
C’est dans ce cadre que des
psychologues cliniciens hospita-
liers de l’Essonne confronte´ s aux
proble´ matiques du cancer, pren-
nent en compte les effets d’une
situation en mutation dans la prise
en charge de cette pathologie.
En effet, si les difficulte´ s psycho-
logiques commencent a`eˆ tre prises
en compte dans les soins de´ livre´sa`
l’hoˆ pital de` s 1998 sur l’impulsion,
notamment de la circulaire (DGS/
DH/AFS n
o
98-213 du 24 mars 1998)
qui stipule qu’il faut un psycho-
logue et un psychiatre forme´ s dans
les CLCC pour leur bon fonctionne-
ment et des premiers e´ tats ge´ne´-
raux des malades du cancer en
novembre 1998 qui soulignent la
ne´ cessite´ d’un accompagnement
psychologique tout au long de la
maladie. « Ces difficulte´ s psycho-
logiques continuent a` peser lourde-
ment sur la vie du patient, une fois
qu’il a rejoint son domicile » [5].
Il nous faut alors repenser l’offre
de soins psychiques pour ces
patients et leur entourage, cre´er
d’autres lieux pour l’accompa-
gnement psychologique.
Pour de tre` s nombreux de´ parte-
ments en France, la majorite´ des
patients atteints de cancers est
soigne´ e loin de leur domicile. En
particulier, pour le de´partement
de l’Essonne, plus de 60 % des
patients sont traite´s lors de la
phase curative du cancer hors du
de´ partement dans les CLCC et
CHU du sud parisien. On de´ nom-
bre 4000 nouveaux cas de cancer
par an sur ce de´ partement. Aux
vues du petit nombre des psycho-
oncologues dans ces institutions,
de leur charge de travail et de
l’e´ loignement ge´ ographique des
patients de leurs lieux de soins, un
constat s’impose : les patients et
leur proche se retrouvent dans
une quasi-exclusion du soin psy-
chique. Par ailleurs, bon nombre de
patients sont traite´ s dans des cen-
tres de proximite´, au sein de
services de spe´ cialite´ s diverses :
pneumologie, he´ matologie, derma-
tologie etc. Par exemple, une
enqueˆ te mene´ e avec le soutien de
la DASS de l’Essonne en 2000 qui a
pour objet de recenser sur le
de´ partement les possibilite´ s de pri-
ses en soins psychiques pour le
patient cance´ reux et son entourage
montre que le nombre de psycho-
logue dans ces e´ tablissements
est insuffisant, sur les neuf e´ tablis-
sements de sante´ traitant ces
pathologies, cinq n’ont pas de
psychologue et quatre disposent
en moyenne de 2,5 ETP de psycho-
logues, lesquels ont une activite´
transversale dans l’institution.
Comment re´ pondre aux demandes
d’accompagnement psychologique
des patients non hospitalise´ s et de
leur entourage dans ce contexte ?
En attente de stabilisation et de
meilleure visibilite´ des textes qui
re´ gissent alors les re´ seaux de soins
expe´ rimentaux, le travail des diffe´-
rents professionnels de sante´ et des
travailleurs sociaux se de´ veloppe
sur le terrain. Des liens se tissent,
des outils se cre´ ent et les e´ changes
sont fructueux avec un objectif :
potentialiser les ressources de la
ville et des institutions de sante´en
les maillant et en les coordonnant.
En 2001, l’association soins pal-
liatifs Essonne-Sud voit le jour. Il
nous faudra attendre 2002 pour la
naissance du re´ seau ville–hoˆ pital,
soins palliatifs Essonne-Sud, SPES,
pour officialiser ce maillage : cette
expe´ rience de l’EMSP de l’hoˆ pital
Georges-Clemenceau et de ces
praticiens libe´ raux et institution-
nels. Cette officialisation s’effectue
par l’obtention du fond d’aide a`
l’ame´ lioration de la qualite´des
soins de ville, FAQSV.
Tout au long de ces anne´es le
travail de la psychologue clini-
cienne au domicile des patients se
poursuit, accompagne´ d’une re´ fle-
xion sur les e´ ventuelles incidences
sur la pratique de ce lieu singulier.
Si cette expe´ rience d’une prise
en soins psychiques au domicile
s’est de´ veloppe´ e pour des situ-
ations palliatives de pathologies
cance´ reuses bien en amont de la
phase terminale, c’est qu’elle
correspond a` une ve´ ritable priorite´
en termes de sante´ publique.
De plus, le cadre des re´ seaux
autorise et favorise les innovations,
meˆ me si dans ce domaine de la
pre´ sence possible du psychologue
au domicile d’autres expe´ riences
existaient de´ja` : la psychiatrie de
liaison, notamment.
De` s 2002, de´ but de l’aventure
du re´ seau SPES, un montage orga-
nisationnel est e´ labore´ pour re´ ali-
ser des soins psychiques au
domicile, gratuits pour ses be´ne´ fi-
ciaires graˆce a` une subvention du
conseil ge´ne´ ral. Un autre dispositif
existait avec le meˆ me objectif au
sein du re´ seau Quie´ tude (75). Pour
ces deux re´ seaux les psychologues
cliniciens libe´ raux, inte´ resse´ s par
ces proble´ matiques et par l’e´ mer-
gence de cette pratique au domi-
cile, sont sollicite´ s, rencontre´s et
forme´ s. Ils sont re´ mune´re´ s sous
forme d’honoraires directement
par le re´ seau.
Tre` s rapidement en I
ˆle-de-
France tout au moins, les psycho-
logues des re´ seaux de soins
palliatifs et des institutions (hoˆ pi-
taux, HAD, centres d’accueil cancer
de la ville de Paris...) vont se
rencontrer et travailler sur ce qui
paraıˆt eˆ tre une « extension » d’une
pratique, a` l’œuvre jusqu’alors soit
en leur cabinet pour les libe´ raux,
soit dans les e´ tablissements de
sante´ jusqu’au domicile du patient.
Plusieurs communications sur ce
the` me sont re´ alise´ es et pre´ sente´es
dans diffe´ rents congre` s et collo-
ques [1].
Aujourd’hui, l’I
ˆle-de-France
compte dix re´ seaux de soins pallia-
tifs, budge´te´ s par la dotation re´ gio-
nale des re´ seaux, DRDR. Cette
question de l’offre de soins psychi-
ques au domicile est naturellement
prise en compte. C’est dans le cadre
d’une expe´rimentation re´ gionale
organise´ e par les tutelles ARHIF,
URCAMIF et les CPAM et les
re´ seaux de soins palliatifs qu’une
solution est trouve´ e. Un budget
DRDR spe´ cifique a` cette expe´ rience
est alloue´a` chacun des re´ seaux
participants. Il va permettre aux
me´ decins ge´ne´ ralistes et aux infir-
miers libe´ raux d’eˆ tre plus juste-
ment re´ mune´re´ s (majoration pour
le MG [30 euros en plus de la
tarification habituelle], cre´ation
d’acte n’existant pas dans la
nomenclature infirmie`re comme
l’acte d’e´ valuation douleur [7,5
ONCOLOGIE
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