Le rétablissement tel que vécu par des femmes avec un trouble de
la personnalité limite
Par Nadine Larivière, professeure, École de réadaptation, Faculté de médecine et des sciences
de la santé, Université de Sherbrooke
et membre de l’axe « Le développement des capacités des adultes », CAU, CSSS-IUGS
Biographie
Nadine Larivière est directrice du programme d'ergothérapie et professeure agrégée à l'École de
réadaptation de l’Université de Sherbrooke. Elle est responsable de l'axe de recherche Le développement des
capacités des adultes au CAU Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de
Sherbrooke (CSSS-IUGS). Ses recherches principales actuelles portent sur les répercussions de vivre avec un
trouble mental, plus particulièrement sur le trouble de la personnalité limite, sur la participation sociale,
l'engagement dans des activités significatives et l'équilibre de vie. Dans ce domaine, elle fait présentement de
la conceptualisation, traduction et validation d'outils de mesure et réalise des analyses de besoins en termes
de services de santé pour divers groupes présentant des troubles de santé mentale.
Résumé de la communication
Les études sur le rétablissement en santé mentale ont majoritairement inclus la voix de personnes présentant
la schizophrénie ou un trouble bipolaire. Très peu d’études ont examiné ce concept auprès de personnes
ayant un trouble de la personnalité limite (TPL). Les objectifs sont premièrement de décrire le processus de
rétablissement de femmes ayant un trouble de la personnalité limite; et deuxièmement d’identifier les
dimensions, facilitateurs et obstacles dans le processus de rétablissement de ces femmes. Pour faire partie de
l'étude, les participantes devaient être âgées entre 18 et 65 ans et avoir complété au moins deux ans de
thérapie dans un programme spécialisé pour les personnes avec un TPL. Par le biais d'un devis narratif, les
participantes complétaient un collage, suivi d’une entrevue portant sur l'influence du TPL sur leur vie et leur
expérience de rétablissement. Un mois plus tard, une entrevue téléphonique était effectuée pour leur
permettre de discuter de nouvelles réflexions. Enfin, leur dossier médical était consulté pour valider et
bonifier l’information rapportée. Le contenu des entrevues a été analysé selon les principes de l’analyse
thématique et le modèle Personne-Environnement-Occupation. Les résultats montrent qu’au total,
12 femmes provenant de deux régions du Québec ont participé à l'étude. Pour l'ensemble, le rétablissement
était perçu comme un cheminement, un processus continu vers un état de stabilité et de bien-être. Plusieurs
dimensions du rétablissement liées à la personne ont été nommées, telles qu'une meilleure acceptation de son
passé et la définition de soi. La dimension principale liée à l’environnement était d’élargir son réseau social.
Finalement, des dimensions liées aux occupations ont aussi été identifiées, comme prendre soin de soi et
accomplir des rôles et activités significatives. Les principaux facilitateurs étaient la participation dans une
thérapie pour les personnes avec un TPL et le soutien social. L'obstacle le plus fréquent était les relations
instables avec la famille. Cette recherche a permis de faire ressortir que plusieurs dimensions non seulement
facilitatrices, mais aussi les obstacles spécifiques au rétablissement des personnes avec un TPL, touchant à la
fois la personne, ses occupations et son environnement social.