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DÉMOCRATIE ÉCONOMIQUE
Le lien indissociable démocratie-marché : les gagnants et les perdants
dans le jeu de la mondialisation
Ce chapitre explore les multiples liens qui unissent la structure démocratique de l’État et
l’économie de marché. Nous cherchons un cadre de valeurs qui justifie, dans
l’organisation politique, sociale et économique actuelle, un plus grand investissement en
démocratie économique.
Nous avons maintenant établi que le gouvernement des questions humaines (la
politique) ne peut être dissocié du gouvernement de l’économie (le marché) et que la
démocratie est la forme politique qui le plus assure le déroulement correct de
l’économie de marché. Les structures institutionnelles démocratiques ont comme seul
but d’intervenir pour redresser les rapports qui se généreraient sinon spontanément sur
le marché
, d’une manière plus ou moins importante selon l’approche de leurs
dirigeants.
Le marché existe, c’est un fait établi, mais cela est moins sûr pour la démocratie. Si la
démocratie a besoin de marché, le marché, lui, n’a pas besoin de la démocratie
.
Mais le marché parfait est une hypothèse d’école : les questions humaines injectent des
dysfonctionnements dans les thèses fragiles des théories économiques.
La démocratie doit alors accomplir sa mission au soutien du marché
et agir sur le
marché par l’intermédiaire de ses institutions. La dialectique entre les théories
économiques tourne donc autour de la fixation du point d’équilibre entre les ressources
que le marché peut gérer pour lui-même et les ressources transférées à l’État, entre ce
qui est géré individuellement et ce qui est géré pour le compte des citoyens, entre le
public et le privé, l’individu et le collectif, etc.
.
Pour la suite de notre de notre raisonnement nous tiendrons pour acquise la nécessité
Jean Paul Fitoussi, La Democrazia e il Mercato, Feltrinelli, Milano 2004.
Nous prenons cette affirmation comme vraie sans entrer dans une discussion qui imposerait une
relecture savante de philosophes, politologues, économistes qui ont amplement débattu sur ce thème, et
qui nous entraînerait hors du sujet.
Je m’en remets ici aux propos de Giovanni Sartori in Democrazia: Cosa è, BUR, 2000, Milano,
page 213 et suiv.
Fitoussi, La Democrazia…cit. De tous les auteurs qui, lorsque la grande crise a éclaté, ont
argumenté sur les dysfonctionnements démocratiques dans le régime d’économie de marché, je préfère
citer le petit livre de Fitoussi, qui a l’avantage d’avoir été écrit en 2004, lorsque régnait encore un
optimisme irrationnel dans le monde politique et financier.