Douleurs chez le patient psychotique et l`autiste

publicité
DOULEUR EN SANTE MENTALE ET AUTISME
REMALDO, ChâteauChâteau-Gontier,15/10/ 2015
Djea SARAVANE, MSc, MD
Chef de Service-Directeur de l’Enseignement
Membre Associé CHUS Sherbrooke-Canada
CENTRE REGIONAL DOULEUR EN SANTE MENTALE ET
AUTISME
CONFLITS D’INTERETS
JE N’AI AUCUN CONFLITS D’INTERETS
La douleur bâillonnée
DEFINTION
• Clarification de l’IASP (2001):
• ‘l’incapacité de communiquer verbalement ne nie d’aucune façon la
possibilité qu’un individu éprouve de la douleur et qu’il ait besoin
d’un traitement approprié pour soulager sa douleur’
• En ce sens, nécessité de reconnaitre et d’évaluer les caractéristiques
comportementales et physiologiques d’un patient comme étant des
indices légitimes d’expression douloureuse
FUTUR PLAN ? Ou PROGRAMME?
• Les axes prioritaires:
• Améliorer l’évaluation de la douleur et sa prise en charge en
sensibilisant les acteurs de premier recours: les pharmaciens
d’officine, les médecins, les infirmières, les kinésithérapeutes
libéraux ainsi que les professionnels des urgences hospitalières
• Garantir la prise en charge de la douleur lorsque le patient est
hospitalisé à domicile ou réside en établissement médicosocial
• Aider les patients , plus de 65 ans ou atteints de pathologies
dégénératives à mieux exprimer les douleurs ressenties afin
d’améliorer leur soulagement
• Mieux repérer et prendre en charge la douleur des patients
dyscommunicants: patients souffrant de pathologie mentale
et personnes atteints de troubles envahissants du
développement.
DOULEUR EN SANTE
MENTALE
HISTORIQUE DE LA DOULEUR EN SANTE MENTALE
LES AUTEURS
• ‘ La solidité animale de la folie, et cette épaisseur
qu’elle emprunte au monde aveugle de la bête,
endurcit le fou contre la faim, la chaleur, le froid , la
douleur’. Foucault
• ‘La folie, par tout ce qu’elle peut comporter de
férocité animale préserve l’homme des dangers de la
maladie; elle le fait accéder à une invulnérabilité
semblable à celle que la nature , dans la prévoyance,
a ménagée aux animaux’. Pinel
PERCEPTION DE LA DOULEUR
Et la douleur force le psychisme, impose ses règles à la
mémoire et au discours :
« Quand la vie psychique se concentre dans le creux de
la molaire » disait Freud atteint d’un cancer du
maxillaire.
DOULEUR ET PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE
ETUDES DE PATIENTS PSYCHOTIQUES ATTEINT D’INFARCTUS
DU MYOCARDE :
- MARCHAND, 1955
- LIEBERMAN, 1955
⇒ 83% des patients (1ère étude) et 87% des patients (2ème étude)
n’ont ressentis aucune douleur cardiaque
DOULEUR ET PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE
Étude de MARCHAND et al, 1959 :
Pathologie chirurgicale et patients psychotiques :
⇒ Pas de plainte douloureuse dans :
• 21% des patients ayant un ulcère perforé
• 37% des patients présentant une appendicite aiguë
• 41% des patients ayant une fracture du fémur
PERCEPTION DE LA DOULEUR
• Anecdotes cliniques: Kraeplin, Bleuler
• Faible prévalence de douleurs chroniques dans la schizophrénie ( as
t’on réellement recherché…?)
• Utilisation de faibles doses d’antalgiques en post opératoire ( Mythe
de la morphine… ?)
