PREEFACE
Je présente au lecteur un livre d’appel qui est en même temps
un livre de combat. Le regard que je pose sur l’homme et sur le
monde est un regard subjectif certes, par la force des choses, mais
je dénie au discours académique soi-disant neutre le monopole
de la lucidité.
La férocité de quelques passages n’est pas le résultat d’une
échappée passionnelle au contrôle de l’honnêteté, mais la pointe
qui traduit le bouillonnement juvénile du renouveau islamique
qui traverse la conscience longtemps endormie du monde
musulman. La vigueur que l’Islam porte en lui secoue l’apathie
des siècles ; ce monde musulman, qui a abrité la civilisation et
porté le ambeau de la culture pendant mille ans, a traversé
quatre siècles de régression; aujourd’hui, il renaît de ses
cendres. Le sursaut de l’Islam, qui effraie l’Occident prévenu
et mal disposé à oublier son passé colonial, annonce une ère
nouvelle pour l’homme, une civilisation à face humaine, non
l’avènement d’un fanatisme aveugle que l’Occident nous prête
par ignorance et par hostilité raciste.
Dans ce livre j’essaie de dessiner l’idéal islamique de
l’homme, de la société et de la présence au monde du peuple
islamique. Que l’exubérance du verbe ne cache point au lecteur
le l d’une exposition peut-être laborieuse mais qui a un but :
celui de rechercher la méthode islamique de faire la révolution.
Le Coran est ma seule vraie lecture, le Prophète et son action
mon seul modèle. Je ne sacrie à aucune mode et ne prétend
pas faire du style. Les hommes sur terre ont droit à connaître
la vérité sur l’Islam ; à d’autres je laisse le soin de décrire
l’état des peuples islamiques, de donner des statistiques et des
informations sur leur économie, leurs organisations politiques.
Je dis dans sa positivité la norme islamique et les moyens
susceptibles de mettre en oeuvre les forces renaissantes en vue
de la reconstruction. A partir de réalités médiocres, je recherche
la méthode de rompre avec la dynamique du modernisme creux
qui nous emporte pour initier une action libératrice orientée
vers la dignité et l’unité des peuples musulmans.
Il s’agit d’islamiser la modernité, non de moderniser l’Islam.
Les hommes sur terre ont droit à la vérité, à Dieu. Je dis
à travers les citations coraniques et celles du Prophète (mon
unique documentation) ma conviction et ma foi. Ce droit de
l’homme à Dieu ne peut être satisfait par un développement
d’idées remâchées, hypocritement saupoudrées d’objectivité. Je
présente mon témoignage enveloppé dans le langage d’origine
que j’essaie de traduire en une langue profane dont je n’ai pas
la pratique.
Pour dire la vérité sur Dieu, sur l’homme et son destin, sur le
sens, je ne dispose que de ma vérité. Mais il se trouve que c’est
la vérité d’un milliard d’hommes et de femmes sur terre. Pour
la mentalité moderne préoccupée de matérialisme, cette vérité
statistique donne du poids à l’Islam. La mentalité non lestée
et disponible à la communication trouvera dans le témoignage
d’un dèle matière à méditer sur soi tout en jetant un regard
frais sur le monde et en partageant un point de vue qui part
d’un contexte qui n’est pas le sien.
Ceci dit, ce livre se propose de dire l’Islam comme vision
du monde, comme volonté, comme rigueur morale, comme
intention de combat pour l’homme, pour la justice et pour la
paix.
Les éléments d’une théorie de l’Etat sont disséminés tout
au long de cinq chapitres consacrés, après une mise en train
introductive, aux principes, au modèle, à la loi et à la mutation
psychologique et éthique de la personne individuelle et de la
contexture sociale.
Je ne suis spécialiste de rien et n’ai pas le culte de la phrase
sophistiquée. Je livre la première mouture de ce texte écrit sous
pression. Je suis de ceux qui croient qu’en matière de témoignage,
le premier jet est le meilleur. Je n’ai pas usé des poncifs habituels
aux intellectuels et ne suis pas habile en composition didactique.
J’entends cet écrit comme une suite de variations rassemblées
autour du thème principal de la révolution islamique qui frappe
à la porte, comme une approche non dogmatique de la méthode
de mener cette révolution à bien.
Le choix d’une langue étrangère est justié par le souci que
j’ai d’ouvrir le dialogue avec nos « élites » occidentalisées qui
méprisent l’arabe comme la langue d’une plèbe arriérée et inapte
à la rationalité moderne. Ce choix se justie également par la
recherche de porter le témoignage de l’Islam à un public plus
large devenu soudain, après les événements d’Iran et la crise du
pétrole, attentif à cette portion importante de l’humanité qui
honore Dieu et qui réclame sa place au soleil.
Marrakech, le 1-7-1979.
CHAPITRE I
pages 1 à 43
« Rénover l’Islam »
Au nom de Dieu, le Compatissant, le Miséricordieux, p.1
– Trois critères, p.4 – Approches épistémologiques, p.7
– La civilisation occidentale en crise, p.9 – Jahiliya, p.9 –
Lutte et combat, p.13 – Fitna, p.15 – Mourouwa, p.19 – La
Promesse, p.21 – Tendances, p.22 Dés, p.29 Rupture,
p.32 – Question de méthode, p.38.
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