus de chercheurs dans le monde. Les propriétés physiques des couches minces nécessitent l’utilisation de différentes techniques de caractérisation. Parmi les plus utilisées, la mesure de la transmittance spectrale des films minces déposés sur substrats transparents permet d’accéder facilement aux propriétés optiques du matériau déposé. Une analyse mathématique bien adaptée permet de déterminer l’épaisseur du film, la dispersion de ses indices optiques, la présence éventuelle de porosité, de rugosité, d’inhomogénéité etc. La technique consiste à calculer un spectre de transmittance à partir d’hypothèses préalablement choisies en adéquation avec le système optique étudié et à ajuster les paramètres de manière à obtenir la meilleure superposition avec le spectre mesuré. Le modèle théorique qui permet le calcul de ces spectres est basé sur la transmission d’une onde électromagnétique dans un milieu stratifié. La formulation matricielle simple permet un usage très souple et adaptable à différents systèmes optiques rencontrés lors des réalisations technologiques. Nous présentons dans ce travail, à titre d’exemple, l’analyse de couches minces de ZnO, MgO, CdS et MgF2, déposées sur un côté du substrat ou sur les deux côtés, selon la technique de dépôt, pour différentes épaisseurs en soulignant l’influence de certaines particularités morphologiques des films déposés. MOTS- CLES : Transmittance, couche mince, indices optiques, milieux stratifiés, diffusion, rugosité. I. INTRODUCTION L’exploitation des propriétés spécifiques des couches minces est devenue l'une des voies les plus importantes du progrès technologique [1]. La maitrise de ce type de technologie passe par une caractérisation pointue à toutes les étapes du processus. La spectroscopie d’absorption optique dans la gamme UV-Visible-NIR est l’une des techniques les plus utilisées pour l’analyse les propriétés optiques des couches minces. La mesure spectroscopique de la transmittance permet de déterminer l'épaisseur, la dispersion des indices optiques ainsi que le gap optique du film déposé [2], [3]. Des modèles théoriques ont été proposés et améliorés pour s’approcher le plus possible des spectres mesurés. Le modèle le plus connu est sans doute celui de Swanepoel [4]-[6]. La base de tous ces travaux est la transmission d’une onde électromagnétique à travers un système optique multicouche. La formulation matricielle très simple permet une souplesse d’utilisation très appréciable [7]. L’ajustement d’un spectre de transmission optique calculé au spectre mesuré permet de (*) Auteur correspondant, [email protected] déterminer les épaisseurs et la dispersion des indices optiques des matériaux constituant les différentes strates. Selon la technique de dépôt le film peut croitre sur un côté du substrat (spray-pyrolyse, pulvérisation cathodique etc.) ou sur les deux côtés du substrat (Bain chimique, ‘dip coating’ etc.) [8]. Dans chacun des cas, le spectre de transmittance sera modélisé différemment. Le but de ce travail est d’étudier les variations relevées sur ces spectres pour différents matériaux tels que ZnO, MgO, CdS et MgF2. II. APPROCHE THEORIQUE Une onde électromagnétique qui traverse un système optique multicouche sous incidence normale peut être réfléchie ou transmise à chaque interface, partiellement absorbée et retardée en volume par les différents matériaux constituant les couches [7]. Une partie seulement de cette onde sera transmise au capteur optique du spectrophotomètre. Un milieu donné est représenté optiquement par son indice optique complexe qui varie en fonction de la longueur d’onde : 30 © 2015 Association Algérienne de Physique Mahdjoub, Moualkia, Remache et Hafid ~ N (λ ) = N (λ ) − i.K (λ ) Rev. Alg. Phy., Vol.2, N°1, 2015 (1) t 01S = Le coefficient d’extinction K est lié au coefficient d’absorption (α) du matériau pour chaque longueur d’onde (λ) : λ (2) K (λ ) = .