PSIR – SEPA (2014) Projet Scientifique d’Initiation à la Recherche (PSIR) Comment et pourquoi les dinosaures ont-ils disparu? P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi* Groupe esaip – 18 rue du 8 mai 1945, CS 80022 49180 St Barthélémy d’Anjou Cedex ARTICLE INFO ABSTRACT : Article history: Received 09 January 2014 The dinosaurs extinction debate by a major catastrophe or a severals natural phenomenons at the K/T period depends of geological data. In fact, geochemical, stratigraphic and sedimentological analyses allowed to formulate severals viable hypotheses. However those hypotheses cannot bring the absolute proof of a unique cause. Stratigraphy demonstrates that the massive dinosaurs extinction occured during important disorders. Dinosaurs disappeared in mass and in a short time around 65 Ma environ ago. A high level of iridium in stratigraphic layers shows that the meteoritic impact could be a cause of this extinction. Nonetheless, carbon fossils datation indicates that species disparition began before the impact. A lot of magmatic rocks and some chemical element prove that the volcanic activity was intense during severals million years before the impact. This activity could have affected an important part of the biosphere. In this way the conjunction of causes could be the raison of species exctinction as dinosaurs. Keywords: Impact météoritique Volcanisme Eustatisme Extinction massique 1. INTRODUCTION Les hypothèses sur les raisons de l’extinction des dinosaures sont nombreuses et les recherches ne cessent d’évoluer (ALLEGRE, 2005). La théorie de l’impact stellaire est la plus connue des hypothèses (ALVAREZ, et al., 1980) et semble être admise par tous. Cependant, l’avancée des recherches, notamment les techniques de datation, remettent en question les hypothèses tablant sur une cause unique ayant menée à cette extinction de masse. Le Crétacé est la troisième période du Mésozoïque s’étalant de - 145Ma à - 65Ma. Lors de cette ère la Pangée (supercontinent) a fortement évolué au point que l’on puisse distinguer les continents tels qu’ils sont aujourd’hui. Cependant, il existait des « ponts » reliant les continents qui étaient encore très proches les uns des autres (LE LOEUFF, et al., 1998). Dès le début du Mésozoïque, des activités géologiques, sismiques et volcaniques intenses ont provoqué de nombreux changements sur les écosystèmes tels que la disparition de 70% des espèces à la fin du Crétacé (LETHIERS, 1998). En effet, un des facteurs significatifs de cette période est la variation du niveau des mers engendrée par des phénomènes volcaniques importants dans les fonds marins (dorsale océanique). *Contact : [email protected] De plus, la fin du Crétacé est marquée par l’impact d’un astéroïde bouleversant l’ensemble des conditions de vie des espèces vivantes. Les hypothèses d’une extinction de masse suite à cet évènement sont aujourd’hui remises en cause. La datation de fossiles et des études sur les évolutions de la faune mettent en évidence la disparition de certaines espèces avant l’impact cosmique (KELLER, et al., 2004). Les études minéralogiques et géochimiques ont récemment démontré que les changements qui ont eu lieux au cours de la fin du crétacé sur l’ensemble de l’écosystème ont été assez importants pour provoquer la disparition des espèces. Les phénomènes de perturbation climatiques qui se sont accumulés sur la biosphère ont eu pour effet d’appauvrir le milieu nécessaire à la vie des espèces dominantes comme les dinosaures. Pour essayer de comprendre au mieux l’extinction des dinosaures, nous nous sommes interrogés sur les différentes hypothèses et études que différents chercheurs ont réalisées sur cette énigme. Il semble scientifiquement correct de penser que la réunion de trois causes ayant eu lieu à la fin du Crétacé ait affecté la chaîne alimentaire à tous les niveaux. En par la crise planctonique via le retrait des mers et le refroidissement terrestre et l’appauvrissement de la biosphère continentale engendrée par le volcanisme intense et l’impact d’un élément extraterrestre. P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) 2 2. UNE CRISE INSTANTANEE A L’ECHELLE DES TEMPS GEOLOGIQUES 2.3. Paléontologie 2.1. La notion de crise instantanée L’étude des fossiles permet d’établir la période à laquelle une espèce vivait et à quelle famille elle appartenait. L’apparition de nouvelles espèces de foraminifères, êtres-vivants unicellulaire au squelette perforé, prouve une crise biologique du milieu marin dans l’intervalle K/T (2000) En effet, les recherches ont fait remarquer qu’une grande partie des espèces de grandes tailles est remplacée par de nouvelles espèces cosmopolites de petites tailles (HARTENBERGER, 2001). Chaque crise biotique met en concurrence les espèces survivantes et permet le développement de nouvelles espèces adaptées au milieu. Les études du GSSP (Global Boundary Stratotype Section and Point ou Point Stratotypique Mondial PSM) ont établi qu’une importante crise du plancton a eu lieu à la période K/T (KELLER, et al., 2004). Ceci est représenté par la courbe des carbonates 13C ci-dessous (Fig.2) Il est important de définir clairement la notion d’échelle des temps lorsqu’on étudie la stratigraphie des diverses couches géologiques. Les ères sont généralement marquées par des crises. Une des crises les plus connues à ce jour est la crise entre le Crétacé (fin du Mésozoïque) et le Tertiaire. Cette crise a été marquée par la disparition de nombreuses espèces animales et végétales (FICHTER, et al., 1984). La figure 1 montre l’évolution du nombre de genres en fonction des années (en millions). Cinq crises