Fribourg, une utopie, une référence ou simplement une volonté

Fribourg, une utopie, une référence ou simplement
une volonté publique de donner du sens au mot
durable ?
Située à 45 minutes de la frontière franco-allemande, la ville de Fribourg
(210 000 hab.) est impliquée depuis trente ans dans la prise en compte des axes
de développement durable (transports et déplacements, énergie, eau,…) pour
l'aménagement de son territoire et de sa région.
En 1975, ils étaient 28 000 à dire non à un projet de centrale nucléaire, et,
ensuite citoyens et élus ont relevé un défi : Fribourg et sa région sont devenus
un modèle de ville et de région "durable". Elle est reconnue "capitale écologique"
de l'Allemagne et fait figure de proue au niveau international en tant que centre
de compétences pour l'énergie solaire. A l'heure actuelle, 10 000 emplois sont
liés directement aux activités environnementales dans la région de Fribourg et
170 000 dans l'ensemble de l'Allemagne. L'industrie allemande de fabrication de
cellules solaires photovoltaïques approvisionne 25% du marché mondial.
Ces dernières années, beaucoup de Français se rendent à Fribourg pour
constater et, espérons s'inspirer prochainement des réalisations.
Les 18, 19 et 20 janvier 2007, nous étions de ceux-là. Le car a embarqué
des participants à 5h00 à Vic le Comte et terminé son chargement à 6h00 à
Riom. Nous étions 29 d'horizons divers (associations, agriculteurs, bureaux
d'études).
Nous sommes arrivés à Fribourg vers 14 h 30 et nous nous sommes installés
à l'Hôtel "Stadhotel" (2 étoiles).
L'hôtel qui nous a accueillis avait choisi d'utiliser des produits issus de
l'agriculture biologique pour la préparation des petits déjeuners en 2006. En
raison du degré de satisfaction des clients, la direction a décidé de préparer
tous les repas à base de produits biologiques en 2007. Les produits des
producteurs de la région sont privilégiés, excepté en hiver où ils viennent parfois
d'Italie aussi issus de l'agriculture biologique. Pour l'instant c'est le seul
restaurant de Fribourg qui utilise 100% de produits biologiques. La clientèle du
restaurant s'est modifiée, ce sont plus souvent des personnes avec des
problèmes de santé (allergies) qui le fréquentent.
Cette remarque doit nous faire réfléchir, les "produits bios" consommés
régulièrement n'éviteraient-ils pas certains problèmes de santé ?
Après une présentation de chaque association et de chaque membre du
groupe nous allons découvrir le centre ville de Fribourg. Le centre ville est
piétonnier, seuls circulent de nombreux tram et des vélos. Il y a peu de bruit et
il est très agréable de flâner.
A 19 h 00, dans la salle de restauration qui nous est réservée, le guide de
Fribourg Futour nous souhaite la bienvenue et nous présente le programme
(marathon) des visites de vendredi 19 et samedi matin 20janvier.
Après un excellent dîner, un bon sommeil réparateur sous la couette !
Le petit déjeuner sous forme de buffet propose une très grande gamme de
produits bios salés, sucrés, fruits, céréales, charcuteries, œufs, jus de fruits et
légumes de bonne qualité gustative.
Programme de Vendredi 19 janvier
1. Visite d’une ferme conventionnelle - diversifiée dans la production d’énergie
et de tourisme.
2. Visite d’une ferme laitière en agriculture biologique
3. Visite d’une cuisine centrale qui prépare exclusivement des produits BIO
4. Test, en vraie grandeur, des produits élaborés par la cuisine centrale (repas)
5. Visite du quartier Rieselfeld
6. Visite d’une fabrique de modules solaires photovoltaïques-"Solar Fabrik"
7. Présentation de la politique de la ville autour des énergies renouvelables
Samedi 20 janvier
8. Visite du centre de formation pour la mise en œuvre des énergies
renouvelables.
9. Visite d’un hôtel qui utilise intégralement les énergies renouvelables.
10. Visite du quartier solaire
11. Visite du quartier Vauban.
1 - Exploitation agricole de Mr Riesterer à Oberried
http://www.steiertbartlehof.de/
Située dans un village de fond de vale (à 1/4 h de route de Fribourg), avec
des bâtiments d'habitation de taille conséquente et des bâtiments d'exploitation
traditionnels.
Quatre ateliers : bois, lait, tourisme et production d'énergie.
Mr Riesterer a 4 enfants. Sa femme et ses parents travaillent également
sur l’exploitation agricole dont il est propriétaire. Il pratique l’agriculture
conventionnelle.
Exploitation agricole de Mr Riesterer à Oberried 2
Il dispose d'une surface de 60 ha répartis en 20 ha de forêt, 35 ha de
pâtures et 5 ha de terres (culture de maïs). Il a choisi de diversifier son
exploitation pour "survivre".
Exploitation dans son ensemble Bâtiment d’élevage (au dos) et magasin de vente
1-1
L’exploitation agricole
Les animaux
30 vaches laitières de race Holstein vivent toute l’année à l’étable. On dit
qu’elles sont en "zéro pâturage". Leur alimentation est exclusivement à base
d’ensilage d’herbe et de maïs. En raison de la production d’énergie par la
réutilisation des déjections pour fabriquer du biogaz, les vaches ne sortent pas
au pré.
Les bâtiments d'exploitation
En 1945, un incendie avait détruit la totalité de l’exploitation. La nouvelle
construction fut prévue pour 40 vaches laitières. Toutefois, l’instauration des
quotas laitiers en 1984 limite sa production à 160 000 litres de lait par an.
