Les Précipitations 1. Types de précipitations • Deux conditions pour générer des précipitations : – condensation de la vapeur d’eau atmosphérique (formation d'un nuage) – agglomération des gouttes de pluie (précipitations) Précipitations convectives Ascension rapide des masses d’air (convection) liée à des gradients thermiques verticaux de l’air qui caractérisent des situations instables ⇒cellules convectives + ou - nombreuses Durée de vie : <10h Sur quelques dizaines à centaines de km² Intensité : forte , jusqu’à >100 mm/h en 1h Exemple : Nîmes le 03 octobre 1988 1900.00 1850.00 Source Météo-France Nîmes : 420 mm/6-8h 1800.00 650.00 > 200 mm sur ≈290 km² > 300700.00 mm sur 750.00 ≈ 46 km² Précipitations orographiques Ascendances des masses d’air initiées par le relief. Donc précipitations pas "spatialement mobiles" = précipitations type « Cévenoles » Suivant l’instabilité de l’air ⇒ développement de cellules convectives 2020.00 D A 2000.00 >200 mm sur 2800 km² > 300 mm sur 900 km² durée 24h-48h 1000 mm 1980.00 600 mm 500 mm 1960.00 450 mm A 1940.00 400 mm 350 mm 1920.00 300 mm 250 mm 1900.00 200 mm 150 mm 1880.00 100 mm 1860.00 50 mm 0 mm 1840.00 1820.00 29-30 septembre 1958 640.00 660.00 680.00 700.00 720.00 740.00 760.00 780.00 Précipitations frontales naissent à la rencontre de deux masses d’air de caractéristiques différentes (t°,humidité,…) Front froids : air froid se glisse sous l’air chaud et le propulse en altitude Front chaud : air chaud glisse sur l’air froid nuage Air chaud Air froid nuage Air chaud Air froid 50-150 km V ≈50 km/h Précipitations brèves Pluies intenses possibles Moins étendu que front chaud 200- 800 km V ≈20 km/h Précipitations longues Pluies peu intenses Plus étendu que front froid Régime des précipitations • En utilisant la seule donnée de précipitation dans une nomenclature climatique, on parvient à définir une répartition mondiale des différents régimes pluviométriques. Régime des précipitations • Pour identifier et classer les diverses régions pluviométriques du globe, on a habituellement recourt aux précipitations moyennes mensuelles ou annuelles (évaluées sur une longue période) et à leurs variations. • La précipitation moyenne annuelle établie sur un grand nombre d'années (hauteur moyenne des précipitations annuelles tombant à un endroit donné) est aussi appelée sa valeur normale, son module annuel ou sa valeur interannuelle. Régime des précipitations • Nom Caractéristiques • • • Régime équatorial humide - plus de 200 cm de précipitations annuelles moyennes - à l'intérieur des continents et sur les côtes - région typique de ce régime : bassin de l'Amazone • Régime subtropical humide - entre 100 et 150 cm de précipitation annuelle moyenne - à l'intérieur des continents et sur les côtes - région typique de ce régime : pointe sud-est de l'Amérique du Nord • • • Régime subtropical sec - moins de 25 cm de précipitation annuelle moyenne - à l'intérieur des continents et sur les côtes ouest - région typique de ce régime : le sud du Maghreb • • • Régime intertropical sous l'influence des alizés • • • Régime continental tempéré - entre 10 et 50 cm de précipitation annuelle moyenne - à l'intérieur des continents ; il en résulte des déserts ou des steppe - région typique de ce régime : plaines de l'ouest du continent nord-américain • • • Régime océanique tempéré - plus de 100 cm de précipitation annuelle moyenne - sur les côtes ouest des continents - région typique de ce régime : la Colombie britannique, l'Europe • • • Régime polaire et arctique - moins de 30 cm de précipitation annuelle moyenne - se situe au nord du 60e parallèle ; formation de grands déserts froids - région typique de ce régime : le Grand Nord canadien • - plus de 150 cm de précipitation annuelle moyenne - sur des zones côtières étroites ; humidité - région typique de ce régime : côtes est de l'Amérique centrale Exemple d’analyse climatologique : régimes pluviométriques Musy, 2004 Mesures des précipitations 1. Mesures de la hauteur d'eau précipitée • Comme les précipitations varient selon différents facteurs (déplacement de la perturbation, lieu de l'averse, influence de la topographie, etc.), leur mesure est relativement compliquée. Mesures de la hauteur d'eau précipitée • Quelle que soit la forme de la précipitation, liquide ou solide, on mesure la quantité d'eau tombée durant un certain laps de temps. • On l'exprime généralement en hauteur de précipitation ou lame d'eau précipitée par unité de surface horizontale (mm). • On définit aussi son intensité (mm/h) comme la hauteur d'eau précipitée par unité de temps. • La précision de la mesure est au mieux de l'ordre de 0,1 mm. • Le pluviomètre : instrument de base de la mesure des précipitations liquides ou solides. Il indique la quantité d'eau totale précipitée et recueillie à l'intérieur d'une surface calibrée dans un intervalle de temps séparant deux relevés. Le pluviomètre Section pluviométrique (400 cm²) à 1 m du sol Éprouvette : lecture directe en mm Pluviomètre mesure une pluie