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- une parole : « laisse les morts enterrer les morts » (Mt 8,22) ; ce propos va à l’encontre de
la loi mosaïque et de la sensibilité gréco-romaine. Face à cette prescription il s’avère plus urgent de
suivre Jésus que de suivre la Loi. Jésus n’a pas commis de véritable transgression de la Loi en
dehors de la parole sur les morts. Jésus a aussi heurté nombre de ses contemporains, et en particulier
les milieux pharisiens en déclarant que les pécheurs entreraient dans le Royaume (Mt 21, 31-32).
2) L’œuvre monumentale de J.P. Meier.
De l’œuvre de Meier nous retenons deux traits : le caractère imminent du Royaume, mais
aussi le Jésus halakhique, c’est à dire attaché à la Loi et débattant de celle-ci (voir J. Schlosser, Le
Jésus halakhique de John P. Meier, Recherches de Science religieuse, 2009, p. 415-437). Halakha
désigne une règle de vie, une prescription qui règle la vie juive.
Meier, écrit dans le t. II : « à ce point de notre enquête, les données que nous possédons nous
amènent à voir en lui une sorte de fusion de prophète eschatologique, de baptiseur, d’exorciste, de
thaumaturge et guérisseur et de maître rabbinique enseignant la Loi ». Jésus ne peut pas être ramené
à une figure simple du judaïsme.
a) Les miracles appuient le caractère imminent du Royaume et le mettent en œuvre, telle est la
pensée de Meier
(Dossier : Christologie et histoire de Jésus. Le récit de miracle chez J.P. Meier, Recherches
de Science religieuse, Juillet-septembre 2009).
« Jésus agissait comme le prophète eschatologique (c’est à dire « des derniers temps ») ; il
proclamait la venue imminente de la souveraineté de Dieu et, par ses miracles, faisait de cette
souveraineté une réalité présente » (résumé du pt de vue de Meier par Gowler, p. 135) Les Douze
ont une dimension eschatologique. Jésus se situe dans la ligne de son maître Jean le baptiste.
Lc 11,20 est un témoin important pour exprimer l’aujourd’hui du Royaume : « si c’est par le
doigt de Dieu que je chasse les démons, alors le Règne de Dieu vient de vous atteindre ».
Selon Meier, les signes et les gestes de puissance de Jésus que nous appelons couramment
« miracles » constituent un élément essentiel pour tracer le portrait de Jésus ; il les passe au crible
de la critique. Il retient comme remontant à un geste de Jésus certaines guérisons comme par ex. la
guérison de l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52) ou des exorcismes comme Mc 9, 14-29 ; Lc 8,2 :
Marie la Magdaléenne. Sauf « Jésus nourrit les foules », Meier élimine tous les miracles sur la
nature.
Jésus, thaumaturge itinérant renvoie à Elie, Elisée.
b) Le vol. 4 de Meier présente un Jésus halakhique. « Le Jésus historique est le Jésus
halakhique », c’est à dire Jésus est un Juif pieux du 1
er
siècle qui a été au cœur de vifs débats sur la
Loi de Moïse ; il s’est soucié de proposer une interprétation de la Loi qui la rende praticable. Jésus
est en général respectueux de la Loi, expression de la volonté de Dieu. Il la contredit pourtant en ce
qui concerne le divorce (Mc 10, 1-12) et l’interdiction des serments (Mt 5, 33-37).
Selon Meier, le Jésus halakhique renverse la Loi en ce qui concerne le divorce, il est alors
comme le nouvel Elie rassemblant l’Israël de la fin des temps. Pour les serments Jésus contredit Ex
22, 10-11.
Jésus et les pharisiens ont beaucoup de pratiques et de pensées communes ; ces derniers
n’ont joué aucun rôle dans la mort de Jésus.
Jésus veut rendre le sabbat vivable (même projet que les Pharisiens, mais des solutions
différentes) ; jamais il ne s’en prend au sabbat comme tel. Jamais non plus Jésus ne s’en prend aux
traditions alimentaires (voir différence entre Mc 7,19b et Matthieu 15, 10-20 qui ne dit pas que
Jésus déclarait tous les aliments purs).
Inédit le commandement d’aimer ses ennemis (Mt 5, 43-48) (critère de dissemblance).