Mauvaises herbes - les chardons et cirses dans les prairies Espèces

Mauvaises herbes - les chardons et cirses dans les prairies 6.4.3.1
www.agridea.ch - 2006
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Espèces - Nuisibilité - Moyens de lutte
Espèces - Nuisibilité - Moyens de lutte
Editeurs : Association pour le développement de la culture fourragère (ADCF), Changins, CH-1260
Nyon 1, en collaboration avec AGRIDEA - Lausanne, Jordils 1, CP 128, CH-1000 Lausanne 6.
Auteurs : Pierre Aeby, Institut agricole de Grangeneuve, CH-1725 Posieux
Bernard Jeangros, Agroscope Changins-Wädenswil, CH-1260 Nyon
1. Tout ce qui pique n'est pas nuisible...
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D’un côté, quelques espèces nuisibles…
Dans les prairies et pâturages, ce sont essentiellement deux
groupes de chardons qui peuvent poser problème : d’une
part, le chardon des champs avec ses rhizomes souterrains,
et de l’autre un groupe de cirses relativement fréquents et
dépourvus de rhizomes, comme les cirses laineux, vulgaire,
maraîcher et des marais.
La lutte est très difficile contre le chardon des champs et
obligatoire dans plusieurs cantons, comme Vaud et Fribourg.
Un envahissement excessif sur les surfaces de compensation
écologique peut conduire à la suppression des primes.
Le 2ème groupe pose occasionnellement des problèmes,
mais son contrôle est cependant plus aisé.
…et de l’autre, une grande diversité à préserver
A côté de ces chardons, il existe toute une série de plan-
tes piquantes, comme les carlines, laiterons, autres cirses et
chardons, onopordes, cardères, bardanes ou encore chardon
bleu. Ce dernier ne fait du reste pas partie de la famille des
astéracées, contrairement aux autres. Certains de ces char-
dons font partie des plantes dites rares et méritent d’être
protégés. Poussant dans des conditions particulières comme
des zones inondées ou séchardes, ils peuvent servir de nour-
riture spécifique ou d’abri à différentes espèces animales.
Comme leur nuisibilité est variable pour l’agriculture, il
convient de savoir exactement à qui on a affaire avant
d’entreprendre une lutte.
"Zoom sur le cas "chardon"
Les chardons sont fort appréciés par une foule de petites bêtes que l’on
peut observer en toute saison (…) même en hiver. Le cortège entomo-
logique concerné par le chardon est très important, certains insectes
(pucerons, larves de diptères, de mouche et de charançon, des teignes,
des punaises, des chenilles de papillons, de chrysomèles) sont des
"habitants" des chardons, dans les tiges ou les inflorescences et sous
les feuilles; d’autres sont des insectes butineurs (bourdons, abeilles,
quelques coléoptères et diptères et quelques vanesses dont la belle
dame). Tout ce beau monde attire des prédateurs (coccinelle, larves
de syrphes et de cécidomyies, des hyménoptères… puis des oiseaux
insectivores, leurs prédateurs …)."
Le début d’une vraie chaîne alimentaire.
Extrait de : «Mission Gestion Différenciée 2001: Mieux comprendre la gestion différen-
ciée des espaces verts», Paysage et environnement. Lille. http://www.paysage.fr/tele-
chargement/guide-demarche-3.pdf
Vanesse du chardon ou Belle-Dame ;
un des plus importants papillons migra-
teurs d'Europe, dont le développement
est lié aux chardons.
G. Mülhauser
A. Sahli
La carline acaule, un véritable symbole de notre ap-
partenance au monde alpin.
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2. Description de quelques espèces nuisibles
Chardon de champs
Cirsium arvense
Cirse laineux
Cirsium eriophorum
Botanique
Hauteur : 0,5-1,0 (1,5) m.
Tige : ni ailée ni épineuse, très ramifiée portant de nombreuses petites in-
florescences.
Feuilles : ondulées sur les côtés, à face inférieure grisâtre, bordées d'épines
dures.
