Introduction à la thématique
fait un désarroi profond ». Un désarroi profond qui s'explique par les dangers de la démocra-
tisation d'une part et les responsabilités à son égard d'autre part, mais qui ne sauraient justi-
fier, comme nous le suggérerons en conclusion, l'inaction des États, des gouvernements, des
universités, et notamment, ceux et celles de la francophonie.
Les dangers de la démocratisation
Si une ère nouvelle de démocratie est en train de naître, comme on l'a affirmé dans le
cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, mais aussi comme en font
foi les développements sur les continents américain et africain, elle n'est pas sans être sou-
mise à des dangers qui sont multiples, dont deux méritent particulièrement d'être soulignés.
Le danger le plus menaçant, pour les nouveaux processus de démocratisation, est sans doute
celui qui amènerait les États développés démocratiques à se poser en modèles; d'adopter une
approche, une vision ethnocentrique du développement démocratique. La démocratie peut et
doit s'incarner en de multiples formes, s'adapter aux conditions sociales et culturelles d'un
pays,
qui ne sont certainement pas identiques à celles qui ont prévalu dans les États démo-
cratiques d'Occident, qui ne présentent d'ailleurs pas, il faut l'ajouter, des modèles parfaits,
et achevés de démocratie lorsque l'on constate en outre l'état de pauvreté de certains États
dits développés mais aussi de l'intolérance, les préjugés et la discrimination qui persistent
dans ces sociétés dites libres et démocratiques d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Océanie.
Mais à ce danger, qui constitue un piège, dans lequel certains États, désireux d'exporter leurs
institutions démocratiques, voudront peut-être délibérément tomber, correspondent les dan-
gers pour les États en développement démocratique, lesquels voient les processus de démo-
cratisation se superposer aux programmes d'ajustement structurel et qui peuvent participer à
l'aggravation de l'instabilité politique dans leurs États. Ainsi, on peut penser que des affron-
tements ethniques et tribaux peuvent résulter, comme l'exemple de l'Europe de l'Est nous le
démontre éloquemment maintenant, des processus de démocratisation, mais que des dérapa-
ges plus généralisés peuvent aussi naître de l'incapacité des nouvelles démocraties de satis-
faire très rapidement les attentes très élevées de populations dépouillées pendant trop
longtemps de leurs droits et d'un bien être économique.
Mais ces difficultés et dangers ne sont pas insurmontables, et les écueils peuvent être évi-
tés si les États, Gouvernements, Universités assument leurs responsabilités à l'égard de la
démocratisation.
Les responsabilités de la démocratisation
Est-il nécessaire ici de rappeler que les États en développement devraient assumer la res-
ponsabilité principale de leur virage démocratique, non pas en raison d'une mode ou des
caprices des États développés démocratiques, mais en raison de leurs propres engagements.
Ces engagements sont consignés dans la Charte des Nations-Unies et la Déclaration univer-
selle des droits de l'Homme, d'autres instruments internationaux qui ont érigé la norme
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