ressortent de ce graphique puisque l’on peut voir à cinq instants différents que le nombre de genres a subitement diminué. On remarque également qu’après chaque crise, les genres se diversifient et leur nombre augmentent. Enfin, à la période K/T, environ 45% des genres disparaissent. Cela est un signe d’une crise majeure. Fig.1. Évolution du nombre de genres durant le Phanérozoïque (ADATTE, 2003) D’autre part, les ruptures dans les strates rocheuses témoignent d’une crise géologique sur un court laps de temps, tel que le bouleversement global connu à la fin du Crétacé. Fig.2. Critères définissant le GSSP de la limite K/T à Kef, Tunisie. (KELLER, et al., 2004) 2.4. Géochimie 2.1. Géologie Au sud de la Chine, des scientifiques ont découvert dans les couches sédimentaires du bassin de Nanxiong, province de Guangdong, des fossiles de coquilles d’œufs et de nids de dinosaures et d’autres vertébrés comportant des taux élevés en Iridium. Des études géologiques menées à travers le monde (COMMENT, 2006) ont mis en évidence : Des concentrations élevées en Iridium dans les sédiments alors qu’il s’agit d’un élément rare de la croûte terrestre, Des déformations lamellaires dans des échantillons de minéraux choqués Des spinelles nickélifères. Le bassin de Nanxiong est un terrain vallonné avec des collines inférieures à 50 mètres de hauteur. La couche sédimentaire de l’intervalle Crétacé-Tertiaire est largement développée et peut atteindre jusqu’à 7000 mètres (ZHAO, et al., 2002). Trois sites de fouilles ont été choisis pour des recherches : la section CGF-CGT, la section CGD–CGY et la section CGH (Fig.3) 2.2. Lithologie La présence d’argile sombre, entre des couches plus marneuse, a été identifiée à la limite de la période Crétacé – Tertiaire (K/T). Cette couche peut s’expliquer par un arrêt de la sédimentation. Ce lit d’argile, d’environ 60 cm, provient d’une forte teneur en matière organique (Fig.2 (KELLER, 2004)) 3 P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) limite K/T. Dans un échantillon de 22 coquilles d’œufs prélevés dans la section CGT–CGF (Fig. 4.), on observe les des variations similaires à la limite K/T. Fig.3. Localisation des sites de fouilles dans le bassin de Nanxiong (ZHAO, et al., 2002) Durant le règne des grands reptiles et cela jusqu’à la fin du Jurassique, l’essentiel de la flore continentale conifères, fougères arborescentes, cycadales - a été substituée par des angiospermes. (MICHARD, 1989) Des études palynologiques ont permis de définir sur différents sites à travers le monde la position de l’intervalle sédimentaire Crétacé-Tertiaire. Notamment, dans cette région la couche sédimentaire aurait une épaisseur d’environ 20 m et serait située dans un intervalle stratigraphique de 57-78 m (ZHAO, et al., 2002). Fig.4. Évolutions des concentrations de 10 éléments-traces contenus dans 24 échantillons de coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis provenant de la section CGY-CGD. (ZHAO, et al., 2002) Sur les sites de fouilles, des nids de dinosaures et des coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis, espèce servant de base à l’étude, ont été retrouvés en très bon état de conservation. L’excellente préservation de la géométrie des nids laisse penser que la ponte et le dépôt des sédiments sont presque synchrones (ZHAO, et al., 2002). Les analyses de plusieurs échantillons de coquilles d’œufs ont relevés des taux en iridium (Ir) anormaux. Les -12 valeurs sont exprimées en ppt (10 g/g). Dans l’échantillon de la section montagneuse CGY– CGD, les analyses ont mis en évidence deux pics d’iridium : 118 ppt à 60-63 m et 117,6 ppt à 52-55 m. Ces valeurs sont 19 fois plus élevées que le taux habituel, inférieur à 66 ppt. Par ailleurs, dans la section CGT–CGF, l’enrichissement en iridium est semblable à celui observé dans la section précédente. Le pic le plus haut est de 168 ppt, à 63-66 mètres, soit approximativement 28 fois le taux d’iridium habituel. Enfin, des analyses des fossiles situés dans les couches inférieure et supérieure à l’intervalle K/T ne révèlent aucun pic d’Iridium. Ainsi, les concentrations élevées en iridium dans les coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis prouvent l’existence d’une crise de la biosphère. Les chercheurs asiatiques s’intéressèrent également aux éléments-traces suivants : chrome (Cr), cobalt (Co), fer (Fe), arsenic (As), sélénium (Se), calcium (Ca), potassium (K), strontium (Sr), zinc (Zn), lanthane (La), thorium (Th), vanadium (V), magnésium (Mn), plomb (Pb) et nickel (Ni) (Fig.4 et Fig.5). Parmi les éléments analysés dans cet échantillon de la section CGY-CGD, les variations sont similaires et sept éléments-traces présentent les taux maximums à la Fig.5. Variations de plusieurs éléments-traces, dont l’élément majeur Ca, contenus dans des coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis provenant de la section CGT-CGF (ZHAO, et al., 2002) Selon les chercheurs, la composition minérale des coquilles aurait changé avant le début de leur fossilisation. D’autre part, ils ont mené des études paléobiologiques qui révèlent des anomalies dans l’épaisseur des coquilles et leurs microstructures. Parmi les coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis retrouvées dans et près de l’intervalle K/T, 74% des coquilles de la section CGY-CGD et 56% de la section CGT–CGF présentent des pathologies. Les pathologies se traduisent par une variation dans l’épaisseur des coquilles d’œufs et par une enveloppe calcaire, la coquille, constituée par deux ou plusieurs couches. Les scientifiques concluent alors qu’il existe une relation entre la forte concentration en iridium (et les autres éléments-traces) et la structure anormale des coquilles d’œufs (ZHAO, et al., 2002). Ils émettent l’hypothèse d’une bioaccumulation accumulation d’un polluant dans un être-vivant à partir P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) du milieu naturel de l’être-vivant et des proies dont il se nourrit - des éléments dans les organismes des dinosaures à travers la nourriture, l’eau et l’air qu’ils assimilaient. 