α (λ ) 4π Considérons le système optique constitué d’une couche mince déposé sur un substrat supposé semiinfini : T01S = (3) ~ N 0 ( E − E ) = N 1 ( E1+ − E1− ) (4) − 0 ~ E 0− N 0 − N1 = ~ E 0+ N0 +N1 E+ 2N0 t 01 = 1+ = ~ E0 N0 +N 1 • (5) − S E +E =E + S ~ N1 ( ES+ − E1− ) = N S E S+ (7) (8) Les coefficients de Fresnel s’écrivent : r1 S = t1S = ~ N1 − N S E 1− = ~ E 1+ N1 +N S E S+ 2 N1 = ~ + E1 N1 + N S ~ 2πN1d1 λ = NS t 01S N0 2 (14) B0 E + C0 E 2 − B.E + C (17) B0 = B2 2 − + E g .B − E g + C 2 4C − B 2 (18) C0 = B 2 ( E g + C ) − 2 Eg .C 2 4C − B (19) 2A 2A 2 Le spectre de transmittance calculé à partir d’hypothèses adaptées pourra être ajusté à un spectre mesuré pour déterminer les paramètres optiques d’un système optique réalisé expérimentalement. L’ajustement est obtenu en minimisant l’erreur quadratique moyenne : 1 P (20) χ 2 = ∑(TExp − TTh )2 P j =1 P étant le nombre de points mesurés constituant le spectre de transmittance. Le choix des hypothèses est décisif pour le succès de l’ajustement. Les valeurs des paramètres définissant le système optique doivent être vraisemblables. (9) (10) L’effet de l’épaisseur (d1) de la couche mince sur l’onde électromagnétique est traduit par une atténuation exponentielle : (11) E1+ ( z = d1 ) = E1+ ( z = 0).exp(−iβ1 ) β1 = + 2 0 N ( E ) = N inf + (6) Interface couche mince/substrat : + 1 2 Remarquons au passage que cette expression est symétrique c'est-à-dire que : (15) T01S = TS 10 Pour calculer la transmittance d’un système optique hypothétique, il suffit donc de connaitre les indices optiques et les épaisseurs des différentes couches de celui-ci. Les indices des matériaux de référence sont publiés dans des ‘handbooks’ d’optique comme celui de Palik [11]. Pour les matériaux d’indices optiques inconnus, on utilise des modèles mathématiques comme ceux de Cauchy, Sellmeier etc. [12]. Le modèle de ForouhiBloomer [13], utilisé dans ce travail, est déduit des équations de Kramers-Kronig [2]. La formulation simplifiée (pour un oscillateur), définit la dispersion des indices optiques à partir de cinq paramètres (A, B, C, Eg et Ninf) ayant des significations physiques [14], [15]. Pour chaque énergie E=hν supérieure au gap Eg le coefficient d’extinction K est donné par la relation (sinon K est nul): A( E − E g ) 2 (16) K (E) = 2 E − B.E + C On déduit alors l’indice de réfraction n (E) : Les coefficients de Fresnel s’écrivent : r01 = N S . E S+ N0. E Les coefficients de réflexion et de transmission de Fresnel aux interfaces sont obtenus en appliquant la conservation des composantes transversales des champs électrique et magnétique [9], [10]. • Interface air/couche mince : + 0 (13) La transmittance (accessible par la mesure) est exprimée par le rapport des intensités lumineuses transmise et incidente [10]: Figure 1 : Transmission d’une onde électromagnétique à travers un système Air/Couche mince /Substrat E0+ + E0− = E1+ + E1− E S+ t .t . exp(−iβ1 ) = 01 1S + E0 1 + r01 .r1S . exp(−2iβ1 ) (12) Le coefficient de transmission pour tout le système optique sera donc : 31 Analyse des spectres de transmittance des couches minces … Rev. Alg. Phys., Vol. 2, N° 1, 2015 La figure 3 montre un bon accord entre les spectres mesurés et calculés. L’ajustement des spectres calculés aux spectres mesurés permet de déterminer les indices optiques des substrats utilisés (figure 4). On peut remarquer, à ce stade de l’étude, que le seuil d’absorption du quartz permet de mieux explorer le domaine des ultraviolets et que sa transmittance plus élevée indique