Histoire de la Casamance
La Casamance, qui comprend les régions administratives de
Ziguinchor, Kolda et maintenant Sédhiou, occupe une superficie de
28.300 km2, soit 1/7ème du territoire national. Elle s’étend d’Est en
Ouest, de part et d’autre du fleuve qui lui a donné son nom. Celui-ci,
long de 300 km, prend sa source à l’Est de Kolda, près de Fafakourou,
en Haute Casamance. Il s’élargit progressivement et atteint 2 km à
l’embouchure. Il est la principale voie de communication; cependant
les nombreux marigots situés sur sa partie occidentale constituent des
obstacles.
La Casamance est limitée à l’Ouest par l’Océan Atlantique, à l’Est par le
Koulountou, affluent du fleuve Gambie, au Nord par la République de
Gambie, au Sud par la République de Guinée Bissau et au Sud-Est par
la République de Guinée. L’état actuel de la recherche historique
atteste que les premiers habitants de cette Région sont les Baïnounks
qui ont fondé le royaume Kassanké. D’ailleurs, le nom Casamance
viendrait probablement de l’expression kasa mansa, roi du kasa. Les
Kasankés sont les habitants du Kasa, vaste ensemble politique et
géographique, sous la tutelle du Mansa (roi) de Brikama ou Birkama,
Gana Sira Biaye. Ce royaume constituait un immense territoire, dont on retrouve les voisinages jusqu’au parc de Niokolo
Koba à l’Est et jusqu’à une partie de la Gambie au Nord. Son extension n’a pas été facile sur l’ensemble extrême
occidental de la Casamance, du fait de la forêt dense et de nombreux marécages, facteurs de morcellement
géographique, politique et linguistique.
Au XVllème siècle, l’autorité du Mansa étant contestée, les Baïnounks se révoltent contre lui; le royaume subit également
les assauts des autres communautés ethniques, notamment les Mandingues islamisés de la Moyenne Casamance. Ce
climat d’hostilité aura raison de cet empire qui sera vaincu par les Balantes et dont la capitale, Brikama, sera détruite.
Gana est assassiné, le peuple Kasa se disperse alors et une bonne partie sera soumise et assimilée progressivement par
les différents vainqueurs.
La Moyenne et Haute Casamance étaient comprises dans un vaste empire guinéo-gambien, le
Kaabou ou Gabou, qui y a rayonné jusqu’en 1867, à la bataille de Kansala qui verra sa destruction.
La présence européenne est attestée dès le XVe siècle, notamment avec les Portugais en zone
côtière, dans le cadre de la grande aventure déclenchée par les monarques de la péninsule ibérique. C’est en 1645 que le
poste fortifié de Ziguinchor est créé par le premier capitaine de comptoir qui s’appelait Gonçalo de Cahere. La présence
portugaise était signalée par le pavillon national qui flotte en haut du mât dressé sur les rives du fleuve. L’autorité est
assurée par le chef du préside, assisté d’un directeur des douanes et de deux ou trois soldats chargés de garder le
drapeau. Le comptoir de Ziguinchor et son voisinage immédiat ont fini par devenir une enclave entre les zones d’influence
française de la côte (Carabane, Diogué) et la Moyenne et Haute Casamance.
C’est à partir du XIXème siècle véritablement que les Français envisagent des possibilités d’expansion en Casamance,
même s’il est probable que dès le XVlème siècle déjà, des navires français explorent les rives de la Basse Casamance. En
1828 un traité est signé avec le Chef du village de Mbering, actuel Brin, situé à une dizaine de km de Ziguinchor. La même
année est acquis le site de Jogé (Diogué). Le 22 janvier 1836, à la faveur d’un traité signé avec le chef du village de
Kagnout, l’île de Carabane devint française, sans susciter cependant un enthousiasme particulier, à cause du climat
insalubre. En 1838 la France acquiert Séju (Sédhiou), qui sera pendant quelques temps la capitale de laCasamance, après
Carabane et avant Ziguinchor.
