La vie artistique (1800 à 1870) entre néoclassicisme et romantisme

Estelle de Massia Février 2010
1ère année, F.C.
La vie artistique (1800 à 1870) entre néoclassicisme et romantisme
Un coup d'œil d'ensemble sur la vie artistique du XIX° révèle avant tout sa complexité. Au
rythme des événements politiques qui donnent à la France sept régimes politiques en un siècle,
correspond tout un enchevêtrement de courants d'idées, de mouvements littéraires et artistiques,
allant du néoclassicisme au romantisme, et du romantisme au réalisme vers la fin du siècle. Dans
tous les domaines artistiques - littérature, peinture, sculpture, architecture, musique, mobilier - la
France a montré une puissante vitalité.
De 1800 à 1870, néoclassicisme, romantisme, et réalisme sont les principaux courants qui,
tout en s'opposant par leur esthétique et leur vision de l'homme et du monde, vont en réalité
s'entremêler, ce qui donne naissance à des mélanges féconds. le néoclassicisme prône une
beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne et le culte de l'Antiquité classique, le romantisme
s'oppose et met en avant les passions, l'irrationnel, l'imaginaire, le désordre, l'exaltation, le culte du
Moyen-Age et des mythologies orientales.
Le néoclassicisme est à son apogée sous le Ier Empire, le romantisme triomphe sous la
Restauration et la Monarchie de Juillet, le réalisme s'installe sous le Second Empire.
I – Le néoclassicisme : un retour à l'antique et une volonté de représenter l'histoire
1° Généralités
Le néoclassicisme est un mouvement artistique qui s'est développé en peinture, sculpture,
architecture et littérature dès 1750. A la fin du XVIII°, les fouilles de Pompéi et d'Herculanum
remettent à la mode le goût de l'antique et donnent naissance à Rome au néoclassicisme. D'abord
sensible en architecture, ce mouvement se répand en France entre 1750 et 1830 environ par
l'intermédiaire des élèves et sculpteurs de l'Académie de France à Rome, imposant une esthétique et
des « canons » de beauté aux artistes : l'équilibre, la clarté et la pureté des lignes, la platitude de la
surface, la construction géométrique des corps.
Contrairement au romantisme, le néoclassicisme recherche la perfection de la ligne. Il
préconise un retour à la simplicité de l'antique après le baroque et les excès du rococo du siècle
précédent. Cette expression nouvelle d'un style ancien rallia tous les arts au « grand goût ». Ce style
fut accueilli favorablement par les différents régimes français du XIX° parce qu'il représentait de
manière symbolique la démocratie de la Grèce antique et la république romaine. Sous Napoléon Ier
notamment, la Rome impériale devînt un modèle, comme en architecture. Cependant ce style
disparut avec l'émergence du romantisme.
Le néoclassicisme se caractérise par la recherche de l'idéal et de l'excellence en art. L'artiste
ne se contente pas seulement de reproduire des modèles, mais il synthétise le travail de ses
prédécesseurs en y apportant sa touche personnelle, et ce pour atteindre l'excellence dans chacune
de ses œuvres. Ce travail difficile suppose donc une grande connaissance de toutes les techniques de
peinture et d'architecture, l'art de l'imitation parfaite, et le goût de la perfection. Le néoclassicisme
refuse l'innovation, l'improvisation, ou encore l'inspiration libre qui caractérisent le romantisme ; il
ne cherche pas à créer une œuvre d'art à partir de rien, mais plutôt la parafaite maîtrise d'un modèle
antique.
2° La peinture néoclassique
Les peintres néoclassiques brossent des toiles aux accents héroïques et dramatiques,
préparant ainsi le terrain au romantisme. Leur priorité est la volonté de revenir à l'antique et de
peindre l'histoire. Jacques-Louis David (1748-1825) ouvre un atelier de peinture à Paris et se lance
dans de grandes compositions épiques, très rigoureusement construites. Il est l'auteur de puissantes
et vastes compositions historiques, comme Le Serment des Horaces, dans lequel les personnages,
empruntés à la statuaire grecque, semblent issus d'un bas-relief. David est aussi portraitiste, alliant à
la spontanéité de son trait, la précision et l'élégance. Dans son atelier, viennent se former de futurs
grands peintres néoclassiques, tels François Gérard (1770-1837), portraitiste officiel de Napoléon
Ier puis de Louis XVIII, Antoine-Jean Gros (1771-1835) qui peindra Bonaparte au pont d'Arcole
et la Bataille d'Eylau, et surtout Jean-Auguste Ingres (1780-1867) dont les œuvres conjuguent le
classicisme, la sculpture antique et les arabesques sinueuses : Thétis implorant Jupiter et La
Baigneuse.
