D. Obert F. Vandenbrouck GRIESP version 4
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Dualité onde-particule
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I. Photon et onde lumineuse
I.1. Introduction
I.2. Enjeux pédagogiques
I.3. Le photon
La lumière, c’est combien de photons ?
Utilisation d’une lame semi-réfléchissante
Conclusion
II. Onde de matière – Relation de de Broglie
II.1. Introduction historique
Relation de de Broglie
Première vérification expérimentale
Commentaires
II.2. Interférences à deux fentes avec des atomes de néon ultrafroids
Introduction
Le dispositif expérimental
Commentaires
II.3. Exemples
Expériences des fentes d’Young avec des atomes
Expériences d’interférence avec des molécules de fullerène C60
Interférences avec des électrons
Des électrons en boîte
Explorer la matière
II.4. Conclusions
Annexe 1 : le programme et les commentaires
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Dualité onde-particule
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La dualité onde-particule est introduite dans le nouveau programme de terminale S. L’extrait de
programme correspondant ainsi que les commentaires qui lui sont associés, parus dans le bulletin officiel
spécial n°8 du 13 octobre 2011, figurent en annexe 1.
Ce document, destiné au professeur, analyse cette partie du programme de terminale S. En
particulier, il montre que le professeur peut s’appuyer sur des expériences très récentes pour construire
son argumentation ou illustrer son propos. Il ne s’agit en aucun cas d’un cours pour les élèves, même s’il
suggère quelques pistes au professeur pour élaborer des activités, sans aucun objectif prescriptif.
Prologue historique
Le jeune Max Planck s’inscrit à l’université de Munich pour y étudier les sciences exactes en
octobre 1874, il a alors 16 ans et ne suit pas les conseils du physicien von Jolly qui le dissuade de se
lancer dans la physique où « tout a été découvert, et où il ne reste que quelques lacunes sans importance
à combler »1.
Quelques années plus tard Max reçoit le prix Nobel de physique en 1918 « pour avoir fondé la
mécanique quantique ».
La physique du début du XXième siècle est marquée par la naissance de la théorie de la relativité
restreinte en 1905 par Einstein, par celle de la relativité générale en 1915 par le même savant et enfin par
celle de la mécanique quantique dans les années 20. Il est remarquable de noter que plus de 120 prix
Nobel ont été attribués pour des découvertes relatives au monde de la physique quantique2 ; ceci
souligne la vitalité et l’importance de ce domaine de la physique.
Le programme de TS aborde la physique quantique en limitant et en adaptant ses objectifs à une
première présentation nécessitant un formalisme modeste mais permettant d’appréhender certains des
enjeux de la physique et de la chimie du XXIème siècle.
I. Photon et onde lumineuse
I.1. Introduction : concepts de la physique classique
Un élève de terminale a déjà acquis un certain niveau de représentation concernant les particules
classiques et les champs classiques.
Le concept de « particule classique » est associé à un objet réel, discret, ayant un caractère
individualisé et une certaine extension spatiale que l’on réduit parfois avec la notion de particule
ponctuelle. Après avoir fixé un référentiel, on peut définir sa position, puis sa trajectoire qui est le lieu des
points occupés par celle-ci au cours du temps.
On lui associe des propriétés physiques comme la masse, la charge et on la soumet à des
interactions que l’on modélise par des forces. On s‘intéresse alors à l’étude prédictive du mouvement des
particules à l’aide notamment de la seconde loi de Newton : F
dt
pd
r
r
=. On est conduit à introduire d’autres
grandeurs comme la quantité de mouvement, l’énergie cinétique et l’énergie mécanique, en s’intéressant
spécifiquement à celles qui sont conservées.
1 J-C. Boudenot et G. Cohen-Tannoudji, « Max Planck et les Quanta », Ellipses, 2001
2 J.L. Basdevant : « 12 leçons de mécanique quantique » Vuibert. 2006
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A l’issue de l’étude de la partie « Temps, mouvement et évolution » les élèves de TS ont acquis
des bases solides sur les notions qui permettent d’étudier les particules au sens classique du terme.