C’est à partir de 1883 que leurs intérêts commerciaux se précisent de plus en plus et prennent
Ziguinchor pour cible, car situé sur le fleuve, entre Ca rabane et Sédhiou, donc facilement accessible aux bateaux à
vapeur. A la suite de la convention franco-portugaise du 12 mai 1886, Ziguinchor est cédé, avec ses dépendances aux
Français qui n’en prennent cependant possession qu’à partir du 22 avril 1888. A partir de cette date, l’évolution de cette
partie du Sénégal se fait au rythme des activités militaires, administratives et commerciales, pour asseoir l’autorité de la
France. Cela ne s’est pas fait sans résistance. Les cas les plus en vue
sont:
• le prosélytisme religieux et la résistance anticoloniale du marabout Fodé Kaba Doumbouya en Haute puis en
Moyenne et Basse Casamance;
• l’hostilité des Flup animée par le roi Sihalébé. Il fut arrêté et déporté à Sédhiou où il se laissa mourir de faim.Son
squelette est exposé au Musée de l’Homme à Paris;
• la résistance de Djignabo Bassène au début du XXème dans le secteur du Bandial, dans l’actuel arrondissement de
Nyassia (1906) ;
• la résistance de la reine prêtresse Aline Sitoé Diatta durant la deuxième guerre mondiale pour s’opposer à la liquidation
des traditions diolas et aux réquisitions de vivres comme contribution à l’effort de guerre de la métropole. Cela s’est
passé essentiellement dans le département d’Oussouye. Agée de 25 ans et mariée, elle est arrêtée par l’administrateur
Français SAJOU dans son village, Cabrousse et déportée en 1943 à Tombouctou, au Mali, où elle rendit l’âme le 22 mai
1944 ;
• la période de l’après guerre a vu émerger en Casamance une élite politique locale dont les figures
marquantes ont été Ibou DIALLO, Emile BADIANE, Assane SECK, Edouard DlATTA, Dembo
COLY, qui furent des compagnons de Léopold Sédar SENGHOR, premier Président du Sénégal
indépendant.
Arrivée des Portugais au 15ème siècle et origine du mot Casamance
En 1446, les Portugais (Alvaro Fernandes) découvrent l’estuaire du fleuve peuplé par les Baïnuks sur la rive droite et les
Floups sur la rive gauche (le terme de Floup désigne les Diola pour les Portugais). Le Vénitien Alvise Da Cada Mosto, au
service du Portugal, aurait ensuite baptisé ce pays Kassa Mansa, « Maison du Mansa », alors roi de la zone.
Une autre version attribue l’origine du mot Casamance aux Mandingues puisque le Mansa désigne dans cette langue un
roi (aujourd’hui encore) et le Kassa est la zone située entre Oussouye et l’embouchure. Kassa Mansa devient alors « Le
Roi du Kassa »…
Pour le vocable « Diola » ou « Joola », ce sont les Mandingues qui les appelleront ainsi, eux même se nommant « Adjamat
». A priori, ce mot viendrait de « joor la », qui signifie en mandingue « celui qui rembourse bien, celui qui n’a pas de dette
», ce qui est encore une constante dans la société diola).
C’est le premier fleuve nommé Kawungha par les Floups, que les Portugais à la recherche d’esclaves ont remonté à l’ouest
de l’Afrique. Ils s’installent à Ziguinchor en 1645 pour y créer un comptoir commercial. Les Français prospectent la région
de l’estuaire en 1826 et s’installent deux ans après sur l’île de Diogué, à l’entrée du fleuve sur la rive droite, cédée par le
Roi Quéniouma. Avec l’autorisation du Roi de Cagnout, ils fondent en 1836 à Carabane, en face de Diogué sur l’autre rive,
le premier comptoir commercial Français de Casamance. Le Roi de Cagnout eut très tôt des relations commerciales avec
les Français. Ils lui offrirent chéchia, manteau, culotte rouges et un bâton de commandement. Cette tenue est restée celle
qu’arborent les Rois du Kassa pendant les cérémonies et les fêtes religieuses.