4 1300 °C entre matériaux riches en nickel et une atmosphère enrichie en dioxygène (LETHIERS, 1998). Quelque soit leur origine, probablement une chute d’aérosols venant d’élément extraterrestre ou volcanique, les variations des concentrations en iridium et autres éléments-traces mesurées dans les coquilles d’œufs de Macroolithus yaotunensis du bassin de Nanxiong témoignent, comme d’autres études à travers le monde, qu’un bouleversement a eu lieu à la fin du Crétacé. Les diverses études réalisées ont soulevé différentes hypothèses sur l’origine de la disparition des dinosaures. 3. TROIS HYPOTHESES PROBABLES La communauté scientifique reconnaît trois évènements avérés pouvant être à l’origine de l’extinction des dinosaures. Il s’agit d’ : Un impact cosmique Une activité volcanique intense Une forte régression marine. Dans cette publication, ces hypothèses seront étudiées indépendamment les unes des autres. De ce fait, une preuve peut être utilisée pour justifier plusieurs hypothèses. 3.1. Impact cosmique Depuis son apparition, la Terre subi de nombreux changements climatiques. Ces changements sont parfois survenus suite à des impacts de météorites, dont celui enregistré au Chicxulub, Yucatan, Golfe du Mexique (BERGOEING, 2004). Cet astéroïde mesurait plus de 10 km de diamètre et laissa une structure circulaire de 180 km de circonférence. Elle pénétra le sol terrestre à une vitesse -1 de 20 km.s . Cet astéroïde eu plusieurs conséquences irréversibles pour la vie animale et végétale présente sur Terre à l’époque K/T, notamment, dans le rayon impacté, où toute trace de vie a été anéantie instantanément. L’impact cosmique fut prouvé de différentes façons détaillées ci-après. 3.1.1 Les preuves a) Pic d’Iridium Dans le sol terrestre le taux normal d’Iridium est de 0,05 ng. A contrario, un gramme de météorite contient dans les alentours de 500 ng d’Ir (LETHIERS, 1998). À la limite K /T, les scientifiques ont mesurés des -1 échantillons de sol contenant 10 à 100 ng.g d’Iridium (Fig.6). b) Présence de magnétite nickélifère La magnétite nickélifère est un minéral microscopique n’existant ordinairement ni sur Terre ni dans les météorites. Ce minéral est le résultat d’une fusion à Fig.6. Répartition de l’iridium (pointillés, en parties par mille milliard en poids) et des magnétites nickélifères (trait continu, en nombre par mg) (DORLEANS, 2006) Il est difficile de retrouver ces conditions réunies dans les magmas terrestres. C’est pour cela que ces minéraux ne peuvent provenir de roches volcaniques terrestres, trop pauvres en Ni. Ce qui n’est pas le cas des roches cosmiques. Les traces de magnétite nickélifère retrouvées sur Terre correspondent à des conditions extrêmes : une très haute température et une forte concentration en Ni. Suite à ces observations, la présence de magnétites nickélifères dans les sédiments de la limite K/T apporte bien la preuve de l'implication d'une météorite dans la catastrophe. De plus, les magnétites nickélifères ont été relevées uniquement sur quelques millimètres de sédiments de la limite K/T, ce qui atteste bien de la brièveté de l'événement. (LETHIERS, 1998) c) Les minéraux choqués Le quartz est un minéral typique des roches continentales. L’abondance des quartzs choqués retrouvées dans la couche K/T indiquait aux chercheurs de continuer leurs recherches, pour trouver le lieu de l’impact météoritique, dans les milieux continentaux. (FRANKEL, 1996). Ce facteur aida pleinement à trouver le lieu d’impact météoritique que l’on connait aujourd’hui. Dans les cratères d'impact météoritique reconnus ont été trouvés des minéraux (quartz, zircons, augites) présentant des défauts en lamelles. La présence des 5 P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) minéraux choqués est reconnue dans de nombreux sites où est enregistrée la limite K/T (ALVAREZ, 1998) l’hypothèse du tsunami suite à l’impact météoritique qui permit de l’identifier. Lors de grossissement au microscope de ces minéraux, on peut apercevoir sur leurs structures cristallines un réseau de lamelles caractéristiques. Cette modification est réalisée lorsque les minéraux sont soumis à de fortes pressions et de façon très rapide. Elles sont le résultat d'un mouvement d'ensemble des atomes sous l'effet d'une forte contrainte. De nombreux chercheurs et de nombreuses expériences, réalisées notamment par J-C. Doukhan (DOUKHAN, et al., 1996), montrent que seules les très hautes pressions dues à l’impact d’une météorite pouvaient, par leur brutalité, provoquer ce genre de déformation. 