un indice de réfraction légèrement plus faible que celui du verre utilisé. Dans la zone transparente, les pertes en transmittance enregistrées (inférieures à 10%) sont essentiellement dues à la réflexion. Pour étudier les spectres de transmittance des couches minces, on doit impérativement connaitre les caractéristiques optiques des substrats sur lesquels sont déposées celles-ci. En général, on utilise des lames de microscope ordinaires en verre (sodalime glass) transparent dans le visible mais qui absorbent dans l’ultraviolet (longueurs d’ondes inférieures à 300nm). On peut utiliser des substrats de meilleure qualité (plus chers) en quartz ou en silice fondue, présentant une gamme de transparence plus large (absorbants pour des longueurs d’ondes inférieures à 200nm). 100 Th-Quartz Exp-Quartz T (%) III. TRANSMITTANCE D’UN SUBSTRAT TRANSPARENT 80 Th-Lamelle Exp-Lamelle 60 40 20 Figure 2 : Transmission de la lumière par un substrat d’épaisseur finie ds 200 2 N S 2N 0 ~ N0 N0 +N s ~ 4N 0 N s = ~ N0 +N s ( exp(−α S .d s ) ~ N 0 2N S ~ N S N0 +N s 2 600 800 1000 1200 Coefficient d'extinction k 1,5 0,0020 Indice de réfraction n 2,0 n-Verre n-Quartz 0,0015 0,0010 0,0005 k-Verre k-Quartz 0,0000 1,0 200 400 600 800 1000 1200 Longueur d'onde (nm) Figure 4 : Indices optiques des substrats en verre et en quartz 2 (21) Les indices obtenus pour la lame de quartz sont comparables à ceux publiés par Malitson [17]. Les indices du verre sont déterminés pour les longueurs d’ondes supérieures à 290nm pour lesquelles la transmittance n’est pas nulle. Les indices de réfraction trouvés sont légèrement supérieurs à ceux publiés par Rubin [18]. Les indices du verre varient d’un fabricant à un autre selon le processus de fabrication. Pour cela il est recommandé de déterminer les indices des substrats de verre qu’on utilise. 2 ) 400 Figure 3 : Transmittance de substrats en verre et en quartz La lumière incidente traverse donc la première interface, le volume du substrat est franchit la deuxième interface pour arriver au capteur du spectrophotomètre. L’épaisseur du substrat dS étant très grande par rapport aux longueurs d’ondes utilisées, les interférences entre les réflexions aux deux faces du substrat n’engendrent pas de franges discernables par les spectrophotomètres disponibles. Le système sera donc divisé en trois parties : la face avant, le volume du substrat et la face arrière. Les deux transmittances des faces seront déduites des expressions (13) et (14) en mettant d1=0. Le substrat n’interviendra que pour atténuer l’onde électromagnétique dans son domaine d’absorption [16]. On obtient donc : T0 S 0 = Longueur d'onde (nm) 0 exp( −α S .d s ) Des spectres de transmittance ont été relevés sur une lamelle de verre (sodalime glass) et une lame en quartz (Ref : GE 124) de 200µm et 1mm d’épaisseurs respectivement. Un spectrophotomètre JASCO 630 couvrant la gamme de longueurs d’ondes comprises entre 190nm et 1100nm a été utilisé. 32 Rev. Alg. Phy., Vol.2, N°1, 2015 IV. TRANSMITTANCE D’UNE COUCHE MINCE DEPOSEE SUR UN SEUL COTE DU SUBSTRAT 100 T (%) Mahdjoub, Moualkia, Remache et Hafid ZnO-60min ZnO-Th-297nm Substrat en verre 80 Pour certaines techniques de dépôt de couches minces, la croissance se fait sur un seul côté du substrat, comme c’est le cas du ‘Spin coating’ ou du ‘spray pyrolysis’ etc. Dans ce cas la lumière incidente traverse la couche déposée, le substrat pour franchir finalement l’interface substrat-air (figure 5). ZnO-20min ZnO-Th-109nm 60 ZnO-10min ZnO-Th-45nm 40 20 Longueur d'onde (nm) 0 200 400 600 800 1000 1200 Figure 6 : Transmittance de ZnO déposé sur un seul côté du substrat. Des temps de dépôt entre 10 et 60min permettent de faire varier l’épaisseur