Architecture et sculpture néoclassiques
Succédant à l'architecture baroque et rococo, l'architecture néoclassique, héritière de
l'architecture classique, puise son inspiration dans le style et les éléments architecturaux gréco-
romains. Pompeuse, elle utilise les colonnes, les frontons, les portiques, et prône les proportions
harmonieuses. Les premiers édifices néoclassiques datent du règne de Louis XV avec le Palais de
Compiègne, la Place de la Concorde et le Petit Trianon. C'est un retour aux formes antiques qui a
recours aux formes grecques (ioniques, doriques, corinthiennes) et romaines (celles de l'Empire
romain surtout).
Au XIX°, l'architecture se met au service des régimes français : Napoléon veut faire de Paris
la nouvelle Rome : les arcs de triomphe notamment sont un éloge à l'Empire et à la Grande Armée.
A son ami Vivant-Denon, l'empereur dit : « Ce qui est grand est toujours beau, ce que je recherche
avant tout c'est la grandeur ». Les nombreux bâtiments qu'il fit édifier, par Percier et Fontaine,
rappellent tous l'Empire romain :
- L'Arc de Triomphe du Carrousel : édifié en hommage à la Grande Armée de Napoléon
Ier entre 1807 et 1809, ce monument illustre la victoire française d' Austerlitz, la campagne de 1805
et la capitulation d'Ulm en 1807. Dessiné par Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine,
l'arc de triomphe fait explicitement référence aux arcs de triomphe de l'empire romain, notamment
celui de Septime Sévère à Rome. La quadrige surmontant l'arc du Carrousel est une copie des
Chevaux de Bronze de Constantin Ier, attelage qui orne le dessus de la porte principale de la
basilique Saint-Marc de Venise.
L'Arc de Triomphe de l'Etoile : le lendemain de la bataille d'Austerlitz, Napoléon déclarait
à ses soldats : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de Triomphe ». Il ordonne la
construction de l'Arc le 18 février 1806, désirant en faire le point de départ d'une avenue triomphale
qui traverserait le Louvre. Les fondations durèrent deux ans, et la construction fut interrompue avec
les défaites napoléoniennes de 1812 (Campagne de Russie) pour être finalement reprise et achevées
sous Louis-Philippe entre 1832 et 1836. Les architectes désignés furent Héricart de Thury, Louis-
Robert Goust et Huyot. L'Arc de Triomphe fut inauguré le 29 juillet 1836.
La Madeleine : est une parfaite illustration du style architectural néoclassique. Sa
construction dura 85 ans, à cause des troubles politiques de l'époque. Les changements fréquents de
régime firent modifier plusieurs fois les plans de La Madeleine : en effet, conçue à l'origine par
Napoléon comme un temple à la gloire de la Grande Armée, le bâtiment faillit être transformé en
1837 en gare, avant de devenir une église en 1845.
Les autres bâtiments du style néoclassiques sont la rue de Rivoli (Percier et Fontaine), la
Colonne Vendôme, la ville de La Roche-sur-Yon, le Panthéon (Jacques-Germain Soufflot),
Outre Percier et Fontaine, Claude Nicolas Ledoux et Etienne-Louis Boullée furent aussi
deux grands représentants du néoclassicisme architectural français du XIX°.
Ce style connaît un succès durable durant toute la première moitié du XIX°, tant pour les
édifices publics que privés. Il se traduit également dans les arts décoratifs jusqu'en 1830.
