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Introduction
L’architecture est une composante importante de l’identité culturelle d’une société. Parce qu’elle est le
reflet des modes de vie et de leur évolution, elle est l’expression d’un héritage culturel populaire et
durable. Le patrimoine architectural ne concerne pas seulement les édifices à caractère historique : les
constructions d’aujourd’hui sont le patrimoine bâti de demain, avec une durée de vie qui s’étale sur des
décennies, voire des siècles.
L’architecture est omniprésente, que ce soit dans les villes ou dans les campagnes. Elle a donc un
impact sur la qualité de vie de tous les citoyens. Si elle est accessible au plus grand nombre, elle
s’impose aussi à tous. En effet, les citoyens choisissent d’aller voir un concert, une exposition ou de lire
un livre : ils choisissent rarement leur environnement bâti : c’est leur cadre de vie.
L’architecture est une discipline multidisciplinaire de création et d’innovation, et l’architecte en est le
pivot. Au cœur de la planification des besoins et de la conception, l’architecte doit être considéré et
valorisé en tant que créateur, et son rôle affirmé au cœur de l’identité culturelle architecturale
québécoise.
L’architecture, c’est aussi une discipline créatrice de valeur économique. Un environnement bâti de
qualité a des impacts sociaux, économiques et culturels importants. La qualité des bâtiments augmente
la valeur économique des communautés et l’attrait des municipalités et des régions (affaires,
touristique, etc.). Elle améliore également la qualité de vie des habitants et la productivité des
travailleurs. Les enjeux environnementaux et énergétiques actuels supposent aussi que les bâtiments
soient durables et innovants.
Si la dernière politique culturelle traitait déjà d’architecture en affirmant son rôle pour la société et en
énonçant de grands principes sur la qualité du cadre bâti, les impacts tangibles ont été timides, se
limitant essentiellement aux équipements du domaine culturel et à la protection du patrimoine
existant. Le renouvellent de la politique culturelle est une occasion unique d’affirmer la volonté du
Québec d’aller plus loin et de considérer les dimensions culturelles et d’intérêt public de l’architecture.
Au-delà de la protection et la valorisation du patrimoine bâti existant, la politique culturelle doit
s’attacher à énoncer les grands principes qui favoriseront le développement qualitatif du patrimoine
bâti de demain, c’est-à-dire des bâtiments fonctionnels, harmonieux et durables. Ils devront s’appuyer
sur :
Une vision collective et une nécessaire coordination entre les différents pouvoirs
publics : ministères, municipalités et organismes publics.
Une commande publique qui favorise la qualité architecturale, valorise et encourage le rôle
central de l’architecte dans tous les projets de construction, pas seulement dans le domaine
culturel ou la protection du patrimoine.
Une reconnaissance de l’importance économique de la création architecturale, en encourageant
des initiatives qui permettent l’innovation, le développement de talents locaux et l’émergence
d’une relève de qualité, dans un marché de plus en plus concurrentiel et international.
Ce mémoire est complémentaire à celui déposé par l’Ordre des architectes du Québec, dont l’AAPPQ
partage la plupart des recommandations. Il se concentre davantage sur les questions économiques et
liées à la commande publique, pour favoriser la qualité architecturale.
L’AAPPQ propose bien entendu son entière collaboration au Ministère de la Culture et des
Communications pour l’étude et la mise en place de ces recommandions, dans le cadre de groupes de
travail ou de consultations ultérieures.