3.1.3 Les effets résultants L’impact a occasionné plusieurs conséquences tels que : L’absence de photosynthèse La chute des températures La dévastation de nombreux hectares de forêts incendiés La libération d’importantes quantités de CO2 3.1.2 Le lieu d’impact Suite à la présence de plusieurs éléments trouvés dans les sédiments étudiés lors de la limite K/T, plusieurs questions restaient encore des énigmes à résoudre. La présence anormale d’iridium réconfortait les chercheurs dans leur hypothèse de l’impact météoritique mais une question primordiale se posait : Où avait eu lieu l’impact ? S’il y avait eu un impact gigantesque dans l’océan cela aurait engendré un tsunami colossal. Mais aucune exposition de sédiments marins proche d’un océan n’a été trouvé ce qui exclut que l’impact météoritique eut lieu dans un océan. Mais Walter et Luis Alvarez trouvèrent des traces de sédiments marins allochtones, recouverts par des sédiments détritiques d’origine continentale (ALVAREZ, 1998). Les chercheurs conclurent que l’impact météoritique eut lieu, non pas dans un océan mais, sur la croute continentale proche d’un océan. Suite à des recherches paléontologiques effectuées au niveau du Brazos – fleuve traversant le Texas – des chercheurs (ALVAREZ, 1998) découvrirent une couche de sable différent des sédiments marins à grains fins trouvés avant ou après la limite K/T. J. Bourgeois, une sédimentologue expérimentée dans les dépôts de tempêtes, prouva que les sédiments retrouvés au sein du fleuve Brazos provenaient bel et bien d’un tsunami gigantesque (BOURGEOIS, 1988). Le fleuve Brazos se jette dans le golfe du Mexique. Le chercheur A. Hildebrand fit des fouilles approfondies dans cette zone. Après de nombreuses recherches, il analysa un échantillon prélevé au fonds des Caraïbes au nord de la Colombie présentant des anomalies gravimétriques (HILDEBRAND, 1991). Avec l’aide d’A. Hildebrand, W. Alvarez pût étudier les carottes de sables prélevées dans cette zone. Il y découvrit une couche de sable remplie de particules argileuses. Cette couche était marquée par de fortes rides témoignant de forts courants non habituels des eaux profondes du Golfe du Mexique normalement tranquilles (ALVAREZ, 1998). Toutes ces recherches permirent de conclurent que le lieu d’impact eut bien lieu au niveau de la péninsule du Yucatan et ce fut a) Obscurité L’impact de l’astéroïde a dégagé jusqu’à la stratosphère une énorme quantité de poussière. Cette poussière a créé un voile opaque obscurcissant toute la surface de la Terre dans un noir total pendant une durée de 1 à 6 mois (DORLEANS, 2006). La première conséquence de cette obscurité rendue la photosynthèse en milieu continental et marin impossible. Ce phénomène physique fut impossible pendant toute la période durant laquelle la Terre était plongée dans le noir totale. Ainsi, cette absence de lumière eue des répercussions sur toute la chaine alimentaire. Le nuage de poussière intercepta la lumière solaire et bloqua la photosynthèse des plantes et du plancton (BUFFETAUT, 2003). Ce phénomène eut des conséquences différentes en fonction du régime alimentaire des espèces. Les animaux demandant d’importantes ressources alimentaires disparurent sans exception (FRANKEL, 1996). Les micropaléontologues (ALVAREZ, 1998) étudiant cette crise ont constaté une phase d’extinction dévastatrice du phytoplancton, espèces dépendant entièrement de la photosynthèse. La raréfaction du phytoplancton n’a pu qu’avoir de fortes conséquences néfastes pour le zooplancton. La pyramide alimentaire s’est alors effondrée engendrant des extinctions considérables pour toutes les espèces dépendant du phyto et zooplancton. Ce fut le cas pour les invertébrés marins, des poissons mais également de certains reptiles marins. Ce phénomène engendra l’extinction de différentes espèces mais n’eut pas de conséquences sur les espèces dites (BUFFETAUT, 2003). De plus, les espèces herbivores moururent de famine suite à l’impossibilité de se nourrir dû à l’impuissance de régénération de la flore. La famine des herbivores eut un impact direct sur la famine des carnivores se nourrissant principalement des êtres herbivores. Par ailleurs, l’obscurité engendrée par les poussières fit chuter la température de quatre à cinq degrés. (FRANKEL, 1996). Cette chute des températures est prouvée grâce à l’analyse de squelettes calcaires des fossiles planctoniques qui survécurent à l’impact. P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) b) Le dioxyde de carbone Les échantillons de sédiments marins prélevés non loin du lieu de l’impact nous donnent des éléments intéressants sur les rejets de dioxyde de carbone éjectés suite à l’impact météoritique (BUFFETAUT, 2003). Les sédiments marins analysés bordant le lieu de l’impact recélait une très grande quantité de carbonate de calcium CaCO3 (Fig.7) dû à la présence de foraminifères, espèces ayant comme particularité de stocker du CO2 au sein de leurs coquilles. Au moment de l’impact, ce sont alors d’énormes quantités de dioxyde de carbone qui ont été libérées instantanément dans l’atmosphère (DORLEANS, 2006). Ce phénomène accentua l’effet de serre bloquant différents gaz carbonique sur Terre et renforçant l’intoxication des espèces. Fig.7. Indice géochimique et minéralogique à la limite K/T (ROBIN, et al., 1998) c) Les forêts incendiées En outre, les débris projetés, résultant de la météorite, se seraient embrasés par frottement avec l’air lors de leurs projections. Ces derniers devenus incandescents ont étés projetés sur toute la surface du globe provoquant ainsi des feux de forêt dévastateurs. Les preuves de ces incendies sont les fortes quantités de carbone retrouvées dans les roches à la limite K/T (DORLEANS, 2006). Ces incendies pompaient progressivement l’oxygène de l’atmosphère pendant que les forêts s’enflammaient. Par ailleurs, ces quantités de suies ont renforcées l’obscurcissement de la planète. d) Les pluies acides Suite à cet impact, le globe connu également des pluies acides dévastatrices. Les grandes épaisseurs de sulfate de calcium, présent dans les roches dissipées dans l’atmosphère suite à l’impact, les ondes de chocs, les boules de feu provenant de l’impact et le frottement des éjectas avec l’air réchauffèrent l’air. Les facteurs provoquant les pluies acides étaient alors rassemblés pour additionner un effet supplémentaire (BUFFETAUT, 2003). Dans l’air que nous respirons, il y a globalement 20 % d’O2 et le reste est principalement de l’azote N2. L’azote est constitué de molécules stables et liées entre elles. Or, lorsque ces molécules sont dans un environnement 6 chaud, comme ce fut le cas au moment et suite à l’impact, elles se dissocient. Cette dissociation permet à l’azote de se combiner à l’O2 pour former de l’oxyde nitreux N2O. Les conditions résultant de l’impact cosmique créèrent d’importantes quantités d’N2O réagissant avec l’O2 et la vapeur d’eau pour former de l’acide nitrique HNO3 (ALVAREZ, 1998). Ces pluies ne furent pas sans conséquences pour l’environnement et engendrèrent la perte d’éléments minéraux nutritifs essentiels pour la survie de la faune et la flore. 