- les caractéristiques physiques des écosystèmes : les échanges entre l’atmosphère et la
végétation ou le sol prennent leur origine dans les mouvement turbulents à l’interface sol-
végétation-atmosphère et dans le couvert végétal qui dépendent à la fois des conditions
météorologiques, de la structure du couvert végétal et de son bilan énergétique.
- l’analyse des flux de polluants nécessite aussi de prendre en compte la chimie de surface,
au niveau des surfaces cuticulaires ou au niveau de l’apoplasme, dans les chambres sous-
stomatiques. Les équilibres entre formes chimiques au niveau des surfaces et entre la
surface et l’air dépendent fortement de la température, de la présence d’eau liquide (même
simplement sous forme adsorbée) et des autres composés préalablement déposés. La
chimie de surface doit est aussi être prise en compte au niveau du sol (pH notamment).
- le métabolisme des plantes et micro-organismes du sol est également un élément
déterminant de ces échanges. On pense bien sûr tout d’abord à l’ouverture stomatique qui
détermine en grande partie les échanges entre l’atmosphère et l’intérieur de la plante, mais
également au métabolisme et aux transformations de l’azote de l’azote par rapport aux
flux de composés azotés gazeux (NH3, NO/NO2, N2O) (Sutton et al. 1995). Concernant
l’ozone, les dépôts modifient l’activité photosynthétique et la conductance stomatique et
donc en retour, les échanges d’autres composés entre l’écosystème et l’atmosphère.
Les échanges de polluants atmosphériques entre un écosystème et l’atmosphère sont donc
complexes et dépendent de multiples facteurs du milieu, qui induisent des variations plus ou
moins rapides (de l’heure à la saison) et de forte amplitude des flux d’émission et de dépôt.
Cette problématique des échanges de polluants entre la biosphère et l’atmosphère, doit donc
être abordée à plusieurs échelles de temps. Concernant l’analyse et la paramétrisation des
processus de dépôt, l’échelle pertinente est l’heure en raison de l’influence des facteurs
météorologiques sur les flux et de la régulation biologique qui induisent des variations rapides
des échanges. Concernant les impacts sur l’écosystème ou la qualité de l’air, elle peut varier
de la journée, pour des polluants tels que l’ozone, à la saison, voire plusieurs années pour des
problématiques telles que l’effet de serre (stockage de carbone, émissions de NOx et incidence
sur l’ozone), l’acidification ou les changements globaux.
Pourquoi des sites de suivi continu des flux et comment ?
L’étude des échanges de polluants entre des écosystèmes et l’atmosphère ont donné lieu à de
nombreuses expériences de courtes durées, généralement limitées à des études de processus
ou des calages de modèles. Il apparaît aujourd’hui de plus en plus essentiel de faire des suivis
à moyen et long terme des flux d’éléments majeurs (C,N) et d’espèces en trac en vue de
mieux évaluer le rôle des écosystèmes dans le cycle de ces éléments et leur impact positif ou
négatif sur la qualité de l’air. Cela est particulièrement important pour des problématiques
telles que les changements globaux (changement climatique, changement d’usage ou de
qualité de l’air par exemple), ou pour appréhender la variabilité de ces flux en fonction des
conditions météorologiques et des caractéristiques des surfaces naturelles. Dans le premier
cas, l’échelle d’intégration pertinente est de l’ordre de 10 ans, dans le deuxième, de quelques
années. Enfin une vision intégrée des problématiques environnementales demande souvent de
mesurer simultanément des flux de plusieurs gaz et non plus d’un seul, par exemple, CO2,
N2O, CH4, O3, … lorsqu’on s’intéresse à l’effet de serre, ou NH3, N2O, NO, NO2 (+ nitrates
dans les eaux et CO2) pour le cycle de l’azote, … A ce titre des sites permanents se veulent
aussi être des plateformes expérimentales disposant d’une logistique technique (garantie de
mise à disposition du site, électricité, laboratoire, …) et scientifique (mesures de base) sur
lesquelles peuvent se greffer des expérimentations de chimie atmosphérique, par exemple.