PROBLÈMES EN ÉTHIQUE
Sigle : PHI 1400 (section P)
Horaire : les jeudis de 13h à 16h du 5 janvier au 13 avril
Local : 4113 Pavillon Marguerite d’Youville
Session : Hiver 2017
Enseignante : Margaux Ruellan
Permanence : les mercredis de 12h à 14h au 2910, Bd Edouard Montpetit, bureau 406
INTRODUCTION
Que dois-je faire ? N’aurais-je pas agir comme ceci ? Que ferais-je si cela arrivait ? Ces questions
que nous nous posons fréquemment sont loin d’être les plus simples à résoudre en témoignent les
nombreux débats que les philosophes de l’Antiquité à nos jours ont entretenus à ce sujet. Comment
choisir la bonne action parmi la pluralité des avenues souvent opposées qui s’offrent à nous dans notre
travail en particulier lors d’interventions policières ou dans notre vie personnelle ? Ce cours vise à
introduire aux étudiantes et étudiants des outils théoriques permettant de développer une réflexion
philosophique sur des enjeux éthiques pratiques auxquels elles et ils seront confronté.e.s à titre
d'intervenant.e.s, de chercheur.e.s en sécurité publique, ou de citoyennes et citoyens.
Nous commencerons par aborder des questions de méta-éthique. Comment distinguer le raisonnement
moral et normatif du raisonnement scientifique et descriptif ? La morale est-elle relative aux cultures
ou bien universelle ? Sommes-nous des êtres moraux naturellement ? Le fait que nous agissions
moralement dépend-il uniquement de notre caractère ?
Nous nous familiariserons ensuite avec les quatre grandes familles de l'éthique normative, soit 1) le
conséquentialisme, en nous concentrant sur la version la plus connue qui est l'utilitarisme de Jeremy
Bentham et de John Stuart Mill, et ses variantes chez Peter Singer et Amartya Sen ; 2) le
déontologisme, que nous aborderons à travers la philosophie morale d'Emmanuel Kant, son plus illustre
représentant ; 3) l'éthique relationnelle, qui découle de l'éthique du care développée par les philosophes
féministes du XXème siècle ; et 4) l'éthique des vertus proposée par Aristote et réactualisée au XXème
siècle par Alasdair McIntyre et Rosalind Hurthouse. Une fois ces théories éthiques expliquées, nous
considérerons les réponses normatives qu’elles ont adressées à la question du châtiment et de la gestion
des criminels dans une société démocratique.
La dernière partie du cours se penchera sur des questions d’éthique appliquées au domaine de la
sécurité publique. Un premier volet portera sur les problèmes éthiques reliés à la sécurité et à la
surveillance publique. Face à la menace terroriste, les États occidentaux ont considérablement renforcé
leurs moyens de renseignement et leurs dispositifs de sécurité dans les espaces publics. Ces mesures
vont-elles à l’encontre des libertés civiques ? La surveillance des moyens de communication et des
espaces publics porte-t-elle atteinte à la vie privée ? Enfin, un deuxième volet en éthique appliquée
s’intéressera à l’éthique de l’intervention policière, avec notamment la question du profilage racial et
celle des violences raciales et sexistes internes aux milieux professionnels de la sécurité et de la police,
connotés comme étant des « métiers d’hommes blancs ».
MÉTHODOLOGIE
L’enseignement se fera sous forme d’exposés magistraux en constante interaction avec la classe. Les
étudiantes et étudiants seront invité.e.s à poser autant de questions et d’objections que nécessaire. Des
exercices collectifs ou en petits groupes ponctueront les séances de cours, afin de permettre
l’application des connaissances et de solliciter la réflexion de chacun sur des problèmes concrets ou des
expériences de pensée. Des notes de cours schématiques sous forme de power-point seront
communiquées avant chaque cours afin que l’étudiant.e puisse s’y préparer.
La prise de note et la participation active en classe pendant les exposés et les exercices sont les
conditions de base de l’apprentissage et de la réussite.
Le cours comportera deux ateliers (séances 6 et 9) en petits groupes qui seront animés par les
auxiliaires d’enseignement. Ce seront des occasions privilégiées d’aborder, dans une première séance,
les exigences et la méthode de l’étude de cas à réaliser maison, et, dans un deuxième atelier, les
corrections particulières du premier examen. La participation active aux ateliers est garante de la
réussite au cours. Une pénalité de 10% sera octroyée pour toute absence injustifiée aux ateliers.
MODALITÉS D’ÉVALUATION
L’évaluation comporte trois étapes :
- un examen en classe à la mi-session (semaine 8) visant à contrôler l’acquisition des connaissances,
valant 30% de la note globale.
- une étude de cas à composer à la maison (à remettre à la semaine 13), valant 30% de la note globale
- un examen final en classe (semaine 16), valant 40% de la note globale.
