C’est le même écho que l’on
entend dans le Concile : « Le désir
du dialogue (avec tous les hommes),
conduit par le seul amour de la vérité,
n’exclut personne ; ni ceux qui ho-
norent les hautes valeurs humai-
nes, sans en reconnaître encore
l’auteur, ni ceux qui s’opposent à
l’Eglise et la persécutent de diffé-
rentes façons ».(26).
Le propre d’une maman est de
vouloir rassembler ses enfants, de
les accueillir. Que fait-elle pour ac-
cueillir ses enfants ? Elle met bien en
évidence les souvenirs et les photos
pour leur montrer sa préoccupation
continuelle. A San Damiano, ces
« souvenirs » sont tous les symboles,
les icônes qui sont chers à ses fils. Il
y en a tant là-bas qui sont suscepti-
bles de parler au cœur de nos frères
orientaux !
San Damiano et l’orthodoxie
Si nos frères protestants, en
général, n’admettent pas que Marie
soit « toujours vierge (27)», les ortho-
doxes le professent jusque dans
leurs icônes. Ainsi, les trois étoiles
figurant sur la tête et les deux épau-
les de la Vierge, signifient la triple
virginité de Marie : avant l’Annoncia-
tion, pendant et après l’Incarnation.
A plusieurs reprises, nous nous
sommes entretenus à San Damiano
avec des pèlerins orientaux : ce Lieu
présente pour eux un réel attrait.
Leur dévotion pour Marie n’est plus
à décrire ! Marie est un trésor spiri-
tuel commun entre les Eglises d’o-
rient et d’occident. La dévotion à Ma-
rie serait même plutôt à redécouvrir
de notre côté ! ... En effet, si Marie a
multiplié ses interventions à l’ouest,
ces derniers temps, ne serait-ce pas
pour réveiller cet occident endormi ?:
« Ce ne sont pas les gens bien por-
tants qui ont besoin de médecin, »
disait Jésus « mais les malades, je
ne suis pas venu appeler les justes
mais les pécheurs (28). »
Marie, à San Damiano appelle sur-
tout à la conversion : la nôtre ;
« Priez pour l’Eglise, pour mes apô-
tres, pour qu’ils reviennent, car
je suis la Mère de l’Eglise et
mes fils, je les appelle, je les
appelle à la prière, à la péni-
tence » (SD 19 déc. 1969) (29).
En écho à ce message,
l’Eglise atteste que l’unité ne
se fera pas sans « la conver-
sion du cœur, “en vue de vi-
vre plus purement selon l’E-
vangile”, car c’est l’infidélité
des membres au don du Christ
qui cause les divisions » (30).
On pourrait également citer le
Père Alexandre Men, prêtre
orthodoxe assassiné à coup
de hache en septembre 1990
près de Moscou : « Je suis
arrivé à la conviction que
l’Eglise est Une et que les
chrétiens ont été divisés
surtout par leur étroitesse et
par leur péché » (31).
Les multiples icônes qui
sont vénérées en Orient depuis
des siècles témoignent de leur
fidélité à Marie. Quel est le
sens de l’icône ? Ce n’est pas l’image
que l’on honore, mais la réalité signi-
fiée par cette image transfigurée par
la foi. C’est ainsi que Marie y est vé-
nérée non seulement comme Mère
de Dieu, mais aussi elle-même
comme parfaite icône de l’Eglise (32).
« Le besoin d’avoir une icône avec
soi et devant soi provient du carac-
tère concret d’un sentiment religieux
qui ne se satisfait pas d’une contem-
plation purement spirituelle, mais qui
cherche une proximité immédiate,
tangible (33)», écrivait serge Boulga-
kov, prêtre et théologien orthodoxe
russe convertit du marxisme.
Les chrétiens orientaux, qui sont
épris de symboles, ne manqueront
pas de noter leur abondance au Jar-
din de Paradis et il y discerneront une
véritable icône de la Mère de Dieu et
de la litanie de ses titres.
Ainsi, le puits recouvert d’un dôme
évoque le Cantique des Cantique : (la
source scellée , source des jardins,
puits d’eaux vive, ruissellement du
Liban (34) ; comme aussi le jardin
entouré d’une grille (l’enclos du
Roi, Elle est un jardin bien clos ma
sœur, ma fiancée, j’entre dans mon
jardin…, Mon bien aimé est descen-
du à son Jardin (35 ) ; le poirier fleuri
( Au jardin des noyers je suis descen-
du pour voir (…) si les grenadiers
fleurissent (36) ; les parfums de ro-
ses (mon nard donne son parfum,
mon bien aimé est un sachet de
Myrrhe (37).
Cette liste n’est que fragmentaire et
chacun de ces symboles mériterait
un commentaire ! Nos frères d’orient
comprennent ce langage et ils se
souviendront que le mont Athos (en
Grèce) s’appelle aussi traditionnelle-
ment « Jardin de la Vierge » ou en-
core, « Jardin de Paradis » (38) !
26. Gaudium et Spes 92, 5
27. Luther insiste sur la naissance virgi-
nale du Christ et sur Marie mère du Sei-
gneur. Il s'efforce cependant d'épurer le
culte des « abus » qui proviennent d'un
transfert de l'œuvre du Christ sur la vierge.
Pour éviter toute confusion et définir la vraie
place de Marie dans le plan de Dieu, il in-
siste sur la relation entre Marie et l'Église: «
Ce que nous disons de Marie doit être dit de
l'Église» (Vorlesung über den Psalm 45
[1538], WA, 40, II, 557). Elle nous enseigne
la foi et est en ce sens, au même titre que
l'Eglise, « la mère des croyants » (Predigten
des Jahres 1529, WA, 29, 655). Marie n'est
ni sauveur ni rédemptrice ; elle est en re-
vanche le modèle du disciple et de la mère,
la femme sur laquelle Dieu a jeté son regard
et qu'il a comblée de grâce. Extrait
de « l'encyclopédie du protestantisme ».
28. Mc 2, 17
29.Voir aussi le message commenté du 5
sept. 1969, p 7-8.
30.CEC 821 citant Unitatis Redintegratio 7.
31.Alexandre Men par Yves Hamant, Edit.
Nouvelle cité.
32.Cf note 14
33. L’Orthodoxie, Serge Boulgakov, l’Age
d’Homme p 157.
34.Ct 4. 12, 15
35.Ct 1, 12 ; 4, 12 ; 5, 1 ;6, 2
36.Ct 6,11 et 7, 13
37.Ct 2,12-13
38.San Damiano à l’aube du IIIe millénaire.
Roland Maisonneuve p 182 ; Tequi.
Le Jardin de Paradis,
une véritable icône
de la Mère de Dieu
Icône de la Très Sainte Mère de Dieu
"Znamenie" (du Signe)
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