Pourquoi communiquer sur les risques d`un traitement d`orthodontie

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parlons communication
Pourquoi communiquer sur
les risques d’un traitement
d’orthodontie pour adulte ?
par Edmond Binhas
- «Comment ça, mais non
vous ne m’avez jamais dit
que le traitement pouvait
échouer !»
- «Je suis très déçu que
vous ne m’ayiez pas
informé, et qu’est-ce que
je fais maintenant ?»
- «Quoi ? Ca va me coûter
encore autant ! Non mais
vous n’y pensez pas ?»
V
oilà une situation très désagréable pour l’orthodontiste
comme pour son patient. Mais
comment en est-on arrivé là ?
L’orthodontiste a-t-il commis des
fautes ? Comment aurait-il pu faire
autrement ? Pour répondre à ces
questions reprenons l’histoire du
début.
Pourtant tout avait bien commencé
avec ce patient au demeurant courtois et particulièrement motivé pour
avoir un joli sourire, avec des dents
parfaitement alignées, et ceci, surtout
depuis que cette grosse entreprise
parisienne l’avait recruté comme
directeur commercial. Aussi le praticien n’avait-il pas beaucoup hésité
avant de lui proposer un traitement
devant l’enthousiasme du patient. Et
parce que les risques d’échec étaient
très faibles surtout avec un patient
si motivé, l’orthodontiste n’avait pas
insisté sur ces derniers.
POURQUOI COMMUNIQUER SUR
LES RISQUES D’ÉCHECS ?
Tout d’abord, il ne s’agit pas d’un
choix. Le consentement éclairé est
une obligation légale. Qu’en est-il
exactement ?
Rappelons que le consentement
éclairé est un accord donné librement
et en connaissance de cause et de
conséquence par votre patient pour
entamer un traitement. Aussi il est
impératif que celui-ci ait assimilé
l’existence d’un risque aussi minime soit-il. En réalité, vous avez là
l’opportunité de créer un climat de
confiance avec votre patient.
De quelle façon ? Le fait d’informer
votre patient du risque d’échec du
traitement et de prendre ce risque
avec lui est une démarche qui vous
rapproche du patient en renforçant
la relation de confiance entre vous.
Rappelons que la confiance est une
attitude générale où une personne
détermine son comportement sur la
base d’un sentiment plus que sur
un raisonnement. Faire confiance,
c’est une attitude spontanée. C’est
typiquement le comportement du
patient qui dit : « Si c’est ce qu’il
me faut comme traitement, faites-le ». Le patient adhère à votre
analyse de façon spontanée en se
fondant sur les sentiments que vous
lui inspirez.
Le plus souvent, il vous accorde sa
confiance pour tous les éléments
auxquels ses connaissances et sa
disponibilité ne lui permettent pas
d’accéder. Pour le reste, il attend
d’être avisé par vos soins. Aussi
il espère être informé d’un risque
éventuel d’échec du traitement en
des termes compréhensibles pour lui.
Ne soyez pas trop techniques ! Cela
serait de nature à créer le doute dans
l’esprit du patient.
Montrez à votre patient des photos
avant/après de patients ayant réalisé
le même type de traitement, et ayant
respecté toutes vos consignes durant
toute la durée du traitement. Parler
également de toutes les difficultés
que vous avez pu rencontrer avec des
patients moins attentifs à vos consignes, avec pour revers de médaille,
des traitements en dessous de vos
attentes et des attentes du patient.
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Différencier performance et réussite:
Le risque est lié à la réussite d’un
traitement et non pas à la performance de l’orthodontiste. Prenons un
exemple pour comprendre la différence entre performance et réussite.
La performance dépend de la réalisation du traitement. Le baguage peut
être une performance car il ne procure pas au patient de gêne excessive.
Cependant, le traitement peut être un
échec si le patient ne respecte pas ses
rendez-vous d’activation, ce qui finit
par rendre le traitement inutile.
Il est important pour vous en tant
qu’orthodontiste de rassurer votre
patient sur votre haut niveau de
compétences et sur votre capacité à
réaliser des performances. Mettez par
exemple en avant le nombre de cas
similaires déjà traités, les formations
complémentaires suivies de façon
continue, la capacité à réaliser des
traitements plus compliqués, le
respect d’un protocole de traitement,
l’application des règles d’hygiène,
etc. Sur votre niveau de performance,
certes vous pouvez, sans l’ombre d’un
doute vous engager; sur le choix d’un
traitement qui minimise les risques
d’échec aussi, mais personne n’est
en mesure d’en garantir la réussite.
Aussi la potentialité d’un échec doit
être évoquée. L’échec est lié aux
éléments qui ne peuvent pas toujours
être maitrisés et que votre patient et
vous même doivent accepter ensemble.
COMMENT PROCÉDER ?
Pour cela, il est important de prendre
conscience des écarts de points de
vue qui peuvent exister entre votre
patient et vous. Tout d’abord, prenez
en considération que votre patient
ne se fait pas faire un traitement
d’orthodontie tous les jours et qu’il
n’a qu’une bouche. En tant que
praticien, vous voyez des arcs, des
appareils de contention, des bagues,
etc. au quotidien. En ce qui vous
concerne il s’agit d’un traitement de
routine, mais qu’en est-il pour votre
patient ? C’est «LE» traitement, qui
l’espère-il, va peut-être lui changer sa
vie. Il veut évidemment une réussite
totale. Aussi il est essentiel que vous
ne pensiez pas en termes de probabilité de réussite. Le patient n’aura
pas 54% de son traitement réussi.
Pour lui, c’est réussi à 100% ou à
0%. Même si le patient demande des
statistiques, que l’orthodontiste peut
avancer, il est essentiel de garder
présent à l’esprit que le patient se
perçoit comme un cas unique et pas
comme une statistique.
CONCLUSION :
En conclusion, il est important de
répondre de façon claire et pédagogique à toutes les questions de votre
patient en utilisant un vocabulaire
adapté mais sans que la vulgarisation
ne trahisse la réalité scientifique.
Vous êtes l’expert. C’est seulement à
cette condition que le patient pourra
véritablement partager les risques
avec l’orthodontiste que vous êtes,
et ceci en toute confiance et en toute
connaissance de cause.
n
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