3.2 Activité volcanique intense En 1985, deux chercheurs de l’université de Dartmouth, C. Officer et C. Drake, formulèrent une hypothèse contradictoire à l’hypothèse d’un impact cosmique au caractère instantané. Cette seconde hypothèse fait appel à des éruptions volcaniques en masse. (FRANKEL, 1996) Cette hypothèse correspond à la formation il y a 65 millions d’années de grands épanchements volcaniques en Inde : les trapps du Deccan. 3.2.1. Les trapps du Deccan Tout au long du Mésozoïque, la tectonique des plaques transforma l’aspect de la Terre. Le supercontinent Pangée se disloqua grâce à l’ouverture progressive des océans. Le microcontinent indien se situait à l’époque au niveau de l’actuel point chaud de l’île de la Réunion. Des éruptions volcaniques intenses se sont produites au Maastrichien pour former le plateau basaltique du Deccan (trapps) d’une épaisseur moyenne de 2400 m. (FRANKEL, 1996) Le plateau du Deccan est actuellement l’un des épanchements le plus étendu sur Terre avec ses 500 000 km² de laves soit environ la superficie de la France (FRANKEL, 1996). Le volume actuel des trapps est estimé 3 à 106 km de roches basaltiques (DESSERT, et al., 2001). À la limite Crétacé/Tertiaire, le champ magnétique terrestre s’est inversé (inversion 29R) (Fig.8). Des mesures paléomagnétiques des laves des trapps du Deccan ont mis en évidence que le plateau basaltique s’est édifié durant l’inversion du champ magnétique terrestre sur une période étonnement courte évaluée à moins d’un million d’année, environ 600 000 ans. L’inversion magnétique des pôles fait suite à une perturbation externe, impact cosmique, ou interne, tectonique des plaques et remontée du matériel magmatique, du champ magnétique terrestre (LETHIERS, 1998). La forte corrélation entre l’âge des trapps du Deccan et la limite K/T a permis de proposer l’hypothèse volcanique comme origine de l’extinction de plusieurs espèces, dont celle des grands reptiles, il y a 65 millions d’années. 7 P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) Les effets sur le climat dépendent en partie de la concentration en CO2, gaz à effet de serre, dans l’atmosphère. De ce fait, des chercheurs se sont intéressés au cycle du CO2 à travers les temps géologiques. Alors que le volcanisme produit du CO2, l’altération des roches silicatées en consomme. Pendant et après la mise en place des trapps du Deccan, le taux de CO2 dans l’atmosphère est maintenu à l’équilibre par l’altération des continents (DESSERT, et al., 2001). Fig.8. Détermination de l’âge des trapps du Deccan par des mesures du champ magnétique emprisonné dans les laves. (LETHIERS, 1998) 3.2.2. Les effets du volcanisme intense Lors d’éruptions volcaniques, des aérosols, fines poussières et gaz tels que le dioxyde de carbone CO2 et le dioxyde d’azote N2 sont libérés dans la troposphère et la stratosphère. Fig.9. Impact d’une éruption volcanique sur l’atmosphère (FOUCAULT, 2009) Les gaz tels que l’hydrogène sulfuré H2S et le dioxyde de souffre SO2 atteignent la stratosphère et par réaction chimique forment de l’acide sulfurique H2SO4. Les vents déplacent le nuage d’aérosols et fines poussières qui retiennent les rayons du Soleil au niveau de la stratosphère. Ainsi, la stratosphère se réchauffe tandis que la troposphère se refroidit (FOUCAULT, 2009). Par ailleurs, les laves qui s’écoulent le long des pentes des volcans dégagent les gaz cités précédemment et de l’acide sulfurique se forme. L’acide sulfurique est à l’origine des pluies acides qui s’abattent sur la planète lors de la transition K/T. Ainsi, les conséquences des éruptions volcaniques sont multiples : modifications climatiques, dégagement de gaz toxiques, pluies acides. Lors de l’édification des trapps, 1,6 x 1018 moles de CO2 auraient été dégazées dans l’atmosphère. Cela représente seulement la moitié de la quantité de CO 2 dissoute dans les océans au début des années 2000. Par ailleurs, le plateau du Deccan est constitué de roches basaltiques. Or, les basaltes sont des roches silicatées qui s’altèrent facilement. De plus, le volume initial des trapps est estimé à trois fois le volume actuel 3 soit 318 km . Depuis leur édification à aujourd’hui, les trapps auraient perdu deux tiers de leur volume. Ainsi, les roches basaltiques du plateau du Deccan ont régulé la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère (DESSERT, et al., 2001). Afin d’expliquer ce phénomène, C. Dessert et B. Dupré du Laboratoire de mécanismes de transfert en géologie (LMTG, CNRS-Université Toulouse 3) et des chercheurs de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) ont défini en 2001 un modèle estimant la quantité de CO2 consommée lors de l’altération des roches basaltiques. L’altération des roches est fonction de la quantité d’eau circulant dans les sols et de la température atmosphérique. Plus