Cependant, les animaux sont maintenant plus productifs. Il décide de réduire le
nombre de bêtes pour obtenir une quantité de lait identique. Le prix de vente du
lait est d’environ 0.27 € / kg, pour une production moyenne de 25 litres / jour /
vache. Soit environ entre 6 000 l et 7 000 l de lait par lactation et par vache
(remarque : production d'intensivité moyenne).. Pour vivre correctement,
lexploitant aurait besoin de 0.13 de plus / kg de lait car les coûts de
production augmentent.
En conséquence, Mr Riesterer a choisi la diversification.
1-2
La production d'énergie
Nous nous intéressons à la production d'énergie à partir des produits
résiduels de l'élevage des bovins: du biogaz transformé en électricité et de
l'utilisation des surfaces de toiture exposées au sud.
En 1999, Mr Riesterer se tourne vers un autre système de diversification :
le biogaz. Le principe de l'installation se fait à partir de la récupération des
Exploitation agricole de Mr Riesterer à Oberried 3
Schéma simplifié de l’installation du biogaz
déjections de ses vaches (lisier, fumier) et des refus d'alimentation, ils ont
encore un potentiel de 70 % d’énergie. On comprend pourquoi cet agriculteur a
opté pour le « 0 pâturage » car le temps passé au pré est une perte de
production de lisiers et de fumiers !
Le processus de digestion va se poursuivre par l’intermédiaire d’un
fermenteur. Ce dernier est une cuve en béton, avec une isolation de 10 cm
d’épaisseur, recouverte de bois. Le coût des matériaux pour la réalisation de
cette installation a été de
60 000 € avec en plus la main d’œuvre qui a représenté environ 700 heures
de travail par deux personnes de l'exploitation.
Une fois dans le fermenteur, les déjections sont malaxées pour être
homogénéisées, 5 min / h, puis chauffées à une température comprise entre 36
et 39 °C afin d’optimiser le
processus de fermentation par le
développement des micro-
organismes. 250 m3 de lisier doivent
être présents en permanence dans
le fermenteur. L’exploitant rajoute
environ 3 à 4 m3/ jour pour
"entretenir" la fermentation. Il se
produit alors un dégagement de
méthane. A partir de là plusieurs
étapes :
1° - Le méthane recueilli ne se
diffuse pas dans l’air puisque le fermenteur est hermétique, il n'y a donc pas de
gaz à effet de serre libérés. Ce gaz doit toutefois être débarrassé du soufre
qu’il contient. Pour cela, une pompe située dans le fermenteur injecte 8 litres
d’oxygène/ min.
Le méthane est alors transformé en électricité à l'aide d'un moteur diesel
capable de le brûler (consomme 1 l/h de mazout). L’exploitant en limite son
Local du moteur et du
fermenteur générateur
fermenteur
Cuve de récupération
des déchets du fermenteur
Exploitation agricole de Mr Riesterer à Oberried 4
fonctionnement à 16 h / jour car la taille de sa ferme ne lui permet pas
d’avantage. Le moteur entraîne un générateur qui produit 22 kW / h d'électricité
soit un peu plus de 100 000 kWh / an.
L’ensemble des besoins en électricité de cette famille (exploitation, gîtes,
consommation personnelle) avoisine les 35 000kwh/an. L’Etat lui rachète le
surplus de production à 0.16 € / kWh. Si éventuellement il n'avait pas assez de
production d'électricité elle lui serait alors fournie par le réseau.
2° – La récupération de la chaleur du moteur (cogénération) permet de
chauffer :
l’eau qui circule dans le serpentin situé dans le fermenteur et ainsi le
maintenir aux températures de 36 – 39 °C ,
l’eau chaude sanitaire et chauffage pour son habitation et ses gîtes
Un contrôle quotidien d’1/4 d’heure à ½ heure est nécessaire pour un bon
fonctionnement de cette installation.
3° – Les résidus de la fermentation sont collectés dans une cuve et ensuite
épandus dans les champs, même à proximité des habitations, car ils sont peu
odorants. Leur valeur fertilisante est élevée ce qui lui évite l’achat d’engrais. Ainsi
l'agriculteur fertilise ses parcelles à moindre coût. Il faut noter que ces résidus de
fermentation sont peu chargés en nitrates et c'est favorable pour les zones de
captage d'eau.
L'Allemagne comporte environ 4 000 installations de ce type, mais certaines
sont de taille industrielle et produisent du gaz à partir d'ensilage de maïs ;
l'agriculteur nous fait remarquer que cette production entre alors en
concurrence avec l'agriculture productrice de nourriture pour les hommes.
La production d’énergie en agriculture doit se faire par la valorisation des
produits résiduels (terme emprunté à Dany Dietmann- conférence, livre et
émission Terre à Terre) et l'utilisation des surfaces de toiture, et non aux
dépens d'autres productions agricoles vivrières.
En 2004, Mr Riesterer complète sa diversification énergétique et opte pour
l’installation de panneaux photovoltaïques (cf annexe 1) sur une surface de 180
m² (12 m x 15 m) du toit (côté sud) de son bâtiment d’élevage. Il obtient pour
une puissance de 18 kW en crête une production 17 000 kWh par an. L’inclinaison
du toit n’est pas optimale, mais la configuration de l’existant lui permet
d’obtenir un bon rendement. La forte pente évite malgré tout un enneigement
trop important.
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