Article

Marianne Kürsteiner (rédaction),
Thomas Jantscher (photos)
Le bâtiment ArtLab est le fruit d’une longue ré-
flexion amorcée par la direction de l’EPFL dès 2010.
Ils avaient l’intention de redonner essentiellement
une vie à la Place Cosandey, vaste esplanade de près
de trois hectares au coeur des bâtiments de l’Ecole,
afin d’en faire un nouveau centre névralgique. Nom
de code: Objectif Campus.
Trois espaces distincts étaient au programme du
concours d’architecture lancé début 2012, tous trois
s’articulant autour de la rencontre entre la science,
le public et les arts. Le premier, dédié à l’accueil des
visiteurs du campus pour présenter les grands tra-
vaux de recherche de l’EPFL; le deuxième, culturel,
abritant un espace d’exposition susceptible d’ac-
cueillir les développements muséographiques les
plus innovants; le dernier enfin, agrémenté d’un café,
et dédié à la conservation et à la valorisation des ar-
chives du Montreux Jazz Festival.
En filigrane de la démarche, il s’agissait de rap-
procher le monde de la science «dure» de celui des
Humanités, déjà représentées à l’EPFL au sein d’un
Collège qui leur est dédié, mais dont l’importance
ne cesse de croître. Fin 2012, le jury du concours a
adopté le projet de Kengo Kuma, qui a eu l’audace
de rassembler les trois pavillons dans un seul et long
bâtiment, d’où le nom «Under One Roof».
Un concept helvético-nippon
Trois boîtes se trouvent donc reliées sous une grande
toiture inclinée d’une longueur de 235 mètres. Entre
chaque boîte, les architectes du bureau Kengo Kuma
ont dessiné une surface ouverte qui génère deux axes
canalisant la circulation des personnes et distribuant
tous les bâtiments dans le campus.
En Japonais, l’expression «une vie sous le même
toit» signifie que des individus divers et différents se
réunissent et forment une équipe. Avec ArtLab,
Kengo Kuma a traduit cette expression dans un lan-
gage architectural.
Pour la structure et l’extérieur, il a utilisé des bois
provenant de Suisse, afin de créer un espace à la cou-
leur locale. Les piliers en bois sont calés entre deux
plaques d’acier de manière à ce que l’espace soit à la
fois léger et transparent. La toiture est en pierre
comme sur les maison suisses traditionnelles. Elle
évolue en fonction des espaces qu’elle abrite, à la fa-
çon d’un origami, offrant un jeu d’ombres et de lu-
mières sur des pans diversement inclinés.
L’emplacement du projet était une vaste pelouse.
Cet espace vide, au milieu du campus EPFL, séparait
A travers son nouveau bâtiment, ArtLab, l’EPFL
souhaite rapprocher le monde de la science
«dure» de celui des humanités. Le projet réalisé
par l’architecte japonais Kengo Kuma
intègre trois espaces distincts sous un seul toit.
Le projet incarne
une symbiose
réussie entre la
Suisse et le Japon.
«Sous le
même toit»
ArtLab à l’EPFL
Lausanne
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espace est devenu un point social et culturel essen-
tiel pour l’EPFL, au coeur du campus.
Une structure filigrane
Afin de cadrer et de protéger la vue sur le lac depuis
la place de l’Esplanade, le bâtiment reste très étroit
sur le côté nord – environ 5 mètres, et ses sections
s’élargissent jusqu’à 16 mètres sur le côté sud. Pour
mettre en place la structure de ce bâtiment incroya-
blement fin et dont la largeur change constamment,
les architectes ont développé un nouveau type de
structure combinant le bois et l’acier. En modifiant
la proportion de la composition bois / acier, les 57 por-
tiques (tous d’intervalles différents) ont été structu-
la partie nord de la place de l’Esplanade où se trouve
le cœur social du campus et la station du tramway,
de la zone résidentielle des étudiants dans la partie
sud. Il isolait aussi la partie ouest du campus de la
partie est, actuellement en pleine évolution.
Un projet connecteur
Articulée autour de la présence impressionnante du
Learning Center, cette zone n’avait réussi ni à orga-
niser ni à fédérer son environnement, demeuré rési-
duel et dysfonctionnant jusqu’à nos jours.
Le site du projet offrait aux architectes de nom-
breuses possibilités de situer et de configurer les pa-
villons. Ils ont finalement choisi de les réunir tous
rés avec exactement la même section pour l’ensemble
du bâtiment, ce qui a permis la préfabrication de l’en-
veloppe entière du projet modulaire.
Une façade accueillante
Les avant-toits du bâtiment abritent le trajet le long
de la place de l’Esplanade, le cœur du campus, et la
résidence des étudiants au sud. Pour pallier le vieil-
lissement hétérogène du revêtement de la façade en
fonction de son exposition aux intempéries, le bois
a été patiné de manière à présenter une apparence
stable durant son temps de vie. Les architectes ont
choisi du mélèze local pour la façade en raison de sa
bonne résistance, traditionnellement éprouvée.
les trois en un seul bâtiment long et très étroit,
comme une trace signifiante dans le territoire, qui
transforme le vide dysfonctionnant en un nouvel es-
pace public dans le campus.
La toiture longue de 240 mètres abrite les flux
de piétons entre la place de l’Esplanade du nord
jusqu’aux résidences du sud.
Les galeries entre les pavillons réunis sont connec-
tées, l’une vers la route principale venant de l’ouest
où se trouve la zone de parking public, et l’autre vers
la nouvelle allée du côté est du campus.
En transformant ce site en un lieu où étudiants,
professeurs et visiteurs vivent pleinement au quo-
tidien, tout en profitant des nouvelles activités, cet
La toiture connecte
les trois bâtiments de
manière filigrane.
Le bois de la
toiture
apparaît
aussi à
l’intérieur du bâtiment,
créant une ambiance
chaleureuse.
Le côté sud du
bâtiment s’élargit
jusqu’à 16 mètres.
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ArtLab à l’EPFL
Lausanne
ArtLab à l’EPFL
Lausanne
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Le ton grisé du revêtement en bois patiné et l’ar-
doise foncée de la toiture donnent au bâtiment une
présence plutôt tranquille et discrète, en dépit de
sa longueur remarquable. Les tons gris froids dia-
loguent avec ceux des autres bâtiments autour de
la place, et avec la météo souvent couverte de Lau-
sanne. Ce n’est qu’en approchant le bâtiment, à
l’abri de sa toiture, que l’on découvre son immense
plafond chaleureux en bois.
Pour l’École, la démarche s’inscrit dans la longue
dynamique de création d’un campus vivant, maté-
rialisé déjà par la réalisation de plusieurs logements
d’étudiants à proximité immédiate, et par les activi-
tés commerciales et événementielles du Quartier
Nord. En plus de donner un point de convergence
aux activités culturelles et artistiques du campus,
ArtLab marque aussi la naissance de la nouvelle
Place Cosandey, dont les plans ont été réalisés par
des étudiants de l’Atelier de conception de l’espace
(ALICE), sous la direction de Dieter Dietz. Toute en
cercles, la nouvelle place se veut un lieu de vie mul-
tifonctionnel associant détente, restauration et ma-
nifestations culturelles. Son inauguration est pré-
vue pour le printemps 2017. ●
La toiture évoque
l’origami, l’art
du pliage de papier
japonais.
Des expositions
animent la vie des
bâtiments.
Architecte directeur Kengo Kuma & Associates / Javier Vollar Ruiz
Architecte local CCHE
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