Fleurs : dioïques ; capitules, de couleur pourpre de 1,5-2,5 cm de diamètre;
floraison de juin à août.
Plante : vivace grâce à un réseau dense de longs rhizomes et à racines pi-
votantes.
Floraison : dès mi-juin.
Hauteur : 0,5-1,5 m.
Tige : poilue non épineuse, peu
ramifiée.
Feuilles : très longues (supérieures
à 30 cm). Folioles terminées par une
épine dure jaunâtre.
Fleurs : pourpres dans un capitule
laineux de 4 à 7 cm de diamètre.
Plante : bisannuelle ou pluri-an-
nuelle (bourgeons sur le collet), à
racine pivotante.
Floraison : dès juillet.
Milieu
Prairies de fauche peu-intensives et pâturages, sur tous types de sols, secs
à détrempés, acides à alcalins, tant qu'ils sont profonds et bien pourvus en
éléments nutritifs.
Présent de la zone de plaine jusqu'à l'étage montagnard (parfois aussi su-
balpin).
Pâturages sous-utilisés ou négligés,
en pente bien exposée à la lumière,
sur des sols alcalins (plante indica-
trice) à tendance sécharde et modé-
rément pourvus en éléments nutri-
tifs.
Typique de l'étage subalpin.
(Sources : Lauber et Wagner dans "Flora helvetica" ; Aeschimann et Burdet dans "Flore de la Suisse")
H. Pauchard J. TroxlerP. Aeby
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Cirse vulgaire
Cirsium vulgare
Cirse maraîcher
Cirsium oleraceum
P. Aeby ACWW. Dietl
Cirse des marais
Cirsium palustre
Botanique
Hauteur : 0,5-2,0 m. Tige recou-
verte d'un duvet.
Feuilles : raides et divisées, ter-
minées par une épine jaune, sur le
dessus couvertes de petites épines et
de couleur verte, blanches et duve-
teuses sur le dessous.
Fleurs : capitules solitaires, de cou-
leur pourpre, de 3-5 cm de long.
Plante : bisannuelle ou pluriannuel-
le (bourgeons sur le collet).
Floraison : dès juillet.
Hauteur : 0,5-1,5 m.
Tige : non poilue à la base et un
peu laineuse sur le haut.
Feuilles : vertes, souples et peu
piquantes ; feuilles supérieures
embrassant la tige.
Fleurs : capitules de fleurs jaunes
pâles, de 2 cm de diamètre.
Plante : bisannuelle ou pluriannuel-
le (bourgeons sur le collet).
Floraison : dès juin.
Milieu
Hauteur : 0,4-1,5 m.
Tige : ailée sur toute la longueur, por-
tant des épines, et très peu ramifiée.
Feuilles : très peu poilues sur le des-
sus et duveteuses sur le dessous, peu
divisées sur 2ème moitié.
Fleurs : capitules de couleur pourpre
de 1-1,5 cm de long.
Plante : bisannuelle ou pluriannuelle
(bourgeons sur le collet).
Floraison : dès juillet.
Pâturages négligés, sur sols frais,
riches en éléments nutritifs, indiffé-
remment acides à légèrement alca-
lins.
Présent dans toutes les régions.
Prairies et pâturages humides à
marécageuses (à humidité vari-
able), neutres à alcalins, riches en
éléments nutritifs, en zones plutôt
ombragées.
Présent dans toutes les régions.
Prairies et pâturages humides à ma-
récageuses (à humidité variable),
plutôt pauvres en éléments nutritifs,
indifféremment acides à légèrement
alcalins.
Présent dans toutes les régions
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3. Nuisibilité du chardon des champs
Le chardon des champs est nuisible chez soi, et peut le devenir aussi chez le voisin…
Le chardon des champs est d'abord une adventice dans les cultures. Mais à cause de ses feuilles piquantes évitées par
le bétail et de sa grande force de concurrence vis-à-vis des bonnes graminées, il est également indésirable dans les
prairies. Une fois installé, il devient difficile à maîtriser, à cause de sa forte capacité d'expansion par les rhizomes et les
graines qui se dispersent facilement par le vent.