• Etudes expérimentales
Lien entre santé mentale: ensemble de mécanismes excitateurs et
inhibiteurs qui interagissent pour moduler l’information nociceptives et
produire la perception de la douleur
Patients schizophrènes ressentent bien la douleur ,
ont un système endogène d’inhibition normal, mais
ne présentent pas cette sensibilisation qui est un
phénomène adaptif pour éviter la blessure suite à
une stimulation persistante
PERCEPTION DE LA DOULEUR EN SANTE MENTALE
→ Certaines pathologies psychiatriques s’expriment par une
→
expression douloureuse particulière
D’autres par un déni de la douleur
ON PEUT DIRE QUE LES PATIENTS:
•
ressentent la douleur, mais ne réagissent pas, ne
l’expriment pas et l’expression de cette douleur se
fait dans un langage ou dans un comportement qu’il
faut savoir décoder
ETAT DES LIEUX
RESEAU NATIONAL DOULEUR EN SANTE MENTALE
PATIENTS
• 57% : douleur au cours de leur hospitalisation
• 45% : démarche spontanée de la part des soignants
• 78% : par l’échelle verbale simple
• 56% : soulagés par un traitement antalgique
SOIGNANTS
• IDE + AS : retour des questionnaires
• 78% : pas de formation spécifique
• 63% : évaluation spontanée par EVS
• 50% des soignants reconnaissent des obstacles à la
prise en charge de la douleur
• 63 % proposent des outils mais reconnaissent les
difficultés d’évaluation
OBSTACLES
• 43% : personnel soignant peu sensibilisé
et pas formé, en particulier les médecins
• 11% : pas d’engagement institutionnel
EVALUATION DE LA DOULEUR EN SANTE MENTALE
Abord clinique basé sur une évaluation globale du malade et pas
uniquement de la maladie.
1 Interrogatoire :
- Aléatoire dans un contexte de délire ou d’hallucinations.
2 Examen clinique
- Procéder à un examen des patients en plaçant ses mains tour à
tour sur toutes les parties du corps et en demandant au patient
si ça lui fait mal.
- Prêter une attention particulière aux changements de
comportements et d’habitudes.
- Au langage spécifique du patient.
Votre sollicitude me touche
Evaluation de la douleur en santé mentale
• Examen clinique à la recherche d’une classification ( lésionnelle,
périphérique, centrale…) et bilan comportemental:
- ce qui se voit ( expression faciale, position, mouvements)
- ce qui s’entend( vocalisation, verbalisation)
- ce qui se touche ( réaction de crispation)
- ce qui se mesure ( FC, TA, FR …)
Les mots pour le dire…et le mal pour souffrir
EVALUATION DE LA DOULEUR EN SANTE MENTALE
→Les instruments d’évaluations :
POUR LES PATIENTS COMMUNICANTS
• Auto-évaluation
→Schémas topographiques
→Échelles unidimensionnelles :
• Échelle verbale simple
• Échelle numérique
• Faces Pain Scale
EVS –FACES PAIN SCALE
• EVS: Est-ce que vous avez mal?
- 0 pas de douleur
NON
- 1 douleur modérée
UN PEU
- 2 douleur importante BEAUCOUP
- 3 douleur très intense ENORMEMENT
• FACES PAIN SCALE-R :
EVALUATION DE LA DOULEUR EN SANTE MENTALE
→Les instruments d’évaluations:
POUR LES DYSCOMMUNICANTS
•
-
Hétéro-évaluation :
EDAAP
EDAAP Modifié: EDD
Cette échelle englobe 3 volets:
- retentissement somatique
- retentissement psychomoteur
- retentissement psychosocial
En cours d’évaluation sur le territoire national
Enfin pour les enfants la Grille de la Douleur des enfants avec Déficiences Intellectuelles : GDEDI est
également en cours d’évaluation
DOULEUR ET AUTISME
Introduction
Trouble d’origine multifactoriel
Prévalence en France:
1 naissance sur 150 de nos jours
3 à 4 garçons pour 1 fille
Comorbidités nombreuses:
Epilepsie
Troubles gastro-intestinaux
Infections ORL
Troubles psychiatriques (anxiété, troubles de l’humeur…)
Introduction
Atypicités de fonctionnement autistique:
altération de la communication et atypicité de
l’expression de la douleur
atypicité la sensibilité: hypo/hyper réactivité ou
réaction paradoxale troubles du schéma corporel
déficit intellectuel
Douleur et autisme
• L’autisme ne semble pas souffrir lorsqu’il se blesse,
lorsqu’il se mutile.
• Ne sait-il pas manifester ?
• Ne perçoit-il pas la douleur ?
• N’en a-t-il pas l’expérience ?
• Ses perceptions, ses sensations sont différentes des
nôtres.