ces paramètres sont élevés, plus l’altération des roches est importante. Le modèle mis en place permet d’évaluer les changements climatiques qui se sont produit à cette époque de volcanisme intense. D’après ce modèle, l’augmentation en dioxyde de carbone dans l’atmosphère est estimée à 1050 ppmv, ce qui représente trois fois la teneur actuelle. Un réchauffement rapide de + 4°C a accompagné cette augmentation. Il aurait seulement fallu 1,5 millions d’années pour que le basalte résorbe l’excès de CO2 dans l’atmosphère. La diminution du taux du gaz à effet de serre aurait engendré une diminution de la température de -4,55°C, soit un refroidissement global de - 0,55 °C. D’autre part, les chercheurs ont détecté des variations des cycles géochimiques du carbone et du strontium au sein de l'océan (DESSERT, et al., 2001). Le modèle est basé sur le rapport isotopique de strontium (87Sr/86Sr). Immédiatement après la mise en place des trapps, le modèle prévoit un pic du rapport isotopique dans l’eau de mer d’une durée de 4 millions d’années. Ensuite, durant les 20 000 ans qui suivirent la mise en place du plateau du Deccan, la sédimentation des carbonates marins se serait arrêtée à cause d’une forte acidification de l’eau de mer par le CO2. Le modèle confirme les observations in situ dans les sédiments de la limite Crétacé/Tertiaire (Fig. 10) P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) 8 un abaissement eustatique régulier des niveaux marins (LE LOEUFF, et al., 1998). Fig.10. Modélisation de l’évolution du climat (DESSERT, et al., 2001) Cette étude du cycle du CO2 indique que de grands épanchements volcaniques tels que les trapps du Deccan conduisent à des changements globaux du climat et de la chimie des océans. Bien qu’il n’apporte pas de preuve directe pour l’interprétation de l’extinction des dinosaures, ce modèle permet d’affirmer que l’édification du plateau basaltique a amplifié le phénomène d’extinction. D’autre part, les causes climatiques entraînent des variations eustatiques. La formation des glaciers en apporte la preuve. En mesurant la composition isotopique d’oxygène δ18O de la glace, on peut avoir une idée de la température moyenne atmosphérique au moment de la formation de la glace. Des mesures ont été effectuées dans une coupe rocheuse de Bidart, pays basque (Fig. 11) (LACAZEDIEU, et al., 1996). Sur le graphique de gauche, on peut constater qu’à la limite K/T le niveau de δ18O est de -2 (-20%) de concentration en δ18O. Reporté sur le graphique de droite, ce niveau correspond à une température négative comprise entre -5°C et -10°C (LACAZEDIEU, et al., 1996). Il ressort de ces graphiques qu’un climat globalement froid régnait à la surface de la Terre à la fin du Crétacé. 5. HYPOTHESE DE L’EUSTATISME L’eustatisme caractérise la variation des niveaux de la mer. Il n’est en général pas possible de déterminer à court terme les effets de l’eustatisme tant ce phénomène est difficile à évaluer. Cependant, les causes eustatiques à cette époque sont bien connues. Il s’agit de : La tectonique des plaques impliquant un volcanisme sous-marin au niveau des dorsales océaniques Les changements climatiques impliquant la fonte des glaces ou la formation de glacier La régression marine est associée au refroidissement climatique et la formation de glacier tandis que le réchauffement climatique augmente les volumes des océans et le niveau des mers. 5.1. Les causes eustatiques Comme nous l’avons déjà évoqué au paragraphe 3.2.1., les continents se déplacent au Mésozoïque. La tectonique des plaques sépare les continents par la création de nouvelles dorsales océaniques, lieux de fortes activités sous-marines. La libération massive de magma réchauffe la température des mers. L’augmentation des températures via un effet de dilatation des molécules d’eau provoque une augmentation des volumes sousmarins et l’élévation du niveau des océans. L’importance de ces phénomènes aurait impliqué une variation des niveaux des mers très importants pendant l’ère secondaire (HALLAM, et al., 1999). A la fin du Crétacé, l’énergie libérée par les mouvements tectoniques se dissipe. L’océan Atlantique, récemment formé, s’élargit et les dorsales océaniques ralentissent leur évolution. Ce qui permet à toute l’énergie accumulée de se dissiper. Ces évènements conduisent à Fig.11. Rapport isotopique du carbone et de l’oxygène au niveau de la coupe de Bidart. (LACAZEDIEU, et al., 1996) À la fin du Crétacé, deux phénomènes ont entrainé une baisse des températures conduisant à la formation de glaciers. D’une part, le volcanisme du Deccan, dont les effets ont été détaillés dans la partie 3.2.2., a impacté le climat à court et à long terme. À court terme, le nuage volcanique a bloqué le flux solaire entraînant une baisse des températures. À plus long terme, la forte concentration en dioxyde de carbone dans l’air a engendré un réchauffement climatique par l’effet de serre. D’autre part, suite à l’impact cosmique, des particules ont encombré l’atmosphère et bloqué les rayons du Soleil. La planète a subi un hiver d’environ six mois, effet à court terme. Ainsi toute la chaîne alimentaire a été affectée par l’arrêt temporaire de la photosynthèse. 