De ce point de vue, les recommandations sont porteuses d’une double responsabilité : juridique et financière. Dès lors qu’en est-il si elles ne sont pas
respectées ?
L’aspect économique
Traitons d’abord de l’aspect économique, financier, le plus simple au fond. Il faut ici remonter à un arrêt rendu en 1999 par le Conseil d’Etat. Confrontée à un
cas de de non-respect des RMO, la haute juridiction avait alors estimé que les sanctions financières prévues dans le cadre de la convention de l’époque
étaient entachées d’illégalité.
Cet arrêt n’en vient pas, c’est évident, à consacrer tout abandon de la mesure en matière de dépense. Les dispositions du code de déontologie médicale qui
stipule que le médecin doit… « sans négliger son devoir d’assistance morale, limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, à la
sécurité et à l’efficacité des soins » (2) ne s’en trouve en rien affaibli. C’est affaire de simple bon sens.
Reste à aborder l’aspect juridique et là, les choses paraissent plus complexes.
L’aspect juridique
Une question se pose : les recommandations se substituent-t-elles aujourd’hui aux données acquises de la Science (3) voire… « aux soins les plus
appropriés… qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales avérées. » (4) ?
Si l’on s’en tient à l’arrêt rendu le 27 /04 /2011 (5) par le Conseil d’Etat, elles ne substituent pas à ces données acquises et connaissances médicales
avérées ; elles s’y fondent. Et, de recommandations, elles deviennent des guides de bonnes pratiques :
« Les recommandations des bonnes pratiques élaborées par la Haute Autorité de Santé… ont pour objet de guider les professionnels de santé dans la
définition et la mise en œuvre des stratégies de soins à visée préventive, diagnostique ou thérapeutique les plus appropriées, sur la base des connaissances
médicales avérées à la date de leur édiction. »
Sur ce statut de guides de bonnes pratiques, le Conseil d’Etat ne fait qu’affiner sa jurisprudence antérieur, notamment un arrêt rendu le 12 /01 2005 (6). Les
hauts magistrats avaient confirmé la sanction disciplinaire prise par le Conseil National de l’Ordre contre un médecin non respectueux, selon l’arrêt, des
données acquises de la Science en ces termes :
« La section des assurances sociales du Conseil National de l’Ordre des médecins a pu, sans commettre d’erreurs de droit, estimer que M. X. n’avait pas
tenu compte pour dispenser ses soins à ses patients des données acquises de la Science, telles qu’elles résultent notamment des recommandations des
bonnes pratiques (souligné par nous) élaborées par l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé… en s’abstenant de prescrire le dépistage
systématique du cancer du col utérin chez ses patientes âgées de 25 à 65 ans et le renouvellement tous les trois ans de cet examen… »
Apprécions la nuance. La sanction infligée au médecin résulte non pas du non-respect en tant que tel d’une recommandation mais du non-respect des
données acquises de la Science, données constituant l’un des fondements des recommandations de l’Anaes.