Douleur et autisme
• Apparente insensibilité à la douleur dans l’autisme
• Observations cliniques:
- absence de réflexe de retrait nociceptif face à des
situations aversives, comme par exemple l’absence de
réflexe lors d’une brûlure, pouvant traduire des
troubles quand à la perception de la douleur
LES DIFFICULTES
• Important que les professionnels de santé ne fassent pas passer des
symptômes inhabituels propres à une pathologie comme un problème de
comportement ou comme faisant partie de l’autisme
• La douleur et les problèmes organiques se présentent très souvent sous
des formes atypiques
• Nombreux exemples ‘d’ombrages diagnostiques’ et de manifestations
inhabituelles ignorées par le personnel soignant (Lea et al, 2012; Smith et
al, 2012)
• Rejet de ces manifestations atypiques de douleur et de problèmes
physiques comme ‘comportements de l’autisme’ représente une
discrimination directe contre ces personnes atteintes de TSA, donc un
impact néfaste pour ces personnes mais aussi sur les familles et la société
en tant que telle
TSA
Tentative de stimuler la libération d’endorphines
Réponse à la douleur avec une
incapacité d’expression typique
de la douleur
Réponse à la frustration
TSA
Tentative de stimuler la libération d’endorphines
Réponse à la douleur avec une
incapacité d’expression typique
de la douleur
Réponse à la frustration
Causes multifactorielles provoquant un
dysfonctionnement dans le traitement des signes
environnementaux
Sensations incompréhensibles
Seul langage de l’autiste
MODALITES EXPRESSION DE LA DOULEUR
Réactivité
comportementale
réduite/ diminution
sensibilité
Le repli et l’isolement
Tordjman et coll, 2009
Expression de la douleur
mais absence de
localisation:
Mac Leod et coll, 2000
Klintwall et coll, 2011
MinshewMême
et Hobson,
2008
pas mal…
Defrin et coll, 2006
Mac Leod et coll, 2010
Tordjman et coll, 2009
MODALITES EXPRESSION DE LA DOULEUR
Réactivité faciale
importante
Nader et coll, 2004
Messmer et coll, 2008
Agitation
motrice/absence
d’inhibition motrice
Minio-Palluello, 2009
Pernon et Rattaz, 2003
Diminution du seuil de
tolérance à la douleur
thermique
Cascio et coll, 2008
Hill, 2004
MODALITES EXPRESSION DE LA DOULEUR
L’hétéroagressivité et les
automutilations
Les troubles du sommeil
Tudor et coll, 2013:
Breau et coll, 2003
Tordjman et coll, 2009
Symon et Danov, 2005
Temps de sommeil
parasomnies (somnabulisme, réveil
nocturnes, terreurs nocturnes…)
Les hypothèses de ces particularités de
modalité d’expression de la douleur
Les spécificités sensorielles, cognitives, comportementales
expliquent les particularités des modes d’expressions de la
douleur chez les enfants et les adultes TSA.
Mais absences de données consensuelles et variabilité
interindividuelle des modalités d’expression de la douleur, peu
d’études…
Alors comment évaluer l’existence d’une douleur chez les patients
autistes et comment prendre en charge l’aspect somatique des
TC?