5.2. Conséquences de l’eustatisme En mettant en relation l’évolution de l’eustatisme et les grandes crises d’extinction, on peut faire apparaître une corrélation évidente entre ces deux phénomènes. En effet, lorsqu’on regarde le graphique de la figure 12, chaque régression marine a eu pour effet la disparition d’un grand nombre de genre. Cela est vrai pour l’ensemble des crises et semble être un phénomène cyclique. On observe également que le niveau moyen des mers ne cesse de baisser alors que le 9 nombre de genre augmente fortement après chaque phase de régression (KAUFFMAN, et al., 1996). Fig.12. Corrélation entre les crises et l'eustatisme (KAUFFMAN, et al., 1996) 6 - DISCUSSION D’après nos recherches bibliographiques, l’impact météoritique est l’hypothèse la plus documentée dans la littérature scientifique. Nous prenons ces informations avec précaution car deux écoles de pensées divisent la communauté scientifique. En effet, les impactistes proposent une crise instantanée tandis que les volcanistes penchent pour une crise évolutive (FRANKEL, 1996). Aujourd’hui, l’impact météoritique de la limite K/T est une certitude, mais aucun scientifique ne peut affirmer pleinement que cet impact est la cause directe et unique de l’extinction des dinosaures malgré que des preuves de l’impact - pic d’iridium, magnétites nickélifères, quartzs choqués - ont été retrouvés sur toute la surface de la Terre. Les faits ne sont pas niés, cet impact eut des causes, comme on l’a expliqué précédemment, désastreuses pour les espèces vivant à cette époque. Il est vrai qu’une 8 explosion d’une puissance d’environ 10 mégatonnes a du ravager une partie de l’Amérique centrale et du sud du continent Nord-Américain, n’épargnant pas les espèces qui y vivaient. Suite à des carottes de sols réalisées sur plusieurs endroits de la planète, nous savons que l’impact météoritique eut une portée mondiale. Les effets sont connus mais nous pouvons seulement imaginer les réelles conséquences car l’histoire humaine n’a pas connu, à ce jour, d’impact de cette taille. 6.1 Scénario de l’extinction Imaginons une expulsion, allant jusqu’à la stratosphère, de poussière et d’aérosol en quantité suffisante pour opacifier et bloquer les rayons du soleil à atteindre la surface du globe. Ce phénomène implique une obscurité totale jusqu’à ce que les particules projetées retombent sur le sol et au fond des océans. Ces sédiments forment la couche d’argile permettant de P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) reconnaître la limite K/T les successions stratigraphiques. Nous ne connaissons pas la durée de cet obscurcissement. Nous pouvons seulement l’estimer et supposer ses conséquences. La première conséquence que l’on peut présumer suite à cet impact est l’arrêt de la photosynthèse déclenchant une extinction en chaine de différente espèce. Mais cette absence de photosynthèse ne peut pas expliquer entièrement l’extinction de toutes les espèces car toutes les espèces végétales, entre autre, ne dépendent pas de la photosynthèse les données paléontologiques montre la survie sélective des espèces. Après une catastrophe de ce genre la sélectivité dépend de l’adaptabilité des espèces aux conditions auxquelles elles sont soumises. Par ailleurs, nous savons où a atterri l’impact météoritique, sur la croute continentale à proximité de l’océan Atlantique. Cela, nous permet de penser fortement à la création d’un tsunami gigantesque supprimant toute la végétation et les espèces rencontrées sur son passage. Suite à l’impact, certains chercheurs estiment un refroidissement provoquant 8 à 13 ans de gel à la surface de la Terre suivi par 30 à 40 ans de réchauffement dû au CO2. Le gel aurait été un facteur néfaste pour les dinosaures ne pouvant s’adapter à un climat froid, car ils évoluaient, à cette époque, dans un climat tropical. Nous ne pouvons nier les immenses éruptions volcaniques de cette époque : les trapps du Deccan. De nombreux chercheurs estiment que ce phénomène ne fut pas l’évènement principal provoquant l’extinction des dinosaures. Les trapps du Deccan ont commencés à se former à la fin du Secondaire donc avant l’impact cosmique. Cela nous permet de penser que les espèces étaient surement déjà affectées par l’environnement dans lequel elles vivaient. L’astéroïde survenu par la suite ainsi que tous les effets qu’il engendra fut « le coup fatal » achevant les dinosaures encore présent à cette époque. 6.3 Corrélation Le scénario concernant la photosynthèse, suite à l’impact météoritique, ne suffit pas à expliquer la disparition en masse des espèces vivant à cette époque. Alors nous venons à nous poser les questions suivantes : Ne faut-il pas joindre à l’impact d’autres causes? Certaines espèces n’étaient-elles pas déjà en voie de disparition ? D’après le naturaliste Charles DARWIN, l’extinction des espèces est le corollaire inévitable de l’évolution (BUFFETAUT, 2003). Des espèces s’éteignent parce qu’elles ne peuvent supporter la concurrence d’autres espèces ou parce que l’environnement auquel elles sont soumises change trop rapidement et elles ne peuvent s’y adapter. De ce fait, des extinctions se produisent constamment (BUFFETAUT, 2003). En effet, de tous temps des phénomènes ont affectés des macroécosystèmes sans en arriver au point d’une extinction de masse à l’échelle planétaire. De plus, souvent un phénomène n’affecte qu’une partie d’un écosystème or pour affecter l’ensemble des genres il faut qu’on retrouve ce principe d’amplification cumulée (LETHIERS, 1998). On entend par là que les effets de deux P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014) phénomènes puissent se combiner et devenir proportionnellement plus dangereux. Lorsqu’on regarde la biodynamique de la chaîne alimentaire, on comprend qu’une fois que plusieurs maillons ont été cassés le reste de la chaîne s’écroule. Par ailleurs, l’extinction de masse à la fin de la période K/T n’a visiblement pas été aussi brutale que les impactistes tentent de le démontrer. Bien au contraire, les enregistrements et les analyses qui ont été menées ont révélés l’aspect graduel de cette crise (KOEBERL, et al., 2002). 