Atelier A – 7 octobre Expériences et défis en santé mentale Espaces de doute et reconnaissance de la faillibilité des savoirs : la collaboration entre les savoirs au sein du projet Chez Soi Montréal Par Baptiste Godrie, doctorant, Département de sociologie, Université de Montréal, et agent de recherche, Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations, Centre affilié universitaire (CAU), Centre de santé et de services sociaux Jeanne-Mance Biographie Baptiste Godrie est doctorant au Département de sociologie de l’Université de Montréal. Sa thèse de doctorat intitulée « Savoirs d’expérience et savoirs professionnels : un projet expérimental dans le champ de la santé mentale » est une réflexion sur les savoirs dans le projet Chez Soi Montréal. Ses intérêts de recherche portent sur les pratiques de participation citoyenne dans la recherche, l’intervention et l’organisation des services sociaux et de santé, la co-construction des savoirs dans une optique de réduction des inégalités sociales et la recherche-action participative et évaluative. Résumé de la communication Le projet Chez Soi (2009-2013) est un projet de recherche et de démonstration dans le domaine de la santé mentale et de l’itinérance qui vise à tester l’efficacité d’une approche Logement d’abord. Le bailleur de fonds de ce projet exigeait que des anciens usagers des services de santé mentale participent à toutes les sphères du projet, de la gouvernance du projet aux différents volets de recherche en passant par les équipes cliniques de suivi intensif et d’intensité variable. L’arrivée de pair avec un savoir expérientiel de la rue et de la santé mentale a, dans un premier temps, créé une peur de la part des intervenants et des chercheurs qui témoignent de l’existence de frontières entre les savoirs et d’une lutte pour le monopole de la définition de la réalité. Lorsque les savoirs professionnels sont menacés, il en résulte souvent une dévalorisation des savoirs expérientiels et, plus rarement, une dévalorisation face aux savoirs expérientiels. Au fil du projet, une place plus grande a été accordée aux savoirs d’expérience passant, ainsi de la peur à une attitude de collaboration entre les savoirs. Quelles sont les attitudes qui favorisent cette collaboration entre les savoirs ? La mise en place de pratiques collaboratives entre des anciens utilisateurs de services et des professionnels non seulement cliniques, mais aussi en recherche dans le domaine de la psychiatrie. Ces pratiques reposent en partie sur la mise en place d’espaces de doute au sein des équipes cliniques et de recherche, mais également sur une attitude de prudence épistémique ancrée dans la reconnaissance de la faillibilité des savoirs professionnels et expérientiels. Les résultats sont tirés de l’analyse de données recueillies lors d’un terrain de recherche de deux ans qui comporte des observations et 50 entrevues qualitatives. Le rétablissement tel que vécu par des femmes avec un trouble de la personnalité limite Par Nadine Larivière, professeure, École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke et membre de l’axe « Le développement des capacités des adultes », CAU, CSSS-IUGS Biographie Nadine Larivière est directrice du programme d'ergothérapie et professeure agrégée à l'École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke. Elle est responsable de l'axe de recherche Le développement des capacités des adultes au CAU Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (CSSS-IUGS). Ses recherches principales actuelles portent sur les répercussions de vivre avec un trouble mental, plus particulièrement sur le trouble de la personnalité limite, sur la participation sociale, l'engagement dans des activités significatives et l'équilibre de vie. Dans ce domaine, elle fait présentement de la conceptualisation, traduction et validation d'outils de mesure et réalise des analyses de besoins en termes de services de santé pour divers groupes présentant des troubles de santé mentale. Résumé de la communication Les études sur le rétablissement en santé mentale ont majoritairement inclus la voix de personnes présentant la schizophrénie ou un trouble bipolaire. Très peu d’études ont examiné ce concept auprès de personnes ayant un trouble de la personnalité limite (TPL). Les objectifs sont premièrement de décrire le processus de rétablissement de femmes ayant un trouble de la personnalité limite; et deuxièmement d’identifier les dimensions, facilitateurs et obstacles dans le processus de rétablissement de ces femmes. Pour faire partie de l'étude, les participantes devaient être âgées entre 18 et 65 ans et avoir complété au moins deux ans de thérapie dans un programme spécialisé pour les personnes avec un TPL. Par le biais d'un devis narratif, les participantes complétaient un collage, suivi d’une entrevue portant sur l'influence du TPL sur leur vie et leur expérience de rétablissement. Un mois plus