Compagnies indépendantes de théâtre
de Suisse romande
quelles possibilités d’amélioration
de la diffusion internationale ?
moire de Diplôme de formation continue en gestion culturelle
Violaine DuPasquier
Pré-Landry 47
2017 Boudry
Tél 079 220 01 49
13 juillet 2010 / 15 octobre 2010
Evaluateur : M. Eric Lavanchy
Expert : M. Claude Farine
Diplôme de formation continue en gestion culturelle organisé
par les Universités de Genève et Lausanne et l’association Artos
Session 2008-2010
Travail tiré à 3 exemplaires, envoyés à Eric Lavanchy, Claude Farine et Ana Rodriguez
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SOMMAIRE
1 Résumé 3
2 Problématique 4
3 Hypothèse 5
4 Terrain d’investigation 5
4.1 Compagnies concernées 5
4.2 Définition du mot indépendant 5
4.3 Aides et relais 6
5 Enquêtes 6
5.1 Parcours et regards de compagnies indépendantes
suisses romandes 7
5.2 Parcours et regards de personnalités du monde
du théâtre suisse romand 20
5.3 Clins d’œil de personnalités du théâtre français 34
5.4 Les soutiens à la diffusion et à la diffusion 34
5.5 Les relais / réseaux suisses et internationaux 41
6 Analyse 42
6.1 De la création à la diffusion 42
6.2 La diffusion internationale 45
6.3 Aides financières 47
7 Conclusion 48
7.1 Rencontres théâtrales 48
7.2 Une ambassade de la création artistique théâtrale suisse à Avignon 51
7.3 Vitrine du théâtre suisse romand au CCSP (Centre Culturel Suisse de Paris) 52
Entre ouvertures et contraintes
7.4 Fonds des théâtres suisses romands pour la diffusion 53
7.5 CORODIS + Organe de promotion et de diffusion des spectacles romands
extension des missions et actions de la CORODIS 54
7.6 Conclusion finale 56
8 Bibliographie / Sources 57
9 Lexique 57
10 Annexes - Questionnaire aux compagnies 57
11 Remerciements 57
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1 Résumé
Ce mémoire veut témoigner du parcours mené par les compagnies indépendantes de
théâtre de Suisse romande pour accéder au marché international et souhaite analyser de
quelle manière les aides à la diffusion peuvent être améliorées.
L’expérience d’une tournée à l’étranger, pour une compagnie, passe inévitablement
(exception faite de cas plutôt rares) par une première tournée sur le marché suisse. La
première étape de ma recherche était de démontrer les moyens à disposition des
compagnies pour tourner dans nos régions déjà (moyens structurels, financiers, relais,
réseaux etc.), les critères d’un marché un peu saturé, et voir quelles sont les difficultés de ce
tortueux chemin vers une « gloire » internationale hypothétique.
Cette enquête fera apparaître différents regards sur la situation de la diffusion des
compagnies indépendantes, au travers de témoignages, de rencontres et d’opinions de
metteurs en scène, directeurs de théâtre, chargés de diffusion ou administrateurs de
compagnies, responsables d’institutions, puis listera les soutiens financiers existants en
Suisse, ainsi que les différents réseaux artistiques suisses et européens.
Puis seront évoqués brièvement les regards de théâtres français et de l’ONDA (Office
nationale de diffusion artistique, France).
Et enfin nous passerons à l’analyse, qui évoquera en premier lieu le parcours des
compagnies de la création à la diffusion internationale, pour finir par quelques propositions
pouvant améliorer ces relais internationaux, dont mon hypothèse ou plutôt ma proposition
d’un organe de promotion et de diffusion du théâtre romand.
Remarques :
- Pour simplifier l’écriture, la plupart des termes au pluriel (metteurs en scène, directeurs par
exemple) sont déclinés au masculin (que les féministes veuillent bien m’en excuser).
- Toutes les structures, associations, écoles et autres organismes sujets à abréviation
(HETSR par exemple) feront l’objet d’un petit lexique en fin de document.
- Tous les livres que j’ai lus ou consultés ainsi que les articles de journaux, mais relativement
peu cités par ailleurs malgré qu’ils aient largement contribué à construire ces quelques
réflexions, sont listés dans la bibliographie, également en fin de document.
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2 Problématique
Le théâtre suisse romand peine à s’exporter et en premier lieu les compagnies
indépendantes. Cette constatation n’est pas nouvelle et à vrai dire tend à se répéter depuis
quelques années. Pour quelques « élus » qui sont parvenus à sortir des frontières pour des
raisons que nous évoquerons plus loin, combien d’autres appelés sur le marché du théâtre
romand ont limiter la présentation de leurs créations dans le court circuit des théâtres
romands et souvent seulement dans leur canton, voire dans leur Ville ?
Le marché du théâtre en Suisse romande étant petit, le nombre de représentations
proposées dans les théâtres réduit, et les échanges entre les différentes régions
linguistiques rares, la durée de vie des spectacles est extrêmement courte, et tend même à
se rétrécir. Effet collatéral de cette réalité, le nombre de spectacles proposés par les
nombreuses compagnies de Suisse romande crée entre elles une concurrence toujours plus
intense.
Dès lors, seul le marché international pourrait permettre à ces créations de prolonger leur
existence, et aux compagnies de se développer sous d’autres auspices et d’autres cieux.
Mais les possibilités de s’exporter, sur le marché francophone notamment, sont loin d’êtres
évidentes et le chemin est semé d’embûches. Pourquoi un théâtre français ou belge
engagerait-il une compagnie suisse dans leur pays, alors que leur propre marché est déjà
saturé, pour des raisons similaires ?