Les Français s’installent
Les Français s’installent sur la côte Atlantique à Diembering en 1837 et en amont du fleuve construisent la forteresse de
Sédhiou. En 1857 les Diolas, très indépendants et non habitués à vivre sous une quelconque autorité, s’insurgent contre
les colons Français et attaquent Carabane en 1860. Le capitaine Protêt, fondateur de Dakar la capitale du Sénégal, fut tué
d’une flèche empoisonnée à la bataille de Hilol le 9 mars 1860 par les Diolas. Dans le cimetière de Carabane Protet est
enterré selon ses souhaits debout face au rivage avec deux trous en face des yeux pour guetter l’ennemi. Les trous ont
été rebouchés depuis…
En 1861 les Français, sous le commandement d’Emile Pinet-Laprade (qui laissé son nom au fort de Sédhiou), renforcent
leur présence en Casamance, alors appelée Rivières du Sud, qui est rattachée à la Colonie Française depuis le décret du 18
février 1859. Ils poussent les Portugais vers la Guinée et les Anglais vers la Gambie puis s’installent à Ziguinchor en 1888
après la signature d’une convention avec le Portugal, qui fixe aussi les frontières avec la Guinée Portugaise. En fait, la
France a « échangé » la ville de Ziguinchor et ses environs que les Portugais ne valorisaient guère contre le Rio Cassini au
Nord de la Guinée Conakry que les Portugais ont rattaché au Sud de la Guinée Bissau. En 1889, les Français et les
Britanniques signent un traité qui délimite les frontières entre la Gambie et la Casamance.
La France accroît le comptoir commercial de Ziguinchor, la Compagnie Française pour l’Afrique Occidentale s’y implante
en 1892, et Ziguinchor devient la capitale administrative de la Casamance en 1904.
L’administration coloniale impose peu à peu la culture de l’arachide au détriment du riz. Les Casamançais, qui n’utilisaient
pas d’argent et cultivaient le riz pour se nourrir, sont forcés de cultiver et vendre l’arachide pour s’acquitter de l’impôt
perçu uniquement en monnaie.
L’administration coloniale divise la Casamance
En 1912 la Casamance est divisée par la Colonie Française en trois régions administratives, Haute, Moyenne et Basse
Casamance. La Haute Casamance, le pays Fouladou autour de Kolda, peuplé majoritairement de Peuls. La Moyenne
Casamance, autour de Sédhiou, peuplé de Mandingues et de Balantes. La Basse Casamance, de Ziguinchor à l’estuaire du
fleuve, le pays des Diolas et des Baïnuks.
La symbole de la résistance coloniale : Aline Sitoé Diatta
Pendant la seconde guerre mondiale les Diolas menés par une jeune femme,
Aline Sitoé Diatta, résistent contre la colonisation, qui réquisitionne de plus en plus le riz et le bétail, en
réclamant leurs droits de vivre en paix sur leurs terres, en boycottant la culture de l’arachide
et en s’opposant au paiement de l’impôt. Leurs chefs symboliques sont emprisonnés,
comme le Roi de M’Lomp en 1942 et Aline Sitoé Diatta qui est déportée à Tombouctou en
1943.
Morte en 1944 pendant son exil en prison Aline Sitoé Diatta est devenue le symbole
de la résistance de la Casamance contre toutes autorités étrangères.
La Basse Casamance, région naturelle et administrive de Ziguinchor est sans contexte la plus belle région du Sénégal. Des
plages de rêve aux forets denses de fromagers, découvrez la dans cette page à travers ses bolongs, sa culture et son
peuple en majorité composé de Diolas. Le fleuve et la densité de son réseau hydrographique, la douceur du climat,
l'abondance des pluies et la fertilité des terres font de la Casamance le grenier du Sénégal. La Casamance se situe entre la
Guinée Bissau et la Gambie. La région est délimitée à l'est par le fleuve Gambie et à l'ouest par l'Océan Atlantique avec 86
km de cotes.
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