4° Mobilier
Le style Empire, hérité du style Directoire, dit oclassique, se caractérise par une
soumission absolue à l'art antique. Le mobilier Empire, imposé par Napoléon à toute l'Europe,
propose toutefois une version plus simple, plus austère, plus authentique du style néoclassique pré-
révolutionnaire, jugé trop ostentatoire. Des ornements plus sobres, limités à des motifs
néoclassiques en bronze signent ce style qui associe dès lors l'Empire napoléonien à la grandeur de
l'Antiquité grecque et romaine.
Le mobilier perd la douceur arrondie du siècle précédent, adopte des lignes droites à angles
vifs, et veut exprimer le faste et la grandeur du régime impérial.
L'influence néoclassique s'affiche dans les ornements en bronze doré omniprésents sur le
mobilier Empire : flambeaux, candélabres, bras de lumière sont admirablement montés, ciselés et
dorés.
Tous les éléments décoratifs sont empruntés à l'art romain, à la mythologie, à l'art égyptien
(Campagne d'Egypte de Bonaparte) comme : la Victoire ailée portant des couronnes, le sphinx
égyptien, les cariatides pieds nus à tête de guerrier, les figurines de nymphes dansantes, les
palmettes sur feuilles de lotus, d'inspiration égyptienne, l'aigle romain, les feuilles de chêne et de
laurier, les lions ailés.
Le gne de Napoléon fut donc une période faste pour le mobilier français : conscient de
l'utilité de l'art comme forme de propagande, l'empereur mit en place un ambitieux programme
pour l'art et la décoration, nommant Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine
architectes et décorateurs officiels. Leur Recueil de décorations intérieures influença la plupart des
ébénistes européens. Architectes de talent, formés à Rome au goût des antiquités classiques, ils sont
aussi décorateurs et dessinateurs de meubles : ils vont dès lors imposer aux ébénistes un style à la
mesure des ambitions de l'empereur. Paris redevint le centre de l'ébénisterie de qualité, et les
conquêtes napoléoniennes permirent la diffusion de cet art jusqu'en Russie. L'empereur veilla à la
création d'établissements chargés de produire du mobilier et des bronzes de haute qualité. Il
commanda une suite de meubles pour le palais de Saint-Cloud, fit redécorer le château de
Fontainebleau en 1804, puis Versailles, Rambouillet, Compiègne. Le château de Malmaison,
acheté pour Joséphine en 1799 fut aussi redécoré par Percier et Fontaine, et meublé par les frères
Jacob. Ce bâtiment, très représentatif du style Empire, est rempli des motifs associés à l'empereur :
le N doré et entouré de laurier, le blason aux abeilles, l'aigle impériale.
Dans la vie quotidienne, l'empereur préfère les meubles simples et pratiques : lorsqu'un
modèle lui convient, il le fait copier en plusieurs exemplaires pour toutes ses résidences. Les
meubles se caractérisent par des formes majestueuses, et équilibrées, ce à quoi l'acajou se prête à
merveille. L'application sur ce bois foncé d'ornements en bronze doré lui donne encore plus d'éclat.
Dans cet art de ciseleur-bronzier s'illustrent Pierre-Philippe Thomire et Martin-Guillaume
Biennais, auteurs de splendides candélabres, flambeaux, et lustres. Les meubles les plus typiques
du style Empire sont les secrétaires à abattant (flanqués de colonnes), les consoles avec leur plateau
de marbre foncé (souvent soutenu par deux cariatides), les guéridons circulaires avec un piètement
tripode, la psyché (grand miroir mobile pivotant sur un axe entre deux colonnes), le lit dit
« bateau » en raison de sa forme en nacelle.
Le style Empire est la dernière expression du néoclassicisme ; le style Restauration se
contente de gommer toutes les ornementations et insignes trop impériaux ; délaissant la rigueur des
lignes classiques, les courbes se manifestent dans le mobilier sous formes d'arabesques.
Le règne de Charles X laisse apparaître un style néogothique avec des formes parfois
extravagantes : c'est le style Troubadour qui allie des éléments de style gothique et de la
Renaissance.
Le style Louis-Philippe est d'une grande simplicité : avec la mécanisation de l'outillage, et
la fabrication industrielle du mobilier, les Français recherchent des meubles utiles, confortables,
fonctionnels, et très simples.