Les critères d’évaluation de l’étude de cas et des questions à développements longs lors des examens
en classe seront les suivants :
- compréhension adéquate des théories, arguments, auteurs
- justesse et pertinence des analyses, commentaires et critiques
- cohérence dans l’organisation et l’enchaînement des idées
- clarté et précision de la langue et du style
Des consignes précises sur l’étude de cas et les examens seront données en classe.
Veuillez noter que le département de philosophie propose un guide méthodologique aux étudiants.
Vous le trouverez à l’adresse suivante :
http://philo.umontreal.ca/fileadmin/Documents/FAS/Philosophie/Documents/3-Ressources-
services/Guide_m%C3%A9tho_janvier_2011__2_.pdf
Conformément à la politique en vigueur au département de philosophie, une pénalité de 5% par jour
de retard est appliquée à tout travail remis avec un retard injustifié.
Attention au plagiat !
Veuillez noter que l’Université de Montréal ne tolère pas le plagiat, c’est une question d’intégrité :
http://www.integrite.umontreal.ca/
Pour éviter le plagiat accidentel, consultez : http://guides.bib.umontreal.ca/disciplines/22-Citer-ses-
sources
LECTURES OBLIGATOIRES
Les étudiantes et étudiants doivent avoir effectué les lectures obligatoires avant chaque cours parce
que le contenu du cours s’appuie directement sur les extraits ou les articles désignés à la lecture.
Toutes les lectures obligatoires seront données sur Studium, sous forme soit de documents « pdf » soit
d’hyperliens vers des articles de revues scientifiques.
Important :
Pour accéder aux articles en hyperlien, les étudiantes et étudiants ont les possibilités suivantes :
- avoir configuré l’adresse proxy de l’Université de Montréal sur leur ordinateur personnel. Toutes les
indications sont données ici pour configurer le proxy : http://www.bib.umontreal.ca/soutien-
informatique/proxy.htm
- utiliser les ordinateurs mis à leur disposition dans les bibliothèques de l’Université de Montréal.
CALENDRIER
1. Éléments de méta-éthique :
Semaine 1 (5 janvier) : Introduction au cours et à l’éthique : spécificité du raisonnement moral,
expériences de pensée et erreurs de raisonnement
Lecture complémentaire : Daniel Weinstock, Profession éthicien, Montréal : PUM.
Semaine 2 (12 janvier) : Éléments de méta-éthique
A) Les humains sont-ils des animaux moraux?
Lecture : Georges Chapouthier (2003), « Jusqu’où la morale est-elle naturelle? », Citiés, Vol. 3, No. 15,
p. 163-167.
B) La banalité du mal (Arendt et Milgram)
Lecture : Jean-françois Marmion, « Stanley Milgram. Les bourreaux ordinaires », Sciences Humaines,
No. 213, p. 114.
2. L’éthique normative et la question du châtiment :
Semaine 3 (19 janvier) : le conséquentialisme et l’utilité sociale de nos actions
Lecture : Peter Singer, Sauver une vie (extraits sélectionnés) ; Jeremy Bentham, Principes de la morale
et de la législation (extraits sélectionnés)
Semaine 4 (26 janvier) : le conséquentialisme (bis) et les différents types d’utilitarismes
Lecture : John Stuart Mill, L’utilitarisme (extraits sélectionnés) ; Amartya Sen et Bernard Williams,
Utilitarism and beyond (extraits sélectionnés)
Semaine 5 (2 février) : le déontologisme et le devoir moral
Lecture : Emmanuel Kant, Métaphysique de mœurs (extraits sélectionnés)
Semaine 6 (9 février) :
A) le déontologisme et le devoir moral (bis)
Lecture : à déterminer
B) ATELIER 1 : Préparation à la dissertation maison
Semaine 7 (16 février) :
A) À quoi sert le châtiment ? Approches déontologiques et utilitaristes
Lecture : Bertrand Guillarme, Penser la peine (extraits sélectionnés)
B) Révisions pour l’examen de mi-session
Semaine 8 (23 février) : EXAMEN DE MI-SESSION
Semaine 9 (2 mars) : activités libres
Semaine 10 (9 mars) :
A) L’éthique relationnelle – associer et accompagner
Lecture : Marie Garrau et Alice Legoff, Care, Justice et Dépendance (extraits sélectionnés) ; Gilligan,
Une voix différente : pour une éthique du care (extraits sélectionnés) ; Tronto, Un monde vulnérable :
pour une éthique du care (extraits sélectionnés)
B) ATELIER 2 : Correction de l’examen
Semaine 11 (16 mars) :
A) L’éthique des vertus – réformer les caractères
Lecture : Aristote, Éthique à Nicomaque (extraits sélectionnés) ; Alasdair McIntyre, Après la vertu
(extraits sélectionnés)
B) Étude de cas : la lutte contre la radicalisation religieuse (un exemple pour le devoir
maison)
Lecture : Asiem El Difraoui et Milena Uhlmann, « Prévention de la radicalisation et déradicalisation :
les modèles allemand, britannique et danois », Politique étrangère, 2015/4 (Hiver), p. 171-182
3. Réflexions d’éthique appliquée sur la sécurité publique :
Semaine 12 (23 mars) : Sécurité et liberté en démocratie
Lecture : Daniel Weinstock, « Sécurité et démocratie », Philosophiques, vol. 29, 2002/2, p. 351-370.