Comment le chardon des champs peut-il se multiplier si rapidement ?
Les graines se déplacent avec le vent
Un chardon des champs peut produire 4'000
à 5'000 graines par an, qui se disséminent
facilement par le vent sur plusieurs centaines
de mètres. En moyenne, un foyer produit an-
nuellement jusqu'à 2 nouveaux foyers par ses
graines.
A. Lehmann
Envahissement surtout par les rhizomes
C'est surtout avec ses rhizomes que le chardon
des champs occupe de grands espaces : latéra-
lement, il se déplace jusqu'à 2 m par an. Il peut
coloniser jusqu'à 250 m2 en 3 ans. Une fois en
place, il est très difficile de le déloger.
P. Aeby
… Un fragment de rhizome de 3
cm a la capacité de produire une
nouvelle plante, c'est pourquoi le
labour ne peut pas l'éliminer.
P. Aeby
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4. Nuisibilité des cirses laineux, vulgaire, maraîcher et des marais
Les cirses concurrencent les bonnes plantes fourragères
Leur principal défaut réside dans la concurrence
qu'ils exercent vis-à-vis des bonnes plantes, en raison
de la grande taille de leurs feuilles. De plus, le bétail
broute mal aux alentours, ce qui induit des pertes de
fourrages. Mais l'absence de rhizomes alliée à une
production de graines relativement tardive dans la
saison, font que ces espèces sont moins agressives
que le chardon des champs. Les cirses se dévelop-
pent souvent en plantes dispersées sur la surface du
pâturage, plutôt qu'en réseau dense.
Les laisser fleurir peut contribuer à enrichir
le site en diverses espèces animales, mais il
convient de ne pas dépasser le stade floraison.
Les bovins ne consomment pas les bonnes plantes
qui poussent au pied des cirses, à cause de leurs
feuilles piquantes.
P. Aeby
5. Moyens de lutte contre le chardon des champs
Stratégie
a. Maintenir un gazon dense pour empêcher l'arrivée de nouvelles plantes.
b. Ne jamais le laisser produire des graines.
c. Lutter contre les foyers au plus tard au stade bouton floral.
d. Reporter sur un plan l'emplacement des foyers : la lutte dure plusieurs années.
Le chardon des champs ne s'installe pas dans des prairies denses
Il s'installe là où le sol n'est pas couvert de vé-
gétation, notamment lorsque les graminées
ont disparu ; cela peut être le cas après des
dégâts de pâture en conditions humides, de
campagnols, de machines, autour des abreu-
voirs, aux entrées de parc, sur des anciens
foyers ou après des dépôts de bois.
Le sursemis régulier de bonnes grami-
nées et le respect de quelques règles
techniques de pâture peuvent contri-
buer à éviter l'installation de nouvelles
plantes.
ADCF-AGRIDEA chap. 4 "Fiche 4.2.3 :
Pâture en conditions humides"
ADCF-AGRIDEA chap. 8 "Fiche : Amé-
lioration de la composition botanique
des prairies"
Dans les prairies intensives et mi-intensives, le gazon est en
général suffisamment dense pour éviter de nouveaux chardons
et la coupe intervient suffisamment tôt pour qu'une fois en
place il n'ait pas le temps de produire des graines. Il en va de
même dans les surfaces de compensation écologique bien en-
tretenues et fauchées régulièrement à la date prévue. En plus,
l'amaigrissement continuel des prairies extensives lui est peu
favorable.
Attention:
dans les bandes herbeuses fauchées ou broyées tardivement
ou négligées,
sur les pâturages où la pression de pâture est insuffisante, les
refus non fauchés, et les techniques de pâture mal gérées.
à la paille de céréales provenant de parcelles infestées
de chardons, qui peut contenir des graines et conduire à la
colonisation de nouvelles prairies.
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