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Colloque international
« L’ethnologie et la construction de la nation politique, du peuple, du citoyen en Haïti »
Port-au-Prince, les 15, 16, 17 & 18 février 2012
Mot du vice-recteur à la recherche
La recherche scientifique constitue l‟un des axes de développement de toute Université moderne. Cette
dernière doit également mettre à la disposition des chercheurs des espaces de publication et de discussion
avec leurs pairs. C‟est dans cette optique que, cette année, l‟Université d‟Etat d‟Haïti appuie fermement et
participe directement à la réalisation de ce colloque qui tiendra lieu de bilan sur les productions
ethnologiques en Haïti.
Qu‟est-ce qui justifie un bilan des études ethnologiques dans le présent contexte ? Le dernier en date a été
présenté par le docteur Jean Price-Mars lors d‟une conférence prononcée au Bureau d‟Ethnologie. Cette
intervention a fait l‟objet d‟une publication remarquée de l‟Imprimerie de l‟Etat en 1954, l‟année même du
Tri-cinquantenaire de l‟indépendance nationale. Cette conférence constituait une mise au point partiale et
partielle du développement de l‟ethnologie en Haïti. Elle présentait un ensemble de travaux qui, jusqu‟aux
années 1950, représentait le maigre bilan de l‟ethnologie haïtienne. A la fin de sa communication, Price-
Mars exprima le souhait que « l’Etat haïtien puisse comprendre le grand bénéfice qu’il tirerait de vos
titres si ses services d’éducation nationale, de statistiques, de l’armée, de la Police s’attachaient les
ethnographes qualifiés que vous êtes pour d’amples informations sur l’anthropométrie, le folk-lore et la
formation culturelle ».
Aujourd‟hui, où en sommes-nous en Haïti ? Qu‟avons-nous accompli depuis la fondation en 1941 du
Bureau d‟Ethnologie, sous l‟impulsion de Jacques Roumain, et de l‟Institut d‟Ethnologie avec le docteur
Jean Price-Mars ? Ce colloque a l‟ambition de répondre partiellement à ces interrogations en se
concentrant sur « l‟ethnologie et la construction de la nation politique, du peuple, du citoyen en Haïti ».
Avec de nombreux partenaires haïtiens et étrangers, l‟Université d‟Etat d‟Haïti entend créer l‟événement
scientifique de l‟année 2012 en Haïti en hommage notamment au Bureau d‟Ethnologie et à l‟Institut
d‟Ethnologie rebaptisée Faculté d‟Ethnologie depuis 1958. Des dizaines de conférenciers, de différentes
nationalités, aborderont des thèmes assez divers qui permettront d‟explorer l‟apport de l‟ethnologie à la
construction de l‟Etat-nation en Haïti et ailleurs.
Ce bilan s‟impose aussi pour permettre aux jeunes de mieux comprendre les trente ans de pouvoir des
Duvalier ou encore de domination d‟un réseau d‟ethnologues qui ont mis leur science à la disposition d‟un
pouvoir autoritaire en Haïti. A présent, doit-on croire que la crise de l‟Etat en Haïti est, en grande partie,
occasionnée par l‟incapacité du discours ethnologique à s‟imposer sur la scène politique ? Peut-on encore
penser indiquer le salut national par une responsabilisation de la pensée ethnologique en Haïti ?
Ce colloque constitue aussi l‟occasion d‟honorer la mémoire des trois personnages qui ont le plus marqué
l‟ethnologie haïtienne. On connaît mieux le rôle du docteur Jean Price-Mars et celui de Jacques Roumain
dans l‟institutionnalisation de l‟école haïtienne d‟ethnologie. Mais, l‟ethnologie haïtienne est aussi
redevable à la mémoire du docteur Jean-Baptiste Romain. Il fut étudiant de la première promotion de
l‟Institut d‟Ethnologie et deviendra le premier doyen de la Faculté d‟Ethnologie en 1958. Ayant
perfectionné ses études supérieures à la Sorbonne, cet intellectuel haïtien, décédé en 1994, est considéré
comme le père de l‟anthropologie physique en Haïti et comme l‟un des animateurs passionnés de la vie
intellectuelle en son temps.