10 sont les divers facteurs à l’origine de l’extinction des dinosaures. Fig.14. Conjonction des causes (LETHIERS, 1998) Enfin, les ancêtres mammifères n’étaient pas non plus dotés de cette aptitude à survivre. Nous ne connaissons pas l’exactitude de leurs survies, mais nous imaginons que leurs très grands nombres, largement supérieur à celui des dinosaures, ont sans doute multipliés leurs chances statistiques de survies. REFERENCES Fig.13. Evolution de la masse des mammifères post K/T (HARTENBERGER, 2001) L’intensité des phénomènes est amplifiée car les facteurs de crises se cumulent et s’auto-entrainent (Fig.13). La phase antérieure à la période du tertiaire est marquée par deux phénomènes forts : Régression/ eustatisme et refroidissement + Volcanisme. Le point culminant de la crise se situe au moment de l’impact stellaire et est suivi de nombreux effets sur une période longue. Les mammifères et autres nouvelles espèces se sont développées durant cette période contrairement aux dinosaures, qui ne semblaient pas adaptés à des changements aussi bruts. En effet, si on en croit ce graphique avant la crise K/T le poids des mammifères ne dépassait pas les 10kg. Mais leur évolution fut franche après la crise en atteignant un seuil assez rapidement (Fig.13). Ce seuil est décrit comme étant la limite pour laquelle les avantages procurés par la taille sont plus faibles que les inconvénients (HARTENBERGER, 2001). 6.4 Conclusion Ainsi, on peut affirmer que ce n’est pas une seule de nos hypothèses mais une conjonction des trois qui, chacune à son niveau, a entraîné la destruction d’une partie importante de la faune et la disparition de nombreuses espèces. Les maillons essentiels à la survie d’espèces comme le plancton à la base de la chaîne alimentaire ont été très affectés. On voit apparaître de nouvelles espèces « opportunistes » plus adaptées au nouveau milieu que les dinosaures prolifèrent et se développent dans le nouvel écosystème. Il est raisonnable de conclure que la conjonction de l’impact météoritique, de l’épanchement des trapps du Deccan, de l’eustatisme et des variations climatiques ADATTE, Thierry. 2003. Evolution du nombre de genres durant le Phanézoïque. 2003. ALLEGRE, Claude. 2005. Géologie Isotopique. s.l. : Belin, 2005. ALVAREZ, Walter et ALVAREZ, Luis. 1980. 1980. ALVAREZ, Walter. 1998. La fin tragique des dinosaures. Evreux : Hachette Littératures, 1998. 2.01.23.53.98.3. BERGOEING, Jean-Pierre. 2004. Impact météoritiques et changements climatiques. 2004. BOURGEOIS, Jody. 1988. A tsunami deposit at the Cretaceous-Tertiary boundary in Texas. 1988. BUFFETAUT, Eric. 2003. La fin des dinosaures : comment les grandes extinctions ont façonné le monde vivant. Paris : Fayard, 2003. 2-213-6148-9X. —. 1994. Que sais-je? Les dinosaures. Paris : Mentha, 1994. 213-046003-8. COMMENT, Gaël. 2006. Etude de la limite Crétacé-Tertiaire à Erto. 2006. DESSERT, Céline, et al. 2001. Les trapps du Deccan, des trappes à C02. CNRS Info. [En ligne] Septembre 2001. http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n396/html/n396a06.htm. DORLEANS, Patrick. 2006. La fin des dinosaures ? Paris : Ellipses, 2006. 2-7298-2566-5. DOUKHAN, Jean-Claude et LEROUX, Hugues. 1996. La preuve par les quartz. 1996. FICHTER, S., EPKOSKI, Steve J. et BAEDKE, L. 1984. A kinetic model of Phanerozoic taxonomic diversity. 1984. FOUCAULT, Alain. 2009. Climatologie et paléoclimatologie. Paris : Dunod, 2009. 978-2-10-052190-6. FRANKEL, Charles. 1996. La mort des dinosaures : l'hypothèse cosmique. Paris : Masson, 1996. 2-225-85204-0. HALLAM, A. et WIGNALL, P.B. 1999. Mass Extinctions and Their Aftermath. s.l. : Oxford University Press, 1999. 0198549164. HARTENBERGER, Jean-Louis. 2001. Une brève histoire des mammifères. Paris : Pour la science, 2001. HILDEBRAND, Alan. 1991. Chicxulub crater : A possible Cretaceous/Tertiary boundary impact crater on the Yucatan Peninsula, Mexico. 1991. KAUFFMAN, Erle G. et HART, Malcom B. 1996. Global events and events stratigraph. Berlin : Springer Berlin Heidelberg, 1996. pp. 285-312. 11 KELLER, Gerta et ADATTE, Thierry. 2004. Chicxulub impact predates the K–T boundary mass extinction. 2004. KELLER, Gerta. 2004. Journal of foraminifere extinction. 2004, Vol. 1, 34. KELLER, Gerta, et al. 2004. Chicxulub cratere predate massive extinctions. s.l. : The National Academy of Sciences, Psas, 2004. KOEBERL, Christian et MACLEOD, Kenneth G. 2002. Catastrophic Events and Mass Extinctions: Impacts and Beyond. s.l. : The Geological Society of America, 2002. 1 8137 2356 6. 2000. La Valse des espèces. Pour la science. Juillet 2000, 28. LACAZEDIEU, A., PEYBERNES, B. et SEYVE, C. 1996. La limite Crétacé-Paléocène : phénomènes biologiques, événements géologiques. D'après les sites de la côte basque. s.l. : CRDP d'Aquitaine, 1996. 2-86617-317-1. LE LOEUFF, Jean et BUFFETAUT, Eric. 1998. Les mondes disparus. Atlas de la dérive des continents. s.l. : Editeurs Berg International, 1998. 2911289145. LETHIERS, Francis. 1998. Evolution de la biosphère et événements géologiques. s.l. : Gordon and Breach Science Publishers, 1998. 90-5699-124-8. MICHARD, Jean-Guy. 1989. Le Monde perdu des dinosaures. s.l. : Gallimard, 1989. 2-07-053087-6. ROBIN et ROCCHIA. 1998. Ni-rich spinel at the CretaceousTertiary boundary of El Kef, Tunisia. 1998. ZHAO, Zi-kui, et al. 2002. A possible causal relationship between extinctions of dinosaurs and K/T iridium enrichment in the Nanxiong Basin, South China : evidence from dinosaurs eggshells. Palaeo. Elsevier Science B.V, 2002. P. Caillé, C. Christophle, A. Genu, E. Bicchi*/ PSIR SEP A (2014)