La partie « Caractéristiques et propriétés des ondes » introduit la notion d’onde. Celle-ci est très
différente de la notion de particule : l’onde fait appel à des grandeurs continues (les champs), occupe un
domaine étendu de l’espace et est souvent caractérisée par la donnée d’une ou plusieurs grandeurs
vibratoires. On introduit le concept d’onde à l’aide d’exemples qui permettent d’en visualiser le
déplacement : c’est le cas d’une déformation qui se propage à la surface de l’eau, ou d’une élongation
transversale sur une corde ; ces situations sous-tendent l’existence d’un milieu support. On aborde
ensuite le cas de l’onde lumineuse, elle est un « vrai » champ de la physique classique que l’on ne peut
pas décrire en terme de déplacement d’un milieu hypothétique ; ces champs « doivent être pensés
comme existant par eux mêmes3 ». On peut souligner que dès le XIXème siècle, les physiciens pensent
que les ondes lumineuses ne sont pas des ondes « comme les autres » car elles se propagent dans le
vide.
En dehors de la notion de propagation, les phénomènes de diffraction et d’interférences sont les
deux notions importantes du programme de TS relatives aux ondes. De manière immédiate, les élèves
associeront diffraction et interférences au concept d’onde.
Les compétences exigibles sur le thème de la diffraction sont en particulier « d’identifier les
situations physiques où il est pertinent de prendre en compte le phénomène de diffraction » et de
« connaître et exploiter la relation a
λ
θ
= ».
Figure de diffraction par une fente carrée de coté a :
l’extension angulaire de la figure est fixée par la relation a
λ
θ
=
Concernant le phénomène d’interférences, la compétence exigible sur ce thème est « Connaître et
exploiter les conditions d’interférences constructives et destructives pour des ondes monochromatiques. »
Pour les ondes lumineuses, le dispositif des trous d’Young ou des fentes d’Young peut constituer une
référence pertinente, la manifestation du caractère ondulatoire de la lumière est identifiée par l’existence
de maximas et de minimas de l’éclairement comme on peut l’observer sur une cuve à onde. Notons que
l’analogie entre les deux situations n’est pas si simple à construire pour un élève qui ne dispose pas du
formalisme adapté. L’aspect ondulatoire implique l’existence d’un principe de superposition de l’amplitude
des différentes ondes présentes en un même point, et l’élève doit parvenir à s’étonner puis à comprendre
que la superposition de deux ondes lumineuses puisse donner des franges sombres.
3 J.M.Lévy-Leblond ; F. Balibar ; «Quantique, Rudiments » InterEditions 1984
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L’interfrange
a
D
λ
permet de relier une grandeur géométrique mesurable de la figure
d’interférence, à une propriété intrinsèque de l’onde : sa longueur d’onde λ. Cette relation peut faire l’objet
d’une étude lors d’une activité expérimentale.
Figure d’interférences avec deux trous d’Young4 : l’interfrange est donnée par a
D
λ
I.2. Enjeux pédagogiques
Sans préjuger d’une progression différente toujours possible, lorsque les élèves abordent la partie
« Dualité onde-particule », ils ont, dans ce domaine, une vision assez tranchée des objets de la physique
classique : il y a les particules et les ondes. Comme nous l’avons vu, ils associent à chaque objet un
mode de description, des techniques d’étude et des propriétés spécifiques.
Ils aborderont ces nouveaux concepts de la physique quantique avec leur culture de physique
classique et utiliseront, comme les physiciens l’ont fait avant eux, un vocabulaire de cette physique
classique qui, comme nous le verrons, n’est pas sans soulever certaines difficultés.
Ainsi, tout en s’appuyant sur leur connaissance de physique classique, il faudra les convaincre que
les concepts de la mécanique quantique nécessitent de nouveaux objets qui ne sont ni des ondes ni des
particules et qui obéissent à d’autres lois que celles de la physique classique.
