Le 3ème Congrès Franco-Maghrébin de Zoologie et d

publicité
Le 3ème Congrès Franco-Maghrébin de Zoologie et d’Ichtyologie. Du 6 au
10 Novembre 2012 - Marrakech – Maroc
Impact de l’alimentation en pollen des fleurs de la fève et des plantes
adventices sur l’activité reproductrice de la bruche de la feve Bruchus
rufimanus Boh. (Coleoptera, Bruchidae)
MEDJDOUB-BENSAAD F., LARDJANE-HAMITI A., LARDJANE N.
Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Algérie.
[email protected]
Résumé
La bruche de la fève, Bruchus rufimanus est un Coléoptère Bruchidae univoltin dont les larves
se développent aux dépens des réserves contenues dans les cotylédons des graines d’une légumineuse,
la fève ou la fèvrole Vicia faba.
L’activité de la bruche commence après une période de diapause qui dure environ 6 mois. La
colonisation des cultures coïncide avec la pleine floraison et la fructification de la fève et la ponte est
notée dès l’apparition des premières gousses. Après la floraison de la fève, les adultes de B. rufimanus
passent sur les fleurs d’autres plantes adventices sur lesquelles ils poursuivent leur activité alimentaire,
L’objectif de cette étude est de vérifier si l’alimentation par les fleurs des plantes adventices présente
un effet sur l’activité de ponte de B. rufimanus ainsi que le devenir de ces œufs après les
développements embryonnaire et larvaire. L’effet des fleurs de ces adventices est comparé à celui des
fleurs de la plante hôte V. faba. Les résultats montrent que l’ingestion du pollen de la fève s’avère
nécessaire pour l’activité de ponte, son effet est plus intense que celui du pollen des plantes adventices
ainsi que le miel. Le nombre d’adultes le plus élevé est noté dans les graines prélevées au niveau des
pots disposant de fleurs de fève. Ces résultats confirment ainsi le rôle prédominant des fleurs de la
plante hôte sur l’activité reproductrice de la bruche.
Mots clés : Bruchus rufimanus, Vicia faba, Tizi-Ouzou, ponte, activité reproductrice.
I. Introduction
La bruche de la fève Bruchus rufimanus est le principal phytophage attaquant les graines
de cette légumineuse. Son cycle biologique annuel est strictement lié à sa plante hôte V.
faba. La colonisation des cultures doit se faire nécessairement par des adultes à partir des
sites d’hivernation, elle coïncide avec la pleine floraison et la fructification de la fève. Après
la floraison, les adultes de B. rufimanus passent sur les fleurs d’autres plantes adventices sur
lesquelles ils poursuivent leur activité alimentaire (Linaria reflexa, Anagallis arvensis,
Calendula arvensis, Chrysanthemum sp, Pisum sativum et une Renonculacées).
L’objectif de cette expérience est de vérifier si l’alimentation par les fleurs des plantes
adventices présente un effet sur l’activité de ponte de B. rufimanus ainsi que le devenir de ces
œufs après les développements embryonnaire et larvaire. L’effet des fleurs de ces adventices
est comparé à celui des fleurs de la plante hôte V. faba.
II. Matériels et méthodes
Notre expérimentation a été menée, dans des conditions naturelles, l’étude a été
réalisée sur la fève V. faba, variété major, récoltée au champ de la région de Tizi-Ouzou
durant l’année agricole 2006-2007.
Le semi est effectué durant la première semaine du mois de décembre 2007 dans des pots en
plastiques de 20cm de profondeur et 17cm de diamètre. Ce dispositif a nécessité 16 pots, à
raison d’une graine par pot.
Les plantes testées sont : Sinapis arvensis (moutarde des champs), Acacia mimosa, la fève V.
faba et le miel, comme une autre source trophique.
Les adultes de B. rufimanus utilisés ont émergé des graines de fève sèches.
Après la floraison, l’apparition des gousses et l’activité normale des adultes dans la nature
durant les mois de mars et avril, nous avons procédé comme suit :
4 pots : 10 couples avec fleurs de fèves.
4 pots : 10 couples avec fleurs de moutarde.
4 pots : 10 couples avec fleurs de mimosa.
