44 • JOURNAL DE L’ASSURANCE • FévRiER 2008 www.journal-assurance.ca
L’objectif était de trouver com-
ment les cabinets de courtage peu-
vent-ils faire pour se lancer dans la
sollicitation de nouveaux clients et
même récupérer ceux perdus aux
mains des directs.
« Ce n’est pas un BMS qui fait
de la vente, mais c’est le courtier.
S’il veut faire quelque chose de
différent, le courtier ne doit pas
attendre après son logiciel de
gestion de cabinet de courtage »,
lance aux courtiers Pat Durepos,
PDG de Keal Technologie et ac-
tionnaire du second plus important
cabinet de courtage au Nouveau-
Brunswick, Alliance Assurance.
(Note de la rédaction : BMS signi-
fie broker management system, une
expression souvent utilisée dans
l’industrie.)
Il donne en exemple un courtier
d’Oakville, en Ontario, PetCare
Insurance Brokers, qui a posi-
tionné son cabinet sur une offre
marketing spécialisée pour les
animaux domestiques. « Il faut
être innovateur et mettre en place
un plan d’action et y allouer la
discipline et les ressources requises
pour le faire. Plusieurs campa-
gnes du genre sont en place et
fonctionnent très bien », souligne
M. Durepos.
Hubert Brunet, vice-président
assurance aux entreprises pour la
bannière AssurExperts, abonde
dans le même sens. Il croit que le
problème des courtiers est toujours
le même : ils ne font pas assez de
sollicitation.
« On peut comparer la situation à
un chien qui court après sa queue.
Faire du marketing s’inscrit dans
une démarche. Or, la démarche
n’est pas initiée. Si les courtiers
utilisaient les outils marketing de
leur BMS, ils feraient plus de ven-
tes. C’est une question de volonté.
Des courtiers ont décidé de les
utiliser et les résultats sont là »,
fait-il valoir.
Michel Richard, directeur des
technologies de l’information chez
ING Canada, rappelle aux cour-
tiers que la liste des clients perdus
aux mains des directs au Québec se
trouve dans leur logiciel de gestion
de cabinet! « C’est la plus belle
chose qui peut arriver au courtier :
il n’a qu’à aller rechercher l’info
dans le système. »
M. Richard émet toutefois un
bémol : il considère que les mo-
dules marketing qu’on retrouve
dans les BMS ne correspondent
pas nécessairement aux besoins
des courtiers. À son avis, il est
difficile de trouver un courtier
québécois qui utilise efficace-
ment celui-ci. « Il ne s’agit plus
de faire des envois massifs et du
publipostage. La réalité de 2008
est différente. Les courtiers sont à
l’ère des campagnes ciblées et de
la collecte des adresses courriels
et aimeraient communiquer avec
leurs clients de cette manière »,
fait valoir M. Richard.
On y trouve aussi des problèmes
pointus au niveau des rapports
comme, par exemple, le nombre
de polices actives, les ventes par
courtier, par succursales. Ces rap-
ports sont importants, dit-il, parce
qu’ils permettent aux dirigeants du
cabinet de bâtir un plan d’attaque
en vue d’une campagne.
« Les courtiers veulent voir
combien ils ont de polices en force,
combien ils en renouvèlent et
combien ils en perdent. Ils veulent
savoir où vont-ils aller chercher un
marché. En bout de ligne, les be-
soins du client payeur ne sont pas
comblés », prétend M. Richard.
Pat Durepos croit cependant que
les modules marketing peuvent
permettre aux courtiers d’être
efficaces. Selon lui, il est facile
pour un courtier de lancer une cam-
pagne pour combler les polices
orphelines avec son logiciel. Il
reconnaît néanmoins que peu de
courtiers utilisent adéquatement
ces fonctions. Au contraire, fait-il
observer, les cabinets consacrent
l’essentiel de leurs ressources aux
renouvellements.
Ainsi, selon un décompte mené
par Keal Technologie sur un petit
échantillon de cabinets, M. Dure-
pos affirme avoir observé que les
nouvelles affaires ne représentaient
en général qu’un peu moins de
10 % des transactions. « Je vois
souvent de 5 à 8 %, les meilleurs
sont à 18 ou 20 %.» Pourtant,
met en garde M. Durepos, pour
survivre un cabinet doit obtenir au
moins 10 % de nouveaux clients
chaque année.
« Le courtier qui a un taux de
nouvelles affaires de 10 % fait
d’excellentes campagnes, avec du
télémarketing, et est dédié à créer
des produits intéressants. C’est au
courtier de le faire, indépendam-
ment du fait qu’il ait un BMS ou
pas. Il doit s’y commettre, s’im-
poser une discipline et y allouer
les bonnes ressources », affirme
M. Durepos.
Louise Blanchard, gestion-
naire de projets spéciaux chez
Keal Technologie, ajoute qu’elle
voit plusieurs courtiers payer
pour avoir des listes marketing
sans noter ce qu’ils font avec ces
clients l’année suivante. Pourtant,
dit-elle, les courtiers sont contents
d’embarquer dans une démarche
de marketing. Paradoxalement,
révèle-t-elle, s’il y a un manque
de personnel, le marketing est la
première chose qu’ils vont laisser
tomber.
Richard Delisle, président de
Deltek, défend aussi les fonctions
de son logiciel de cabinet de
courtage L’Intermédiaire. Elles
permettent de faire un marketing
adéquat, mais que les courtiers ne
connaissent pas cet environnement,
dit-il.
« J’ai l’impression qu’il n’y a
peut-être que 2 % de nos clients qui
utilisent ces fonctionnalités. Lors
de la vente de notre produit, ça in-
téresse les gens quand on en parle,
mais on n’en entend plus rien par
la suite. Nous n’avons pas d’écho
qui dit que ces fonctionnalités sont
supers », révèle-t-il.
Système parallèle
Insatisfaits, certains courtiers
n’hésitent pas à monter des sys-
tèmes parallèles pour combler les
lacunes qu’ils disent trouver aux
logiciels de gestion. C’est ce qu’a
fait Denis Lanthier, président
d’Assurances Lanthier et prési-
dent du Comité des usagers de Keal
Technologie.
« Pour les activités de nouvelles
Développement Des ventes en IARD
Les courtiers ont-ils la solution
dans leur logiciel de gestion de cabinet?
La solution au développement des ventes des cabinets
de courtage en IARD se trouve-t-elle dans leur logiciel
de gestion? Poser la question c’est soulever un débat
comme l’a constaté le Journal de l’assurance dans une
série d’entrevues.
vENTE ET MARKETiNG
Pat Durepos
(suite à la page 48)
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Le guide du développement
des ventes en IARD
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