Semaine 13 (30 mars) : Renseignements, surveillance et vie privée
=> Conférence de Louis Sagnières (PhD Philosophie)
Lecture : à déterminer
DATE LIMITE DE REMISE DE LA DISSERTATION
Semaine 14 (6 avril) : Éthique de l’intervention policière 1/2
A) Intervention policière et droits moraux
B) Profilage racial, social et politique
Lecture : Lever, A. (2005), « Why racial profiling is hard to justify? A Response to Risse and
Reckhauser », Philosophy and Public Affairs, vol. 33, no. 1, p. 94-110.
Semaine 15 (13 avril) : Éthique de l’intervention policière 2/2
A) Violences internes aux « métiers d’hommes »
Lecture : Boussard, V., M. Loriol et S. Caroly, « Une féminisation sur fond de segmentation
professionnelle genrée : le cas des policières en commissariat », Sociologies pratiques, Vol. 14, 2007/1,
p. 75-88.
B) Synthèse et révisions en vue de l’examen final
Semaine 16 (27 avril) : EXAMEN FINAL
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Lectures obligatoires :
Aristote (2004), Éthique à Nicomaque, trad. R. Bodéus, Paris : Flammarion.
Bentham, J. (2011), Introduction aux principes de morale et de législation, trad. M. Bozzo-Rey et al.,
Paris : Vrin.
Boussard, V., M. Loriol et S. Caroly, « Une féminisation sur fond de segmentation professionnelle
genrée : le cas des policières en commissariat », Sociologies pratiques, Vol. 14, 2007/1, p. 75-88.
Chapouthier, G. (2003), « Jusqu’où la morale est-elle naturelle? », Citiés, Vol. 3, No. 15, p. 163-167.
Garrau M. et A. Le Goff (2010), Care, justice et dépendance, Paris : PUF.
Gilligan, C. ([1984] 2008), Une voix différente : pour une éthique du care, Trad. A. Kwiatek, Paris :
Flammarion.
Guillarme, B (2003), Penser la peine, Paris : PUF.
Kant, E. (1994), Métaphysique de mœurs, Paris : G-F.
Lever, A. (2005), « Why racial profiling is hard to justify? A Response to Risse and Reckhauser »,
Philosophy and Public Affairs, vol. 33, no. 1, p. 94-110.
MacIntyre, A. (1993), Après la vertu, Paris : PUF.
Marmion, J-F. (2010), « Stanley Milgram. Les bourreaux ordinaires », Sciences Humaines, No. 213, p.
114.
Mill, J. S. (1998), L’utilitarisme. Essai sur Bentham, Trad. C. Audard et P. Thierry, Paris : PUF.
Sen, A et Williams, B. (dir.) (1982), Utilitarism and beyond, Cambridge : CUP.
Singer, P. (2009), Sauver une vie. Agir maintenant pour éradiquer la pauvreté, Paris : Michel Lafon.
Tronto, J. (2009), Un monde vulnérable : pour une éthique du care, Trad. H. Maury, Paris : La
Découverte.
Weinstock, D. « Sécurité et démocratie », Philosophiques, vol. 29, 2002/2, p. 351-370.
Lectures complémentaires :
Anscombe, E. (1958), « Modern Moral Philosophy », Philosophy, vol. 33, no. 124, p. 1-16.
Arendt, H. (1991), Eichmann à Jérusalem, Paris : Gallimard.
de Waal, F. (1996), Le bon singe. Les bases naturelles de la morales, Paris : Bayard.
Cohen, H. et M. Feldberg (1991), Power and restraint : the moral dimension of police work, New York,
Praeger.
Crisp, R. et Slote, M. (dir.) (1997). Virtue Ethics, New York : OUP.
Darwall, S. (dir.) (2003), Deontology, Malden, MA : Blackwell.
Garapon, A., Gros, F. et Pech, Th. (2001), Et ce sera justice : punir en démocratie, Paris : Odile Jacob.
Harman, G. et Thomspon, J. (1996), Moral Relativism and Moral Objectivity, London : Blackwell
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