Des franges d’interférences liées à l’épaisseur de ZnO indiquent que plus l’épaisseur est grande plus les franges se resserrent. Le seuil d’absorption situé à 375nm correspondant au gap de ZnO de 3.3eV [19]. Entre le seuil d’absorption du verre (290nm) et celui de ZnO (375nm), l’absorption de la lumière incidente n’est pas totale dans le cas des faibles épaisseurs. Ce comportement peut aussi se produire pour des épaisseurs plus grandes si la couche déposée présente des zones du substrat dégarnies ou faiblement recouvertes. Dans le modèle théorique cela peut être simulé par une fraction x de la surface du substrat sans couche mince. La transmittance sera alors calculée comme suit : Figure 5 : Couche mince déposée sur un seul côté du substrat En utilisant les formules (13) et (21) on peut exprimer la transmittance du système comme suit : 2 ~ t 01 .t1S . exp( −iβ1 ) 2N S exp( −α S .d S ) ~ 1 + r01 .r1S . exp( −2iβ1 ) N0 + N S 2 (22) Des spectres de transmittance ont été relevés sur des couches minces de ZnO déposés par ‘Spray pyrolysis’ sur des lames de verre (sodalime glass) similaire à celui étudié au paragraphe précédent. L’utilisation d’une lame de verre comme référence pendant la mesure de transmittance sur des couches minces est à éviter car cela fausse les mesures pour les longueurs d’ondes inférieures à 290nm (le seuil d’absorption du verre conduit à une division par zéro T=Iech/Iref). Différentes épaisseurs de ZnO ont été déposées (temps de dépôt variable) pour permettre de suivre l’évolution des spectres de transmittance. Des spectres calculés ont été ajustés avec succès (χ2 comprise entre 10-4 et 10-5) et ont permis de déterminer les épaisseurs indiquées dans la figure 6. T (λ ) = x. T0 S 0 ( λ ) + (1 − x ) T01S 0 (λ ) (23) On peut souligner au passage que le modèle de Swanepoel [4]-[6] ne permet pas de simuler les mesures dans cette partie des spectres. 2,5 0,5 0,4 N-Palik 2,0 0,3 Nexp-ZnO n k T01S 0 = 0,2 1,5 0,1 Kexp-ZnO 1,0 300 0,0 400 500 600 700 800 900 1000 1100 longueur d'onde (nm) Figure 7 : Indices optiques de ZnO 33 1200 Analyse des spectres de transmittance des couches minces … Les indices optiques de ZnO représentés dans la figure 7 sont comparables à ceux publiés par Palik [11]. Souvent les indices relevés sur les couches minces sont légèrement inférieurs aux valeurs de référence. Les films déposés seraient donc poreux [20]. On peut étudier des matériaux à plus large gap mais dans ce cas il faut utiliser un substrat adéquat (tel que le quartz). Prenons le cas de l’oxyde de magnésium (MgO) déposé par ‘spray pyrolysis’ sur des lames en quartz. V. TRANSMITTANCE D’UNE COUCHE MINCE DEPOSEE SUR LES DEUX COTES DU SUBSTRAT Il existe des techniques de dépôt de couches minces pour lesquelles la croissance du film se fait sur les deux côtés du substrat (Dépôt par bain chimique, le ‘Dip Coating’ etc.). Quartz T (%) 100 Rev. Alg. Phys., Vol. 2, N° 1, 2015 80 TH-135nm MgO-60min Th-75nm MgO-30min 60 40 20 Figure 10 : Couche mince déposée sur les deux côtés du substrat Longueur d'onde (nm) 0 200 400 600 800 1000 1200 La lumière incidente traverse la couche déposée, le substrat et ensuite la couche déposée sur l’autre face du substrat. L’expression de la transmittance sera donc donnée par : Figure 8 : Transmittance de MgO déposé sur un seul côté du substrat. Des temps de dépôt de 10 et 60min permettent de faire varier l’épaisseur N T01S 0 = S N0 Le gap situé à la limite de transparence du quartz et de mesure du spectrophotomètre, est estimé à 5.5eV. Les indices optiques de MgO représentés dans la figure 9 sont comparables aux valeurs publiées par Palik [11]. 