La mise en place d’une tournée par ailleurs requiert en outre beaucoup d’énergie, des
moyens structurels et financiers importants, et un travail administratif assez complexe. Cela
pour quel bénéfice ? Pourtant, certaines compagnies y parviennent. Ont-elles plus de talent,
disposent-elles de relais plus efficaces, de moyens plus conséquents, ou ont-elles su être au
bon endroit, au bon moment ? Les voies du succès et de l’accès au marché international
sont-elles les mêmes pour tous ?
Lors de la création d’un spectacle par une jeune compagnie, la question de trouver un lieu
pour le réaliser et le présenter en ayant les fonds nécessaires est déjà primordiale. C’est la
première difficulté, la création en elle-même n’étant heureusement pas encore considérée
comme telle. Elle trouve sa solution dans un intense travail de relations publiques :
démarches auprès des autorités, des institutions, auprès d’autres organismes (fondations,
etc.) pour obtenir des soutiens financiers. Demandes auprès des théâtres, des centres
culturels, pour trouver des lieux de répétition voire de création, voire de représentation.
Une fois que ces conditions sont réunies, que les représentations ont suscité un écho
favorable de la part du public, de la presse et des professionnels (pour peu que ceux-ci se
soient déplacés) vient très naturellement l’envie de tourner, de montrer à d’autres regards,
sous d’autres cieux le résultat de tant de travail. Et cela déjà dans sa propre région, son
propre pays (ce qui ne va pas de soi dans un pays morcelé par le fédéralisme et le
cantonalisme en matière de promotion culturelle), puis en terre française, francophone, ou
même au-delà.
Une des questions de ma recherche est de découvrir pourquoi et comment une compagnie
de théâtre de Suisse romande parvient finalement à franchir ces frontières, ou pas. Est-ce un
objectif en soi, et quels en sont les difficultés, les écueils, les facilités, les critères ? Quels
sont les relais, les moyens, et sont-il suffisants ?
Ce questionnement passera par toute une série de problématiques liées au travail de
diffusion, à savoir la politique de soutien financier de la diffusion par les Villes et Cantons de
Suisse romande, la politique de soutien des autres organes de subventionnement (Pro
Helvetia, Corodis, Migros, Loterie Romande, mais aussi les fondations privées), la politique
également des théâtres de création ou d’accueil envers la création théâtrale romande.
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3 Hypothèse
Je pense que nous avons dans le théâtre romand de vrais talents qui ne demandent qu’à se
faire connaître et à voyager. En dépit des compagnies qui sont arrivées toutes seules à sortir
des frontières helvétiques, il m’apparaît que tout le monde n’est pas égal devant le marché
international.
Il est clair qu’avant toute chose, il faut bien sûr du talent, savoir le mettre en œuvre pour
créer de bons spectacles. Mais par la suite il faut faire montre de toutes sortes de qualités
hors de la sphère artistique elle-même pour pouvoir gérer son parcours: des qualités de
manager, de maître en relations publiques, d’expert marketing, de spécialiste en diffusion et
en gestion. En outre, la première difficulté est déjà de sortir de ses frontières cantonales. S’il
est vrai que les frontières cantonales se sont ouvertes depuis quelques années, un certain
atavisme cantonal se fait encore sentir de la part de certains décideurs locaux.
Tout cela pour obtenir le relais, le contact qui va soudain tout déclencher, être l’amorce pour
franchir l’étape supérieure de la reconnaissance. On a beau dire que le talent est une
évidence et qu’il se fait toujours remarquer d’une manière ou d’une autre, mais pour cela, il
faut être vu, et par conséquent relayé, aidé, quelque peu poussé sur le devant de la scène,
en premier lieu en Suisse, puis à l’étranger.
C’est peut-être ce relais, cette promotion, qui manque aux compagnies indépendantes. Un
organe central suisse romand qui ferait des actions significatives pour promouvoir et diffuser
le théâtre romand dans les autres régions linguistiques de Suisse, en francophonie, et à
l’étranger dans un sens plus large aurait ainsi toute sa raison d’être dans notre région. Reste
à savoir quel serait précisément son action, son financement et ses dimensions. C’est en
ayant cette hypothèse à l’esprit que j’ai rencontré toutes les personnes qui m’ont accueillie
dans le cadre de leur travail.
4 Terrain d’investigation
Pour mener à bien ce travail, et dans les temps donnés, il m’a fallu resserrer mon champ
d’investigation.
4.1 Compagnies concernées
En effet, questionner toutes les compagnies indépendantes créant tous types de spectacles
en Suisse romande aurait été un travail de Titan. J’ai donc exclu de ma recherche le théâtre
jeune public, les arts de la rue, le nouveau cirque et partiellement la performance, certaines
créations de théâtre contemporain étant parois très performatives. Dès lors, ma recherche
s’est concentrée sur certaines compagnies indépendantes présentant du théâtre moderne et
contemporain et dont le parcours les a menées pour certaines sur le marcinternational, et
pour d’autres non.
4.2 Définition du mot indépendant
Quant à la notion d’indépendant, je la définis ainsi : une compagnie qui n’a pas de lieu fixe
pour créer et qui n’est pas « institutionnalisée» ; du mot indépendant découle une fragili
due à un statut qui peut être remis en cause d’un jour à l’autre. Rien n’est jamais acquis.
Paradoxalement, ces compagnies dépendent énormément des autorités qui les
subventionnent.
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