Une commune Abeilles admises! Pourquoi? Comment?

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Une commune Abeilles admises! Pourquoi? Comment?
Un essaim! Comment réagir?
CARI asbl - Mai 2010
L’essaimage est le phénomène naturel par lequel les colonies d’abeilles se reproduisent.
On l’a vu, seule la reine pond dans la ruche. Lorsque celle-ci est pleine d’abeilles au
milieu du printemps, les abeilles ouvrières bâtissent des cellules royales au bord des
cadres, dans lesquelles elles élèvent de jeunes reines. Dès que la première de ces cellules
est fermée, renfermant la nymphe royale à l’abri de ses parois de cire, la vieille reine
quitte la ruche entourée de milliers d’ouvrières, pour trouver un nouveau nid. La
ruche-souche reste aux mains des plus jeunes abeilles, à la tête desquelles une nouvelle
reine pondra après fécondation.
L’essaim sort par beau temps: un gros nuage
d’abeilles bourdonnantes, dont le bruit s’entend à
distance, se forme devant la ruche. Les insectes se
regroupent peu à peu et vont former une grappe non
loin de la ruche, sur une branche d’arbre généralement,
mais parfois dans des endroits plus incongrus comme
un élément de mobilier urbain (p. ex. un banc public
ou un abribus). L’essaim y restera quelques heures, le temps nécessaire à ses éclaireuses
pour trouver un nouveau nid, qui sera de préférence d’un volume d’au moins dix litres et
fermé: cheminée, vides ventilés, dessous de plancher, … ou arbre creux (qui est l’habitat
naturel de l’abeille). A défaut, il se contentera d’un espace abrité entre des branches ou
d’un rebord de toiture. Les éclaireuses visitent chacune un espace potentiellement
habitable puis reviennent danser à la surface de l’essaim, avec d’autant plus de vigueur
qu’elles estiment l’endroit favorable. Les plus dynamiques contaminent les autres et,
lorsque toutes les éclaireuses dansent pour un même lieu, l’essaim d’un seul coup
s’envole et gagne son nouveau logis, durablement cette fois. Les ouvrières commencent
aussitôt à y bâtir les rayons de cire dans lesquels va se développer la nouvelle colonie.
L’essaim est donc à même de se débrouiller seul; animal resté sauvage même si nous
l’élevons, l’abeille n’a pas besoin de son apiculteur! Mais celui-ci cherchera toujours à
garder ses abeilles: la récolte s’en va avec l’essaim qui emporte la majorité des
butineuses. En outre, dans nos pays très urbanisés, les arbres atteignent rarement le grand
âge où leurs troncs s’évident et deviennent accueillants aux colonies d’abeilles; l’essaim
a donc peu de chances de survie dans la nature. En conséquence, l’apiculteur gère ses
ruches de manière à prévenir l’essaimage. Nous ne nous étendrons pas ici sur les
méthodes de cette prévention qui ressortissent plutôt à un cours de pratique apicole, mais
toutes ont parfois leurs ratés…
L’apiculteur va alors récolter l’essaim, opération
simple d’un point de vue apicole, quoique parois
acrobatique: il s’agit simplement de collecter une
majorité des abeilles et de les mettre dans une
cloche ou la caisse d’une ruche, bref dans un
récipient adéquat en volume pour contenir la
ruche. Si la reine est dans le lot récolté, les autres
abeilles rallieront sans problème le logis offert. Il
reste alors à l’apiculteur à mettre la ruche en place ou à verser le contenu de la cloche
dans une nouvelle ruche; le tout est muni de cadres à bâtir et le tour est joué.
Sur le plan juridique, l’apiculteur a le droit de poursuivre ses essaims, y compris sur la
propriété d’autrui, pour autant qu’il n’ait pas cessé de le poursuivre (C. civ., art. 14).
Classiquement, il laisse un de ses gants à proximité de l’essaim, marquant ainsi son droit
de propriété sur les abeilles. A défaut d’une telle marque, l’essaim devient la propriété
du premier qui s’en saisit: il est res nullius comme l’est, par exemple, un bateau
abandonné par son équipage.
L’apiculteur a tout intérêt à récupérer ses
abeilles, pour ne pas perdre sa récolte. Celui
chez qui l’essaim se pose a, lui, tout intérêt à le
faire reprendre. Nous l’avons vu, l’arrivée d’un
essaim d’abeilles peut signifier deux choses:
soit que l’essaim constitue sa première grappe à
proximité de la ruche, soit que la colonie vient
bel et bien s’installer.