journalière : Relevé tous les jours à heure fixe (6 h TU) Photo Bois, ENSHMG Le pluviographe à augets Photos Bois, ENSHMG Pluviographe mesure le cumul de pluie en fonction du temps ⇒ l’intensité de pluie Données : -sous forme papier (les plus anciennes) -numériques : mémoire locale ou télétransmise (mesure en temps réel) Réseaux de mesures : Météo-France : Banque de données PLUVIO et TRANSCLIM (http://climatheque.meteo.fr) pluviomètres → gestion par des bénévoles essentiellement → actuellement ≈ 3000 postes en France → densité variable en fonction du temps ex : région LR – 1ere mesure 1870 300 300 250 250 200 (km) (km) 200 150 150 100 100 260 postes 300 postes 50 50 1993 1958 500 500 550 600 650 700 750 800 550 600 650 700 750 800 (km) (km) Pluviographes → gestion Météo-France : moins de 10 postes par départements Autres sources de données : EDF, DDE, DDA, Service technique urbain,… Quelques ordres de grandeurs de la pluviométrie en France : Pluie moyenne annuelle 400 mm ↓ >2200 mm 2. Analyse ponctuelle • 2.1 Notion d'averses et d'intensités • On désigne en général par "averse" un ensemble de pluies associé à une perturbation météorologique bien définie. La durée d'une averse peut donc varier de quelques minutes à une centaine d'heures et intéresser une superficie allant de quelques kilomètres carrés (orages) à quelques milliers (pluies cycloniques). • On définit finalement une averse comme un épisode pluvieux continu, pouvant avoir plusieurs pointes d'intensité. L'intensité moyenne d'une averse s'exprime par le rapport entre la hauteur de pluie observée et la durée t de l'averse : • Où : im : intensité moyenne de la pluie [mm/h, mm/min], h : hauteur de pluie de l'averse [mm], t : durée de l'averse [h ou min]. Analyse ponctuelle • L'intensité des précipitations varie à chaque instant au cours d'une même averse suivant les caractéristiques météorologiques de celle-ci. • Plutôt que de considérer l'averse entière et son intensité moyenne, on peut s'intéresser aux intensités observées sur des intervalles de temps au cours desquels on aura enregistré la plus grande hauteur de pluie. • • • Deux types de courbes déduites des enregistrements d'un pluviographe (pluviogramme) permettent d'analyser les averses d'une station : – La courbe des hauteurs de pluie cumulée, – le hyétogramme. La courbe des hauteurs de pluie cumulées représente en ordonnée, pour chaque instant t, l'intégrale de la hauteur de pluie tombée depuis le début de l'averse. Le hyétogramme est la représentation, sous la forme d'un histogramme, de l'intensité de la pluie en fonction du temps. • 2.2 Statistique descriptive des séries chronologiques • L'ensemble des données d'une station de mesures pluviométriques constitue une information considérable qu'il est souhaitable de condenser à l'aide de caractéristiques bien choisies. • On applique ainsi les lois et d'autres techniques de la statistique aux relevés pluviométriques pour en tirer des informations utiles aux études et travaux envisagés. • On détermine de la sorte : – Valeurs moyennes, tendances centrales ou dominantes (moyenne, médiane, mode,...), – Dispersion ou fluctuation autour de la valeur centrale (écart-type, variance, quantiles, moments centrés), – Caractéristiques de forme (coefficients de Yulle, Fisher, Pearson, Kelley), – Lois de distribution statistiques (loi normale, log-normale, Pearson…). • L'ensemble de ces valeurs ponctuelles, condensées sous forme statistique, est utilisé pour déterminer la fréquence et les caractéristiques d'un événement pluvieux isolé ou encore pour étudier la variabilité de la pluviométrie dans l'espace. • On établit des relations entre les intensités, la durée et la fréquence d'apparition des pluies qui peuvent être représentées selon des courbes caractéristiques : on parle généralement de courbes Intensité-DuréeFréquence (IDF). • La notion de fréquence est en fait exprimée par la notion de temps de retour. 3. Evaluation régionale des précipitations • Le passage des mesures ponctuelles des précipitations à une estimation spatiale de celles-ci, souvent nécessaire en hydrologie, est délicat. • Les méthodes les plus simples et les plus couramment utilisées sont les méthodes de calcul de moyennes ou les méthodes d'interpolation des données pluviométriques collectées localement. • Ces méthodes permettent notamment le calcul des lames d'eau moyennes à l'échelle du bassin, la cartographie des précipitations, et le calcul de hyétogrammes moyens. • Des méthodes faisant appel à la notion d'abattement des pluies existent également. • Passage des pluies ponctuelles aux pluies moyennes sur une surface – Calcul de la moyenne arithmétique – Calcul de la moyenne pondérée : • méthode des polygones de Thiessen, • méthode des isohyètes • Notion d'abattement des pluies • Pour certains évènement pluvieux particuliers, la hauteur des précipitations tombant sur une surface diminue lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre de l'averse. C'est la notion d'abattement des précipitations.