PERCEPTION DE LA DOULEUR
• La perception de la douleur est perturbée, avec
parfois des présentations atypiques: CAATE
→ Cris sans problème d’inconfort
→ Agressivité
→ Automutilation
→ Troubles du sommeil
→ Explosion violente inexpliquée
Difficultés
Dépistage des signes d’alerte
Stress de l’attente avant examen
Obstacles de l’examen clinique
Difficulté de communication
Manque fréquent d’expression de la
douleur
Trouble du comportement
Intolérance au changement
Difficultés de compréhension et
d’anticipation
Hypersensibilité sensorielle
Angoisses
Difficultés à localiser et à décrire la
douleur
Incompréhension des consignes et
explications
COMORBIDITES
Les comorbidités à rechercher:
• Symptômes gastro-intestinaux
• Barbara et coll, 2014: OR 4,5 chez enfants avec TSA par rapport enfants typiques
•Douleurs dentaires et faciales
• Céphalées
• Douleurs ORL
• Douleurs des règles et syndrome prémenstruel
• Douleur liée à la crise d’épilepsie
• Valvo et coll, 2013 prévalence de 30% chez les enfants( 60% anomalies EEG)
ROLE DU CENTRE REGIONAL
DOULEUR ET SOINS
SOMATIQUES EN SANTE
MENTALE ET AUTISME
Des missions du centre douleur et soins somatiques de
l’EPSBD,
l’EPSBD, propres aux centres de référence
• Prise en charge de recours pluridisciplinaire et globale,
régionale et à vocation nationale
• Coordination et mise en réseau des acteurs œuvrant dans le
domaine considéré
• Information et communication professionnels
• auprès des acteurs et des usagers
• Expertise auprès des Enseignements universitaires et
postuniversitaires
• Recherche sur la douleur en santé mentale et autisme
CENTRE
Ex. Clinique: complet : observation, inspection , palpation,
auscultation, percussion
Prendre son temps, pas de précipitation
Personne TSA s’approprie le nouvel environnement
Savoir s’adapter à la personne
Dans des conditions adaptées au fonctionnement autistiques :lieu
hypo stimulant, patience, sous méopa si besoin, musique
adaptée en ayant préparé la personne - scénarii sociaux, emploi
du temps-...
ROLE DU CENTRE
• Examens Complémentaires complet
• ECG, EEG
• Bilan Obésité
• Prévention et éducation à la santé
• Travail en réseau avec les institutions sanitaires et médico sociaux
• Désigné par l’ARS: Télé Médecine et Télé Consultation
COMPORTEMENTS TSA: MALADIE ,UNE DOULEUR
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Perte des acquisitions déjà acquises
Changement soudain du comportement
Colère et opposition
Irritabilité
Troubles du sommeil
Tapotement de la gorge
Changement dans l’appétit
Grincement des dents
Grimaces ou froncement des sourcils, tics
Automutilation
Ingestion constante
Vocalisation: gémissements
Mâcher les vêtements
AUTOMUTILATION
OESOPHAGITE
APRES TRAITEMENT
AVANCEES
• 4ième plan douleur ….en souffrance!!!!
• 2 journées douleur au sein du Congrès National de l’ANP3SM
• Alliance privilégiée avec le Centre Hospitalier Universitaire de
Sherbrooke-Canada (CHUS)
• Nomination Membre Associé au CHUS , axe douleur et inflammation
• 1ière fois : Symposium sur douleur et santé mentale au Congrès
Mondial de la douleur à Buenos Aires en novembre 2014
AVANCEES
• Création d’une Ecole de la Douleur en Santé Mentale et Autisme à la
Faculté de Médecine PARIS SUD
• HAS: Recommandations de bonnes pratiques sur ‘l’évaluation et la
prise en charge de la douleur en santé mentale’
• Question d’internat obligatoire sur douleur en psychiatrie, item 135
• Référentiel du Collège National Universitaire en Psychiatrie
CONCLUSION
• Lien entre douleur et santé mentale se dégage grâce
aux travaux récents
• Souvent on ne laisse pas parler le patient en santé
mentale de ses douleurs, dans son langage propre, de
sa souffrance, de sa maladie, si son discours ne
s’inscrit pas dans nos références anatomiques et
organiques
• Comment permettre à nos patients de parler de la
douleur au moment ou ils souffrent et avec quels
mots?
L’inconscient n’oublie pas la douleur:’ rien dans
la vie psychique ne peut se perdre. Rien ne disparait de ce qui est formé. Tout est
conservé et peut réapparaitre ‘
POUR EN SAVOIR PLUS
• Réseau National douleur en santé mentale:
site: anp3sm.com
• Association Nationale pour la Promotion des
Soins Somatiques en Santé Mentale:
site:anp3sm.com
• Congrès National Douleur et Santé Mentale:
PARIS, 28-29-30 JUIN 2016
contact:[email protected]
POUR EN SAVOIR PLUS
• DVD : ‘ Le corps en tête ‘ , à commander :
[email protected]
• DVD: ‘ Le langage du corps’, à commander :
[email protected]
• Pour me contacter:
[email protected]
Tel: 01 82 26 81 02
MERCI POUR VOTRE
ATTENTION
Téléchargement