
L'ammoniac est un sous-produit catabolique de la désamination des acides aminés. Les enzymes
du cycle de l'urée, trouvées uniquement dans le foie, éliminent efficacement l'ammoniac.
Toutefois, lorsque le cycle de l'urée ne fonctionne pas correctement, à cause soit d'une anomalie
dans le cycle lui-même soit d'un dysfonctionnement du foie, les autres voies métaboliques
d'élimination de l'ammoniac sont insuffisantes pour maintenir des concentrations normales
d'ammoniac. Avec l'augmentation des concentrations d'ammoniac dans le sang, le métabolisme
se déplace vers la production de glutamine, ce qui permet de maintenir l'ammoniac dans les
tissus sous une forme relativement non toxique. Les concentrations de glutamine chez les enfants
souffrant d'une EIM accompagnée d'une augmentation de l'ammoniémie sont toujours utilisées
pour surveiller la diminution de l'excès d'ammoniac dans les tissus.
L'ammoniac plasmatique peut être faussement augmenté par une contamination par l'ammoniac
atmosphérique, par le tabagisme, ou par une stase prolongée durant le prélèvement. Si
l'échantillon n'est pas centrifugé et analysé rapidement, de l'ammoniac se forme par la
désamination en continu des acides aminés. La concentration augmente de 20 % dès la première
heure et jusqu'à 100 % en 2 h. Les échantillons de plasma pour le dosage de l'ammoniac doivent
être immédiatement placés dans de l'eau glacée et analysés le plus rapidement possible.
L'augmentation de l'ammoniémie chez un patient présentant une AEM est un résultat biologique
très important qui devra être pris en compte immédiatement.
La concentration d'ammoniac n'est pas souvent corrélée aux symptômes neurologiques observés.
En général, les patients présentant des valeurs <100 µmol/l sont asymptomatiques. Des valeurs
situées entre 100 et 500 µmol/l sont associées à des symptômes très divers, comme une perte de
l'appétit, des vomissements, une ataxie, une irritabilité, une léthargie, une agressivité, des
troubles du sommeil, un délire et des hallucinations. Les concentrations d'ammoniac >500 µmol/l
sont associées à un œdème cérébral, un coma et des modifications cytotoxiques dans le cerveau.
Les effets neurotoxiques de l'ammoniac comprennent une réduction de la circulation sanguine
cérébrale, une réduction du métabolisme énergétique cellulaire, une inhibition des systèmes des
neurotransmetteurs, des modifications du potentiel membranaire et de la fonction
mitochondriale, et un gonflement des astrocytes. On pense que la formation de glutamine à
l'intérieur des astrocytes joue un rôle dans ce dernier effet (1).
Le diagnostic différentiel d'une hyperammoniémie dans la population pédiatrique comprend
l'hyperammoniémie transitoire du nouveau-né et un grand nombre d'EIM, y compris les
pathologies associées aux acides organiques, les anomalies du cycle de l'urée, l'acidose lactique
congénitale, et certaines pathologies associées aux acides aminés (2). L'immaturité hépatique au
cours de la période néonatale, avec une immaturité des enzymes du cycle de l'urée ou un
dysfonctionnement généralisé peut également contribuer. L'hyperammoniémie accompagnée
d'une cétose et d'une acidose à trou anionique suggère des anomalies du métabolisme des acides
organiques. Lorsque le métabolisme du glucose et l'équilibre acidobasique sont normaux, comme
chez ce patient, des troubles du cycle de l'urée représentent la cause la plus probable. L’ analyse
des acides organiques et des acides aminés peut être utilisée pour établir un diagnostic
différentiel.
RESOLUTION DU CAS/RESUME