I.3. Le photon
Les élèves de TS connaissent la nature ondulatoire de la lumière : les phénomènes de diffraction
et d’interférences constituent des preuves de ce caractère ondulatoire.
En classe de première, l’aspect corpusculaire de la lumière est introduit avec la notion de photon
et d’énergie d’un photon, il est directement associé à la notion de quantification des niveaux d’énergie
dans la matière.
Le concept de photons résulte d’une succession de travaux expérimentaux et de modélisations
théoriques. Les études théoriques du rayonnement du corps noir par Planck, puis de l’effet
photoélectrique par Einstein et de l’effet Compton par Compton ont permis aux physiciens de faire
émerger le concept de photon en lui attribuant une énergie et une quantité de mouvement.
S’il semble difficile de présenter ce type d’expériences où se manifeste l’aspect corpusculaire de la
lumière, plusieurs possibilités permettent d’illustrer cette notion au niveau de la terminale S.
4 Il existe naturellement d’autres dispositifs d’interférences.
x
D
a
S1
S2
S
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La première application « La lumière, c’est combien de photons » a pour objectif d’habituer les
élèves à manipuler des ordres de grandeurs autour des flux de photons. La seconde, « Utilisation d’une
lame semi-réfléchissante » est plus fondamentale ; elle constitue une illustration de la manifestation
corpusculaire de la lumière.
La lumière, c’est combien de photons5 ?
En s’inspirant de l’article de Jean-Michel Courty et Nicolas Treps « La lumière, c’est combien de
photons6 ? », on peut évaluer différents ordres de grandeurs relatifs aux nombres de photons reçus par
un détecteur ou émis par une source lumineuse.
Dans le cas de l’œil par exemple, les astronomes affirment qu’il est possible de voir à l’œil nu une
étoile de magnitude de 6,5. L’échelle de magnitude étant logarithmique, cela correspond à un flux
lumineux environ 1013 fois plus faible que le flux solaire.
La magnitude apparente est définie par la relation : )(Φlog,mm o52
=
mo est une magnitude
de référence et
Φ
le flux lumineux (en W.m-2) mesuré par un détecteur terrestre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Magnitude_apparente
On évalue le flux solaire à 1000 W.m-2 environ, un calcul d’ordre de grandeur du flux de photons
est de 21
102.
h
S
ν
Φ
photons par m2 et par seconde.
Pour l’étoile la plus faible, ce flux est réduit à environ 2.108 photons par m2/s. Pour une pupille
ouverte, de diamètre 2 mm, le nombre de photons qui rentrent dans l’œil par seconde est de l’ordre de
plusieurs centaines de photons par seconde. Pour produire une sensation lumineuse stable, il faut exciter
les cellules lumineuses tous les dixièmes de seconde environ. Si l’on suppose que l’on excite environ 5
cellules visuelles, chaque cellule visuelle reçoit quelques dizaines de photons ce qui est suffisant pour
déclencher un signal nerveux ! Des études plus poussées ont montré que trois photons suffisent pour
déclencher un signal nerveux.
On peut aussi signaler que la mesure de la distance Terre-Lune est réalisée par des tirs Laser
réfléchis par des réflecteurs placés sur la Lune, et qu’en moyenne, à cause de deux phénomènes de
diffraction de l’onde lumineuse par le télescope puis par le réflecteur lunaire, moins d’un photon sur 1019
envoyés est en moyenne détecté. Il est parfaitement possible d’obtenir le bon ordre de grandeur de ce
rapport par des estimations rapides.
5 On peut remarquer qu’il est possible de faire une approche expérimentale du comptage de photons en utilisant un
photodétecteur à avalanche.
6 Jean-Michel Courty et Nicolas Treps « La lumière, c’est combien de photons ? » ; Pour la Science Dossier n°53
octobre 2006
Échelle des magnitudes apparentes
m (mag) Objet céleste
-26,7 Soleil
-12,6 Pleine Lune
-1,5 Étoile la plus brillante (Sirius)
+6,5 Étoile la plus faible visible à l'œil nu
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