intéressant de constater qu’il y avait des divergences très spécifi-
ques dans la façon dont les risques associés au diabète de type 2
étaient perçus par les personnes atteintes de diabète et par leurs
prestataires de soins. Certaines sont détaillées ci-dessous.
La cause
Alors que les professionnels de la santé impliqués dans les soins
du diabète citaient un manque d’insuline et les altérations métabo-
liques dérivées comme étant les causes du diabète, les personnes
atteintes de la condition pensaient que le destin, le climat froid
et le manque de soleil au Royaume-Uni étaient à blâmer, ainsi
qu’une prédisposition familiale, l’abus de sucreries, les angoisses
ou le fait d’avoir vécu une situation stressante.
La gestion
Pour les professionnels de la santé, la clé d’une bonne gestion du
diabète réside dans le contrôle nutritionnel, la perte de poids si
nécessaire, de l’exercice physique régulier, le contrôle glycémique,
la prise régulière de médicaments et le suivi. Bien que les personnes
d’origine sud-asiatique étaient d’accord avec les professionnels
de la santé concernant la nécessité d’éviter de consommer trop de
sucre et d’éviter les aliments frits, la perte de poids et l’exercice
physique n’étaient pas souvent mentionnés.
La perception de la gravité du diabète
Parmi les participants atteints de diabète, le nombre de comprimés
pris et les services utilisés figuraient parmi les facteurs clés déter-
minant la gravité de la condition (les personnes qui se rendaient
dans un centre du diabète étaient considérées comme ayant une
‘forme de diabète plus grave’ que les personnes qui consultaient
simplement leur généraliste pour la gestion de leur diabète). La
fréquence des rendez-vous à l’hôpital et la prescription ou non
d’insuline étaient également des facteurs déterminants.
Peu de gens était sensibilisé
aux complications possibles
à long terme du diabète.
Les risques liés au diabète
Il était inquiétant de constater que la sensibilisation aux complica-
tions possibles à long terme (hypertension, troubles cardiaques,
accident cérébrovasculaire, cécité et néphropathie) et aux moyens
de les éviter était très faible. Les risques étaient calculés en termes
d’interférence avec les contraintes sociales et religieuses, comme
l’incapacité d’assister à des rassemblements sociaux à cause des
dans laquelle la vie quotidienne de chacun est altérée. Bien que
les professionnels de la santé éprouvent souvent des difficultés à
comprendre le non respect du traitement par les personnes attein-
tes de diabète, ce non respect se base souvent sur des éléments
rationnels du point de vue du patient. Par exemple, il est assez
fréquent que les personnes atteintes de diabète de type 2 ne se
sentent pas vraiment mal – à part une faiblesse et une fatigue
généralisées – même lorsque le diagnostic est posé.
Lorsqu’elles commencent à prendre un hypoglycémiant, comme
la metformine, elles développent parfois des effets secondaires,
notamment des troubles gastro-intestinaux comme la diarrhée, et se
sentent donc moins bien. Il est compréhensible que ces personnes
associent souvent un médicament à leur manque de bien-être et il
n’est donc pas rare qu’elles décident d’interrompre le traitement.
Les personnes atteintes de diabète
associent souvent un médicament
à leur manque de bien-être et
interrompent le traitement.
La perception du risque au Royaume-Uni
Une étude récente a comparé les perceptions du risque des adultes
sud-asiatiques atteints de diabète de type 2 vivant au nord-est
de l’Angleterre à celles des professionnels de la santé travaillant
dans la même région. Ces données ont été collectées par le biais
de séances de groupe rassemblant des spécialistes de la santé
des groupes ethniques, d’entretiens individuels avec des profes-
sionnels de la santé (médecins, personnel infirmier spécialisé et
diététicien) et des entretiens avec des hommes et femmes d’origine
sud-asiatique atteints de diabète de type 2. Les participants à
l’étude étaient aussi bien des Sud-asiatiques anglophones que non
anglophones et représentaient les trois principales communautés
de l’Asie du Sud installées au Royaume-Uni : les Bangladais, les
Indiens et les Pakistanais.
Résultats
L’étude a révélé qu’un certain nombre de questions influençaient
la perception du risque chez les personnes d’origine sud-asiatique
plus âgées atteintes de diabète : la perception du vieillissement,
la dynamique familiale, la culture, l’importance de la nourriture
(en particulier en termes d’hospitalité), les croyances relatives aux
causes du diabète, la perception de sa gravité et de sa visibilité,
le manque de visibilité des risques, la religion et les croyances
relatives à un contrôle extérieur sur la durée de la vie. Il a été
Soins de santé 15
Mars 2007 | Volume 52 | Numéro 1