Il n’est pas toujours simple de voir du premier coup d’œil dans quelle situation on se
trouve… Généralement, l’essaim qui fait sa première grappe se situe non loin de sa ruche
d’origine, se pose en tout début d’après-midi et repartira après quelques heures (vers la
fin de l’après-midi), ou au plus deux jours, sans qu’aucune intervention ne soit
nécessaire. L’essaim qui s’est choisi un nouveau nid s’installe, lui, plutôt en fin
d’après-midi et à bonne distance de la ruche de laquelle il est parti. Mais ces cas de
figure, s’ils sont classiques, n’ont rien d’universel! Dans les deux cas, il vaut mieux
récupérer l’essaim sans tarder: celui qui repart spontanément en fin de journée ira
peut-être coloniser la cheminée d’une maison au grand dam de son propriétaire, celui qui
s’installe bâtira très vite des rayons de cire qu’il ne sera pas facile de récupérer sans faire
de dégâts dans la colonie… On retiendra donc de tout ceci qu’un essaim doit être récolté
dans les premières heures qui suivent son apparition; c’est dans ces circonstances que sa
récupération se passera au mieux.
Peut-on se faire piquer par un essaim? Les abeilles qui le composent sont peu agressives:
gorgées de miel, en route vers une aventure périlleuse, elles ont mieux à faire que s’en
prendre à un passant. Toutefois, la piqûre n’est pas exclue notamment si un curieux
s’approche de trop près au moment où l’apiculteur le récolte, car il est parfois amené à
brosser les abeilles ce qui provoque un peu de mouvement. L’arrivée d’un essaim dans
un jardin particulier ne nécessite aucune autre intervention que de le laisser au calme en
attendant l’arrivée de l’apiculteur qui le recueillera. Si pas contre la masse d’abeilles se
pose dans une rue passante ou dans un parc fréquenté, surtout à hauteur d’homme, mieux
vaut sécuriser les lieux en attendant la reprise, de manière à ce que les passants restent à
quelques mètres (3 – 5 mètres).
Que faire de l’essaim? En tout état de cause, il ne sera pas tué à l’insecticide, comme on
l’a vu trop souvent. La destruction des abeilles est interdite par le Code civil (art. 90). En
outre et surtout, les abeilles sont un cheptel comme un autre: abattrait-on sans plus de
formes un mouton échappé?
Il faut donc faire appel à un apiculteur disponible. Ceux qui sont dans ce cas le font
généralement savoir aux pompiers, et c’est à ces derniers que s’adressent les particuliers
lorsqu’ils constatent la présence d’un nid de guêpes ou d’un essaim d’abeilles (les deux
son d’ailleurs fréquemment confondus); mieux vaut donc y centraliser les appels. Si un
essaim est vraiment mal placé ou s’est posé dans un endroit très passant où sa reprise
risque de poser problème, il sera récolté avec un matériel spécialisé (en fait, une sorte
d’aspirateur muni d’un embout qui permet de cueillir les abeilles jusqu’à 10 mètres de
hauteur). Aujourd’hui, peu de personnes disposent de ce matériel. La commune
concernée peut toutefois s’adresser au CARI qui lui donnera les coordonnées d’un
apiculteur qui en est muni.
Encore fréquent naguère dans nos campagnes, le
spectacle formidable de l’essaimage s’y fait de plus en
plus rare. Pourtant, il faut l’avoir vu au moins une fois
dans sa vie: le bourdonnement de l’essaim en vol, les
abeilles battant le rappel sur la cloche de paille, tout
nous relie à la nature, nous rappelant que l’homme ne
domine pas toute chose mais peut, s’il en a la patience,
s’allier même un peuple d’insectes. Ne laissons pas
tout cela se terminer dans un nuage d’insecticide… Il y a partout en Wallonie des
apiculteurs capables de récolter l’essaim et de lui fournir les soins nécessaires. Ils vous
remercient déjà de faire appel à eux et de respecter la vie que symbolise si bien la
vibration de milliers d’ailes dans un rayon de soleil.
Ce document, imprimé le 21-04-2017, provient du site de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (www.uvcw.be).
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