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moments de crise l’utilisation de modes « promissif » est majoritaire, en début et en fin
de conversation, les modes « directif » sont plus utilisés. Cela semble logiquement
indiquer que l’implication est plus individuelle en période de crise que dans des temps
plus neutres ; et que l’implication de l’ensemble des acteurs est plus forte hors des
moments de crises.
Mais le plus intéressant est ici l’observation de la répartition des diathèses en actif et
moyen en fonction des moments de la conversation.
En ce qui concerne les modalités de « promissif », celles indiquant de fortes
implications individuelles de l’acteur dans ce qu’il énonce, le mode moyen n’est
majoritaire qu’en mars et très marqué en avril. C’est-à-dire en fin de travail de l’équipe.
Cette inversion des pourcentages dans la répartition des verbes (actif et moyen) est
aussi forte pour les « directifs » qui portent à 77 % la présence de « moyen » en avril,
alors qu’elle était très minoritaire lors des trois premiers moments.
Lors de deux premières réunions de travail de l’équipe, moins de 1% d’utilisation de
verbes à modalité moyenne est utilisé. Cela accentue l’hypothèse de la faible
implication des acteurs dans les actions de paroles lors du démarrage de la conversation.
En mars, lors de la troisième séance de travail, l’expérience de groupe ayant été
partagée, l’implication individuelle augmente, pratiquement la moitié des actes de
langage promissifs se retrouvent en mars au bout de trois mois d’activité commune, et
cette tendance est renforcée par la répartition marquée à 60% du mode moyen. Les
acteurs s’impliquent dans l’énonciation, mais sont également impliqués dans celle-ci,
transformés de l’intérieur même de cette acte de parole collective. Ensuite, en avril, la
modalité active disparaît pratiquement pour laisser place à des indicateurs d’implication
dans le procès du verbe. Mais elle se répartit plus fortement dans une implication plus
globale qui concerne à 34% l’ensemble du groupe et à 15% les individus.
Il est à remarqué que l’émergence de l’organisation groupale n’a pas lieu
progressivement, contrairement à la montée en charge de l’énergie déployée à
l’implication des acteurs. En effet l’apparition des 77% d’implication dans le procès du
verbe, alors que lors des deux précédentes réunions, elle n’était marquée que par 0, 45
% des verbes, montre un saut qualitatif, une rupture, au moment de l’émergence de la
forme du groupe. On peut émettre l’hypothèse que l’investissement des acteurs dans la
conversation est évolutif dans le temps de l’énonciation. Cependant, l’implication dans
une construction d’une nouvelle réalité du monde, et notamment de celle d’un groupe de
personnes, donne lieu à des moments de transcendance, durant lequel, en dehors de