2,00 0,4 n 1,75 N-Palik 0,3 1,50 0,2 k 1,25 Kexp 0,1 0,0 1,00 200 400 600 800 1000 4 (24) Des spectres de transmittance ont été relevés sur deux couches minces de CdS déposé par bain chimique sur les deux côtés d’une lame de verre. L’ajustement des spectres théoriques a permis de déterminer les épaisseurs indiquées sur la figure 11. On observe une bonne concordance entre la mesure est les calculs (χ2 comprise entre 10-4 et 10-5). Les franges d’interférence ont une amplitude plus grande pour deux raisons. L’indice de réfraction plus élevé de CdS et le dépôt sur les deux faces (ce comportement sera mieux expliqué plus loin). La transmittance maximale a diminué comparativement à celle relevée sur ZnO et MgO. Le seuil d’absorption situé à 500nm correspond bien au gap de CdS (2.48 eV) [21]. Entre le seuil d’absorption du verre (290nm) et celui de CdS (500nm), l’absorption de la lumière incidente n’est pas totale dans le cas des faibles épaisseurs (et/ou existence de zones du substrat faiblement recouverte par CdS). Cependant pour CdS déposé sur les deux faces du substrat, ce comportement a tendance à être moins prononcé que pour la figure 6. 0,5 Nexp 2 t 01 .t1S . exp(−iβ 1 ) exp(−α S .d S ) 1 + r01 .r1S . exp(−2iβ1 ) 1200 Longueur d'onde (nm) Figure 9 : indices optiques de MgO L’amplitude des franges d’interférence est plus faible que celle observée pour ZnO car l’indice de réfraction de MgO est plus faible, donc plus proche de celui du substrat. On déduit donc que plus les indices de réfraction de la couche et du substrat sont différents plus l’amplitude des franges d’interférence est grande. 34 Mahdjoub, Moualkia, Remache et Hafid sur les pertes par réflexion liées aux d’indices de réfraction du système film déposé-substrat. MgF2 joue le rôle de couche antireflet (diminue la réflexion) et permet ainsi d’augmenter la transmission de la lumière. D’autre part, les seuils d’absorption de MgF2 et MgO ne peuvent pas être observés car ils sont situés à des longueurs d’ondes inférieures aux 290nm que permet d’atteindre un substrat en verre. CdS sur les 2 côtés du substrat T (%) 100 Rev. Alg. Phy., Vol.2, N°1, 2015 Substrat en verre 80 Exp-15min Th-73nm 60 Exp-30min Th-102nm 40 20 Longueur d'onde (nm) 0 200 400 600 800 1000 1200 Couches minces déposées sur un côté du substrat T (%) 100 80 Figure 11 : Transmittance de CdS déposé sur les deux côtés du substrat. Des temps de dépôt de 15 et 30min permettent de faire varier l’épaisseur Substrat en Verre 500nm MgF2 500nm MgO 500nm CdS 500nm ZnO 60 40 3,0 1,4 Nexp 20 1,2 2,5 N-Palik 1,0 longueur d'onde (nm) n 0 200 0,8 2,0 600 800 1000 1200 Figure 13 : Transmittance calculées de couches minces déposées sur un côté d’un substrat en verre 0,6 Kexp 400 k 0,4 K-Palik Il est toujours intéressant de tracer le spectre de transmittance du substrat utilisé pour se rendre compte de la qualité des couches déposées. Pour des couches parfaites, les spectres de transmittances touchent le spectre du substrat quelque soit le matériau et pour les dépôts sur un côté ou sur les deux côtes du substrat. Plus l’indice de réfraction de la couche déposée s’éloigne de celui du substrat plus l’amplitude des franges d’interférences est grande. Ces franges sont d’autant plus rapprochées que l’épaisseur optique (Ncouche x dcouche) est grande. 0,2 0,0 1,0 200 400 600 800 1000 1200 Longueur d'onde (nm) Figure 12 : Indices optiques de CdS Les indices optiques obtenus (figure 12) sont comparables à ceux publié par Palik [11]. Le modèle théorique proposé ayant ainsi été largement validé par confrontation aux mesures expérimentales, il va permettre dans ce qui suit de tirer les tendances générales qui gèrent les modifications des spectres de transmittances qu’on observe sur des couches minces. 