Le style Napoléon III est le reflet d'une époque de décadence tant en architecture que dans
le mobilier : c'est le règne du pastiche, des copies serviles, et des interprétations exagérées de tous
les styles. La capacité d'invention s'est tarie. Les fabricants se contentent de recopier le modèles
anciens, en donnant plus d'ampleur aux ornements. C'est l'éclosion de tous les styles néo-Louis XV,
néo-Louis XVI, néo-gothiques, marqués par une surcharge de bronzes rocaille, d'ornements
flamboyants, de marqueteries surchargées.
II – Le romantisme : la victoire de la sensibilité sur la raison
1° Généralités
Le romantisme est un mouvement culturel complexe, touchant à tous les domaines de l'art,
qui se développe dans la première moitié du XIX°. En dépit des rivalités entre les nations à cette
époque, ce mouvement, en Allemagne, gagne toute l'Europe et devient aussi puissant que celui
de la Renaissance ou des Lumières.
Présent dans toutes les expressions artistiques, ce mouvement naît de la découverte du moi,
et libère par là-même les passions, la sensibilité, et l'éternelle insatisfaction : en effet, après la
Révolution, les façons de penser changent, l'individu prime et la sensibilil'emporte peu à peu sur
la raison. Porté par la légende napoléonienne et le retour à la nature, le goût du fantastique et du
mystère s'affirme.
Contrairement au classicisme qui s'adresse à la raison, le romantisme donne la première
place à l'émotion, au sentiments, à la mélancolie, à l'individualisme exalté par le moi, à la
recherche du scandale. Il cherche à s'évader du réel, à se dépayser en se tournant vers la culture du
Moyen-Age et de l'Orient.
La révolution de 1848 marque le point culminant du romantisme, avec un mélange entre
religion et romantisme, une vogue de la « fraternité », une certaine confusion entre l'évangile et le
socialisme. De plus, beaucoup d'écrivains romantiques sont engagés en politique, comme
Lamartine, Lammenais, Béranger qui font partie des assemblées.
2° La Littérature romantique
A l'origine, le romantisme est un courant littéraire, et l'on ne peut que constater l'étonnant
foisonnement de ce mouvement qui domine la première moitié du XIX° siècle, même si c'est tout le
siècle, qui, comme le montre la présence tenace du « mal de siècle » est plus ou moins romantique
Le romantisme est d'abord une réaction, une révolution dans la manière de penser, de
sentir, d'écrire, qui se manifeste par un rejet systématique du classicisme. Le maître-mot de ce
courant est la liberté, c'est-à-dire le rejet des règles, et une volonté de mêler tous les genres. On fait
la guerre au XVII° et on se met à honorer le Moyen-Age et la littérature étrangère anglaise,
allemande, orientale.
Préférant l'imagination et la sensibilité à la raison classique, le romantisme se manifeste par
le lyrisme personnel, l'exaltation du moi, les inquiétudes quant aux passions, bref le « mal du
siècle ». C'est aussi un mouvement de communion profonde et personnelle avec la nature et
l'humanité. Le moi : l'individu prend de plus en plus conscience de son autonomie et de sa valeur
propre : le romantisme est le mouvement typique de l'individualisme où le moi devient un absolu, et
aspire sans cesse à dépasser les limites du monde réel. Mais l'aspiration est souvent déçue, ce qui est
à l'origine du « mal du siècle » dont Chateaubriand présente l'image la plus populaire avec René
(1802). La nature : l'écrivain romantique se plaît à évoquer les paysages tumultueux des
montagnes, l'immensité des forêts sombres : pour lui, la nature est une image de l'infini, une sorte
de double l'homme se retrouve, se reconnaît : c'est la communion avec la nature. Le
dépassement des limites : le romantisme entend franchir les limites de la raison bornée des
philosophes : pour eux, le rêve est comme la patrie privilégiée de l'homme. La poésie devient
personnelle et lyrique. La mélancolie : la plupart des écrivains témoignent d'une humeur sombre,
d'une mélancolie noire qu'ils justifient par l'analyse de leur situation. Ce mal du siècle envahit tout
leur être, entraînant une certaine torpeur, une lassitude, voire le goût de la vie. Cependant, le
romantique aime son mal, il s'y complait, et le cultive par la réflexion.