4 pots : 10 couples avec miel mis dans un flacon avec du papier filtre.
Il est à noter que :
Les inflorescences des plants de fève présents dans les pots avec les fleurs des plantes
adventices et le miel sont sectionnées.
- Les fleurs des plantes adventices et le miel sont renouvelés deux fois par semaine.
- Les pots sont couverts par du tulle, évitant l’évasion des bruches.
III. Résultats
-
Evolution de la ponte de B. rufimanus sur les gousses de V. faba
Les adultes, actifs dès leur mise en expérience, prospectent les fleurs des différentes
plantes et même le miel, mais paraissent plus attirées par les fleurs de la fève. Les adultes mis
dans les pots avec fleurs de fève prospectent ces dernières et certains d’entre eux finissent par
y entrer.
La ponte est assez importante au niveau des pots disposés des fleurs de fève avec
une moyenne de 7,375±14,024. Quant aux pots contenant les fleurs de moutarde et le miel, la
ponte moyenne est de 2,625 ± 5,123 et 1,375 ± 3,018 respectivement (voir fig.1).
La ponte la plus faible est marquée au niveau des pots disposant les fleurs de
mimosa, qui est de 0,25 ± 0,655 en moyenne. Toutefois l’analyse de la variance ne révèle pas
de différence significative (p=0,3466) pour le nombre d’œufs pondus suivant les différentes
sources trophiques.
-
Position des œufs pondus sur les gousses
Le nombre moyen d’œufs pondus entre les graines est de 1,125 ± 2,627. Celui d’œufs
pondus sur les graines est de 4,688 ± 10,079 en moyenne (voir fig.2). L’analyse de la
variance ne révèle pas de différence significative pour la distribution des œufs sur les gousses
(P=0,23124).
-
Nombre d’adultes émergés
Dans le but de connaître le devenir des œufs pondus en fonction des différents apports
trophiques, les graines infestées par ces œufs sont mises séparément dans les lieux de
stockage où sont effectués le développement embryonnaire et larvaire jusqu’à l’émergence
des adultes de B. rufimanus. Après l’émission des œufs par les femelles de B. rufimanus sur
les gousses de V. faba et après développement embryonnaire, la larve néonate pénètre dans le
péricarpe de la jeune gousse en formation et se développe parallèlement à l’évolution de la
graine. Cette larve subit les différentes mues jusqu’à atteindre le stade adulte (voir fig4).
Après le développement post-embryonnaire, le nombre d’adultes émergés des graines
prélevées dans les pots de fève et de moutarde est de 13 et 6 adultes respectivement fig.3).
Aucun adulte n’est émergé des pots contenant les fleurs de mimosa et le miel.
Une analyse de la variance (à 1 seul critère de classification) est utilisée dans le cas
présent pour essayer de mettre en évidence une éventuelle différence significative pour le
nombre d’adultes de B. rufimanus émergés en fonction des différents apports trophiques
IV. Discussion et conclusion
Comme sous d’autres latitudes, en Kabylie B.rufimanus est une espèce monovoltine
(MEDJDOUB-BENSAAD et al., 2007). La bruche entretient des relations étroites et
complexes avec sa plante hôte (Vicia faba) dont dépend entièrement son cycle biologique.
L’effet du miel, de fleurs de fève, de moutarde et de mimosa sur l’activité de ponte de
B. rufimanus est important. La ponte s’effectue dans tous les pots, quelque soit la source
trophique disposée. Ainsi nous avons constaté, lors de l’expérience, que les adultes sont
surtout intéressés par les fleurs de V. faba.
L’analyse de la variance ne révèle pas de différence significative pour le nombre d’œufs
pondus en présence des différentes sources trophiques.
Avant la floraison, les adultes de B. rufimanus peuvent utiliser différentes sources
trophiques disponibles au champ ; ils peuvent absorber du miellat de pucerons (FRANSSEN,
1956), des grains de pollen d’autre espèces végétales fleurissant avant la plante hôte
(DUPONT et HUIGNARD, 1990 ; BENEDICT et al., 1991)) et/ou d’autre substances sucrées
comme c’est le cas chez d’autres insectes (DELUCA, 1966 ; FELETCHER et PROKOPY,
1991).