100 Couches minces déposées sur les deux côtés du substrat T (%) 1,5 80 VI. SPECTRES DE TRANSMITTANCES CALCULES POUR DES COUCHES MINCES PARFAITES 60 Des spectres de transmittances ont été calculés pour des couches minces parfaites de 500nm déposées sur un côté ou sur les deux côtés d’un substrat en verre. Pour élargir l’étude on ajoute aux trois matériaux déjà étudiés (ZnO, MgO et CdS) le cas du fluorure de magnésium (MgF2) particulièrement intéressant pour son indice de réfraction inférieur à celui du verre. Dans ce cas particulier (figure 13) les franges d’interférences se retrouvent situées au dessus du spectre de transmittance du substrat en verre. Ce comportement qui apparait clairement dans le travail de Woo et al. [22] nous permet d’attirer l’attention Substrat en Verre 500nm MgF2 500nm MgO 500nm CdS 500nm ZnO 40 20 longueur d'onde (nm) 0 200 400 600 800 1000 1200 Figure 14 : Transmittance calculées de couches minces déposées sur les deux côtés d’un substrat en verre Le nombre des franges et leur amplitude permettent de déterminer sans aucune ambiguïté l’épaisseur de la couche et la dispersion de son indice de réfraction. 35 Analyse des spectres de transmittance des couches minces … VII. DEFAUTS QUI AFFECTENT LES SPECTRES DE TRANSMITTANCE 100 Il est rare d’observer des spectres aussi parfaits que ceux présentés dans le paragraphe précédent, surtout quand on utilise des techniques de dépôt sous atmosphère non contrôlée ou en milieu liquide. L’inhomogénéité en surface des dépôts pose souvent problème. Des zones du substrat peuvent être faiblement recouverte alors que d’autres le sont plus. Dans le ‘dip coating’ la gravitation donne des épaisseurs plus importantes vers la partie basse du substrat alors que pour le ‘spray pyrolysis’ l’épaisseur est plus importante vers le centre du jet. La figure 15 montre une diminution de l’amplitude des franges d’interférence si l’épaisseur n’est pas la même sur toute la surface de l’échantillon. La transmittance qui varie en fonction de l’épaisseur (T(d1)), est alors représentée par la moyenne des valeurs calculées autour d’une épaisseur (d1±∆d1). La transmittance sera exprimée par [2], [23] : 1 d +∆d (25) Tmoy = T (d1 ).∂d1 2∆d1 ∫d −∆d 100 Substrat en verre 5,3% d'amélioration 80 60 à 10cm du détecteur Sur le détecteur 40 20 0 200 Longueur d'onde (nm) 400 600 800 1000 Figure 16 : Perte par diffusion relevée sur des couches minces de CdS Pour mettre en évidence ces pertes par diffusion on a relevé deux spectres de transmittance sur une même couche de CdS : Pour la première mesure l’échantillon est disposé à 10cm du détecteur alors que pour la seconde mesure on le met directement sur le photodétecteur. La figure 16 montre une diminution de la tranmittance si l’échantillon est éloigné du photodétecteur. On gagne 5.3% de transmission si on rapproche l’échantillon du détecteur. Il est clair que la récupération de la lumière diffusée dans toutes les directions est pratiquement impossible. On peut s’attendre à ce que les pertes par diffusion soient plus importantes si la couche diffusante est déposée sur les deux côtés du substrat. 1 1 T (%) 1 T (%) nanorugosité) peut aussi modifier les spectres de transmittance. On peut alors observer des atténuations dans l’amplitude des franges d’interférence. Dans ces situations, la détermination des épaisseurs et des indices optiques peut être affectée de beaucoup d’erreurs. Les grains des couches polycristallines, les impuretés ou les défauts dont la taille est du même ordre de grandeur que les longueurs d’ondes utilisées peuvent introduire une diffusion dite de Mie [24] qui cause des pertes dans la quantité de lumière transmise au détecteur du spectrophotomètre. Certains appareils disposent de porte-échantillons