tard, une entrevue téléphonique était effectuée pour leur permettre de discuter de nouvelles réflexions. Enfin, leur dossier médical était consulté pour valider et bonifier l’information rapportée. Le contenu des entrevues a été analysé selon les principes de l’analyse thématique et le modèle Personne-Environnement-Occupation. Les résultats montrent qu’au total, 12 femmes provenant de deux régions du Québec ont participé à l'étude. Pour l'ensemble, le rétablissement était perçu comme un cheminement, un processus continu vers un état de stabilité et de bien-être. Plusieurs dimensions du rétablissement liées à la personne ont été nommées, telles qu'une meilleure acceptation de son passé et la définition de soi. La dimension principale liée à l’environnement était d’élargir son réseau social. Finalement, des dimensions liées aux occupations ont aussi été identifiées, comme prendre soin de soi et accomplir des rôles et activités significatives. Les principaux facilitateurs étaient la participation dans une thérapie pour les personnes avec un TPL et le soutien social. L'obstacle le plus fréquent était les relations instables avec la famille. Cette recherche a permis de faire ressortir que plusieurs dimensions non seulement facilitatrices, mais aussi les obstacles spécifiques au rétablissement des personnes avec un TPL, touchant à la fois la personne, ses occupations et son environnement social. L’expérience de co-construction impliquant des patients partenaires, cliniciens et chercheurs dans la conception d'un outil d'évaluation du fonctionnement au quotidien de personnes vivant avec un trouble de la personnalité limite Par Julie Desrosiers, doctorante en sciences cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke Jessica Sarraf, patiente partenaire, Institut universitaire en santé mentale de Montréal Biographie Mme Desrosiers est professeure adjointe de clinique au programme d’ergothérapie de l’Université de Montréal et doctorante au programme de sciences cliniques de l’Université de Sherbrooke. Elle est actuellement à compléter une démarche de conception d’un outil de mesure des impacts fonctionnels du TPL s’appuyant sur une approche collaborative impliquant des patients partenaires. Mme Desrosiers s’intéresse aux impacts fonctionnels des troubles mentaux. Mme Sarraf est impliquée à plusieurs niveaux dans les activités des patients-partenaires de l’Institut universitaire en santé mental de Montréal (IUSMM). Elle est actuellement collaboratrice au projet portant sur le développement d’un outil de mesure des impacts fonctionnels du trouble de personnalité limite. Mme Sarraf a aussi participé à titre de conférencière à l’activité : ‘‘Parole aux patients partenaires'' à l'IUSMM. Elle était de la distribution dans la pièce ''L'asile de la pureté'' présentée dans le cadre de la semaine de la santé mentale. Résumé de la communication Il est maintenant reconnu que le TPL a des répercussions sur le fonctionnement au quotidien de ces personnes. Il existe un consensus grandissant autour de l’idée que le succès des traitements du TPL devrait s’appuyer sur des mesures de la qualité de vie et du fonctionnement et ne devrait pas se limiter à la mesure de symptômes. La littérature en santé mentale fait souvent référence au concept de « fonctionnement », mais celui-ci demeure flou et sa mesure inconsistante en contexte clinique. Le but de cette présentation est de décrire le processus de co-construction entamé afin de concevoir un outil de mesure permettant l’évaluation du fonctionnement quotidien d’individus ayant un TPL. Cette étude a pris place au programme spécialisé de traitement des troubles relationnels situé à Montréal. Ancré dans une approche de collaboration qui intègre la théorie de la mesure de Crocker et Algina, le processus de conception se fonde sur une série de consultations menées auprès d’experts cliniques et de personnes ayant un TPL. La démarche avait pour but d’identifier et de valider les dimensions du fonctionnement à évaluer ainsi qu’à préciser les niveaux du continuum de fonctionnement pour les personnes avec un TPL, avec ces deux groupes de détenteurs d'enjeux. Les résultats préliminaires démontrent que la classification internationale du fonctionnement (CIF) est un modèle utile afin de conceptualiser le fonctionnement. Les experts cliniques (n=20) ont identifié les impacts fonctionnels des TPL de manière consensuelle. Les patients partenaires ont bonifié le processus en approfondissant la compréhension de ces impacts. Le processus de conception d’un nouvel outil de mesure intégrant l’implication des personnes ayant un TPL, ainsi que de constants aller-retour entre les données scientifiques et expérientielles sont au cœur du développement d’un questionnaire prometteur sur le fonctionnement des TPL. NOTES ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________ ______________________________________________________________