siteurs de la premi`ere moiti´e du vingti`eme si`ecle, le mat´eriau a prolif´er´e de
fa¸con vertigineuse. Si l’on fait abstraction des notes r´ep´et´ees, de l’octave o`u
les notes apparraissent, il reste encore 4096 accords possibles de 0 `a 12 notes !
La set-theory fournit, via un certain nombre de relations d’´equivalence que
nous allons d´etailler, une classification de ces ensembles de notes en 221 cat´e-
gories. Grˆace `a des relations d’ordre et de distance que nous ´evoquerons tr`es
rapidement, elle permet d’instaurer une hi´erarchie dans cette classification.
Ainsi, l’objet de la set-theory est en premier lieu d’expliquer l’organisation
des ensembles de notes utilis´es, explication qui ne se fait plus par un voca-
bulaire linguistique (accord de neuvi`eme, de sixte augment´ee, ...) mais par
un vocabulaire symbolique (6-35, 8-28, ...).
L’´equivalence d’octave
La premi`ere ´equivalence n’a pas attendu le vingti`eme si`ecle pour ˆetre
formul´ee (mˆeme si elle n’´etait pas formalis´ee comme telle) : il s’agit du fait
de donner le mˆeme nom, (( la )), `a la note dont la fr´equence est 440 Hz et
`a celle dont la fr´equence est 880 Hz. Sous le nom (( la )) se cachent ainsi en
r´ealit´e plusieurs notes (sur un piano, il y en a huit, du la0 au la7) que nous
percevons, dans une certaine mesure, comme les mˆemes. Sans vouloir trancher
la question de l’universalit´e de l’´equivalence d’octave, il est ind´eniable qu’elle
a quelque chose de naturel (l’octave est la premi`ere des harmoniques) ou
du moins qu’elle nous apparaˆıt comme telle ; si l’on fait chanter une mˆeme
m´elodie `a un groupe de personnes mixte, il est probable que les hommes
chanteront `a l’octave inf´erieur par rapport aux femmes, et cela sans qu’ils se
soient pos´es la question : tout le monde `a l’impression de chanter (( la mˆeme
chose )). Ce (( mˆeme )) est constitutif de l’´equivalence d’octave : si on entend
un mi4 ou un mi5, on entend la (( mˆeme )) note, mi. Pour autant, on entend
´egalement des notes diff´erentes, puisqu’un mi5 est manifestement plus aigu
qu’un mi4. Nous percevons donc quelque chose qui est `a la fois de l’ordre de
l’identit´e et de l’alt´erit´e.
En reprenant notre terminologie math´ematique : deux notes sont en (( re-
lation d’octave )) si elles sont distantes d’une ou plusieurs octaves9, les classes
d’´equivalences sont les douze notes de la gamme chromatique (do, do♯, r´e, ...).
Ainsi (( la )) est une classe d’´equivalence dont la5 est un repr´esentant (c’est
(( un )) la, pas (( le )) la). Une classe d’´equivalence pour la relation d’octave
est appel´ee classe de hauteur, en anglais pitch class que l’on trouve le plus
souvent sous sa forme abr´eg´ee pc. Notons ´egalement que le plus souvent, les
pcs ne seront plus nomm´es par leur nom (( tonal )) (i.e do, mi, ...) mais par
9. Physiquement, le logarithme en base deux du rapport de leurs fr´equences est un
entier.
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