positionnés à proximité du photodétecteur pour minimiser les pertes par diffusion. L’amplitude des franges d’interférence est plus prononcée pour les dépôts qui se font sur les deux côtés du substrat (figure 14). Ce comportement peut pousser certains chercheurs à croire que des couches déposées sur les deux côtes d’un substrat (exemple par ‘dip-coating’) sont de meilleure qualité que celles déposées sur un seul côté (par ‘spraypyrolysis’ par exemple) car les franges d’interférences sont plus prononcées. Il est clair que plus les spectres mesurés s’éloignent de ces lignes de comportement plus on devra tenir compte de certains défauts qui affectent la qualité des couches minces déposées. 1 Rev. Alg. Phys., Vol. 2, N° 1, 2015 Substrat-Verre 80 ZnO-500nm 60 ZnO-500nm+/-100nm 40 20 VIII. CONCLUSION 0 200 Longueur d'onde (nm) 400 600 800 1000 L’utilisation d’un modèle mathématique simple, basé sur la transmission d’une onde électromagnétique dans un système optique multicouche, permet d’analyser les spectres de transmittance d’une manière plus rigoureuse pour extraire le plus d’informations possibles sur les couches minces étudiées. L’épaisseur et la dispersion des indices optiques sont directement 1200 Figure 15 : Effet d’une épaisseur variable sur la transmittance d’une couche mince de ZnO déposé sur les deux côtés du substrat La porosité de certaines couches donne aux matériaux des indices optiques plus faibles. La rugosité de la surface (microrugosité ou 36 Mahdjoub, Moualkia, Remache et Hafid Rev. Alg. Phy., Vol.2, N°1, 2015 accessibles, d’une manière fiable, si certaines précautions sont prises. Une bonne interprétation des spectres mesurés permet de cerner les défauts qui affectent la qualité des couches déposées pour les éliminer. Le choix du substrat, l’analyse de son spectre de transmittance et la manière de l’utiliser comme repère facilitent l’exploitation des spectres mesurés. La technique de dépôt (sur un côté ou sur les deux côtés d’un substrat) est à prendre en considération pour une bonne exploitation des spectres mesurés. Une étude morphologique de la rugosité, la granulométrie et de l’homogénéité de la surface, par imagerie optique permet certainement une meilleure interprétation des mesures spectrales. Une combinaison judicieuse de méthodes de caractérisation complémentaires permet une utilisation optimale des moyens d’analyse disponibles. [7] R. M. A. Azzam and N. M. Bashara, ellipsometry and polarized light (north Holland, 1977). [8] K. Seshan, Handbook of Thin Film Deposition (Elsevier, Amsterdam, 2012). [9] M. Born and E. Wolf, Principles of Optics (Pergamon Press, 2003). [10] H. A. Macleod, Thin-Film Optical Filters (CRC Press Taylor & Francis Group, 2010). [11] E. D. Palik, Handbook of Optical Constants of Solids (Academic Press, 2012, Vol. I). [12] F. A. Jenkins and H. E. White, Fundamentals of Optics, (McGraw-Hill, Auckland, 1981, p. 482). [13] A. R. Forouhi and I. Bloomer, Phys. Rev. B 34, 7018 (1986). [14] I. Bloomer and R. Mirsky, Photonics Spectra 36, 86 (2002). [15] Z. H. Dai, R. J. 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M. tient particulièrement à remercier les responsables, chercheurs et techniciens qui ont participé à l’accomplissement de ce travail. [1] H. S. Nalwa, Handbook of Thin Film materials (Academic Press, 2002). [2] J. Singh, Optical Properties of Condensed Matter and Applications ( John Wiley & Sons, 2006). [3] M. Gholami, J. Basic. Appl. Sci. Res. 2, 3563 (2012). [4] R Swanepoel,, J. Phys. E: Sci. Instrum. 16, 1214 (1983). [5] E. R. Shaaban, I. S. Yahia and E. G. ElMetwally, Acta Phys. Polon. A 121, 628 (2012). [6] D. Poelman and P.F. Smet, J. Phys. D: Appl. Phys. 36, 1850 (2003). 37