COMMUNIQUE DE PRESSE
N° 210
28 mars 2012
Les statistiques indiennes sur le cancer, un modèle à suivre
L’Inde a enregistré près de 555 000 décès par cancer en 2010, selon une estimation publiée aujourd’hui dans The
Lancet (1) (28 mars 2012). Cette étude, dirigée par le Dr Prabhat Jha, Directeur du Centre for Global Health Research
de l’Hôpital St Michael à Toronto, et menée dans le cadre d’une collaboration avec les institutions nationales
indiennes et le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), a utilisé une méthode unique pour projeter
les décès par cancer pour l’ensemble de l’Inde, méthode fondée sur les tendances de la mortalité par cancer dans un
échantillon de ménages en 2000-2003. La mortalité est une mesure clé du fardeau du cancer dans un pays qui offre
une base importante pour la mise en œuvre de mesures préventives de santé publique.
L’Inde, premier pays émergent à rejoindre le CIRC en 2006, participe activement aux activités de l’organisation
mondiale de recherche sur le cancer.
Cette étude historique, qui offre un tableau unique de la situation actuelle de la mortalité par cancer en Inde, ouvre la
voie à d’autres économies émergentes qui peuvent mettre en œuvre des systèmes similaires là où le système civil
d’enregistrement des décès est soit inexistant, soit incapable de fournir des informations fiables sur le nombre de
décès et leur cause.
Un système d’enregistrement novateur
Des médecins et travailleurs sociaux formés à cet effet ont identifié les décès par cancer dans un échantillon national
représentatif de 1,5 million de ménages, échantillon qui constitue le Sample Registration System (SRS) mis sur pied
pour réaliser des projections des naissances et décès en Inde. Les chercheurs ont estimé les décès par cancer dans
les populations urbaines et rurales, selon le niveau d’instruction et dans les différents Etats de l'Inde en utilisant cette
approche.
Incidence et mortalité
Si l’on a d’une part des données fiables sur les nouveaux cas de cancer grâce aux registres fonctionnant dans la
population en Inde, chiffres sur lesquels se fondent les estimations nationales disponibles dans la base de données
GLOBOCAN au CIRC, c’est en revanche grâce à l'étude de Jha et ses collègues que l’on dispose d’informations
fiables sur les décès par cancer dans ce pays.
De nouvelles statistiques pour améliorer la lutte contre le cancer en Inde
Dans cette étude, les cancers liés au tabac concernent environ 42% et 18% des décès par cancer chez les hommes
et les femmes, respectivement. Pour ce qui est des hommes, deux des cancers mortels les plus fréquents sont ceux
de la bouche (lèvre et pharynx compris) et du poumon. "La lutte contre le tabac est une priorité pour la prévention du
cancer, notamment à travers une taxation plus élevée, pour faire grimper les faibles niveaux d’abandon du tabac",
estime le Dr Freddie Bray, chercheur du CIRC ayant participé à l’étude. Les cancers du col de l’utérus, de l’estomac
et du sein représentent 41% des décès par cancer chez les femmes aussi bien dans les zones rurales que les zones
urbaines. Ainsi, les interventions telles que la lutte antitabac, la vaccination contre le virus du papillome humain
(VPH), le dépistage du cancer du col utérin parallèlement à la détection précoce et au traitement des cancers de la
bouche et du sein peuvent avoir un impact important sur la prévention des décès futurs par cancer en Inde.
Disparités géographiques
Contrairement à une idée reçue, les taux de mortalité par cancer restent généralement similaires entre les zones
urbaines et rurales en Inde. Cependant, ces taux varient considérablement d’un Etat indien à l’autre.
Défauts du système civil d’enregistrement de la mortalité
Dans de nombreux pays, dont l’Inde, les statistiques de mortalité par cancer calculées par les systèmes d’état civil
sont incomplètes et donc peu fiables. Le Dr Rengaswamy Sankaranarayanan, du CIRC, estime dans un Commentaire
qui accompagne l’article du Lancet qu’en Inde seulement la moitié des 9,8 millions de décès annuels sont enregistrés
par l’état civil, et que moins de 4% ont été certifiés par un médecin, sachant que 75% des décès surviennent au
domicile du patient.
Une étude qui fera date
Le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC, conclut : "Cette étude devrait stimuler d’autres interventions pour réduire
de façon importante le fardeau du cancer en Inde. Le profil unique de la situation de la mortalité cancéreuse
qu’apportent les statistiques SRS complète les estimations de GLOBOCAN, ce qui permet d'adapter les projets de
prévention et de lutte contre la maladie aux problèmes spécifiques du cancer dans les diverses populations de l'Inde.