Ce mouvement a d'abord trouvé sa place dans les récits autobiographiques, et le roman
personnel. En 1848, Chateaubriand publie ses Mémoires d'outre-tombe. Le roman
autobiographique à la première personne marque ce début de siècle avec un goût prononcé pour la
confession intime, un lyrisme et un narcissisme profonds, pour explorer le mal de vivre ce cette
génération de romantiques : Chateaubriand : Re 1802, Madame de Staël ; Corinne 1807,
Benjamin Constant : Adolphe 1816, Musset : La Confession d'un enfant du siècle 1836.
Dans le roman historique, les écrivains cultivent nostalgie et pittoresque, mêlant un souci
de documentation et des faits imaginés à des personnages ou actions historiques. Balzac : Les
Chouans 1829, Vigny : Cinq-Mars 1828, Hugo : Notre-Dame de Paris 1831, Dumas père : Les
Trois Mousquetaires 1844, Féval : Le Bossu 1858.
Mais le romantisme trouve rapidement dans la poésie lyrique la forme par excellence des
thèmes romantiques que sont la fuite du temps, l'amour de la partie, l'inquiétude passionnelle ou
religieuse (Lamartine Méditations poétiques, Vigny Les Destinées, Hugo Les feuilles d'automne,
Musset Les Nuits) : la poésie devient l'expression de ce qu'il y a de plus intime dans l'âme et du
même coup, dans l'univers qui n'est que l'expression de l'âme créative et divine que le poète sent en
lui comme une force.
Enfin, ce mouvement fait du drame romantique le cheval de bataille de son opposition à la
tradition classique. Prenant Shakespeare comme modèle, les écrivains trouvent dans le drame le
moyen d'exalter leurs passions. Ce genre va s'imposer face aux tragédies classiques dans la célèbre
« bataille d'Hernani » (première représentation le 25 février 1830) qui marque le début de
l'opposition entre classiques et romantiques. Le romantisme rejette les règles de la tragédie
classique et revendique une nouvelle esthétique de la sensibilité, de la liberté et de la vérité : tout
devient sujet pour la poésie qui peut désormais s'exprimer en prose ou en vers. Dans la préface de
Cromwell, Hugo codifie en quelque sorte le théâtre, et s'oppose à la tragédie classique du XVII° en
proposant l'abandon de la règle des trois unités, le choix de l'écriture en prose ou en vers, l'abandon
des bienséances (désormais on peut choquer), le mélange des registres comiques ou tragiques : c'est
la naissance du drame romantique. Au nom de la vérité, on refuse les restrictions de vocabulaire, on
assouplit la métrique et la syntaxe, on rejette la distinction traditionnelle des genres (comiques et
tragiques), on recherche la couleur locale avec des sujets empruntés à l'histoire des XVI° et XVII° :
Hugo : Ruy Blas, Hernani, Cromwell ; Musset : On ne badine pas avec l'amour, Lorenzaccio,
Vigny : Chatterton.
Des liens étroits unissent les écrivains et les poètes aux artistes inspirés du même idéal.
3° La peinture romantique
En 1846, Charles Baudelaire, écrivain mais aussi critique d'art, écrivait : « Le romantisme
n'est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir.
Pour moi, le romantisme est l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau. Qui dit
romantisme, dit art moderne, c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini,
exprimés par tous les moyens que contiennent les arts », et donc aussi par la peinture.
En France, la peinture romantique prend son essor face à Ingres et aux autres néoclassiques.
Le romantisme se marque par un goût prononcé pour la nature et pour tout ce qui crée et attire
la mélancolie. Il se caractérise par le contraste entre les lignes fines et épaisses, un grand jeu de
clair-obscur, beaucoup de désordre dans la composition, une sorte de tourbillon sensuel de couleurs
et de lumière autour d'un personnage qu'on ne saurait identifier sans le titre. La peinture romantique
c'est avant tout l'art de sentir, et se sentir personnellement : le peintre Delacroix dira que c'est « la
libre manifestation de ses impressions personnelles ».
Dans ce domaine artistique, l'Angleterre et l'Allemagne ne sont plus les pays les plus
puissants, et ils doivent céder la place à la France :
- Théodore Géricault (1791-1824) présente en 1819 Le Radeau de la Méduse, un ritable
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