L’alimentation imaginale peut jouer un rôle important dans la levée de la diapause chez
certaines espèces. Le phénomène de ponte est conditionné par l’état végétatif des fèves dans
les cultures (HODEK, 1970). CHAKIR (1998) rapporte que l’alimentation des adultes de B.
rufimanus a un effet important sur l’activité ovarienne. Nous avons également constaté que
l’effectif cumulé d’œufs ne diffère pas significativement entre et sur les graines de V. faba
d’après l’analyse de la variance.
La répartition des œufs de B. rufimanus sur les gousses de V. faba peut être structurée
par des facteurs, qui sont principalement liés à l’évolution phénologique de la plante hôte.
Selon HOFFMANN et al. (1962), cette répartition est irrégulière et indépendante de la
position des graines. Par contre, pour DUPONT (1990), la répartition des pontes sur les pieds
de V. faba dépend :

de la date de formation des gousses ; les premières gousses produites étant plus
attaquées que les gousses apparues plus tardivement.
 de l’état des gousses ; les gousses qui ne produisent pas de graines reçoivent un
nombre faible d’œufs.
Selon le même auteur, les gousses avec graines permettant seules le développement de la
descendance.
La comparaison multiple des moyennes fait état d’une différence très hautement
significative pour le nombre d’adultes de B. rufimanus émergés. Le nombre d’adultes le plus
élevé est noté dans les graines prélevées au niveau des pots disposant de fleurs de la plante
hôte V.faba. Ces résultats confirment ainsi le rôle prédominant des fleurs de la plante hôte sur
l’activité reproductrice de la bruche et concordent avec ceux de PAJNI et SOOD (1975) et
BASHAR (1988) qui ont montré l’importance de l’alimentation imaginale sur la levée de la
diapause chez Bruchus pisorum et Bruchus affinis, respectivement.
Références bibliographiques
BENEDICT J.H., WOLFENBARGER D.A., BRYANT Jr V.M. et GEORGE D.M.,
1991. Pollens ingested by boll weels (Coleoptera: Curculionidae) in soutern Texas an north
eastern Mexico. J. Econ. Entomol. 84(1) : 126-131.
CHAKIR S., 1998. Biologie de Bruchus rufimanus (BOH) (Coleoptera : Bruchidae) et
processus d’infestation aux champs. Thèse de doctorat es-sciences agronomiques Institut
Agro et vet HASSAN II Maroc 124p.
DE LUCA Y., 1966. Alimentation des Bruchidae (Col.), Parasitica, 22 :26-54
DUPONT P., 1990. Contribution a l’étude des populations de la bruche de la fève Bruchus
rufimanus (BOH). Analyse des relations spatio-temporelles entre la bruche et sa plante hôte.
Thèse de doctorat d’état. Université de Tours, 168p.
DUPONT. P. et HUIGNARD J., 1990. Relation ships between Bruchus.rufimanus (BOH)
(Coleoptera : Bruchidae) and the phenology of its host plant V.faba L their importance in the
special distribution of the insects, symp. Biol. Hung N°39, pp 255-263.
FELETCHER B.S. et PROKOPY R.J., 1991. Host location and oviposition in tephritid
fruit flies. In: Reproductive behavior of insects. Individuals and populations. Bailey W.J. et
Ridsdill-Smith J. (Eds). Chapman et Hall, New York. Pp 139-171.
FRANSSEN C.J.H., 1956. De levenswijze en de besytrijding van de tuinboonkever-versl.
Landbbouke. Onders.62 (10) : pp 1-75.
HODEK I. 1970: Termination of diapause in two Coccinellids (Coleoptea). Acta ent.
Bohemos lov., 67 (4): 218-222.
HOFFMANN A., LABEYRIE V., BALACHOWSKY A. S. 1962. Famille des Bruchidae in Entomologie appl. à l'agriculture, 434-494, (1), Balachowsky ed., Masson publ., Paris,
564p.
MEDJDOUB-BENSAAD F., KHELIL M.A. et HUIGNARD J., 2007. Bioecology of
broad bean Bruchid Bruchus rufimanus Boh. (Coleoptera:Bruchidae) in a region of Kabylia.
Algeria. AJAR. Vol 2 (9) pp 412-417.
Téléchargement